Je surveillais l'horizon aux côtés du timonier, tandis que l'équipage semblait profiter d'un moment de paix bien mérité. La tempête que nous avions traversée nous avait bien secoués et deux ou trois hommes avaient failli tomber par-dessus bord. Heureusement, nous avions réussi à sortir de cet enfer maritime et nous poser sur une zone de calme plat. Les hommes étaient cependant bien sur les nerfs après un tel moment intense qui ne récompensait que leur égo. Et tout le monde sait qu'un pirate souhaite avoir les poches pleines plutôt que son égo flatté avant tout.
Bref, le Bolero Bleu savourait le calme, réarrangeant les cordages pour être correct, nettoyant le pont en utilisant l'eau de pluie récoltée durant la tempête, tandis que les plus méritants jouaient aux cartes en pariant leurs parts de butin. Un jeu amusant, mais qui amenait parfois des tensions entre les joueurs, donc quelques dissidences entre pirates. Il nous fallait trouver un village à piller ou alors au moins un bon gros navire. Les hommes ne tiendrai pas longtemps. Prenant une gorgée d'hydromel, je me tournai vers la boussole : nous faisions route vers notre port favori, mais nous n'arriverions pas avant quelques jours. Je me tournai vers le timonier et lui ordonna :
« Tiens le cap, à moins que je te donne l'ordre de changer. Essayons d'aller le plus vite possible jusqu'au port.
- Bien, capitaine. »
Je descendis sur le pont et montait sur les haubans pour rejoindre la vigie, un petit nouveau qui avait l'oeil vif comme moi à l'époque où j'étais un voleur. J'allais en profiter pour me détendre un peu de mon côté. Arrivant à ses côtés, je lui fis un sourire :
« Alors, gamin, cette tempête ne t’a pas trop secoué ?
- Oh, non pas du tout, capitaine.
- Appelle-moi Baltazar, ou Giv', comme tu veux. Lorsqu'on est seul, on peut se détendre. Ça se passe bien ? Rien à l'horizon ?
- Non, toujours rien... Baltazar.
- Continue, je reste avec toi pour t'assister et voir comment tu te débrouilles : surveiller l'horizon est un art. »
J'avais confiance en ce petit gars, mais rien ne valait mieux que de partager le travail du nouveau pour qu'il vous apprécie. On scruta donc ensemble l'horizon. Le soleil était en chute, mais encore loin de se cacher derrière l'océan. C'est alors qu'en scrutant à bâbord, j'aperçus quelque chose. Je pris la longue-vue du gosse et le portant à mon oeil droit, dirigé vers cette chose. Un bâtiment ! Enfin ! Je regardai quelle était sa signalétique : un navire de marchandise du Nexus. Mais à bord, je remarquai des militaires. C'était de bon augure. Je rendis sa longue-vue à la vigie en lui précisant :
« On va peut-être ressortir de cette tempête avec un peu d'or, mon garçon. »
Le garçon fit un sourire éclatant de bonheur : son premier abordage, durant sa première virée en mer. Autant dire qu'il était verni. Je pris le cordage central et me laissa glisser, avant de hurler mes instructions aux membres d'équipage. L'annonce d'un abordage les enchantés. Notre navire était rapide et rattrapa le navire marchand en un rien de temps. Il n'était pas armé de canon, mais les soldats nous ayant repérés se mirent à nous tirer dessus. Les idiots, comme si nous allions avoir peur de quelques balles.
« Aller, espèce de chiens galeux ! A l'abordage ! Rapportez-moi les plus beaux trésors qu'un pirate puisse rêver !!! »
La bataille fit rage, mais se termina rapidement : très peu de soldat, à peine une douzaine. Ils pensaient vraiment s'en sortir ? Une fois le carnage terminé, les hommes rapportèrent les trésors et les prisonniers. Les quelques femmes à bord furent envoyées en cale sécurisée, je leur garantissais leur sécurité jusqu'à ce qu'ils soient vendus comme esclaves. Je n'autorisai aucun homme à forcer une femme. Mais alors que le magot s'entassait, je remarquai quelque chose : j'avais l'impression qu'un membre d'équipage était de trop...