Une fois n'est pas coutume, ma nuit a été courte. Depuis que je suis arrivée ici, je ne dors jamais sur mes deux oreilles. Je déteste ce monde étrange. Cette ville est trop moderne pour moi. Les gens s'effrayent dès qu'ils voient une boule de feu traverser la rues. Ils me jettent des regards désobligeant en voyant que je ne porte qu'un semblant d'armure sur moi, et non des tas de couches de vêtements qui m'empêcheraient de bouger à mon aise. Certains tentent même de jouer les mâles dominants. Je ne suis jamais tranquille.
Et cette nuit, ce fut l'apothéose. Voilà deux heures à présent que je cours après un type qui m'a volé la pierre-de-sang. Deux heures à sprinter dans les ruelles, presque nue si ce n'est une bande de tissu sur ma poitrine et les deux pans de cuir qui volent entre mes jambes, rattachés à la va-vite par la ceinture-armure qui cercle mes hanches. Comme l'homme n'a pas réussi à dissocier la pierre-de-sang du haut de l'armure, il l'a emporté avec lui et je n'ai pu la mettre.
Mes cheveux auburn sont une crinière sauvage, emmêlée par la nuit, et volent dans le vent tandis que je cours pieds nus sur l'asphalte. Finalement, je le vois qui s'est arrêté. L'homme que je cherche. Je m'arrête à quelques mètres. Il parle avec un autre homme. Je me concentre. Mis à part un homme qui se trouve non loin, j'ai le champ libre pour viser. Je maîtrise mal la trajectoire des boules de feu que je lance lorsque je ne porte pas la pierre-de-sang. Mais là, j'ai peu de chance de faire trop de dégâts. Je fais apparaître une flammèche, qui enfle, et qui se change en un mini-brasier. Une orbe de flammes au creux de chaque main, je fais encre quelque pas. Puis je réunis mes deux mains devant moi. Ce type m'a prit mon bien le plus précieux je ne vais pas lui faire de cadeau.
Les deux orbes se mêlent, et n'en font plus qu'une mais qui a doublé de taille. On dirait un de ces "ballons de foot" avec lesquels jouent les gamins du quartier. Je fronce les sourcils. Ma langue vint se loger entre mes dents. Puis je lance. Au début, la trajectoire est bonne. Mais mon oeil détecte un mouvement venu de l'homme non loin. Mon esprit s'y concentre involontairement, et la boule de feu change de direction au dernier moment pour se précipiter vers cet inconnu. Je me mord la lèvre et retiens un gémissement frustré tandis que la boule vient exploser contre le dos de cet homme qui n'a rien demandé.
Mes mains se pressent sur mon visage. J'ai du mal à garder ma concentration lorsque je n'ai pas la pierre-de-sang. J'ai peu d'espoir que l'homme s'en sorte, mais mon objectif reste le même. Désolée monsieur, il faut que je récupère ma pierre-de-sang. Aussitôt, une boule de feu se reforme entre mes mains et file vers le voleur qui cherche à s'éclipser. Fwoush ! Elle atteint son but cette fois. Je vois l'homme s'écrouler au sol, et j'esquisse un mouvement pour me précipiter vers lui afin de récupérer mon bien. Je cours vite. En quelques instants, je suis auprès de lui. Et je vois ma pierre, accrochée aux épaulières et au semblant d'armure qui doit couvrir mon torse. Les liens de cuirs sont emmêlés et le tout vient ensemble lorsque je tire.
" Ah, ma pierre-de-sang... "
