Monster ? [Amalgame]

Situé en amont de la ville, le sanctuaire shinto de Seikusu était un endroit touristique qu’il fallait voir impérativement. C’est pour ça que Mary Jane Watson s’y trouvait, en compagnie d’un groupe touristique, prenant quelques photographies de ces multiples temples aux toitures rouges, y pénétrant pour s’imprégner de l’atmosphère de sainteté et de spiritualisme qui habitait ces lieux. Comme elle, de multiples touristes occidentaux se trouvaient là, la plupart faisant partie de voyages organisés tout le long de l’Archipel. Certains avaient reconnu Mary Jane, mais, fort heureusement, elle restait anonyme... Elle ne pouvait pas prétendre qu’elle détestait ça. Elle était venue au Japon pour se ressourcer, pour recommencer une nouvelle vie, et on recommençait toujours mieux une nouvelle vie quand on ne savait rien de l’ancienne.

Elle passait l’essentiel de ses journées au Japan Broadway, ce qui était fatigant. La belle rousse avait toujours été très énergique, et elle tenait vraiment à ce que son exploitation marche. C’était à ce point vrai qu’elle avait embauché des personnes pour l’aider, généralement des lycéens ou des étudiants, qui étaient ravis d’y trouver là un petit boulot leur permettant de financer leurs études, ou leurs loisirs. La femme la plus efficace, actuellement, était une étudiante japonaise répondant au nom d’Akiko, qui était aussi sérieuse que joviale et motivée. C’était elle qui l’avait incité à aller visiter le sanctuaire shinto de Seikusu, en lui disant qu’elle ne pouvait pas prétendre domicilier sur une longue période à Seikusu sans se renseigner un peu sur son patrimoine et sur son histoire. Originaire de Seikusu, Akiko lui avait dit que la ville avait beaucoup changé depuis la crise des années 1990’s, mais qu’il ne fallait pas désespérer. Elle était encore très agréable à vivre. Elle lui avait conseillé plusieurs endroits à voir : le sanctuaire shinto, Muramasa-jo... Mary avait coupé la poire en deux, et se trouvait au sanctuaire.

« C’est vraiment fascinant », commentait un Américain en contemplant la statue du kami vénéré dans ce sanctuaire.

Mary ressortit du honden par l’arrière, s’engageant sur l’autre partie du sanctuaire par le biais d’un escalier en bois conduisant au jardin. La légende voulait que, quand on entre dans lehonden d’un sanctuaire, soit son bâtiment principal, on adresse une prière. Celle de Mary avait été simple : qu’elle puisse mener une vie normale... Une vie loin des maniaques tentant de la capturer, loin des intrigues politiques du SHIELD, loin de tous les psychopathes qui avaient brisé sa vie, et la forçaient régulièrement à retourner voir des psychologues. Elle était à Seikusu depuis deux ou trois semaines, maintenant, logeant dans un appartement au-dessus de son club. Rien à voir avec le confort de la tour Stark, quand elle avait pu en profiter, mais, au moins, elle ne risquait pas de voir Iron Man et Spider-Man s’entretuer dans une lutte à mort dans des affrontements qui, à chaque fois, ne cessaient de lui rappeler cruellement son inutilité totale...

*Ou presque...*

Elle aurait pu se réjouir de constater qu’elle semblait maintenant avoir des capacités surnaturelles, mais, en réalité, elle était terrifiée… Non seulement parce qu’elle en ignorait la provenance, mais aussi parce qu’elle ne voulait pas d’une vie de justicière, de vigilante... C’était trop risqué, trop dangereux, trop... Et bien, en fait, elle voyait ça comme un poison corrosif, qui, peu à peu, vous tuait, empiétant volontiers sur votre vie privée. Il y avait pire que de vivre avec un flic : c’était vivre avec un super-héros, qui devait être présent de jour comme de nuit, et qui n’avait pas le droit aux congés payés.

*Bah, de toute façon, je risque de faire double emploi, ici...*

En faisant ses courses, elle avait aperçu Supergirl en train de voler dans le ciel. Une vision brève. Des Japonais avaient tenté de la photographier en la pointant du doigt, et elle était ensuite partie. Elle ne reconnaissait plus ce monde dans lequel elle vivait, et vivre avec un super-héros au quotidien l’avait amené à mener, elle aussi, une double vie... Quelque chose d’éprouvant pour les nerfs, comme un lent poison qui vous ravageait au quotidien, avec, toujours, la peur de trahir l’identité de son amant, et le sentiment de n’être rien de plus qu’un boulet.

Le jardin était très agréable, avec une rivière au centre, surplombée par des ponts en bois, et une cascade au loin. Il y avait, là encore, quelques touristes, avec des enfants, photographiant la cascade, les érables, les petites statues et les symboles dressés ici et là. Mary, elle, continuait à s’avancer, sans rien dire, se rapprochant lentement du bout du jardin, qui menait tout droit vers l’épaisse forêt cerclant Seikusu.

Sans pouvoir se l’expliquer, elle avait l’impression qu’il y avait quelqu’un par là.

