[
HRP – Bien que tu aies déjà ajoutée l’image de Lara, je me suis permise de la remettre à nouveau, afin de pouvoir l’avoir en une taille plus grande... Car elle le mérite !]
«
Si la Ruine venait à manquer, la Dhampir saurait la retrouver ? »
Les énigmatiques messagers de Lara Duncan étaient repartis, et les dragons ne tardèrent pas à suivre dans la foulée. Rayne ignorait quelle était la puissance militaire de ce royaume, mais elle doutait que ce royaume soit de taille contre une armée qui comprenait des dragons. Le premier réflexe de la Dhampir fut de refuser l’offre d’Alma. Non seulement elle trouvait cette région dangereuse, mais elle avait de plus l’intime conviction qu’elle allait se mettre dans tout un tas de problèmes. Avec Rayne, la vie était tout, sauf un long fleuve tranquille, et c’est ce qui, finalement, la conduisit à dire :
«
La Reine pourra compter sur mon soutien. Je me rends aux écuries, et je vous rejoindrais... Là où se trouvera la Ruine. »
Respect oblige, la Dhampir essayait d’adopter le même ton qu’Alma Ruine, ce qui, avouons-le, n’était pas particulièrement simple. Tout ce royaume était singulièrement étrange, et la Reine ne faisait pas exception. Rayne n’avait pas vu grand-chose en se promenant dans les rues de la capitale, et elle se demandait même si le royaume avait une armée digne de ce nom. La Dhampir rejoignit les écuries, où elle retrouva son cheval. Elle avait bien une moto, mais elle l’utilisait sur Terre, ou sur Tekhos. Autrement, les routes étaient bien trop abîmées pour utiliser des pneus. Elle savait qu’Alma Ruine serait plus rapide qu’elle, mais Rayne ne comptait pas vraiment être à côté d’elle. Elle n’était pas sa garde du corps, mais elle en profiterait pour voir un peu la taille de cette armée. Une armée dont elle n’avait jamais entendu parler ne devait pas être particulièrement effrayante, non ?
En chemin, elle se dit qu’il y avait aussi ce symbole sur la bannière... Un symbole bien mystérieux, mais qu’elle était sûre d’avoir déjà vu quelque part. Un curieux œil rouge, le sourcil évoquant la forme d’une espèce de serpent prêt à bondir. La Dhampir pressa l’allure. Bien que l’essentiel du royaume d’Alma soit plat, il y avait malgré tout, aux lisières, quelques collines et solitaires amoncellements de rocs. Rayne descendit de son cheval, et s’aventura sur le roc. Elle avait avec elle une paire de jumelles, et elle vit un oiseau s’envoler en piaillant. Une grive... Curieux. Rayne regarda brièvement l’oiseau, avant de n’y attacher plus grande importance, et préféra utiliser ses jumelles.
L’armée était terrifiante. Elle était immense, cauchemardesque, et s’étalait sur des lieues et des lieues. Un frisson remonta le long de l’échine de la Dhampir. Elle aurait presque cru voir une armée ashnardienne, sauf que les démons qui la composaient n’avaient pas l’uniforme standard, ou la bannière impériale. Elle vit, outre des démons, des dragons qui volaient dans le ciel, des cerbères, d’immenses Oliphants. L’armée s’étendait à perte de vue. Elle utilisa ses jumelles pour voir l’avant de l’armée, et vit une femme sortir du lot, s’avançant vers crainte vers Alma Ruine.
«
Lara Duncan... Je crois pour moi qu’il est temps de m’approcher... »
Lara Duncan Lara Duncan était indéniablement belle. Mais, si son pouvoir se limitait à sa beauté, elle n’aurait jamais réussi à fédérer cette armée. Elle était accompagnée, derrière elle, d’énigmatiques prêtres aux orbites noirâtres. Ils avaient de longues robes poussiéreuses, des dents pourris, et ressemblaient à des espèces de cadavres desséchés.
«
Avant daigner parler d’alliance, la Ruine aimerait évacuer toute sa méfiance… »
En l’entendant, Lara eut un léger sourire, et commença donc à se présenter. La femme ressentait la puissance d’Alma, et comprit que Désespérance ne s’était pas trompé. Il devait sûrement être à proximité, attendant fidèlement que sa supérieure l’appelle.
