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Lorsque deux prédateurs se croisent... [ Telka ]

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Laura

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Lorsque deux prédateurs se croisent... [ Telka ]

mercredi 24 avril 2013, 04:39:23

Laura se déplaçait d'une démarche légère dans les rues de Nexus. Il était deux heures du matin, et sa robe blanche ondulait derrière elle.

C'était une robe légère, dont la caresse lui était agréable. Elle lui arrivait au dessus des genoux, et son amplitude était suffisante pour ne pas gêner la Sirène dans ses mouvements. Celle-ci, fidèle à son habitude, ne portait aucun sous-vêtement. Plutôt mourir.

Si elle avait fait d'énormes progrès dans sa compréhension du monde des humains, Laura n'avait aucune conscience des risques qu'elle courait en se promenant seule la nuit dans les rues de Nexus. Il fallait bien dire que jusqu'à maintenant son imprudence ne lui avait jamais réellement attiré d'ennui. Et puis elle était poussée par la faim.

Cela faisait plusieurs semaines qu'elle n'avait fait aucune victime. C'était trop pour une Sirène. Plusieurs de ses congénères n'auraient attendu aussi longtemps pour rien au monde. Elle avait relevé ses cheveux en un chignon tenu en place par deux aiguilles ( un subterfuge vieux comme le monde que les Sirènes continuaient d'employer pour avoir sur elles de quoi poignarder leurs victimes, malgré leur nudité ) et s'était élancée dans le dédale des rues afin de débusquer une proie. Elle ne tarda pas à croiser le chemin d'un homme isolé ; d'un bon mètre quatre-vingt et d'une trentaine d'années, aux bras et au torse musculeux, il semblait être une aubaine. Laura n'aimait pas attirer les jeunes  hommes à peine sortis de l'adolescence. C'était d'abord une question de goût, mais il y avait aussi le fait que tuer des mâles dans la force de l'age correspondait plus à l'interprétation que les Sirènes faisaient généralement du sens de la vie des hommes : des créatures faites pour grandir, aimer, puis mourir. Dans l'idéal, on ne tuait donc un homme que lorsqu'il était pleinement un homme. Cela avait l'avantage de soulager la conscience.

Elle s'approcha de l'homme, qui semblait ivre à sa manière de marcher. L'attirer dans une ruelle plus isolée promettait d'être simple. Elle préférait ne pas avoir à se servir de son chant pour l'instant, par simple peur qu'un autre homme l'entende et soit attiré vers elle. Elle s'arrêta à deux mètres de son gibier, le regardant avec un sourire bienveillant aux lèvres. Celui-ci s'arrêta instant, surpris. Son visage renfrogné ( ndlr : pourquoi diable les gens boivent-ils pour se mettre dans des états pareils ? ) afficha alors une moue qui faisait penser à... de la gourmandise ? Elle pivota sur elle même pour s'éloigner en roulant de hanches. Elle entendit derrière elle les pas de la proie qui la suivaient et s'approchaient, petit à petit. Très bien... elle sourit à l'idée que son charme fonctionnait, même sans avoir recours au chant.

Soudain elle poussa un cri. Une main venait de se saisir de son chignon, et l'avait tirée en arrière avec une telle violence qu'elle avait été jetée au sol. Sa coiffure s'était défaite, laissant rouler ses aiguilles sur les pavés humides de la rue. Brusquement animée par la peur, elle se saisit de l'une d'elle et bondit sur ses jambes, avant de se jeter sur l'homme pour le frapper à la gorge. Celui-ci leva le bras pour se protéger, et l'aiguille se ficha dans son épaule.

"Aie ! Salope !"

Laura reçut une claque retentissante. Puis une deuxième, du dos de la main, puis une troisième. A demi sonnée, elle perdit l'équilibre et se retrouva au sol à nouveau. L'homme la souleva immédiatement avant de la plaquer contre un mur.

"Ca t'amuse moins maintenant ? Tu crois que tu peux tout te permettre ?!"

L'homme avait passé une main sous le vêtement de la Sirène pour tâter de ses formes, tandis que sa seconde main la maintenait collée au mur par la gorge ; encore sous le choc des gifles, elle se débattait à peine. L'agresseur descendit sa main baladeuse jusqu'à l'entrejambe de sa victime, qui serra les cuisses de toutes ses forces.

"Ecarte. Ecarte je te dis !"

La main sur la gorge de Laura se resserra, l'étranglant de plus en plus fort, jusqu'à ce qu'enfin elle cède, que la pression se relâche, et qu'elle puisse reprendre son souffle. L'homme, un rictus sur les lèvres, enfouit alors brutalement un doigt dans le vagin de la Sirène qui poussa un cri de douleur. Son tortionnaire releva la tête et approcha son visage dur à quelques centimètres de celui de Laura :

"Je te jure que si j'entend encore le moindre cri, le moindre mot, je cogne ta petite gueule contre ce mur, jusqu'à ce qu'il en reste rien."

Il avait prononcé ces mots avec une froideur qui ôtèrent tous ses moyens à Laura, appuyant lentement chaque syllabe. Il ne plaisantait pas, elle en était certaine. Celle-ci, serrant les lèvres pour s'empêcher de crier, ne put que fixer d'un air terrorisé la verge qui venait d'être dégainée et s'apprêtait à la pénétrer. Son agresseur força sauvagement le passage en elle, faisant monter sans sa gorge une plainte qui finit étouffée par ses lèvres scellées. Labourée violemment par le sexe de la brute, Laura ne put retenir un sanglot, à peine audible, mais qui déformait ses trait de manière pitoyable. Elle pleurait d'impuissance, de douleur, d'humiliation et de peur ; si elle ne tuait pas l'homme qui abusait d'elle à l'instant, c'est elle qui mourrait. A travers ses yeux larmoyants, la Sirène fixait d'un regard implorant sa seconde aiguille, restée au sol, à deux mètres de là.
« Modifié: mercredi 24 avril 2013, 14:22:33 par Laura »

Telka

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Re : Lorsque deux prédateurs se croisent... [ Telka ]

Réponse 1 mercredi 24 avril 2013, 17:58:47

J'ai déjà eu l'occasion de visiter pas mal de dimensions. Certaines, comme les enfers, défient l'imagination, en matière de cruauté. Mais, au final, ça n'est pas réellement un problème : c'est la nature même de ces plans de constituer un infâme charnier. En revanche, Terra est différente... Ces dernières années, j'y ai passé autant de temps que sur ma planète d'origine. C'est un monde différent, que je considère d'un alignement aussi neutre que la Terre. Aussi, des choses plus ou moins condamnables, s'y passent. On pourrait croire que Nexus, cette ville marchande et libérale, s'opposant à la nation conquérante d'Ashnard, constituerait un lieu plutôt bénéfique. Il n'en est rien, loin de là. Bien sûr, il y a l'excuse du niveau technologique : les habitants de la cité n'ont guère, pour la plupart, l'éducation et les privilèges des populations terrienne occidentales. Reste que les commerçants de Nexus, pourtant classe assez aisée, figurent parmi les personnes les plus amorales que j'ai jamais rencontrées.

Je crois donc, qu'au final, je n'aime pas vraiment, Nexus... Malheureusement, il y a tant à faire, ici. La chose est simple. Si je veux être sûre d'aider quelqu'un, ou du moins de pouvoir essayer, il suffit pour cela d'errer dans une de ces rues délabrées où les malfaiteurs grouillent, surtout de nuit. Il y a toujours un individu blessé, ou en mauvaise posture, pour lequel je peux faire quelque-chose. Ça tombe bien, parce que j'ai actuellement un problème mineur, mais tout de même assez handicapant : le décalage horaire. C'est un désagrément que je rencontre souvent, lorsque je me téléporte. Je pars de la Terre, où il fait jour, et je me retrouve sur Terra, vers minuit, mais en pleine forme. Mieux vaut quand même ça, pour moi, que de me téléporter épuisée, évidemment, mais cela implique de trouver quelque-chose à faire. Comme à l'habitude, lorsque je me rends à Nexus, j'ai été chercher des habits chez un ami aubergiste, qui me fait le privilège de me mettre quelques vêtements de côté, depuis que j'ai soigné sa fille d'une maladie infectieuse. Puis je suis descendu dans une des rues sus-nommées.