*Peut-être qu’il est temps que je retourne voir un psy’...*

Ça ressemblait à un serpent. C'était long et cylindrique, à l'extrémité très vaguement triangulaire. Et ça glissait lentement et silencieusement sur la pelouse après avoir contourné des troncs d'arbres et envahi des bosquets. Ça ressemblait à un serpent mais c'était loin d'en être un : ça ne persiflait pas du tout et le corps n'était aucunement couvert d'écailles. Il s'agissait plutôt d'un épiderme lisse d'un drôle de marron délavé sur lequel courait des zébrures noirâtres et discrètes -des veines, différentes de celles qui saillaient ça et là. La "tête" n'en était pas une, bien qu'il s'agissait d'un petit complexe neurologique capable d'envoyer et de recevoir des signaux nerveux étudiés. La chose possédait à son bout une nervure claire et visible. Une sorte de repli de chair comme des lèvres qui n'avaient rien de charnues. La parodie de bouche s'ouvrit quand la Chose s'immobilisa, toujours aussi furtive. D'une esquisse grotesque de bouche, le décalottage avait transformé l'extrémité en un gland gonflé monté sur une verge plus qu'improbable. Mais le gland s'écarta également. Le temps pour une sorte de bille noire et immonde de scruter le monde alentour.
L'orée de la forêt donnait sur une installation humaine. Ce que c'était ? L'Oeil l'ignorait mais l'information fit frémir tout le tentacule sur lequel il était monté. De rage un peu, de peur beaucoup. Il y en avait d'ailleurs un, d'humain. Une FEMME. La chose parvenait sommairement à identifier les sexes. Assez pour savoir qu'il pouvait imprégner celui de la rousse qui regardait innocemment dans sa direction sans sembler le voir. Il était bien caché.

Ce n'était pas du vice. Juste un besoin factice imposé à son esprit simple. Les humains qui avaient fait "La Chose" seuls savaient pourquoi il lui avaient profondément ordonné de fourrer ses tentacules dans des orifices de FEMME. C'était nécessaire.
Moins toutefois que l'instinct de survie et, pour le moment, c'était lui qui dominait tout le reste. La Chose savait que les humains lui couraient après. Pas content qu'elle se soit enfuie. Si ils la rattrapaient, ils lui feraient du mal et le remettraient dans une grande cage pour lui faire de vilaines choses. De la CHIRURGIE, comme ils disaient. Et le mot effrayait terriblement la Chose, que la CHIRURGIE avait fait souffrir plus que de raison. Mais cette FEMME pouvait peut-être l'aider. La Chose pouvait l'emprisonner et la garder pour menacer les humains. Oui. Et elle l’imprégnerait quand le danger serait écarté.
C'était un bon plan. La Chose en était contente.

L'Oeil se rétracta, le pseudo-gland également. Au bout, tout au bout, la Chose intima à sa tentacule de capturer la FEMME, prêt à lui envoyer du renfort. Parfois, les humains sont résistants. Autant qu'ils sont méchants.
Vif comme l'éclair, le tentacule cassa la distance qui le séparait de la rousse à la vitesse d'une balle -ou presque. Ce fut sans difficulté que son corps lisse et gluant s'enroula autour de sa cheville, y faisant rapidement serpenter ses anneaux à l'image d'un serpent pour remonter vers sa cuisses. Le temps que la FEMME ne pense seulement à se débattre que déjà la Chose passait entre ses cuisses, son corps cylindrique appuyant vivement sur son con. Un autre tentacule arrivait déjà, fondant sur la rousse pour lui saisir violemment un poignet afin d'envahir son bras. Tout en remontant en un instant vers son buste et sa poitrine généreuse entre les monts desquels il se plaça avant de vouloir se plaquer contre sa bouche pour tenter de la forcer au silence, le tentacule commença à tirer brutalement en arrière. Celui de la jambe l'imita tout aussitôt et très vite, la FEMME se retrouva tirée implacablement vers la forêt.

Vers la Chose qui veillait dans l'ombre, prête à jouer des muscles pour contraindre pour de bon la FEMME à arriver vers lui. Une fois qu'elle en aurait prit possession, la Chose aurait certainement la vie plus facile durant un temps. La Chose était très, très forte.
C'était vraiment un bon plan. La Chose était contente.

MJ n’avait vu personne. Aucun pervers dissimulé entre les arbres, mais qui était-elle pour repérer quelqu’un dans une forêt si épaisse ? Rien de plus qu’une vulgaire citadine, qui se retourna alors, s’apprêtant à retourner vers le temple... Quand elle entendit un sifflement, comme un bruissement le long des feuilles, venant tout droit dans son dos.

*Hein ?*

La Rousse eut tout juste le temps de se retourner pour voir une espèce de long truc tentaculaire rosâtre jaillir des arbres, et s’enrouler autour de sa cheville, imposant sur son corps un contact froid et collant. La surprise l’empêcha même d’hurler, tandis que, éberluée, elle fixait ce truc qui pointait hors de la forêt, en se demandant si un Portail quantique n’avait pas déplacé instantanément son corps du sanctuaire shinto de Seikusu à Central Park. Ensuite, ses esprits lui revinrent, alors que le tentacule rosâtre tournoyait rapidement autour de sa cheville, s’y crispant comme la queue d’un serpent s’enroulant autour de sa proie pour l’immobiliser et l’étouffer. Elle entendit d’autres bruissements venant de la forêt, d’autres bruits de reptations ou de frottements contre les arbres, et un tentacule s’enroula autour de son poignet gauche, qu’elle avait envisagé de tendre pour retirer ce tentacule.

