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Infortune en pleine mer [Pv Amphitrite]

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Vine

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Infortune en pleine mer [Pv Amphitrite]

jeudi 21 novembre 2013, 14:20:45

C'était presque trop facile. Si on vous le présentait ainsi, vous vous diriez qu'il n'y avait aucun risque, aucun accroc. C'est pour ça que Vine ne s'appitoyait pas sur son sort, maintenant qu'il avait le revers de la médaille. Son embarcation dérivait comme elle l'avait fait toute la nuit. Le soleil émergeait lentement de l'océan telle une boule en fusion, et ses rayons donnaient à l'eau une teinte turquoise qui s'éclaircissaient à mesure que le jour se levait.

Il faut revenir un peu en arrière pour comprendre comment il avait pu se retrouver dans cette situation. Depuis plusieurs jours, de nombreux navires allaient et venaient dans le port de la capitale. Plusieurs évènements se télescopaient : un marché géant, des mariages, des fêtes tenues par les bourgeois. Tout ceci concordait à concentrer de nombreuses richesses en ville, et également au niveau du port. Il n'avait pas fallu beaucoup d'investigations à Vine pour apprendre qu'un riche négociant des îles dorées était venu pour participer au marché mais également à plusieurs fêtes. Il était connu pour avoir fondé sa fortune sur la vente de produits exotiques et la traite d'esclaves. On racontait qu'il avait surement de quoi acheter un pays s'il le fallait, et il était venu avec quatre navires remplis, rien que ça.

Le principal, qui transportait le négociant et ses proches, était resté en haute mer, en sécurité. Les autres avaient investis le port pour décharger leur lot de marchandises. Vine se doutait que ce marchand gardait son argent et le résultat de ses ventes sur son navire en pleine mer. A sa place, c'est ce qu'il aurait fait : on pouvait voir venir de loin des pirates, sans être loin de la côte non plus. Il avait donc dressé un plan très simpliste : prendre un bateau de petite taille, rejoindre le navire en pleine nuit, puis improviser.

Il ne comptait pas tuer tout le monde à bord, il fallait juste être discret pour faire un aller retour sans encombre. Le début de la soirée avait été parfait : il avait loué une coque de noix à un marin. Un bateau à voile qui n'était pas bien grand, mais amplement suffisant pour sa tâche. La voile offerte au vent, il était sorti du port pour ensuite naviguer vers le point noir à l'horizon. La nuit était tombée, sous un ciel de plomb. Des nuages s'amoncelaient et l'on y voyait goutte, à l'exception de quelques lanternes au niveau du pont de l'immense navire. Il descendit la voile et sortit les rames pour faire les derniers brasses plus discrètement. Il s'en suivit un cambriolage en règle comme rarement il en avait réalisé : tout s'était bien passé. Monter sur le navire, se balader dans les couloirs déserts, se cacher lorsque quelqu'un arrivait. Il avait crocheté la cabine du capitaine, et trouver plusieurs coffres. Il ne pouvait pas tout amener, et jeta son dévolu sur deux petits coffres de bois reliés d'or et d'argent. Le retour avait été tout aussi calme, et il était revenu à sa chaloupe sans encombre.

Pourtant, il sentait que quelque chose n'allait pas. Quelques gouttes de pluie plus tard, il se mit à pleuvoir bien plus fort. Inutile d'essayer de lever la voile, elle ne tiendrait pas dans ce qui s'annonçait comme une tempête. Il tenta de ramer mais ne put vraiment lutter. Le vent s'était considérablement renforcé et l'entrainait vers le large. Pendant un temps, il essaya de ramer à contre courant avant de changer d'idée : il se cala au fond de sa coque de noix et écopa ce qu'il pouvait, histoire de ne pas couler. La tempête dura trois bonnes heures durant lesquelles le bateau fut baloté en tout sens. Quand enfin elle se finit, le vent soufflait mais il ne voyait aucune terre. Il leva la voile et se laissa guider. Il finirait bien par tomber sur de la terre, non ?

