Thibault aimait marcher. Il aimait sentir le vent s’accrocher à ses cheveux et à son visage et essayer, en vain, de l’arrêter. Mais par-dessus tout, il aimait courir. Et galoper. Bref, aller vite. Les courants d’air se faisaient plus forts, c’était une sensation très agréable. Il aimait aussi, par conséquent, les endroits remplis de courants d’air, comme les ruelles de certaines villes.
Ce jour-là donc, Thibault courait dans des ruelles. Sauf que pour une fois, il avait une raison de courir. En effet, il était poursuivi. Il ne savait pas qui étaient ses poursuivants, et pour être tout à fait honnête il n’avait aucune idée de le savoir. Sitôt qu’il avait entr’aperçu leurs armes, il avait détalé. Il n’était pas d’humeur à gérer un groupe d’empêcheurs de tourner en rond, aujourd’hui. Il avait donc très logiquement choisi de prendre la poudre d’escampette. Ce qu’il faisait à merveille (la force de l’habitude, sans doute).
-Hors de question d’être en sous-nombre aujourd’hui ! marmonna-t-il tandis qu’il s’efforçait de semer ses poursuivants.
Il slaloma à travers les ruelles plus ou moins étroites d’une ville dont il ne connaissait même pas le nom. Plus le temps passait, plus l’angoisse et la peur s’insinuaient en lui. Pourquoi ? À cause de ce qu’il appelait sa « peur maîtresse » : sa claustrophobie. Thibault ne supportait pas les espaces réduits, étroits ou fermés. Or le chemin qu’il empruntait en ce moment était très majoritairement constitué de ce genre d’espaces. Chaque seconde qu’il passait ici était une torture pour Thibault, qui n’avait qu’une seule envie, celle de partir. Le plus vite possible.
Le jeune homme n’entendait plus les pas des quatre hommes derrière lui. Les aurait-il semés ? Il se retourna l’espace d’une seconde pour vérifier sa théorie. Mais cette seconde suffit à rendre la journée encore pire qu’elle ne l’était déjà…
Thibault sentit un contact. Un choc, plus précisément. Un choc violent qui le fit tomber à la renverse et le laissa étourdi un instant. À travers l’espèce de brouillard qui enveloppait sa vision, il vit quelqu’un en face de lui. Sûrement la personne qu’il avait heurtée. En d’autres termes, un obstacle entre lui et la sortie de cet enfer…