« Mais... Lâchez-moi !! »

Qu’est-ce que c’était que ces trucs ? Et pourquoi est-ce que le tentacule du bas s’approchait de sa culotte, filant sous sa minijupe pour caresser ce sous-vêtement fait de dentelle blanche ? Le tentacule ayant bloqué son bras se tortilla également, décrivant rapidement une série de cercles sur son bras, et, alors qu’elle tentait de bouger son bras, elle constata que cette force l’ankylosait rapidement, le tentacule allant se rapprocher de ses seins.

« N-Noon... Au secours !! Au se... »

Ce vain et classique appel à l’aide (mais qui, quand on était proche d’un super-héros arachnéen, avait souvent tendance à marcher), se termina quand le tentacule, après avoir exploré ses seins, se glissant contre sa chemise, remonta vers sa bouche. Il s’enroula à hauteur de son visage, puis les deux tentacules tirèrent en arrière, déstabilisant la jeune femme, qui mordit dans ce truc, dans cette chair gélatineuse, tout en essayant de se débattre.

*Mais c’est quoi ce machin ?! Sors-toi de ce foutoir, MJ !!*

Les deux tentacules l’enfoncèrent dans la forêt, comme l’un de ces films d’horreur où la belle blonde se ferait avoir par un piège, et où la caméra se fixerait alors au sol, pour mieux la montrer  être engloutie par la forêt. Elle sentit les tentacules la tirer sur plus d’une dizaine mètres, les racines fouettant son visage, les bouts de bois déchirant partiellement sa chemise, puis les tentacules la relâchèrent entre les arbres. MJ roula un peu sur la terre, avant de sentir une présence à côté d’elle. Couchée sur le sol, et sonnée, elle se redressa lentement, tournant la tête vers une créature dont elle vit les jambes... Puis son corps massif... Et une espèce de visage horrible ressemblant à un improbable mélange monstrueux entre un tableau de Picasso et une gueule cassée issue de la Première Guerre Mondiale.

La vision d’un tel monstre coupa la respiration à MJ, qui se contenta de le regarder, éberluée devant cette apparition. De quelle réalité alternative est-ce que ce monstre pouvait bien être issu ?

Et comment était-elle censée le repousser ?

« Lai... Laissez-moi ! »


Pendant ce temps, à l’entrée du sanctuaire, plusieurs véhicules noirs arrivèrent simultanément, ainsi que deux vans noirs, et des hommes en combinaisons noirs ou bleus foncés sortirent rapidement. Depuis la voiture de tête, deux autres hommes sortirent, avec des costumes noirs, et grimpèrent les premiers. L’un des deux sortit de sa poche intérieure un petit appareil cylindrique, une espèce de tube qu’on aurait pu associer à un neuralyzer, mais qui n’avait pas pour but d’effacer la mémoire des gens à l’intérieur, surpris par cette arrivé. L’homme s’exprima dans le tube, qui agit comme un micro :

« Mesdames et Messieurs, pour des raisons de sécurité, nous vous invitons à vous regrouper dans la cour ! »

Ce qui motiva surtout les gens fut la présence des hommes armés qui le suivirent, et s’enfoncèrent vers le grand jardin zen à l’arrière du sanctuaire.

Chacun d’eux portait des écussons à l’effigie du SHIELD.

Les tentacules avaient terminé leur prise. Solides et puissants, les appendices étaient enroulés autour des membres de la FEMME, caressant pour l'heure involontairement la surface de son sexe et le volume de ses seins. A vrai dire, le danger ne venait pas de ces positions qu'un hentaï bien gras semblait avoir inspiré. La FEMME avait davantage à se préoccuper de la pression que les anneaux lisses faisaient peser contre sa chair, ses muscles et même ses os. Si la Chose décidait qu'il était temps de la faire crier ou de lui rendre une quelconque somme de douleur, elle n'aurait qu'à serrer un peu plus fort. Et alors, sans trop de mal, elle parviendrait à la broyer. A rendre ses chairs semblables à une pulpe gélatineuse et sanglantes, parsemées de fines esquilles d'os. D'ailleurs, la Chose lança le premier avertissement alors que sa sale gueule se dévoilait dans l'ombre de l'arbre sous lequel elle se terrait. La pression contre la jambe et le bras d'MJ se fit plus impérieuse alors que la Chose dardait son unique et dérangeant œil laiteux dans le regard affolé de la rousse, comme un père promettait une rouste à son gosse simplement en levant la main.