Maintenant que le soleil brillait, il avait fait le point sur sa situation. Pas d'eau, pas de vivres. Ca n'allait pas être simple, surtout en ne sachant pas où il était. Peut-être en abattant cette mouette ... Une mouette ? Il n'était pas loin de la terre, si c'était le cas. Son regard porta sur l'horizon et il brûla ses dernières réserves d'étain en lui pour accentuer ses sens et chercher quelque chose ... Là ! Un point noir, une île apparemment. Il se remit à la barre, et dirigea le voilier dans la direction de son salut. Après une demi heure sous le vent, il parvenait à quelques encablures de la langue de terre. Du sable blanc, des palmiers - ou bien était-ce des cocotiers ? il ne voyait pas la différence - et une végétation luxuriante qui s'étendait sur une grande partie de l'île.

Il s'approcha autant qu'il put de l'île avant de jeter l'ancre à l'eau, puis ce fut son tour. Il nagea jusqu'au bord afin de rallier la plage. Au moins il ne mourrait pas de faim ou de soif dans cette coque de noix. Il allait lui falloir trouver un moyen de savoir où il était et de repartir aussi, mais pour le moment, il s'accordait quelques minutes de repos sur le sable, ses habits collés par l'eau contre sa peau.


Amphitrite

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Re : Infortune en pleine mer [Pv Amphitrite]

Réponse 1 jeudi 21 novembre 2013, 16:05:09

Finalement, Amphitrite s'était lassée de la procureur. Trop sérieuse, trop impartiale, trop idéaliste... Beaucoup, beaucoup trop rigide. Mais il fallait lui concéder que sa position lui conférait un confort matériel dont elle avait su comprendre l'importance, depuis son arrivée dans le monde moderne... Du reste, ça n'était pas un flash spécial. Depuis que le monde était monde ou presque, les plus riches étaient encore ceux qui survivaient et vivaient le mieux. C'est donc pourquoi elle avait décidé de rester dans le corps d'Eleanor Reed, en créature intéressée qu'elle savait être. Et la prise de contrôle avait été, oh, un jeu d'enfant malgré la pathétique tentative de rébellion de son hôte. Elle l'avait écrasée... Les doigts dans le nez. Cependant, ce que la déesse n'avait pas prévu, c'est que des changements physiques finiraient par s'opérer sur la plastique de la procureur, de façon progressive mais réelle, et surtout relativement rapide, de sorte que bien avant qu'elle n'ait terminé de s'amuser sur Terre, les deux femmes, celle qu'elle avait été et celle qu'elle était devenue, deviendraient méconnaissables. Petit à petit, les cheveux blancs d'Eleanor avaient pris une teinte bleutée, et s'étaient finalement liquéfiés, retrouvant ainsi leur apparence première, au même titre que leur détentrice. Si ce retour aux sources (sans mauvais jeu de mot... Si en fait) avait été un vrai soulagement, et une renaissance pour la déesse, il fallait avouer qu'elle attirait beaucoup plus l'attention, de la sorte. Bien sûr, elle était omnipotente, donc si elle le voulait, elle pouvait retrouver le corps d'Eleanor en un claquement de doigt... Mais elle se sentait tellement bien en elle-même, qu'elle n'avait pas envie de retourner au physique fade et lambda d'une pauvre petite humaine. Quant à se balader ainsi dans la rue, pour être vue comme un monstre de foire, merci mais non merci. Elle avait donc sauté dans le premier portail pour Terra qu'elle avait senti se forme, et à ciao et bon dimanche, à l'aurevoyure et tout et tout, on se revoit au bac.

En arrivant sur Terra... Elle avait cru suffoquer. Dans le désert, chouette. Pour une femme poisson, ça la fout mal. Mais genre, très mal. Soyons honnêtes deux secondes, elle avait vraiment cru clamser pour de bon. Trop de chaleur, pas assez d'air marin, au secours les crevettes !, et tout ce qui va avec. Donc c'est sans une seconde d'hésitation qu'elle s'était téléportée dans un « POP » sonore à quelques centaines de kilomètres de là, et entre nous, la dame avait été inspirée car un monstre des sables tentaculaire venait de jeter son dévolu sur elle et se préparait à l'encercler de son amour visqueux. Mais ouf ! Amphitrite avait échappé au pire (à savoir d'être dévorée comme un simple sashimi), et se trouvait à présent, et bien... Au milieu de nul part. Intéressant. Mais, nuance ayant son importance (et capitale dans le cas qui nous intéresse), en pleine mer. Avec les pieds, la taille et tout le reste dans l'eau, la déesse avait retrouvé son élément, et donc l'entièreté de sa puissance. Tip top, comme dirait l'autre. Mais c'était un peu mortel en l'état... Pas âme qui vive, si ce n'était celle de ses chers poissons, en soit très intéressants mais quand même moins que des humains, ce qui expliqua pourquoi elle se mit en recherche d'une terre, qu'elle trouva, somme toute, toujours avec l'aide de ses amis à nageoires, pattes et autres attributs, sans de trop grandes difficultés.