L'odeur, c'est toujours ce qui me choque, d'abord. Les égouts fonctionnent mal, voire pas du tout. Les déchets sont souvent simplement abandonnés dans la rue. Je suis emmitouflée dans une épaisse tunique brune asexuée, qui cache totalement mes formes, déjà peu prononcées. Ma démarche n'est pas très féminine, je ressemble à un vagabond anonyme, qu'il ne vaut même pas la peine de dépouiller. C'est l'effet recherché. Je ne tiens pas à attirer l'attention de pervers, ou de bandits, sur moi. Il est beaucoup plus facile d'intervenir quand je ne suis pas directement agressée. Sur la route, j'ai ramassé un morceau de métal rouillé qui devait être jadis le bras d'une remorque, et je l'ai enfouie dans mes habits. J'espère que je n'en aurais pas besoin. En règle générale, je suis aussi efficace à main nue qu'avec ce genre d'arme improvisée. De toute façon, je ne suis pas une combattante.

Je connais quelques lieux chauds, la sortie de tavernes mal famées, où les bagarres sont nombreuses. Mon objectif n'est pas de les empêcher, mais de veiller à ce que tout le monde passe la nuit. J'observe avec préoccupation, à distance, quelques soûlards, qui la finiront sans doute sur le pavé, n'ayant plus les moyens de payer d'autres consommations. Ils ont l'air assez calmes. Puis, un cri déchire le silence. Voilà, je n'aurais sans doute pas perdu ma soirée. Je me hâte dans la direction d'où semblait provenir la plainte. Elle était plutôt aiguë. Une femme ; battue, violée ? Je ne tarderai pas à le savoir. Mes pas me mènent à une ruelle isolée. Ça n'est pas vraiment surprenant, qu'on se fasse agresser, dans ce genre d'endroit...

Mes yeux se posent sur un dos, couvert par une tunique crasseuse. Le bas, en revanche, n'est pas couvert, et le pantalon tombe au niveau des genoux. Derrière, je distingue une autre paire de jambes, qui paraissent appartenir à la victime. Les deux individus sont plus grands que moi. Ça n'a pas d'importance, après quelques secondes passées à analyser la situation, pour être sûre de ne pas mal l’interpréter, je crois savoir ce qu'il me reste à faire. Je m'approche, sans vraiment miser sur la discrétion. L'agresseur semble de toute façon trop occupé par son affaire pour m'entendre.

J'ai eu ma période arts martiaux, il y a quelques années, et j'en ai étudié de tous les genres. Je me souviens de quelques entraînements d'Aïkido. C'est une école, basée sur une technique d'esquive, lIrimi et dont la mentalité va assez bien avec la mienne. Comme bon nombre d'entre-eux, il cherche à utiliser la rage de l'adversaire contre lui, mais, dans un optique beaucoup moins agressive que le jujitsu, ou même le judo. En général, on s'en sert plutôt en réponse à une attaque, mais il y a quelques prises qui se recyclent bien lorsqu'il s'agit d'immobiliser quelqu'un.

Mon bras se referme horizontalement sur ses épaules, enserrant son cou : kata kiri. Puis ma deuxième main va chercher son propre bras, le tire violemment vers le haut, et le rabats finalement dans son dos : ude jodan. Aussitôt, je le tire vers l'arrière, lui faisant perdre l'équilibre : ushiro otoshi. Son odeur de mauvais alcool remonte jusqu'à mes narines. Mais même ivre, il reste costaud et assez lourd. Il se débat, dans sa chute, attrape un pan de mon habit, qu'il déchire sur toute sa longueur. Je n'arrive pas à assurer ma prise au sol. Je panique un peu, et je finis par le frapper au visage : jodan tsuki. Il continue à bouger... Mon pied part droit dans son entrejambe découverte : je ne suis pas sûre que ça, ça porte un nom précis. Il grogne de douleur. Ça n'est pas très réglo.

-Désolée, je lui lance d'une voix effacée.

J'en profite pour le retourner sur le dos, et tordre ses deux bras, avant de l'aplatir un peu plus. Je remarque qu'il a une sorte d'aiguille plantée dans la chair. Je m'occuperai de refermer la plaie avant de partir, pour être certaine qu'elle ne s'infecte pas. Je le frappe encore une dernière fois à l'arrière de la tête. Son corps se relâche, je crois qu'il a eu sa dose. Je garde ma chaussure sur son cou, au cas où. Je porte mon attention sur la jeune femme qu'il était en train d'agresser. Je la détaille brièvement, en prenant bien soin de ne pas descendre trop longtemps mon regard sous sa ceinture. Comme je l'avais d'abord perçu, elle est beaucoup plus grande que moi, étonnamment fine et élégante. Elle ne ressemble pas vraiment aux filles de mauvaise vie qui traînent dans ce genre de quartier.

Je comprends très bien qu'elle se montre un peu effrayée après avoir assisté à un tel pugilat, même s'il n'a duré qu'une dizaine de secondes, au final. J'essaie de lui adresser un signe sympathique, un léger sourire, pour lui faire comprendre que ma violence n'est pas dirigée vers elle.

-Tu vas bien ? Comment tu te sens ?

Évidemment, je me doute que tout ne ne va pas merveilleusement bien : elle vient quand même de subir un viol. Je ne peux qu'espérer qu'elle n'est pas trop traumatisé, et que si elle est blessée, elle me le fera savoir. Je ne m'approche pas plus d'elle, pour ne pas l'intimider. Un courant d'air froid pénètre dans mes habits et me fait frisonner. Je ne sais même plus exactement à quoi je ressemble, maintenant. L'ivrogne a défait la majeure partie des tissus qui recouvraient mon bras droit, et laissé un large espace de peau nue sur mon côté. Heureusement, le reste du vêtement a bien tenu. J’esquisse très prudemment un pas vers elle.

-De l'aide ?

TelkaArchieVianOzvelloCyriel
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Laura

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Re : Lorsque deux prédateurs se croisent... [ Telka ]

Réponse 2 mercredi 24 avril 2013, 19:51:20

Laura vit soudain un bras sortir de nulle part pour se saisir la gorge de son violeur. Une demi seconde plus tard celui-ci perdait l'équilibre et basculait en arrière, agrippant par réflexe le bras de la Sirène de sa main libre. Elle poussa un cri alors que la poigne de son agresseur la décollait du mur et la jetait en avant. Elle heurta violemment le sol, s'écorchant les genoux et les bras sur le pavé. A côté d'elle la brute luttait avec une jeune femme.

Laura ne se posa qu'une seule question ; où était son aiguille ? Ses yeux firent mouche en quelques secondes, et elle se précipita à quatre pattes vers son arme, avant de jeter à nouveau un œil au combat ; la femme prenait le dessus. La Sirène se saisit de son aiguille et la laissa reposer dans sa main, la cachant naturellement derrière son avant bras. Elle connaissait ce mouvement par cœur. Toutes les Sirènes le connaissaient. C'était un subterfuge qu'elles répétaient ensemble, et il s'imposa soudain à elle, s'insérant parfaitement dans l'instant, comme une pièce de moteur bien huilée qui viendrait se poser d'elle même exactement là où on a besoin d'elle.

Sous les stries dessinées par la morve et les larmes, le visage de Laura était redevenu froid. Si son cœur semblait proche de la rupture, ses gestes eux étaient précis et décidé, et son esprit était concentré sur un seul but ; atteindre la carotide de l'homme. Tout le reste - ses bras et ses genoux écorchés, cet hématome qui gonflait désagréablement sous son œil droit, la douleur lancinante de son sexe, et cette femme apparue de nulle part - n'existait plus.

-Tu vas bien ? Comment tu te sens ?

Laura s'était légèrement avancée, toujours accroupie, vers les deux lutteurs, mais se trouvait encore à au moins trois mètres de son objectif, et l'inconnue lui barrait clairement la route. Il lui fallait profiter de son avantage et prendre la jeune femme par surprise, avant que celle-ci ne comprenne. Si seulement elle pouvait lui faire relâcher son attention, ne serait-ce qu'une seconde...

-De l'aide ?