La bouche dentelée sans lèvres s'ouvrit puis se referma, ne laissant passer qu'un bruit sourd et guttural. La Chose s'était penchée sur la FEMME entre-temps, comme pour bien la dévisager. Elle était belle, bien que la Chose n'était pas certaine que ça ait la moindre espèce d'importance. Elle aussi, avant la CHIRURGIE, elle avait été belle. Elle croyait s'en rappeler, mais ses souvenirs la ramenaient toujours aux vilains hommes en blancs. Et aux autres en noir, qui avaient déjà essayé de la rattrapé et dont elle s'était débarrassé avec rage.
Pour le moment, la Chose ne voulait pas de mal à la FEMME. Elle cherchait même comment le lui faire comprendre, au moment ou une voix humaine amplifiée parvint jusqu'à sa cachette. La Chose releva la tête. Les HOMMES en noir étaient déjà là. Ils feraient tout pour la remettre en cage et continuer la CHIRURGIE. Ça ne devait pas continuer, NON !
Habiles et puissants, les tentacules extraits du corps difforme (on pouvait le voir, d'aussi près, et c'était foutrement écœurant)  redressèrent la rousse pour la mettre sur ses deux jambes. Puis, un des doigts énormes de la créature (la conséquence d'une verge ordinaire, ou pas loin) se posa gourdement sur les lèvres de la FEMME pour un message clair.
Silence.
Les tentacules marquèrent une nouvelle pression d'illustration de l'avenir proche, si la rousse allait contre l'ordre.
Silence.

L'entraînant avec elle dans les bois, en direction inverse du temple, la Chose se mit à cavaler. Tout était relatif pour celle, dans cette notion : elle claudiquait gauchement mais avait de telles jambes qu'il aurait fallu à un humain trotter à bonne allure pour rester à sa hauteur. Derrière, les hommes du SHIELD arrivaient déjà d'un bon pas, armes au poings et doigts prêt à jouer sur la détente. La Chose savait qu'ils iraient plus vite qu'elle : c'était systématiquement le cas. Mais les HOMMES en noir étaient fragiles. Et elle, au contraire, était terriblement solide et plus forte encore.
S'arrêtant à côté d'un arbre -un bouleau, quelque chose du genre- l'immonde créature y posa ses grandes mains et n'eut pas vraiment à forcer pour le déraciner. Dans un hurlement rauque qui poussa les soldats à marquer un arrêt, la Chose lança l'arbre déraçiné comme un pieu, parvenant à faucher un des pauvres gars lancé à ses trousses. Le corps percuté par le tronc se retrouva à voler avec lui comme une poupée désarticulée, l'envoyant rouler aux pieds de quelques uns de ses partenaires.

"ROOOOOOOOOOOOOOAAAAAAAAARRRRRRWWWWWW !!!"

Le cri rauque et terrible poussé à plein poumons était tant une menace qu'un défi. Si les HOMMES pensaient capturer la Chose sans payer un lourd tribut, c'est qu'ils venaient sans savoir ce qu'ils étaient en passe d'affronter. Car la Chose était lasse qu'on la poursuive. Elle avait prit la FEMME pour qu'on lui fiche la paix mais une fois dans le feu de l'action, elle ignorait comment en tirer réellement partie.
Alors tant pis.

En un sens, le fait d’avoir déjà eu sa vie menacée par tout un tas de malades mentaux au cours de son existence (citons, pêle-mêle, les enfants orphelins du Vautour ayant dévasté son club, le Bouffon Vert ayant transformé l’une de ses amies en monstre qui avait tenté de la tuer, Venom l’ayant capturé pour faire souffrir Peter, Carnage, ou encore ce maniaque qui l’avait séquestré pendant des mois) faisait que MJ, si elle était évidemment paniquée, n’était pas encore dans l’état de terreur absolue où le cerveau d’une personne déconnectait, et où ladite personne devenait le cliché ambulant de tout slasher pour adolescents : la blondasse paniquée hurlant comme une folle en courant dans tous les sens, avant de se faire empaler. Une espèce de monstre abominable la regardait, avec un unique œil, blanchâtre, immaculé, et une haleine écœurante. Les tentacules la retenaient, caressant son corps, ses formes, mais, ce que MJ retint surtout, et qui faillit bien la faire vomir, ce fut cette gueule se rapprochant de la sienne, une gueule énorme, disproportionnée, avec des dents épaisses, aussi pointues que celles d’un requin. Une mâchoire lui rappelant celle de Venom, quand il l’avait enroulé dans son symbiote, et avait approché sa gueule de la sienne... Ce fut cette gueule, et cette haleine d’outre-tombe. MJ sentit un haut-le-cœur saisir, et cligna des yeux, s’empêchant de vomir.

Alors que son cœur lui donnait l’impression d’exploser, elle entendit soudain des bruits de pas, ainsi que des vrombissements venant du ciel... Le rotor d’un hélicoptère qui tourbillonnait dans le ciel, accompagné de voix fortes. La police, déjà ?! MJ n’avait jamais vu le NYPD être aussi rapide... Mais elle savait aussi qu’il y avait des forces autre que la police ou même l’armée. Ceux qu’on voyait dans des séries comme X-Files. Les Men In Black. Des gens dont Peter s’était toujours méfié. Le SHIELD. MJ avait entendu parler d’eux, surtout à l’époque où elle s’était retrouvée dans la tour Stark, avec May Parker. Les Vengeurs étaient en contact direct avec le SHIELD, et, depuis la salle de communications de la Tour Stark, elle avait pu voir Tony en conversation avec des gens comme Maria Hill. Tout un monde d’espionnage pour elle, qui lui évoquait un subtil mélange entre James Bond et Total Recall.