Quand ses pieds foulèrent le sable blond, Amphitrite su qu'elle venait de faire une trouvaille qui la ravirait. Délaissant rapidement la plage déserte pour s'enfoncer dans la jungle luxuriante qui l'attendait à une quinzaine de mètres, elle commença par se laisser charmer par les effluves sucrées et exotiques des plantes environnantes. Leurs couleurs valaient bien celles de ces chers coraux, quoique ces derniers avaient un peu plus de majesté. Le rouge des hibiscus se tapait la discute avec le vert pétant des  fougères... On pouvait affirmer, après quelques pas à peine dans cette jungle, que Tarzan y aurait été parfaitement à son aise. Néanmoins, on ne pouvait pas dire que la phase d'exploration d'Amphitrite fut a) très longue, b) une partie de plaisir, c) dénuée de compagnie, d) toutes ces réponses. En effet, quelques minutes après qu'elle se fut engagée sur un étroit sentier à peine perceptible, une nuée de flèches primitives lui avait fondu dessus... Qu'advint-il par la suite ? Mystère et boule de gomme, mais connaissant la nénette, on pouvait sans douter affirmer qu'elle était parvenue à retourner la situation à son avantage...

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C'est quelques jours plus tard que le pauvre erre Vine mit le pied sur l'île maudite, pour son plus grand malheur, puisque, comme vous vous en doutez probablement très chers lecteurs, elle était peuplée de méchant cannibales mangeurs d'hommes (redondant bien sûr, mais c'est pour bien appuyer sur le côté méchant des habitants des lieux). La petite chaloupe du presque naufragé, ils l'avaient vue depuis des heures au large et avaient prié leur panthéon ainsi que leur toute nouvelle déesse (dont on ne vous donnera pas l'identité mais que vous aurez probablement déjà identifiée, n'est-ce pas?) de leur faire parvenir ce nouvel en-cas. Naturellement, Amphitrite avait répondu "Oui oui" sans n'en rien penser, sachant que de toute façon, les courants finiraient par l'attirer par ici (ou des rames, s'il avait encore la force de s'en servir) donc elle avait continué à ne pratiquement rien faire en attendant que ça se passe... Mais en attendant impatiemment de voir à quoi ressemblait ce nouvel arrivage. Non parce que... La compagnie des cannibales, ça va bien quelques heures, mais ensuite, ça lasse. Alors comme on s'en doute, encore une fois (je ne fais que des posts parfaitement prévisibles, vous avez vu?), elle a délégué (mot un peu moins sévère qu'ordonné, mais synonyme) les chasseurs de ses nouveaux adorateurs pour lui ramener le contenu de cette mystérieuse chaloupe, chasseurs qui s'exécutèrent sans demander leur reste (quand on sait ce qu'il est advenu de celui qui lui a désobéi, on les comprend les pauvres...).

Vine venait donc de débarquer sur l'île de tous ses malheurs, épuisé par son périple et prenait un repos bien mérité quand trois guerriers à la stature vachement imposante pour des cannibales (cassons le préjugé des cannibales pigmés en leur donnant autant de sex appeal que Jason Momoa) vinrent glisser leurs lances sous sa gorge dans le but de l'immobiliser, tandis que deux autres se chargeaient d'aller voir s'il ne cachait rien dans la barcasse... Au cas où on en douterait, les guerriers n'avaient pas l'air aimable du tout, l'un deux donna même un coup de pied à Vine pour l'enjoindre à se lever (on reste à un langage rudimentaire, ce sont des cannibales quand même), accompagné d'un  "Akala miamiam !" tonitruant. Vine, quoique tu tentes... Bon courage.