Laura poussa alors un hurlement de terreur strident en tendant sa main libre devant elle, pointant du doigt un ennemi imaginaire dans le dos de sa sauveuse. Cette dernière, distraite, lui donna juste l'occasion dont elle avait besoin pour se ruer se corps inerte de son violeur. Après une brève prise d'élan, la Sirène plongea directement à son objectif, son épaule frappant avec force la hanche de la jeune femme et dégageant l'accès au cou de sa victime qu'elle estoqua rageusement, avant de retirer sèchement l'aiguille de la plaie, faisant jaillir le sang de la gorge percée de sa victime, pour poignarder encore, et faire jaillir de plus belle, puis porter un troisième coup, et enfin un quatrième, poussant un cri à chaque attaque, tandis que des sanglots de soulagement s'emparaient de sa cage thoracique. Elle était sauvée.
« Modifié: mercredi 24 avril 2013, 23:19:38 par Laura »

Telka

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Re : Lorsque deux prédateurs se croisent... [ Telka ]

Réponse 3 mercredi 24 avril 2013, 23:35:39

Je la regarde, intriguée. Elle semble étrangement paralysée, ce qui n'est pas vraiment surprenant. Je la laisse reprendre son souffle et ses esprits. Elle a vécu quelque-chose difficile, et je suis prête à la soutenir du mieux que je le pourrais. Je repère qu'un hématome commence à gonfler près de son œil. Son cou est aussi cruellement rougi, sans doute par la poigne de son agresseur. Très lentement, je commence à m'approcher d'elle, dans le but de soulager au mieux sa douleur. Puis je remarque que son visage se métamorphose peu à peu, et ne présente plus d'autres signes de chagrin, ou de douleur, que les larmes qui mouillent encore ses joues. Je m'arrête un instant, hésitant quant à l'attitude à avoir face à cette métamorphose.

Brutalement, elle m'indique par un hurlement la proximité d'un danger, dans mon dos. Ça ne peut pas être le même homme, lourd et saoul, je l'aurais senti se relever bien avant qu'il puisse tenter même de s'enfuir. Et je ne suis pas sûre qu'il soit toujours en état de courir. Peut-être un autre homme, un complice ? Mon cœur fait un bond et je me retourne aussitôt en posture de combat, prête à nous défendre vaillamment. Rien. Le vide. Je scrute la nuit : il n'y a pas un chat, je ne vois que le mur en bois pourri d'un bâtiment, de l'autre côté de la ruelle. Un sentiment désagréable, un mauvais pressentiment m’envahissent.

Ils sont de suite confirmés lorsque je sens un choc au niveau de mon bassin : pas dans le sens où je m'attendais à résister. Je suis repoussée, et je tombe sur le côté. Je pivote vers la jeune femme et place mes bras en croix pour protéger mon visage, incapable de prévoir la façon exacte dont elle va mener son assaut. Elle est plus grande que moi, mais j'ai quand même mes chances. Une seconde plus tard, un bruit écœurant de métal pénétrant la chair m'apprend que je ne suis visiblement pas sa cible.

-Josaphat !

Je me relève et me rue aussi vite que je peux sur l'ex-victime. Mon coude cogne sèchement contre sa mâchoire, alors que je lui envoie un coup de poing expéditif dans le ventre, cherchant à lui couper la respiration. Je repère son arme, une sorte de longue aiguille à tricoter, et lui tord sans douceur le poignet pour l'obliger à la lâcher. Je lui arrache des mains, puis percute encore ses jambes d'un pied rageur, avec une violence et une fureur, peut-être paradoxalement, bien plus grande que celle dont j'ai fais usage contre l'homme pourtant plus lourd. Tout ça n'est pas vraiment bien maîtrisé, mais j'ai agit dans la précipitation.

Je considère la jeune femme comme temporairement hors d'état de nuire, et je me précipite sur l'ivrogne dont le sang, autour de sa gorge, commence à former une flaque. À califourchon sur son corps à demi-nu, de mes doigts, j'essaie de compresser ses plaies : si elles ne sont pas très larges, les coups ont été portées avec précision. La scène est macabre. J'ai du liquide rouge plein les mains, et le fluide vital imbibe la manche qu'il me reste. Mon pouvoir de guérison entre en action : je le concentre aussi puissamment que je peux. Le saignement s'arrête au bout de quelques secondes. Quelques secondes de trop. J’appuie mon oreille sur ce qui n'est plus qu'un corps sans vie, m'assurant du diagnostic fatal. Je serre les dents.

-Puisse le Seigneur te pardonner tes fautes et t’accueillir en son royaume, je chuchote rapidement à l'oreille du défunt homme en fermant délicatement ses paupières.

Je n'ai pas le temps de faire mieux. Il y a une meurtrière derrière moi.

TelkaArchieVianOzvelloCyriel
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Laura

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Re : Lorsque deux prédateurs se croisent... [ Telka ]

Réponse 4 jeudi 25 avril 2013, 04:23:53

Quelque part, elle aurait du s'y attendre. Sauver sa vie d'une menace directe c'est bien, mais évaluer les éventuelles menaces secondaires c'est mieux. L'inconnue était revenue à la charge et l'avait littéralement balayée, lui infligeant une série de coups d'une violence telle que la pauvre Sirène n'en avait jamais reçut. A vrai dire, la pauvre Sirène n'avait jamais reçut le moindre coup de poing auparavant.

Etant en quelque sorte anesthésiée par ses restes d'adrénaline, elle avait accusé les coups en bronchant à peine, faisant seulement entendre une plainte étouffée entre ses dents lorsque, fauchée par un coup de pied de la jeune femme, elle s'était écrasée sur le sol, juste avant que sa tête ne heurte le pavé et que son crâne ne soit étreint d'une douleur insupportable, tandis qu'un rideau de lumière tombait devant ses yeux. Pendant quelques secondes, elle perdit totalement conscience du monde qui l'entourait et resta étendue sur le dos, suffocante ; elle tenta péniblement de retrouver sa respiration, tandis que des formes insensés dansaient devant ses yeux.

Quand elle finit par retrouver son souffle et sa lucidité, elle se trouvait en position semi-fœtale. Elle entendit l'inconnu à côté d'elle prononcer des paroles incompréhensibles. Elle se remit péniblement sur ses pieds, encore voûtée par la douleur sous son plexus ; la jeune femme lui tournait le dos et semblait parler au mort... ça n'avait aucun sens, mais une énormité de plus ou de moins ne pouvait plus choquer Laura. Rien de ce qui se passait ce soir n'avait de sens.

Il ne fallait pas qu'elle traîne là ; l'intruse semblait retournée à ses occupations ésotériques, mais qui sait ce qu'elle pourrait avoir encore en tête après ça ? Laura tenta donc de filer à l'anglaise et commença à s'éloigner le plus vite et le plus silencieusement qu'elle put. Elle n'était pas bien rapide - elle n'essayait même pas de courir, se contentant de trottiner pitoyablement, courbée vers l'avant avant, maintenant son poignet endoloris de sa main gauche. Tout ce qu'elle espérait, c'était que l'humaine s'en aille vaquer à ses occupation et la laisse tranquille. Après tout, en quoi toute cette histoire pouvait bien l’intéresser ?
« Modifié: jeudi 25 avril 2013, 13:49:18 par Laura »

Telka

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Re : Lorsque deux prédateurs se croisent... [ Telka ]

Réponse 5 jeudi 25 avril 2013, 21:22:30

Le pauvre homme n'est pas la première personne que je vois périr dans des circonstances violentes... pourtant, à chaque fois, je suis horrifiée de constater qu'on envoie prématurément, et dans une telle violence, une âme au Seigneur. Bien sûr, cet individu avait commis des fautes, dont la dernière lui a d'ailleurs été fatale, mais si j'avais pu lui parler, il aurait eu une chance de se repentir. De plus, il était sous l'emprise de l'alcool. Moi qui me suis, hélas, parfois trouvée dans de fâcheuses postures à cause d'une consommation excessive, je suis bien placée pour savoir qu'il peut amener à faire des choses terribles. Ceux qui sont sous son influence lorsqu'ils commettent des crimes devraient bénéficier d'une plus grande indulgence encore au niveau de la justice des hommes.