Ce qui la surprit, ce dut quand la créature posa un doigt sur ses lèvres, un gros doigt baveux et gluant, signe éternel voulant dire : « La ferme »... Comme si un gros machin pareil pouvait échapper à ces types du SHIELD, avec leurs satellites, leurs détecteurs, et leurs équipements futuristes.

*C’est eux qui ont créé ce machin ? Ça leur ressemblerait bien...*

On lui avait toujours dit que le SHIELD faisait partie des « gentils », que ce soit Tony, ou encore quelques agents du SHIELD avec qui elle avait pu parler, comme Coulson. Cependant, MJ était née à New York. Elle était une Américaine, appartenant à un pays qui s’était battu contre un Empire colonialiste brimant leur autonomie et leur liberté au nom de principes supérieurs. Partant de là, elle avait instinctivement tendance à se méfier de ces organisations d’espionnage sacrifiant les libertés individuelles sur le sacro-saint autel de la sécurité. Et, partant de là, elle ne serait pas surprise d’apprendre que ce phénomène de foire était un cobaye... Un truc digne de La Mutante, avec une joyeuse touche nippone.

*Imposer le silence de cette manière, c’est un réflexe humain...*

Le monstre se mit ensuite à courir, maintenant MJ près d’elle, s’enfonçant dans la forêt. Plusieurs branches fouettèrent son corps, ses jambes, et, alors qu’elle essayait de comprendre ce qui lui arrivait, le monstre attrapa un arbre. Les agents les rattrapaient, et il déracina sans problème un arbre, avant de s’en servir comme une lance, fauchant un commando qui s’envola, et s’écrasa violemment sur le sol. L’arbre rebondit sur le sol, et frappa plusieurs autres gardes.

« OhmonDieu... » murmura-t-elle.

Le monstre poussa ensuite un rugissement terrifiant, qui fit saigner les tympans de Mary Jane. Les commandos qui la poursuivaient s’arrêtèrent alors, et visèrent... Il leur était difficile de tirer, car le monstre avait un otage, et ils optèrent donc pour des balles anesthésiantes. L’hélicoptère continuait à tournoyer en l’air, mais faisait attention. Le monstre était suffisamment puissant pour balancer des arbres à bout de bras... Mary Jane, quant à elle, était toujours retenue par les tentacules, et, du fait de sa reptation et du frottement contre les arbres, son chemisier était déchiré, révélant ainsi son soutien-gorge.

MJ pouvait les voir s’approcher, tout autour de l’arbre. Les soldats avaient des combinaisons noires renforcées, et pointaient toute une série d’armes, tandis que plusieurs repoussaient l’arbre à l’aide d’objets, afin de libérer les soldats coincés dessous.

*Ils vont nous tirer dessus !!*

C’est ce dont MJ était persuadée. En réalité, depuis l’hélicoptère, le pilote appelait des renforts. Sans l’otage, ils auraient pu utiliser toute leur puissance de feu, car le mutant était clairement hostile... Mais, avec un otage, ils ne pouvaient pas se risquer à la tuer en utilisant les munitions lourdes. Ils se contentaient donc de balles anesthésiantes, que les agents au sol tiraient avec leurs pistolets, espérant vainement pouvoir vaincre le mastodonte tentaculaire...

La Chose entendait les rugissements du moteur de l'hélicoptère, au-dessus d'elle. L'appareil se tenait à une distance raisonnable pour le moment, mais n'avait pas encore engagé le combat. Les autres fois, l'appareil avait craché des flammes et du plomb, ce qui avait soulevé de la terre et de la poussière et même arraché quelques morceaux de chair à la Chose. Cette fois, rien. L'oeil laiteux qu'on aurait dit aveugle se darda sur la rouquine et la Chose réalisa enfin qu'elle détenait, grâce à son otage, une sorte de bouclier qui lui évitait la colère des HOMMES. Jouant de ses tentacules, elle rapprocha Mary Jane d'elle et vint une nouvelle fois la confronter dans un horrible face-à-face; pour la volcanique tenancière de club, du moins.
Elle en était à la scruter, chercher la meilleure façon de faire usage d'elle. Sans la blesser. La FEMME n'avait rien à voir dans cette histoire et n'avait eu que le malheur de se tenir là au moment le moins importun. Et puis, pour une fois, c'était une FEMME qui n'avait pas crié, n'avait pas insulté, n'avait pas trop cherché à se débattre. C'était un peu reposant.