Vine

Invité

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Re : Infortune en pleine mer [Pv Amphitrite]

Réponse 2 jeudi 21 novembre 2013, 17:04:14

Dieu que ça faisait du bien de sentir le sable sous ses fesses ... Il allait pouvoir se fabriquer un abris, manger et boire, puis attendre la nuit pour se repérer grace aux étoiles. Un plan carrément parfait. Devant lui, la bicoque mouillait à quelques brasses, remué par les légères vagues. Il avait laissé dedans les deux coffres ainsi que trois fioles contenant de l'eau et de la poudre de métaux mélangée dedans. Ca pouvait toujours servir si jamais il avait besoin de se servir de ses pouvoirs. Il pouvait toujours puiser un peu de métal lorsqu'il mangeait ou buvait, mais c'était très peu comparé à ce que lui apportait les fioles qu'il préparait à l'avance et qui étaient faites exprès pour ça.

Son dos se raidit en sentant le tranchant d'une lance sous son menton. Quel stupide il faisait ! Absorbé dans sa contemplation et son repos, il n'avait pas senti venir le danger. Il aurait été prêt à parier que l'île était déserte, ce n'était pas le cas. Trois grands gaillards l'entouraient, leurs mines patibulaires laissant présager qu'ils n'étaient pas très ... Evolués. Dommage, s'il était tombé sur des pirates il aurait pu marchander ses talents afin de retrouver le continent et rentrer chez lui.

Il leva le regard sur les hommes et reçut un coup de pied en compensation. Serrant les dents, il évita de jeter de l'huile sur le feu. Vu les tenues et l'attitude de ces hommes, était-il possible qu'il ait échoué sur l'île de Bokkor ? Il en avait entendu parlé, surtout quand il était petit. Cette île, c'était à moitié une légende et à moitié un mythe, principalement pour les gens du continent. On parlait d'une île du bout du monde, où vivait des cannibales qui capturaient les bateaux un peu trop aventureux et bouffaient les occupants. Du coup, la cartographie et la navigation dans la zone n'était pas conseillée et avec les années personne ne s'y aventurait, même sans savoir si l'île existait vraiment. Il y avait toujours des navires qui disparaissaient, mais on mettait ça principalement sur le dos des tempêtes et non pas d'humains aux dents longues.

Vine se releva sous la menace des trois lances. Il avait horreur d'être traité de la sorte, et il ne comptait pas finir prisonnier et encore moins bouloté par ces hommes. On le poussait vers la frondaison de la jungle, avec l'intention de le ramener à leur camp sans aucune doute. Vine brûla alors le peu d'electrum qu'il avait en lui. Le métal avait le don de montrer un fragment de son futur, avec bien évidemment des variations. Rien n'était gravé dans le marbre, loin s'en faut. Il eut fugacement la vision d'une femme aux cheveux bleus, rien de plus. Il ne l'avait jamais vu, et elle ne ressemblait pas du tout à ces hommes d'un point de vue morphologique. Parfois, le métal avait des réactions étranges, peut-être lui montrait-il une métaphore. La femme aux cheveux bleus serait-elle une représentation de l'océan ? Impossible à déterminer pour l'instant.

La tappe qui suivit fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Le sauvage souhaitait probablement le faire avancer plus vite, mais contraindre Vine n'était généralement pas une bonne idée. Il étouffa un grognement et brûla de l'acier en lui. La pointe de la lance en métal partit sur le côté pour aller se ficher dans le cou d'un de ses compatriotes. Sous la surprise, celui qui tenait la lance poussa un cri pendant que le sang giclait à gros bouillon de la gorge fendue. Vine n'en avait pas fini et brûla à la fois du fer et de l'acier en lui pour tour à tour faire ressortir la pointe de la gorge en l'attirant vers lui, pour ensuite l'envoyer fendre le crâne du troisième larron. Le but ne fut pas atteint, mais la lance transperça l'orbite de l'homme dans un bruit mou. Le corps tressauta avant de s'effondrer comme l'avait fait l'autre en essayant de se tenir la gorge.

