Cécil prit le temps de l'observer pendant que le maréchal ferrant s'occupe de leur fournir des chevaux sellés. Luke avait beau l'avoir averti, le paladin croyait difficilement que cette femme était aussi dure que ce qu'il en avait entendu. C'était pourtant, d'apparence, une femme autoritaire, mais juste. Les apparences pouvaient être trompeuses, c'est la seule pensée qui venait à la tête de l'homme qui cessa de l'observer après quelques minutes. C'était impoli de dévisager quelqu'un, surtout qu'ils allaient faire équipe et montrer de la méfiance à son égard était mal venu. Les deux chevaux leur furent apportés. Prenant les rênes d'un magnifique destrier couleur alezanes, il monta dessus avec une grande agilité. Il était habitué à présent à monter ces drôles de créatures, les montures habituelles dans son monde natal étant des chocobos. Ces derniers étaient plus confortables et plus obéissants que ces bêtes, mais il faisait avec, malgré tout, car ils étaient presque aussi endurants et rapides.
Le colonel lui dit de passer devant, Cécil acquiesça, claquant des rennes pour aller au trot. Sortants de la ville par la grande porte, ils se dirigeaient vers les montagnes, parcourant l'immense plaine entourant le Nexus. Il voulait éviter la forêt grouillant de monstres, il arriverait plus vite ainsi. Pendant le trajet, il se mit à hauteur de la femme. Il avait promis à Luke de convaincre la femme de ne pas tuer l'informateur :
« Dame Candidia, avec tout le respect que je vous dois, j'aimerai vous inciter à ne pas faire de mal à l'homme que nous allons voir. Son existence est déjà en elle-même pénible, l'accabler de la mort ou la douleur serait superflu, à mon humble avis. De plus, il va nous guider jusqu'aux bandits, assurément. Il y a là une raison suffisante pour ne pas lui faire de tort, vous ne croyez pas ? »
Cécil prit encore une fois le temps d'observer la femme, afin d'en savoir plus sur ses intentions à l'égard du dit informateur. C'était encore le meilleur moyen de savoir à quoi s'attendre une fois sur place.
Après une demi-heure de route, où le paladin avait fait silence, ils arrivèrent jusqu'à une petite cabane isolée au bord d'une rivière, plongée à l'ombre des arbres d'une forêt dense. Le genre d'endroit peu accueillant, où seuls quelques fous viendraient s'installer. L'informateur, un petit homme maigrichon, avec quelques dents en moins et une voix de casserole rouillée, se tenait sur une chaise, au bord de la rivière, en train de pêcher. Arrivé près de lui, il tourna les yeux, posa sa canne à pêche et se leva tranquillement. Il s'adressa aux deux cavaliers sur un ton menaçant, mais qui n'impressionnait que lui :
« Partez, allez-vous-en ! On ne veut pas d'importuns ici ! Et si vous vendez quelque chose, je l'ai déjà ! Alors, laissez-moi ! »
Il se dirigea en titubant vers sa cabane, avant de fermer la porte. Cécil ricana doucement en se tourna vers la femme :
« C'est... un excentrique, comme vous pouvez le voir. Je vais le faire sortir, attendez un instant. »
Le paladin descendit de sa monture, avant de s'approcher de la cabane. Il toqua deux fois, l'homme râlant de nouveau à l'intérieur de la cabane. Mais habitué à présent à son attitude, Cécil prit le temps de lui expliquer :
« Freyjius, c'est Cécil. Cécil Harvey. Je suis venu te voir il y a quelque temps, tu te souviens ?
- Je ne me souviens de rien et je ne vous connais pas ! Partez !
- Freyjius, s'il te plaît, ne fait pas ta mauvaise tête. Ouvre, on a besoin d'informations. »
Le silence régna quelques instants, avant que le petit homme n'entrouvre la porte doucement, dévoilant seulement son visage. Dans la cabane régnait une odeur de rat mort et de pomme de terre grillée.
« Quelles informations ?
- Un groupe de bandit sévit dans la montagne depuis quelque temps. Ils attaquent les caravanes du Nexus régulièrement. Tu dois bien savoir quelque chose dessus. »
L'homme fit silence, avant de tendre la main en dehors de la maison. Cécil prit sa bourse et observa le nombre de pièces qu'il y avait dedans, avant de la poser dans la main du petit homme qui ferma la porte. Cécil s'en éloigna, insistant pour que Calista la rejoigne.
« Il va nous dire tout ce qu'il sait, s'il pense que ça sera suffisant. Il agit toujours comme ça, avec tout le monde. Je vous dis que son existence en elle-même était pathétique, ce n'est pas pour vous faire compatir. C'est la stricte vérité. »
Finalement, l'homme sortit de son antre et s'avança vers eux, la démarche lourde et maladroite. Il s'arrêta tout près d'eux, avant de dire, calmement, sa voix toujours rauque et résonnante comme un fond de marmite :
« Que voulez-vous savoir ? »