Je me relève à présent sans précipitation, sentant que la jeune femme s'éloigne de moi en claudiquant. J'y ai peut-être été un peu fort. Sa réaction a été terrible, toutefois, elle n'a sans doute agit que par vengeance. Je sais, depuis longtemps, qu'il ne faut jamais agir par vengeance : c'est l'un des premiers commandements de l'apôtre Pierre. Cependant, je ne peux en vouloir à une païenne de ne pas avoir reçu la même éducation que moi. Elle a agit de manière affreusement primitive... enfin, je suppose que je peux comprendre. Avec un peu de recul, je me rends compte que c'est surtout contre moi que je dois être en colère. Non-seulement je n'ai pas su protéger l'ivrogne de son funeste destin, mais de plus, j'ai échoué à préserver sa victime du pécher. Je me mords les lèvres. La seule chose que je peux faire, maintenant, c'est d'essayer de réparer le mal que j'ai fais.

Je n'ai pas de mal à la rattraper. La sauvagerie avec laquelle elle s'est jetée sur son agresseur était impressionnante, néanmoins, son attitude, ensuite, a été loin de celle d'un foudre de guerre. N'importe quel combattant un peu chevronné aurait encaissé les coups que je lui ai porté, aurait amorti sa chute, et se serait relevé bien plus vite qu'elle. Ici, sa démarche est boiteuse. Bon, les dégâts physiques seront certainement plus faciles à réparer que ceux psychologiques. Je tends la main vers elle et je m'exclame, sans agressivité :

-Attends. T’ira pas loin comme ça, de toute façon.

Du reste, c'est vrai : femme, découverte et jolie, et incapable même de courir, elle risque très vite de faire une nouvelle mauvaise rencontre. C'est une cible parfaite pour le premier bandit qui croisera son chemin, et ils ne sont pas rares. A-t-elle seulement quelque part où aller ? J'effleure son épaule, lui montrant que je suis en mesure de la saisir, mais que je m'abstiens.

-Je suis guérisseuse. Je m'occupe de ce que t'ai fait, si tu veux.

TelkaArchieVianOzvelloCyriel
MP


Laura

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Re : Lorsque deux prédateurs se croisent... [ Telka ]

Réponse 6 vendredi 26 avril 2013, 03:05:47

A peine Laura avait-elle amorcé sa fuite qu'elle était déjà rattrapée. Elle augmenta son allure autant qu'elle pu le temps de quelques enjambées, rentrant la tête dans les épaules, prête à prendre une nouvelle raclée - voir pire.

-Attends. T’ira pas loin comme ça, de toute façon

Le coeur de la sirène fit un bond ; elle n'allait pas être battue à nouveau ? Elle ne comprenait pas l'attitude de sa poursuivante. Si elle tenait à protéger l'homme, elle aurait du être rage, pourquoi ce ton qui se voulait rassurant ?

Sentant la main se poser sur son épaule, Laura se sentit vidée de ses forces et ridicule ; elle stoppa donc sa course. Elle n'arrivait pas vraiment à deviner la logique qui animait cette femme, mais celle-ci, grâce à ses intonation et à la délicatesse de son geste, l'avait convaincue qu'elle ne risquait rien. Et puis, quoi qu'elle fasse, Laura restait à la merci de cette inconnue, alors autant se montrer coopérative plutôt que de risquer de déclencher à nouveau son courroux.

-Je suis guérisseuse. Je m'occupe de ce que t'ai fait, si tu veux.

Laura pivota timidement, faisant face à la jeune femme. Elle n'en avait pas vraiment conscience, mais elle était pitoyable à cet instant, à demi recroquevillée sur elle même, le visage tuméfié, les genoux et les avant-bras ensanglantés et le nez laissant échapper deux ruisselets translucides. Et resta quelques secondes muette, à observer ;

De près, elle pouvait voir que la jeune femme qui l'avait mise KO une minute auparavant aurait presque pu être qualifiée d'adolescente, tant son visage parassait jeune. Celle-ci semblait être dénuée de toute attention agréssive, et son air pacifique rassura quelque peu Laura qui se décida enfin à demander d'une voix inquiète :

"Qui es-tu ?"

Ce qui était une vaste question, ou plutôt en contenait plusieurs. Bien qu'elle eut la certitude de ne pas se trouver en présence d'une ennemie, elle n'était pas prête pour autant à s'abandonner si facilement aux mains d'une guérisseuse qui l'avait molestée une minute auparavant. Et plus qu'à un soulagement à ses blessures, la Sirène aurait souhaité comprendre pourquoi cette fille qu'elle n'avait jamais croisée de sa vie venait de risquer la sienne pour la sauver, avant de de se retourner contre elle et de tenter de l'aider à nouveau.

Telka

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Re : Lorsque deux prédateurs se croisent... [ Telka ]

Réponse 7 vendredi 26 avril 2013, 04:43:52

-Telka de Szczecin, guérisseuse surtout, aventurière parfois.

Je constate avec un certain soulagement que je n'aurais pas à lui courir -façon de parler- après, pour tenter de la soigner. Elle semble plutôt coopérative. Malgré son état pitoyable, elle est encore assez gracieuse. Décidément, elle ne va pas du tout avec le lieu, crasseux et obscur. C'est une jolie fille avec une silhouette et un visage de princesse, du genre qu'on fait garder en haut d'une tour par un dragon féroce, pas qu'on envoie dans la rue se faire violenter.

-Je suis la voie du Dieu triple et unique, que tu ne connais peut-être pas... L'essentiel pour le moment est que tu saches qu'il est bienveillant, je suppose.

La religion chrétienne, d'autant que j'ai pu le constater, n'est pas très répandue dans Nexus, ni dans aucune autre ville de ce plan que j'ai visitée. Les fidèles sont encore plus rares qu'au Japon, où ils ne sont déjà pas très nombreux. Je ne sais comment sont venus sur Terra ceux qui sont déjà dans le culte. Je sais qu'il existe des portails permettant ponctuellement à des individus normaux de voyager entre les plans. Peut-être des individus ayant la foi ont-ils été happés, et ont ensuite fondé des familles dans la tradition chrétienne. Peut-être est-ce aussi l'action de quelques anges, mais ils s'occupent finalement assez peu eux-même de convertir des individus.

Du reste, l'environnement ne rend pas très aisé l'adoration à un Dieu unique, quel qu'il soit. Les manifestations des dieux de panthéons polythéistes sont, paraît-il, chose courante. L’Histoire a montré que les idoles païennes sont bien plus faibles que la sainte Trinité, mais elles sont aussi plus accessibles.

-Désolée de t'avoir frappée, mais je ne pouvais pas te laisser tuer cet homme sans rien faire. Je peux comprendre ta réaction. Mais enfin, toute cette violence, par Josaphat ! Une telle vengeance n'est jamais la solution... Repense-y, et essaie de réaliser toutes les conséquences de ton acte.

Je soupire. J'aimerai trouver des mots plus convaincants, mais si je me mets à lui parler des épîtres de Saint Pierre, elle ne comprendra pas. Jésus aimait beaucoup utiliser des paraboles. J'en cherche une, seulement pendant une fraction de seconde, puis, agacée, j'abandonne. J'espère l'avoir rassurée, et qu'elle se laissera faire, à présent. Avec des gestes lents, pour ne laisser aucun doute sur leur nature, je m'approche un peu plus d'elle, puis place ma main au niveau de son visage. Mes doigts viennent toucher délicatement les bosses et les éraflures qui le constellent : les premières dégonflent, les secondes se referment en ne laissant que de petites marques rouges. Mon pouvoir, pour des blessures aussi bénignes, est agréable. Il ne se manifeste que parce quelques picotements, et une douce impression de chaleur. Lorsqu'il s'agit de plus grosses plaie, il est parfois plus douloureux, forçant les tissus à cicatriser, surtout si je dois me dépêcher.

-Qu'est-ce que tu fais ici, à cette heure ? Dans cette tenue ? je lui demande d'une voix neutre, qui tente de cacher le reproche. On est dans l'un des quartiers les plus mal famés de Nexus... Tu t'es perdue ?

Je passe mes mains jointes sur son cou, puis les fait descendre sans précipitation le long de ses bras, et enfin de ses jambes. Je prends mon temps pour être sûre que je n'oublie rien, je ne vois pas l'urgence. ce sont des gestes que j'ai l'habitude de faire, maintenant, ils me sont parfaitement familiers. Elle n'est pas vraiment très habillée, ce qui facilite mon travail, mais augmente ma perplexité. Cette fille doit avoir quelque-chose à dissimuler. On ne se balade pas ainsi vêtue et en pleine nuit dans les bas-fonds. Personne ne serait assez stupide pour ça. J’agrippe un lambeau de ma tunique, qui en pend encore, arraché par feu l'ivrogne dans sa chute, et le déchire. Je lui tends l'étoffe brune, pour qu'elle puisse s'essuyer le nez. J'en viens finalement à la dernière étape. Je baisse d'un ton, légèrement gênée.