Surpris et décontenancé, le porteur de la lance n'avait pas l'air de comprendre ce qu'il avait fait. Avait-il réellement tué ses deux amis ou bien était-ce le fait de l'étranger ? Ca ferait un banquet plus important, c'était certains, mais il soupçonnait fortement l'homme devant lui. D'ailleurs, Vine s'était retourné, faisant face à son dernier agresseur.

Tu vas repartir dans ta forêt et me laisser retourner à mon bateau sinon ...

Un bruit derrière lui, là, dans les fourrets. On les épiait, ou on voulait le capturer. Vine poussa un juron que la descence nous interdit d'écrire ici et se baissa juste à temps : une flechette venait de se planter dans le torse de son agresseur. A voir ses yeux ronds et la rapidité avec laquelle il s'écroula, Vine souhaitait ne pas être touché. Il bondit sur le côté et s'enfuya parmis les fourrets. Pour aller où ? C'était tout le problème. Mais s'il se débrouillait bien, il pouvait sans nul doute venir à bout de quelques aborigènes. Il fallait juste qu'il puisse gagner un peu de temps pour réfléchir à la situation. Il courrait à perdre haleine dans cette jungle hostile : le lieu n'était clairement pas à son avantage, car pouvoir agir sur les métaux ne lui étaient d'aucune aide dans cet enfer végétal. Il fallait également espérer que les sauvages ne couleraient pas son embarcation, sinon adieu le ticket retour.


Amphitrite

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Re : Infortune en pleine mer [Pv Amphitrite]

Réponse 3 jeudi 21 novembre 2013, 23:22:34

Pour peu qu'on sache par quel bout les mener, les cannibales étaient très hospitaliers. Bien sûr, ils avaient aussi essayé de manger Amphitrite de prime abord... Tels des rustres, ils lui étaient tombés dessus de façon aussi incongrue qu'une bronchite tombe sur le système respiratoire d'un fumeur, et lui avaient fait le même coup qu'à Vine. Il fallait bien les comprendre, il fallait bien qu'ils mangent, les pauvres... Toutefois, en voyant que les cheveux de l'apparente jeune femme qu'ils avaient devant eux ne blanchissaient pas d'effrois, ou, à tout le moins, n'étaient pas comme des cheveux lambda ni comme n'importe quel autre scalp de leur collection, ils s'étaient méfié... Mais pas assez. Ils l'ont tout de même faite prisonnière et ont essayé de la cuire. Quand, au bout de trois bonnes heures, ils se rendirent compte qu'ils n'arriveraient jamais à allumer un feu sous la broche (et oui, les cheveux de la déesse coulaient en permanence), ils rendirent les armes et c'est sous leurs yeux ébahis que la déesse se détacha d'un claquement de doigts de la perche sur laquelle on l'avait ficelée comme un cochon. Ou une truie, en l'occurrence. Ne lui manquait que la pomme dans la bouche. Ils avaient bien pensé à lui coller un ananas dans le derrière mais... Non, ça elle n'avait pas voulu l'endurer et avait effacé cette idée de leurs pensées. Il y a des limites, quand même. En l'occurrence, des ananas dans le cul, c'était le châtiment quotidien que Satan infligeait à Hitler. Déguisé en soubrette. Si. Mais revenons-en à nos cannibales.

