Yuki Onimaru, vice président (par défaut) du Club de Football Américain, quitta la salle d'un pas mesuré, avec une expression parfaitement neutre. Pourtant, quiconque aurait croisé son regard à cet instant aurait sans doute choppé un bon rhume, car ce dernier charriait des glaçons.
Si il y avait une seule personne capable de résister à Yuki, c'était bien le président, Takeru.
Yuki ne savait toujours pas si c'était parce qu'il était terriblement résistant et courageux, ou si'l était juste trop bête.
Dans les deux cas, sa politesse glaciale et ses regards noirs n'avaient jamais aucun effet sur son aîné. D'habitude, les gens avaient tout simplement peur de lui, de ses regards flippant et de son ton toujours doux, pas menaçant le moins du monde, mais toujours très distant, étrangement inquiétant.
Ce jour-ci, donc, il quittait les locaux du club après que Takeru lui ait demandé d'aller à sa place au bureau du club de couture. La fête de l'école approchant, le président voulait que chacun des membres soit impeccablement sapé, et la légendaire présidente du club de couture faisait, paraît-il, des miracles en matière de création stylistique.
Mais c'était une fille, et Takeru, un grand timide. Du coup, Yuki devait s'y coller.
Encore.
Il est vrai que si la majorité des postes d'importances de ce lycée n'était pas occupés par des filles, Tama aurait moins de problèmes, et le nécromant de seize ans aurait (un peu) la paix.
Il arriva donc devant la salle du club de couture, et en fit coulisser la porte.
Ce fut une des rares occasions où l'on vit Yuki sourire à l’intérieur du lycée.
Quiconque s'était occupé de la décoration du local était personne de goût.
La pièce était parcourue par une musique relaxante, une valse viennoise venue d'Europe, de celles que l'héritier des Onimaru aimait écouter. Plusieurs mannequins portaient des tenues resplendissantes, chacune coupée dans un style différent, avec un petit carton explicatif, décrivant le style et son origine. Plusieurs Yukatas et Kimonos aux motifs évoquant chacun une saison différente, certains portant même un haïku lié à leur saison.
La porte fermée, l'étudiant se perdit dans la contemplation de la salle, avant de remarquer la présidente au fond de la salle, penchée sur une table sans qu'il puisse distinguer ce qu'elle faisait. Elle semblait absorbée par son travail. Il observa sa chevelure couleur de fleurs de cerisiers, soulignant les courbes de sa silhouette gracieuse.
Reprenant son air sérieux habituel, l'étudiant rajusta ses lunettes par la monture et toussota poliment espérant provoquer une réaction chez l'artiste, mais ne voulant pas la déranger dans son travail, il savait par expérience à quel point c'était désagréable.