Amalgame réfléchissait, même grossièrement. La fuite, la Chose le savait, serait compliquée maintenant. Les HOMMES en noir et en armes l'avaient rattrapée et déployaient leurs forces, bouchant même le ciel avec l'appareil qui faisait tant de bruit. Si elle leur tournait le dos, ils saisiraient l'occasion et s'en prendraient à elle.
Alors la Chose établi un nouveau plan. D'une main presque douce, elle caressa le haut du crâne de sa captive pour la rassurer. De nouvelles tentacules s'extrayèrent de son corps pour venir glisser contre MJ de la même façon que l'avaient fait les premières qui l'avaient attrapée et bientôt la jeune femme se retrouva dans un cocon de chairs cylindriques et battantes... Protégée des agressions extérieures. La Chose avait pensé à tout, enfonçant de force l'extrémité d'un de ses tentacules dans la bouche de Mary Jane : le "gland" l'alimenta bientôt en oxygène, l'empêchant ainsi de suffoquer.
Et la Chose, après un nouveau hurlement, donna la charge.

Fonçant de son pas claudiquant vers le groupe qui en était à vouloir bouger le tronc, elle fit jaillir de nouvelles tentacules tandis qu'elle plaçait le cocon de MJ face à elle, comme un bouclier. L'hésitation des tirs lui permit d'approcher et de saisir son premier homme à la cheville grâce à l'un de ses appendices gesticulant, le soulevant de terre comme une feuille avant de le secouer brutalement. Le corps se brisa contre un tronc avant d'être balancé sur un autre agent de SHIELD, laissant le temps nécessaire à la Chose pour déraciner un nouvel arbre qu'elle lança sur l'hélico. Elle doutait de pouvoir ainsi le détruire, mais au moins l'éloignerait-elle le temps de continuer sa charge, l'otage placée en avant.
Ses tentacules étaient de véritables extensions d'elle. La Chose parvenait à les glisser discrètement dans le dos des soldats pour les surprendre tandis qu'elle fonçait frontalement sur eux, tentant de les saisir -et échouant pour les envoyer vers ses tentacules.

Jambes brisés, arbres abattus sur eux, corps désarticulés : les agents du SHIELD se retrouvaient face à un fléau puissant et impitoyable, qui usait de ses particularités avec un brio plus qu'étonnant pour les maintenir en déroute. La Chose, dans le même temps, veillait à ne pas exposer trop sa captive, pourtant bien protégée.

Tout cela ressemblait à un sinistre cauchemar, comme un rappel de ce qui arrivait régulièrement à New York, où il était fréquent de tomber sur un taré comme Shocker ou Rhino en allant faire ses courses à l’épicerie du coin. Ici, Mary Jane était tombée sur une espèce de monstre surpuissant et tentaculaire en allant faire une promenade dans le sanctuaire shinto de Seikusu. Manquait-elle donc à ce point de chance ? Elle sentit les tentacules jaillir, et se tortiller alors tout contre son corps, venant la bloquer dans une sorte de cocon dégueulasse. Son cri mourut contre le long tentacule phallique qui s’enfonça dans sa bouche, et, cette fois, elle évita vraiment in extremis de vomir. Mary Jane tenta de se débattre, mais tous les tentacules l’enserraient, la bloquaient, l’étouffant à moitié, et ce même malgré la présence de ce long tentacule planté en elle. Vainement, Mary Jane tentait de se libérer, tout en sentant le monstre bondir vers les agents du SHIELD, les massacrant comme du bétail. MJ ne voyait quasiment rien d’autre que quelques espaces lumineux, tandis qu’elle percevait les coups sourds du monstre renversant les commandos.

*Rien ne l’arrête !!*

Elle était comme face à Venom, immobilisée, totalement piégée et restreinte, encore... Une situation ô combien déplaisante, ô combien désagréable. La femme continuait encore à se débattre, la panique explosant en elle, tandis que les agents finirent par user de leurs fusils d’assaut. Les balles heurtèrent le torse de l’homme, tandis que l’hélicoptère, qui s’était écarté pour éviter l’arbre, fit également feu, ses puissantes balles heurtant le dos du monstre, ainsi que la poussière tout autour de lui. Mary Jane poussa un hurlement silencieux, mordant à pleines dents le gros tentacule niché dans sa bouche... Et ses mains se mirent à s’illuminer. MJ entrait dans une sorte d’état second, une panique qui la recouvrait totalement... Puis de la lumière vibra le long de ses doigts...

...Et, brusquement, le cocon tentaculaire explosa de l’intérieur, vaporisant des morceaux de tentacules dans les alentours, MJ tombant sur le sol, ahurie. Elle eut à peine le temps de se retourner qu’un mouvement dans son dos la renversa sur le sol, tandis qu’un violent choc résonna juste à côté d’elle. Une silhouette bleuâtre métallique venait de débarquer, repoussant le monstre. Sonnée, MJ ne comprenait rien à ce qui venait de se passer, si ce n’est qu’elle avait des morceaux de ce monstre dans les cheveux. Une main la saisit, et deux commandos se retirèrent en l’emmenant, tandis qu’une espèce de fusée à taille d’homme vrombissait à côté de Mary Jane.

« Vous êtes en état d’arrestation, créature... Ou qui que vous soyez. »

Iron Girl venait d’arriver avec fracas, et tira presque à bout portant ses deux tirs plasmiques, provoquant une violente explosion. Le souffle fit voler les cheveux de la femme, tandis que les deux commandos la traînaient.