Lorsqu'ils virent la nymphe se libérer de sa prison de fortune, ils se dirent, enfin, que quelque chose n'était pas tout à fait clair avec cette morue. Des êtres aux pouvoirs surnaturels, ils en avaient vus plein, qu'ils combattaient avec leurs propres armes et leurs propres pièges, mais généralement, ces gens n'avaient qu'une capacité, pas deux, ou plus. De fil en aiguille, une chose en entraînant une autre... Amphitrite retrouva sa place de déité, et par tous les Dieux (et surtout elle-même), ce que c'était bon que d'être adorée à nouveau ! Une jolie couronne de fleurs lui fut proposée mais... Elle la refusa. En place et lieu, un artisan, ou ce qui s'en approchait le plus, lui en tailla une, très grossièrement, en corail et la décora de perles. Là, Amphitrite était satisfaite. Des fleurs... Non mais sérieusement, elle avait la gueule de Demeter ? Quoiqu'il en soit, avec sa jolie couronne sur la tête, le moins qu'on puisse dire était que la déesse profitait. On la nourrissait de fruits, à défaut de viande, et d'algues... Non, elle ne mangeait pas d'algues. Ni de fruits, d'ailleurs. Elle n'avait pas besoin de manger, mais consommait volontiers un peu de nectar ou d'ambroisie à l'occasion... Et puis elle avait fini par s'ennuyer. Et oui, deux jours, pfiou, c'est long. En fait, elle s'apprêtait à prendre la poudre d'escampette quand une vigie avait déclaré le branle-bas de combat. Chaloupe en vue. Ah, ça devenait intéressant. Donc elle était restée, avait assisté à leur énième messe ou elle ne savait trop quoi, et attendait maintenant, assise en tailleur, bien sagement, qu'on lui ramène un peu de distraction, même si ladite distraction devait être éphémère puisque destinée à la graille. Bon. Cinq minutes, dix minutes, un quart d'heure, vingt minutes... C'est pas comme si c'était une capitale, l'île sur laquelle ils étaient ! Lasse d'attendre, la déesse délia ses jambes et décida d'aller chercher le ou la nouvel(le) arrivant(e) elle-même. Quand elle se leva, les cannibales retinrent leur souffle de concert... Ce qui fit soupirer leur déité, qui leva les yeux au ciel et disparut dans la forêt dense.

On pourrait croire qu'une déesse de la mer, c'est classe, ça a de la gueule, du charisme... Et ben laissez-moi vous dire que sur la terre ferme, avec une espèce de grand chapeau en corail dans la jungle, avec des lianes et tout, et ben c'est autant la lose que n'importe qui. La couronne en joli corail avec des perles ? Elle avait fini au tas en moins de cinq minutes. Et en moins de cinq minutes, Amphitrite avait déjà regretté d'être partie. Trop de feuilles, trop de moustiques (bien qu'ils ne la piquaient pas vu qu'elle n'était pas sanguine à proprement parler), trop de tout... Elle commençait à s'énerver de galérer entre les lianes quand elle tomba, littéralement, sur les cadavres.

- Tiens, v'là autre chose...

A quatre pattes au-dessus du corps mort de l'un des cannibales, elle fera les yeux et poussa un profond soupir. On lui cassait ses jouets. Soit. Puisque c'était comme ça, elle allait aussi casser les jouets de la personne qui lui cassait les siens. Ou ses genoux, puisqu'elle doutait que cette personne avait emporté de quoi jouer dans sa chaloupe. Avec désinvolture, Amphitrite se remit sur pieds, essuya grossièrement ses propres genoux et ses mains tâchées de sang et se mit en route. Plutôt facile quand on savait faire autant de trucs qu'elle. Elle pouvait soit suivre le fuyard à l'odeur que lui charriait l'air marin, et justement, à l'odeur, elle pouvait déterminer que c'était un mâle ou une femelle particulièrement virile, soit suivre bêtement les traces de pas et de branches brisées qui n'étaient pas les siennes. Un jeu d'enfant, auquel s'adonna la déesse avec une flemme évidente. Lassée des feuilles, elle ne prenait plus la peine de les écarter manuellement, et les poussait à s'écarter d'elles-mêmes, parce qu'elle le voulait, tout simplement. Évitant ainsi tous les désagréments de son environnement, elle n'eut aucun mal à rattraper le fuyard, dont elle aperçut assez rapidement le dos. Dans sa main, un fouet d'eau se forma au moment où ses lèvres s'étiraient d'un petit sourire un rien sadique... Une détente de son bras, et le lien s'élançait vers la cheville de Vine, se congelait à son contact, l'emprisonnant ainsi, Amphitrite n'ayant plus qu'à tirer d'un coup sec pour le faire s'étaler de tout son long, et de tirer pour remonter sa prise. Quand celle-ci fut à ses pieds, elle posa l'un de ses délicats petits petons sur le torse de l'intrus et y appuya avec une étonnante brutalité.

- Alors on s'amuse bien ? Ça t'ennuie pas de génocider un peuple à la culture unique sous le prétexte qu'il veut te bouffer? Abnégation, ça te parle?

Diantre... Était-ce vraiment elle qui avait dit cela ? Oui, il semblerait... Eleanor, es-tu là ?


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