Eva Watkins était une petite citadine sans histoire. Mais ça, c'était avant. Avant son enlèvement. Avant sa séquestration. Avant... Avant tout ça.
Elle avait dix-huit ans quand, à la sortie de la fac, elle s'est faite embarquée dans une camionnette noire. Elle était étudiante en Psychologie, ambitionnant de devenir une Psychologue clinique. Mais son rêve avait été brisé en chemin.
Pendant trois ans, elle a été retenue dans une petite cellule, pas plus grande qu'un placard à balais. Six fois par jour, on l'anesthésiait et on lui faisait subir diverses opérations/examens/analyses... On l'a charcutée un nombre de fois incroyable. Au final, elle était plus une souris de laboratoire qu'autre chose.
Et puis un beau jour, elle ne savait pas pourquoi, on l'a libérée. Enfin. Plus ou moins. Une puce, dans sa nuque, permettait de la localiser à n'importe quel moment, à n'importe quel endroit, et se connectait à ses connections nerveuses pour l'obliger à exécuter le moindre ordre donné par impulsion mentale.
Abandonnée, presque nue, dans une ruelle des quartiers "chauds" de Miami, elle avait en prime été dotée d'un squelette et de griffes rétractables à loisirs en adamantium. Sa mémoire avait également été partiellement "bloquée". Pas effacée, parce qu'elle retrouverait ses souvenirs un jour ou l'autre. Mais bloqués. Elle pouvait ainsi passer pour une amnésique. La seule chose qui hantait son esprit, c'était un nom. Eva. Pas de nom de famille. Juste un prénom. Eva.
La lune est haute, et pleine. Pleine comme un cul et
fielleuse, plus blanche qu'un lilas offert à une jeune tuberculeuse1. Le corps nu de la brune est recroquevillé en position fœtale. Des hématomes et des cicatrices couvraient sa peau qui paraissait laiteuse cette nuit. Certaines des cicatrices étaient fraîches. D'autres plus anciennes. La belle avait la faculté de guérir assez vite, mais pas d'effacer les cicatrices. C'est ainsi que, même si sa peau se refermait trois secondes après avoir été entaillée, elle était couverte de marques blanchâtres.
Malgré la position d'Eva, on parvenait à voir qu'elle était belle. On voyait le galbe de ses seins, la finesse de sa taille, la volupté de ses hanches, la courbe de son fessier, la grâce de ses jambes... Elle était séduisante, même nue et salie par la crasse de la ruelle. Elle ne bougeait pas. Elle ne voulait pas bouger. Si ça se trouve, les hommes qui l'avaient laissée là n'attendaient que ça : Qu'elle bouge, pour qu'ils puissent la punir. La frapper. La charcuter, encore et encore...
A côté d'elle, pourtant, était posé un tas de vêtements soigneusement pliés. Un pantalon de cuir moulant. Un bustier, de même matière, moulant également. Un corset, en soie, avec une armature de ferraille et des lacets de cuir. Le tout était noir. Propre. Prêts à être enfilés.
Si seulement elle se décidait à bouger...
1 C'est un extrait de San Antonio, du livre
Cereales Killer.