-Est-ce que tu étais vierge ? Je peux réparer, ça aussi, si tu veux, je lui indique posément.

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Laura

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Re : Lorsque deux prédateurs se croisent... [ Telka ]

Réponse 8 vendredi 26 avril 2013, 15:33:38

Laura ne prononça pas un mot. Elle avait déjà compris que Telka était guérisseuses, en revanche elle supposait que le terme "aventurière" avait pour vocation de résumer sa tendance à arriver comme un cheveux sur la soupe dans les situations violentes.

La Sirène n'avait jamais entendu parlé du Dieu triple et unique - rien que cette absurdité, dans une situation plus confortable, l'aurait déjà agacée - et ne se préoccupait pas des dieux. Elle avait déjà entendu parler de quelques cultes voués à diverses entités, mais avait toujours trouvé ces comportements de dévotion méprisables. Ces humains masochiste qui chantaient les louanges de créatures, voir y consacraient leur vie, uniquement par admiration pour la puissance de celles-ci, lui inspiraient un profond sentiment de dédain. Elle s'était bien vite désintéressée d'eux, un hochement d'épaules étant bien la seule réaction dont ils fussent dignes.

Enfin, à cet instant ces considérations avaient peu d'importance, tout comme les leçons de morales qui suivirent. Laura, au delà de tous ces mots qui tombaient systématiquement à plat, était presque touchée par le ton bienveillant de la guérisseuse. Celle-ci lui donnait l'impression d'avoir à faire à une nature forte et paisible. Elle laissa donc la main de la jeune femme se poser sur son visage - un peu surprise par ce geste aussi doux que soudain - et laissa échapper un murmure de surprise en sentant les meurtrissures de son visage s'évaporer.

-Qu'est-ce que tu fais ici, à cette heure ? Dans cette tenue ? On est dans l'un des quartiers les plus mal famés de Nexus... Tu t'es perdue ?

N'ayant aucune réponse satisfaisante à apporter, Laura fit simplement "oui" de la tête, espérant que cette réponse conviendrait à la jeune aventurière, profitant des caresses réparatrices de celle-ci.

-Est-ce que tu étais vierge ? Je peux réparer, ça aussi, si tu veux

Évidement, elle aurait souhaité être "réparée" ici aussi, les tiraillements et brûlures l'entrée de son sexe étant pour elle un rappel fort désagréable des assauts bestiaux que son agresseur lui avaient fait subir, même si elle ne voyait pas le rapport avec la virginité.


"Il m'a blessée..." répondit-elle simplement à voix basse.

Faisant preuve d'une délicatesse qu'elle espérait égale à celle de la jeune fille, elle se saisit de ses mains et les déposa sur son entre-jambes. Bien que cette partie du corps fut considérée comme intime, même chez les Sirène, les tabous en matière de pudeur étaient beaucoup moins pesants chez ces dernières, c'est pourquoi Laura réalisa ce geste avec calme. Ce geste n'avait rien d'érotique, et elle espérait que l'hu...

"Bon sang ... !"

Telle un animal menacé, Laura tourna la tête vers la provenance de l'exclamation. Trois gardes venaient de déboucher à pas vifs dans la rue où avait eu lieu le drame ; de leur position, et malgré la distance, la perspective leur offrait la vue macabre et presque théâtrale d'un homme gisant face contre terre, derrière le cadavre duquel deux femmes semblaient partager un moment de complicité malsaine.

Laura sentit la panique s'insinuer en elle et ses jambes vaciller : elle ne voulait pas mourir, pas maintenant, pas vidée comme un poisson par un homme à la poigne impitoyable ! Ses mains désormais tremblantes se crispèrent sur les poignets de la guérisseuse tandis qu'elle lui jetait un regard terrifié implorant.

Telka

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Re : Lorsque deux prédateurs se croisent... [ Telka ]

Réponse 9 vendredi 26 avril 2013, 19:04:15

Sa réponse me laisse un peu perplexe, elle ne m'aide pas beaucoup. Je me doute qu'il lui a fait mal, je ne comprends pas bien ce qu'elle veut me dire ; je suis déjà en train de m'occuper de ses blessures, et la plupart sont déjà propres. Je fronce légèrement les sourcils, puis je la laisse guider mes mains. Lorsqu'elle les glisse sous sa robe, au niveau de son entrejambes, je percute enfin. Mes joues prennent une teinte rosée. Je bégaie, confuse.

-Ah... oui, je vois...

J'avais bien sûr pensé à lui restaurer sa virginité, mais je n'ai pas songé une seule seconde qu'elle pouvait souffrir d'autres sévices qui n'avaient rien à voir. La chose ne m'a même pas traversé l'esprit avant qu'elle me l'indique clairement. Il faut dire que dans le domaine, je suis loin d'être un puits de science. J'ignore dans quelle mesure se faire -enfin- de la sorte, peut être douloureux. Je ne peux que supposer, avec le peu d'expérience que j'en ai, que ça n'a pas du être agréable, et que la violence du coït lui a sans doute laissé quelques marques.

Je ne peux décemment pas lui demander de relever sa robe pour que je puisse localiser avec exactitude ses blessures. Je n'ai pas besoin de les voir, en théorie, juste d'approcher mes doigts... Ce qui est assez vite gênant, également, si on prend en compte la profondeur à laquelle elles peuvent se trouver. Du moins si je veux de la précision. Heureusement, de la même manière que pour soigner les maladies, je ne suis pas obligée de pénétrer à l'intérieur du malade jusqu'aux organes concernés, mon don possède une certaine portée. Pour réparer les déchirures de cet endroit dans ces conditions, je n'ai donc pas vraiment le choix : qu'elle le veuille ou non, son hymen sera reconstitué avec le reste. Ne pas avoir le choix m'arrange, puisque je n'ai pas compris, de toute façon, si elle l'était ou non. Au moins je n'ai pas à m'en embarrasser.

Je me concentre, alors que mes mains s'approchent le moins possible de sa peau, la frôlant seulement. Cela ne change rien à la chaleur guérisseuse qui s'y applique. À peine mon travail est achevé qu'une exclamation horrifiée retentit derrière moi. Je me retourne, et distingue trois hommes en armure légère, uniforme de la garde de Nexus. Bon sang, pourquoi eux, maintenant ? Depuis que je parcours les bas quartiers, je ne les ai encore jamais croisé. J'en étais même venue à penser qu'ils désertaient totalement l'endroit, le laissant dans son chaos et sa violence. Ils choisissent vraiment pas leur moment pour arriver. Je peux difficilement faire face à trois hommes armés et entraînés, sans avoir moi-même d'épée digne de ce nom.

-Hey ! Vous ! On ne bouge plus ! nous ordonne un soldat.

La poigne effrayée de la jeune femme se referme sur mes bras. J'analyse rapidement la situation. Nous sommes toutes deux couvertes de sang, particulièrement moi. Leur expliquer ce qui s'est passé va être particulièrement complexe... et les miliciens de la ville ne sont pas connus pour leur grande faculté d'écoute, et leur clémence hors du commun envers les victimes de viol. Selon la justice du moment, ils vont probablement nous jeter dans des cellules pendant des semaines, si ce n'est pire. En ce qui me concerne, ça n'est pas si grave : avec un peu de chance, je serais dehors dans une vingtaine d'heures.  En revanche, pour celle que je viens d'aider, cela risque d'être bien plus long et pénible.

-Allez, on reste pas ici ! je lui lance, assez fort, je l'espère, pour créer chez-elle une réaction.

Je la pousse légèrement et me met moi-même à courir. Pourvu qu'elle ne reste pas sur place, paralysée... La probabilité de leur échapper n'est déjà pas très élevée, vu ma connaissance approximative du quartier. Si elle pouvait mettre à profit pour s'enfuir la violence et la vivacité dont elle a fait usage pour poignarder son agresseur, nous aurions peut-être une chance. Les gardes n'ont même pas de moment d'hésitation : ils sont habitués à poursuivre les malfaiteurs, et se précipitent sur nous.