«
Appelle-moi Lara Duncan, Reine. C’est sous ce nom que je me suis présentée à ce monde, et mon véritable nom importe peu. Comme tu le vois, je chevauche une grande armée, et suis originaire des Enfers. Je suis une Nephalem, femme. Mon père est le légendaire Belzébuth, Seigneur des Enfers, Seigneur des Mouches, Empereur des 6 666 Légions des enfers. Ma mère était une Archange qui est tombée lors de l’ancestrale grande guerre entre les Anges et les Démons. Elle a mis au monde la femme que je suis. »
Les Nephalem... La terrible engeance maudite. Les enfants rejetés des Anges et des Démons. La légende des Nephalem était enseignée dans les deux camps éternels, et était, à ce jour, la plus grande hérésie. Elle remontait à une époque où certains Anges et certains Démons avaient décidé de cohabiter ensemble, et de pactiser. Ils avaient formé un Sanctuaire, et avaient donné naissance à des enfants. Quand les Anges et les Démons apprirent l’existence de ce Sanctuaire, chaque camp prit un soin méticuleux à le détruire, et à éliminer cette aberration. La plupart des Nephalem furent tués, mais certains sont toujours en vie. Ce qui semblait être le cas de Lara. Voilà qui suffisait d’emblée à la classer comme l’une des créatures les plus puissantes qui puisse avoir jamais vu le jour. Sa lignée, en effet, était prestigieuse. Sa mère devait sûrement avoir été une grande Archange, pour avoir réussi à enfanter de la part de Belzébuth.
«
Je ne viens pas semer la mort et la destruction dans tes Ombres, Alma Ruine, mais solliciter ton aide. Mon père est un mou, un faible, un lâche qui, derrière sa puissance et son arrogance, craint les hautes tours des Cieux. J’ai accompli, comme la coutume l’exige, un voyage initiatique sur cette dimension, et j’y ai vu que les Cieux étaient faibles, qu’ils n’avaient jamais réussi à surmonter les affres de la grande guerre, contrairement aux démons. J’ai vu que les démons avaient fondé un Empire, négligeant ainsi les accords du traité ancestral qui lie Anges et Démons. Pourtant, jamais les Anges ne sont intervenus. J’ai compris que le moment était venu pour les Enfers, pour les Flammes et les Ombres, d’étendre leur puissance sur ce monde, et, de là, en finir avec les Cieux. Mon père, malheureusement, a refusé d’envoyer les Légions. »
Nul remords ne s’échappait des lèvres de Lara. L’amour n’existait pas chez les démons. Rayne, entre-temps, était arrivée. Son ouïe développée de vampire lui avait permis d’entendre la fin de ce monologue, et elle devinait sans peine le début. Elle rejoignit Alma, ayant légèrement peur. Elles n’étaient que deux, et eux étaient des milliers. Il n’y avait pas que des démons, mais aussi des Orcs, des gobelins, des trolls des montagnes, des berserkers...
«
Je suis donc retournée sur Terra, et j’ai été voir celui qui manquait aux Enfers pour enfin accomplir notre vengeance : un leader. J’ai été voir celui qu’on appelle ici le Roi Cramoisi, afin de lui prêter allégeance, et de lui demander de diriger les Enfers. Le Seigneur des Araignées a consenti à répondre à mon offre, si je parviens à lui prouver ma valeur. Pour cela, je devais réunir une immense armée en utilisant mes Légions, et en allant fédérer des tribus sauvages, et les utiliser pour détruire l’une des deux grandes puissances que le Roi convoite : Nexus, ou l’Empire. »
Le Roi Cramoisi... L’œil... Oui, voilà, Rayne se souvenait ! Elle avait lu cette légende. On prétendait que le Roi était le frère aîné de Belzébuth, et qu’il vivait au Casse-Roi Russe, l’un des endroits les plus maléfiques de Terra. Lara était lancée dans son discours.
«
J’ai ramené mes Légions des Enfers, et, comme je l’ai escompté, les Cieux ne sont pas venus. Alors, j’ai été trouver des lieutenants, et j’ai été voir les peuples sauvages de Terra. J’ai aujourd’hui réuni une armée d’une puissance considérable, comme tu peux le voir, et j’écrase impitoyablement tous ceux qui se trouvent face à moi. J’ai entendu parler du peuple des Ombres, et j’ai trouvé quelqu’un... Un individu fort et puissant, mais qui m’a dit qu’il y avait plus fort que lui. Toi. Désespérance ! Viens à moi ! »
Un léger silence plana, avant que Désespérance ne s’approche. L’homme montait sur un cheval, et ressemblait effectivement à une ombre.
Désespérance Lara ponctua ensuite son long discours :
«
Joins-toi à moi, Alma. Je t’offrirai ce monde misérable quand il sera pris. Si tu refuses, je pulvériserai tout ton royaume. Que réponds-tu ? »