« Vite, vite, expatriez la civile !
 -  Faites feu sur le monstre ! Abattez-le ! »

Mary Jane avait l’impression d’assister à un horrible et macabre spectacle, voyant des projections de sang le long des murs, des hommes gémissant sur le sol, des corps broyés... Un spectacle horrible, mais qui n’expliquait toujours pas comment le cocon avait explosé. Et, alors que le groupe s’écartait, l’un des tentacules du monstre jaillit, frappant l’un des hommes. Son sang aspergea la moitié du visage de MJ, qui se mit alors à courir. Elle fila à droite d’un arbre, mais un autre tentacule frappa alors Iron Girl, et la femme en armure arriva juste devant elle, faisant ployer les buissons et les feuilles sous ses répulseurs. La femme rousse s’arrêta brusquement, avant de voir l’armure décoller, pour tirer en hauteur, et MJ se remit à courir, filant vers la droite.

Les feuilles la frappaient au visage, mais elle n’en avait rien à faire. Elle voulait revenir vers le sanctuaire shinto, s’abriter ailleurs, mais, en fuyant cette scène de chaos, elle ne faisait en réalité que s’éloigner davantage du sanctuaire, et finit par heurter une racine sortie du sol, l’amenant à glisser le long du sol, faisant une série de tonneaux, avant de finir sa course contre un tronc d’arbre.

« Ah... »

MJ soupira lentement, sonnée, et se redressa lentement. Si elle comprenait ce qui venait de se passer, ce qu’elle ne s’expliquait pas, c’est ce qui avait jailli de ses mains, et fait exploser le cocon. Etonnée, elle observait donc ses mains, en les serrant.

*Je ne comprends pas ce qui s’est passé... Mais j’ai mal partout.. Et je crois que j’ai perdu le nord...*

Autrement dit, elle ignorait totalement par quelle direction se rendre pour sortir de cet enfer.

Ce qu'il s'était passé ? La Chose résumait ça à sa plus simple expression : on lui avait encore fait du mal. Ce n'étaient pas les petits soldats, non ! Eux, ils volaient quand la Chose les attrapaient pour les faire se fracasser sur le sol ou contre des arbres, quand elle ne les envoyait pas voler quelque part dans le temple shinto. Le cocon tenait bien, la FEMME était protégée et le protégeait aussi pendant que la créature se débarrassait des HOMMES venus l'arrêter. Bientôt la Chose aurait anéanti leurs forces et pourrait fuir pour trouver un endroit où se cacher. Bientôt...
Bientôt, rien. Sans que cela semble avoir un sens, le cocon explosa littéralement de l'intérieur dans un grand jet de lumière et l'immonde créature poussa un cri de douleur déchirant alors qu'au moment moment retentissait une nouvelle explosion qui envoya rouler à terre le monstre. Les moignons de ses tentacules arrachées battaient pitoyablement l'air avant de se résorber, tandis qu'apparaissait un soldat tout en métal qui invectiva la Chose. Pour toute réponse, l'Amalg   ame tenta de donner un coup de poing au soldat bleu et métallique. Deux rayons de lumière félicitèrent sa tentative, un lui perforant nettement une épaule.

De son oeil unique, la Chose vit s'en aller son otage. Elle avait l'air effrayée. Les soldats qui criaient, peut-être. Ou ce soldat dur et méchant, couleur de ciel ? Amalgame hurla férocement et attrapa un nouveau malheureux pour le broyer à la taille entre les muscles qui courraient sous ses tentacules. Un autre appendice faisait déjà la route vers MJ mais le soldat de fer s'interposait pour l'empêcher de la ramener, avant de s'envoler afin de lui asséner de nouveaux coups à une distance de sécurité. Son corps vola en éclat et lambeaux sanguinolent mais, à l'image de son épaule, se reforma presque aussitôt. Néanmoins, un oeil observateur pouvait constater les limites de la régénération qui se faisait moins rapide et efficace à mesure que le temps passait...
Il fallait se débarrasser de la méchante en fer. C'était une vraie menace. Mais comment faire ? La Chose savait que ses tentacules ne l'atteindraient pas. Courir ? La Méchante était plus rapide et de toute façon le monstre ne pouvait pas atteindre une vitesse importante : une de ses jambes était à moitié paralysée, ce qui entraînait sa claudication. Il fallait tenter de ruser.

De chacune de ses mains, la Chose déracina un arbre pour le lancer sur le soldat bleu avec violence. Les troncs la touchèrent bien sans que ce fut efficace mais peu importait : les tentacules avaient saisi la plupart des corps déjà morts pendant que le soldat avait été occupé et lui avait balancé de la même façon, mais en une seule fois. Pour lui bloquer la vue une seconde suffisante afin de lui attraper les chevilles et de tirer violemment pour tenter de la faire percuter le sol.
Les tentacules de la Chose étaient vraiment très, très fortes. Avec l'effet de surprise, ça pouvait marcher. Une fois la Méchante en bleu arrivée à portée de main, Amalgame vint s'en saisir pour finir le travail : comme pour la briser contre le sol, il la jeta puissamment à terre et la fit s'y enfoncer. Désireuse de peaufiner, la Chose martela de coups de poings supplémentaires avant d'estimer la menace éliminée.