TelkaArchieVianOzvelloCyriel
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Laura

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Re : Lorsque deux prédateurs se croisent... [ Telka ]

Réponse 10 vendredi 26 avril 2013, 20:53:04

Les Sirènes n'ont aucunement l'habitude de la course à pieds, et Laura ne faisait pas exception à la règle. Le cri de la guérisseuse la fit sursauter, remettant en marche ses jambes paralysées par la peur ; elle s'élança derrière sa compagnonne de fuite aussi vite que son corps lui permettait.

Les deux femmes s'engouffrèrent dans la première rue perpendiculaire qui s'offrait à elles, avant de courir quelques mètres, prendre un nouveau virage, et courir à nouveau ; les trois hommes étaient toujours à leurs trousses et semblaient plus proches que jamais, tandis que Laura faiblissait, incapable de tenir le rythme. Malgré ses battement de jambes affolés, son alliée avait pris une quinzaine de mètres d'avance et ne cessait de s'éloigner. Bien que la cette jeune femme n'eut eu certainement ni la force ni la volonté de s'opposer à trois hommes d'une telle carrure pour protéger une inconnue insignifiante telle que Laura, celle-ci se sentit de plus en plus isolée et terrifiée à mesure que son exe-sauveuse s'éloignait.

L'écart entre la Sirène et ses poursuivants se rétrécissait de manière implacable, et ceux-ci furent bientôt si près qu'elle les entendait souffler derrière elle. Finalement l'un des hommes poussa un râle de victoire, et elle se sentit tirée violemment en arrière par les cheveux avant d'être jetée au sol.

Elle se débattit de toute son énergie, frappant en hurlant tout ce qu'elle pouvait atteindre, mais fut maîtrisée sans mal pas son ravisseur tandis que les deux autres hommes continuaient leur course. Incapable de se dégager, elle se relâcha ; elle était impuissante, encore... elle ne pourrait qu'espérer, dans un coin de sa tête, que la jeune aventurière, elle, s'en sortirait.

Telka

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Re : Lorsque deux prédateurs se croisent... [ Telka ]

Réponse 11 vendredi 26 avril 2013, 23:19:15

J'ai de la chance : la tunique dans laquelle je suis, avec des sandales toutes simples à mes pieds, est parfaite pour courir. En même temps, il est assez rare que je porte quelque-chose de réellement handicapant, et cela doit faire plusieurs années que je n'ai pas porté de robe, ni même de jupe. J'ai toujours besoin de bouger, et il faut bien dire que ce genre d'habit à plutôt tendance à attirer les regards des hommes. Je comprends que la plupart des jeunes filles de mon âge ont tendance à chercher ce regard, à se sentir séduisante... Pour ma part, cela fait pas mal de temps que j'y ai renoncé. Mettre en valeur mon corps ne fait vraiment pas partie de mes préoccupations, bien au contraire.

Malheureusement, ça n'est pas réellement le cas de la jeune femme -il faudrait que je pense à lui demander son nom, d'ailleurs, lorsque la situation s'y prêtera plus-. Alors que j'arrive à prendre de l'avance sur les gardes qui nous poursuivent, elle perd peu à peu du terrain. Régulièrement, je jette des coups d’œil derrière mon épaule, pour m'assurer qu'il ne lui arrive rien. Je ne peux cependant pas me permettre de ralentir. Elle n'a pas l'air très avisée. Elle a toutes les chances d'être essoufflée avant les soldats, malgré leurs armes et leurs armures. J'espère qu'elle ne va pas non plus trébucher. Mes cheveux châtains volent au vent, alors que je prends de la vitesse. J'ai bien fait de les couper assez courts.

Finalement, un dernier regard arrière m'apprend que ma protégée, elle, est en train de ralentir. Je me résigne. Elle n'y arrivera pas. Un cri de rage me le confirme. Je soupire, j'hésite un peu. J'entends encore, sur le pavé, les pas de deux hommes qui sont toujours à mes talons. J'ai encore la possibilité de les semer, je suis endurante, plutôt entraînée, je crois en avoir la force. Cependant, je ne peux pas abandonner cette fille à son sort. Me faire prendre, pour moi, ça ne représente, au bout du compte, pas grand-chose. Les risques sont minimes. Un simple mauvais moment à passer. Au moins, si je me fais arrêter en même temps qu'elle, je pourrais lui éviter de faire des bêtises. Elle paraît si perdue et presque muette.

Ma décision est prise, et soudainement, je m'arrête. Je dispose d'une poignée de secondes avant que les miliciens soient à mon niveau. J'en profite pour me retourner, avec une certaine lenteur, jeter sur le côté le tube de métal qui constitue ma seule arme. Je fais quelques pas calmes, en leur direction.

-C'est bon, j'articule simplement. Je me r...

L'un des soldats me saisit par le bras et me tire violemment vers lui, interrompant ma réédition. Il doit faire environ un mètre quatre-vingts : quinze bons centimètres de plus que moi. Sans ménagement, il m’appuie sur le haut du crâne, m'obligeant à m'agenouiller. Je le vois sortir une corde de sa poche, et entreprendre de me lier les mains dans le dos. J'essaie de tourner un peu la tête, pour voir comment est traitée la jeune femme. Une gifle m'en dissuade.

-Bon, allez. Fais attention, il court vite, celui-ci, fait remarquer l'autre milicien.
-Tu penses qu'on devrait lui casser les jambes pour être sûrs ?

Le garde ricane un instant, avant m'appuyer le bout en bois de sa pique dans la cuisse, accentuant rapidement la pression. Je lâche prématurément une petite plainte. Autant simuler un peu, pour qu'il arrête plus vite. Il s'arrête au bout de quelques secondes, et, tiquant, fait passer le manche dans l’entrebâillement de la déchirure de ma tunique, l'élargissant. Je lui jette un regard noir.

-Sales gamins des rues, jure l'autre, depuis quand ils assassinent des ivrognes ? Et depuis quand ils ont ce genre de copines ?
-Attend, soit pas jaloux. C'est une gonzesse aussi.

Ses yeux s'attardent sur la simple bande de tissu qui recouvre ma poitrine. Elle est surtout là pour la forme : je pourrais m'en passer. Je ne me vexe pas plus que ça qu'ils m'aient pris pour un gosse. Habillée ainsi, ma féminité est loin d'être évidente, et seule ma voix relativement aiguë me trahit. Ce qui me dérange, c'est l'attention qu'ils portent à présent tous deux à mes attributs. Ils paraissaient s'interroger sur la marche à suivre. Celui qui me tient toujours se baisse légèrement, et passe sa main sous mon vêtement. Le contact de ses doigts me dégoûte, mais je me force à ne pas broncher. Il n'attend que ça. L'autre observe mon visage. Il fait, prenant son temps, le tour de mon sein, puis effleure son sommet. Je serre les dents. Brusquement, il appuie plus violemment. Je ne peux retenir un petit souffle rauque. Il pousse un grognement dubitatif, et retire sa main.

-Les planches à pain, ça m'a jamais excité, lance-t-il, en me soulevant par mes liens.

Je me remets tant bien que mal sur mes pieds, et me laisse porter jusqu'à l'endroit où ma protégée est tombée sur le sol. Elle est attachée, à peu près de la même façon que moi. Je remarque qu'elle a de nouveau plusieurs meurtrissures sur le corps. Elle a du essayer de se débattre. Ils m'agenouillent à côté d'elle. Je lui jette un regard désolé.

-Bon, allez, on a des tueuses gouines, c'est ça ?
-Y'en a une qu'est plus bonne que l'autre, quand même.
-Je trouve pas, moi.
-Ouais mais toi t'aime que les gamines. Tu devrais te faire soigner.
-Elles crient mieux que les autres. Et puis c'est plus sympa à déchirer, tu devrais essayer.
-Sérieux, c'est dégoûtant.
-Bon, allez. Pourquoi l'avoir tué ? coupe finalement le troisième garde.

Je soupire. Je ne peux même pas nier ; le plus terrible, c'est que ce soldat a parfaitement raison. Cet homme est bien mort assassiné, brutalement, et c'est tout-à-fait de notre faute. Je n'ai même pas la conviction que je suis innocente. Je ne peux même pas tenter de faire éclater la vérité, tout simplement parce que la vérité nous est défavorable... Je prends quand même les devants. C'est stupide, et ça ne va rien changer, mais ça ne me coûte rien d'essayer.

-C'est moi. Je l'ai tué parce qu'il a violé mon amie.

C'est aussi simple que cela... et même si c'est un mensonge, ça reste assez crédible. Personne ne peut penser qu'une personne aussi délicate qu'elle ait pu égorger ainsi un tel individu. Le milicien hausse les épaules.

-Et c'est grave, ça ? T'as vu comment elle est habillée, ta copine ? Elle porte même pas de sous-vêtements.
-Vraiment ? Ça mérite vérification...

Le garde qui vient de parler soulève la robe sans ménagement, laissant apparaître une grande étendue de peau pâle. D'une main, il force la jeune femme, toujours à genou, à se pencher en arrière. Ma colère commence à monter. Je la contiens. Je suis pour l'instant impuissante, elle ne ferait qu’aggraver les choses. Je détourne les yeux. Je suis bien la seule à le faire.

-Bordel, quand même.
-Bon, allez. Ça va au trou, ça. On aura tout le temps d'en... profiter, plus tard.
-Faudra partager avec les autres cons. On pourrait plutôt trouver un coin discret et s'amuser un peu... au moins avec celle-là, propose le milicien, en désignant l'autre jeune femme.

TelkaArchieVianOzvelloCyriel
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Laura

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Re : Lorsque deux prédateurs se croisent... [ Telka ]

Réponse 12 dimanche 28 avril 2013, 19:48:08

Ça n'était pas du tout ce à quoi la Sirène s'attendait, ni même ce qu'elle espérait de la part de Telka. Le comportement de la jeune fille dépassait l'entendement.

Laura esquissa le début d'un appel paniqué en voyant la guérisseuse stopper net sa course - "Cours pauvre idiote !", mais le garde qui s'attelait alors à lui lier mains la fit taire d'une taloche dès la première syllabe.

Le spectacle affligeant de ces brutes maltraitant et tournant autour de la jeune fille lui nouait l'estomac. Ceux-ci n'hésitaient pas à poser leurs grosses mains caleuses sur le corps fluet de son amie, l'évaluant comme une prise de pêche.

Lorsque les deux hommes s'en revinrent finalement, ramenant avec eux la nouvelle captive, Laura la fixa d'un air abasourdi. Celle-ci lui répondit simplement d'un regard attristé. Mais pourquoi ? Pourquoi s'être arrêté bon sang ? Alors qu'elle avait le choix ! Est-ce qu'une personne censée pouvait réellement prendre de tels risques pour sauver une inconnue

Les hommes comparaient maintenant leurs deux corps en se bidonnant, et celui de la femme-poisson leur semblait de meilleur qualité, visiblement.

-Bon, allez. Pourquoi l'avoir tué ?

Quelques secondes s'écoulèrent sans que personne n'ouvre la bouche. Pourtant il faudrait bien qu'elle réponde à la question. Et elle n'avait rien de mieux à leur servir qu'une simple version déformée de la réalité : "Je l'ai tué car il voulait me violer".

-C'est moi. Je l'ai tué parce qu'il a violé mon amie.

Laura ouvrit la bouche pour protester ; elle ne voulait surtout pas que cette fille se fasse tuer inutilement ! Telka était bien trop jeune, bien trop belle, bien trop forte pour offrir ainsi sa vie... et pourtant aucun son ne passa les lèvres de la Sirène. Pour sa part elle était un peu lâche, et elle aurait trahis la terre entière pour la moindre chance de prolonger sa vie d'une seule seconde. Elle se contenta de regarder sa sauveuse d'un air ahuri, espérant un signe de sa part ; un haussement de sourcil, un clin d’œil, n'importe quoi ! N'importe quoi qui puisse indiquer que l'aventurière avait une idée en tête.

-Et c'est grave, ça ? T'as vu comment elle est habillée, ta copine ? Elle porte même pas de sous-vêtements.
-Vraiment ? Ça mérite vérification...


On souleva sa robe ; c'était son tour d'être évaluée par les trois rustres. Elle n'aurait pas du être surprise... elle se contenta de serrer les dents, obéissant docilement, se laissant manipuler. Réagir aurait été une erreur, elle le savait d'expérience. Les hommes n'attendent que ça, des réactions, n'importe lesquelles. Pourtant son cœur battait de plus en plus vite. Elle sentait l'étau se resserrer petit à petit, tandis que les gardes louchaient sur ses formes. Si elle se faisait violer par ces trois là, c'était la fin.

-Bordel, quand même.
-Bon, allez. Ça va au trou, ça. On aura tout le temps d'en... profiter, plus tard.
-Faudra partager avec les autres cons. On pourrait plutôt trouver un coin discret et s'amuser un peu... au moins avec celle-là.
-C'est vrai qu'elle risque pas de s'en plaindre... C'est le genre de nana qui résiste pour te tester, mais au fond elle demande que ça. Quel genre de fille se trimbale habillée comme ça en espérant qu'il lui arrive rien ?
-On a pas le droit... savez bien qu'ils ont durci les sanctions pour ce genre de conneries
-Eh ben justement ! Ici on est peinard, on risque rien, une fois au poste y'a plus moyen d'y toucher ! Et moi je commence à en avoir juste que là de l'espèce de pédé qui a remplacé le vieux !


Alors que le ton montait, la Sirène fixait d'un air implorant le seul homme à plaider en sa faveur. Celui-ci, alors qu'il commençait à hésiter, croisa le regard de la captive, détournant immédiatement les yeux.

-J'en ai rien à battre, on y touche pas ! Surtout que à trois dans ces quartiers de merde, moi je baisse pas mon froc, on était déjà censés patrouiller à quatre minimum.
-En même temps on a jamais de quatrième bonhomme...
-C'est pas le problème.
-Ouai...


Un bref silence s'installa, avant que le plus farouche partisan du viol ne se résigne enfin :

-Bon... fait chier...

Les deux femmes furent brutalement redressées sur leurs pieds, et la troupe se mit en marche dans une ambiance maussade. Laura aurait voulu attirer le regard de son alliée, mais elles étaient chacune retenues à une extrémité du groupe, et la poigne de son gardien ne lui permettait pas de se pencher dans quelque direction que ce soit.

-En plus, si t'en gardais un peu pour ta femme, j'aurais pas à m'en occuper, moi...

Les trois camarades se mirent à ricaner à nouveau. Les traits d'humour, du plus fin au plus graveleux ne tardèrent pas à ricocher de l'un à l'autre tandis que leurs rires se faisaient de plus en plus gras. Si Laura ne les avait pas tant haïs, elle aurait été impressionnée par l'art qu'ils déployaient dans leur joute.

Ils marchèrent plusieurs dizaines de minutes avant d'arriver au minuscule poste de garde.

-Bon c'est cool, on a cavalé, mais on a bien un heure d'avance du coup...

Les deux femmes furent amenées à l’intérieur du poste, jusqu'à une petite cellule humide, munie d'un unique banc en bois et d'un tas de paille, ainsi que d'un seau dont la présence étonna la Sirène, sans qu'elle n'ait le temps de s'en formaliser.

-Aller hop les filles ! s'écria l'un de leurs geôliers en poussant les prisonnières sans ménagement, vous avez de la chance, on a sorti le vieux dégueulasse qui squattait là depuis deux semaine. Vous serez tranquilles pour faire... ce que vous voulez, eh eh...

La porte en bois massif se referma, laissant les deux femmes seules dans le noir. Seule une petite ouverture scellée par des barreaux laissait un rayon de lune traverser l'obscurité de la cellule. Laura ne pouvait distinguer clairement le visage de la jeune femme ; craignant une réaction de colère de sa part, elle n'osa pas approcher, se contentant de bafouiller :

"Est-ce que... ça va ? ..."

Telka

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Re : Lorsque deux prédateurs se croisent... [ Telka ]

Réponse 13 mercredi 01 mai 2013, 15:51:50

Je remercie silencieusement le seigneur d'avoir ôté de leur esprit, au moins un moment, l'idée de profiter de nos corps. Quand bien même le mien n'avait rien de comparable avec la vénusté de celui de la jeune femme, je ne suis pas sotte : ils sont trois, et il y a bien parmi eux un impatient qui m'aurait fait subir le même sort. J'ignore comment j'aurais réagi à un telle souillure, pourtant si courante dans de tels quartiers... Le simple fait que l'un d'eux touche ma poitrine m'a déjà profondément écœurée. Même si je devrais m'y préparer un tant soit peu mentalement, je préfère ne pas y penser, sortir ces perspectives de mon crâne.