Il fallait retrouver l'otage, maintenant. Pour la mettre à l'abri des soldats qui lui faisaient peur et pour l'imprégner. Plus tard, mais l'imprégner quand même. Sûre de sa victoire, la créature poussa un hurlement et entreprit de suivre la trace d'MJ.

Au loin, MJ entendait les sons de la bataille. Le bruit d’arbres qu’on déracinait du sol, des explosions plasmiques faisant voler de la poussière. Elle, elle avait mal à la cheville. Elle n’était pas tordue, mais foulée, et le sang battait dans ses tempes. Une scène bien trop similaire à ce qu’elle connaissait... C’était à croire que les monstres et les explosions continuaient à la poursuivre, peu importe où qu’elle aille. Mary Jane avançait rapidement, s’appuyant parfois contre les arbres. Elle ne pouvait pas rester là, et reprit sa route, sans trop savoir où elle allait, uniquement motivée par le désir de foutre le camp. Elle entendait encore des rafales, ainsi que les pâles de l’hélicoptère qui tourbillonnaient dans les hauteurs, et qui se mit soudain à faire feu. MJ perçut alors des hurlements furieux, et comprit que le SHIELD était en train d’utiliser ses armes lourdes, les puissantes mitrailleuses s’échappant des gatlings de l’hélicoptère. Des tirs suffisamment puissants pour trouer les arbres. Malheureusement, la végétation ambiante rendait la cible assez difficile à atteindre.

Entre-temps, dans la zone de combat, des renforts supplémentaires affluaient, et virent Iron Girl, à moitié enfoncée dans le sol. L’armure ne réagissait plus, mais, alors qu’ils se rapprochaient, la visière s’ouvrit sur le visage endolori de Rachel, du sang s’échappant de son nez et de ses lèvres.

« Ah, la vache, je dois bien avoir deux ou trois côtes de pétées... Sans parler de tous les circuits bousillés. »

MJ, bien sûr, était loin de pouvoir les entendre. Les feuilles lui fouettaient le visage, les branches écorchaient encore un peu plus ses vêtements. Elle entendait les bruits se rapprocher, comme si le monstre la poursuivait.

*Pas le temps de m’arrêter pour me repoudrer le nez, dépêche-toi !*

Elle avançait le long des arbres, sur une pente qui descendait légèrement, quand un tentacule jaillit dans son dos. Il s’enroula autour de sa cheville, et MJ bascula en avant, la tête heurtant la terre. Cependant, cette fois, la chance continua à lui sourire, car, en tombant, elle avait brisé une branche de bois, et s’en servit comme un javelot improvisé, le plantant dans le corps du tentacule, ce qui eut pour effet de relâcher la prise autour de sa jambe. MJ se redressa alors, et continua à courir, tandis que l’hélicoptère filait au-dessus d’elle, mitraillant dans son dos, les souffles du rotor déplaçant les feuilles, l’assourdissant totalement.

« SUIVEZ-NOUS !! » hurlait une voix émanant de l’hélicoptère.

Ce que le pilote pouvait voir, contrairement à MJ, c’est que la jeune femme faisait route vers un canyon avec, en contrebas, un cour d’eau qui tirait sa source depuis une cascade en amont. L’hélicoptère devait régulièrement faire des embardées pour éviter les attaques de ce monstre tentaculaire. Il se stationna au-dessus du canyon, déployant une corde pour que la femme puisse s’y accrocher. MJ se rapprochait rapidement, retrouvant un élan supplémentaire en voyant l’hélicoptère se découper du feuillage... Mais, alors qu’elle pouvait presque sentir le filin de sécurité, un tentacule la fouetta dans le dos, et elle tomba à nouveau en avant, se mettant à faire une nouvelle série de roulades...

...Et elle bascula dans le vide.

Son corps tomba dans l’eau, et les rapides la portèrent. À bord de l’hélicoptère, les choses se compliquèrent, et ils se mirent à faire feu, tout en tentant de redresser. Las, un tentacule réussit à atteindre l’une des pattes de l’hélicoptère, déstabilisant ce dernier. L’assiette de l’hélicoptère chavira, et le pilote tenta de redresser. L’un des tireurs visa l’origine du tentacule, tirant à travers les feuillages... Pour voir un autre tentacule fondre à toute allure sur lui, accompagné d’autres petits monstres violets qui heurtèrent l’hélicoptère, contraignant les agents à sauter sur le sol, tandis que l’hélicoptère alla se fracasser contre le canyon, provoquant une belle explosion.

MJ, elle, continuait à se battre contre les éléments. Elle réussit à remonter à l’air libre, aspirant une goulée d’air frais, avant de disparaître dans une grotte. Une cascade termina sa course, en l’envoyant s’écraser dans un lac souterrain. Elle en ressortit, épuisée, et réussit à rejoindre la rive, où elle se retourna, et s’affala sur le sol, la respiration lourde et pesante.

La grotte, elle, était éclairée par des trous dans la paroi, son chemisier n’était plus qu’un torchon imbibé d’eau, et tellement déchirée qu’il révélait plus qu’il ne cachait.

Et la femme, en l’état actuel des choses, ne voyait aucune autre échappatoire à proximité.