Pourtant, bien plus tard, alors qu'ils nous mènent sans hâte vers le poste de garde, je sens encore la marque laissée par son doigt rugueux, plein de cal, sur ma peau. Je ne peux pas leur en vouloir. Ils ne font que leur travail, et n'ont sans doute pas beaucoup d'autres objectifs que de ramener un peu d'ordre dans la ville et surtout du pain sur leur table. Même si leur réaction est dictée par la peur d'une sanction, leur renoncement les met dans la moyenne haute des miliciens de Nexus en terme d'étique.

Le trajet, d'une dizaine de minutes, est plus long que je le pensais, mais finalement, cela s'accorde assez bien avec mon impression première. La présence des soldats, dans les bas-quartiers, n'est guère fréquente. Et quand bien même, s'ils étaient arrivés quelques instants plus tôt, ils auraient peut-être été, au contraire, des alliés. Ce qui ressemble à un incroyable coup de malchance, pour moi, est un signe clair. Avec la même évidence que le Seigneur ne me mène jamais à un endroit choisi au hasard, malgré les apparences, cette occurrence aussi probablement qu'elle est improbable, est destinée à quelque-chose de particulier... Une leçon ? Pour moi, pour ma protégée ? Je n'en sais rien, mais j'en suis à présent convaincue.

Je songe à cela, alors qu'on nous retire nos liens et qu'on nous jette dans une cellule. Passablement humide, malodorante, elle est néanmoins loin d'être parmi les pires du genre. Je distingue même un banc qui a l'air d'une qualité correcte, et un sceau, ce qui nous évitera de la rendre plus malodorante encore. Et puis, au moins, nous sommes ensemble, et seules. Il n'aurait plus manquer, après avoir éviter les violences des miliciens, que nous tombions dans celles, peut-être encore pire, de détenus agressifs.

Enfin, la jeune femme m’interpelle : ce doit être sa troisième phrase, depuis notre rencontre. J'espère que libérée de la tension de l'instant, elle se montrera un peu plus bavarde, sinon, la détention risque de paraître longue... Mais je devrais peut-être simplement prier pour qu'elle n'ait pas de nouvel accès de fureur tant que nous sommes dans un espace aussi clos. Je suis méfiante, cependant, sa voix inquiète me rassure. Dans l'obscurité, j'essaie de lui sourire. Elle n'a pas à se sentir coupable de m'avoir fait enfermer. Son crime n'est pas là.

-T'inquiète pas pour moi. Par contre, je crois aussi que tu devrais songer à mettre quelque-chose de plus couvrant. Quand tu sortira.

Pour appuyer mon propos, je me baisse et passe ma main sur ses genoux, qui ont de nouveau souffert de son combat contre le garde. Il ne me faut pas plus d'une seconde pour refermer dans une douce chaleur les écorchures superficielles. Je ne veux pas la tourmenter, toutefois, je dois m'assurer qu'elle ait compris, quitte à être un peu lourde. Il en va tout simplement de sa survie en ce monde.

-Les soldats avaient raison sur un truc. On peut pas se promener comme ça dans Nexus, c'est juste pas possible... surtout pour toi.

Elle doit être si attirante, pour un homme. Je ne conçois même pas qu'elle ne se soit pas déjà fait la réflexion avant. Tout son corps, ses formes, sa grâce, sont autant d'incitations puissantes au pécher de chair. Même dans le plus civilisé des pays terriens, elle aurait peut-être trouvé un voyou à la volonté plus faible que les autres, pour l'agresser. Je me relève et pose une main fraternelle sur son épaule.

-Je vais rester aussi longtemps que je le pourrais avec toi. Mais si on doit passer quelques jours ensemble là-dedans, je pourrais avoir ton nom ?

Je me remémore sa réponse positive, lorsque je lui ai demandé si elle s'était perdue. Sur l'instant, cela m'avait paru correct, mais à présent, cela me semble un peu léger. Il est quand même rare, lorsqu'on s'égare, d'aller vers des quartiers qui sont visiblement les plus crasseux et mal famés. Tenter de mieux la cerner ne me coûte pas grand-chose, et me permettra peut-être de lever une part de mystère.

-Tu travailles quelque-part, ou tu es toujours chez tes parents, tu as un mari ?

TelkaArchieVianOzvelloCyriel
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Laura

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Re : Lorsque deux prédateurs se croisent... [ Telka ]

Réponse 14 mercredi 01 mai 2013, 21:00:39

Bien que la jeune femme se soit montrée rassurante par son calme, Laura ne pouvait s'empêcher de trouver son comportement étrange. Cette manière de rester focalisée sur sa protégée comme si sa propre existence n'était pas menacée... dépassait tout bonnement l'entendement de la Sirène.

Les plaies qui brûlaient ses genoux se résorbèrent à nouveau sous les petites mains de la guérisseuse. Laura ne sut quoi répondre à ce nouvel acte de générosité si ce n'est un "Merci..." à peine audible. Elle était un peu trop déconcertée pour montrer sa gratitude comme elle aurait dû à cette aventurière surgie de nulle part, à qui elle devait littéralement la vie.

-Les soldats avaient raison sur un truc. On peut pas se promener comme ça dans Nexus, c'est juste pas possible... surtout pour toi.

Surtout pour elle... elle en avait bien conscience. Elle aurait d’ailleurs pu prendre cette remarque comme une flatterie, dans d'autres circonstances. Mais pour une humaine, il était vrai que se promener ainsi ne devait pas être la norme... les femmes terriennes risquaient à chaque fornication de se faire féconder, et elles n'avaient pas ce même besoin irrépressible d'attirer les hommes entre leurs cuisses. Alors que répondre à cette question pour ne pas attirer les soupçons ?

"Hm..."

Elle hocha la tête en baissant les yeux, espérant qu'elle n'aurait pas réellement à s'expliquer. Les humains étaient pour la plupart assez polis et n'insistaient pas dans leurs interrogations lorsqu'on leur répondait sommairement - spécialement les femmes. Malheureusement cette Telka ne semblait pas tirée du même moule que la majorité de ses semblable.

-Je vais rester aussi longtemps que je le pourrais avec toi. Mais si on doit passer quelques jours ensemble là-dedans, je pourrais avoir ton nom ? Tu travailles quelque-part, ou tu es toujours chez tes parents, tu as un mari ?

Aussi longtemps qu'elle le pourrait ? Comme si elle avait le choix ! Elle parlait comme s'il lui était plus facile de partir que de rester ! Laura secoua légèrement la tête ; quelque chose clochait avec cette fille... elle n'était peut être même pas humaine... la sirène n'avait donc aucune idée de à qui elle avait à faire. Elle se tut quelques secondes, hésitant. Cette bienveillance à toute épreuve lui ordonnait de baisser sa garde, au moins un peu, et d'être le plus honnête possible avec sa nouvelle "amie". Mais une partie d'elle même était persuadée que cette guérisseuse avait quelque chose de louche : Laura avait beau essayer, elle ne comprenait pas ce qui pouvait se passer dans la tête de cette jeune femme pour qu'elle se mette ainsi en danger afin de protéger simple une inconnue.

Laura laissa un long soupir s'échapper par son nez. Bon, elle allait se montrer - presque - honnête.

"Eh bien... mon nom est Laura, et je viens d'une île très lointaine. Je ne connais presque personne ici, et je n'ai pas l’habitude de la ville où des vêtements... c'est surement pour ça que mon comportement vous parait étrange... je suis désolée"

Elle avait baissé la tête ; désolée, elle l'était vraiment, d'avoir entraînée cette petite force de la nature dans une telle galère. Elle avança d'un micro-pas tout en posant une main timide sur le bras de Telka ; la gentillesse désintéressée dont celle-ci faisait preuve provoquait chez la Sirène une sensation étrange et légèrement désagréable, comme si elle n'était pas réellement la cible de cette bienveillance, mais simplement une quelconque bénéficiaire. Elle parla à nouveau, d'une voix douce, presque craintive :

"Pourquoi est-ce que tu fais tout ça ?"


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