C'était par une journée particulièrement venteuse que la divinité Aztèque de la nuit avait décidé d'arpenter les villes d'Ashnard. On racontait partout que ce n'était pas un endroit fréquentable, que les gens vous y regardait avec un oeil belliqueux et qu'il était possible que l'on vous y plante un couteau dans le dos à la première heure d'obscurité. Cette partie de la ville où Tez se baladait la tête haute n'était pas particulièrement démunie, mais elle restait louche. C'était comme si les classes sociales de cet endroit n'étaient pas assez bien délimitée entre noble, bourgeois et paysans. Honnêtement, le dieu avait de la difficulté à différencier les esclaves des citoyens ordinaires...
Tezca faisait le tour de la ville sous sa forme humaine, ainsi les gens ne se mettraient pas tous à paniquer devant lui... Cette forme était pratique pour passer inaperçu. Bien que normalement, Tez aimait voir les gens s'écarter de terreur ou bien écarquiller les yeux sur son passage, aujourd'hui, il n'avait pas très envie d'être la cible des attentions belliqueuses des manants. Ses cheveux noirs, gominés vers l'arrière ainsi que ses yeux d'un bleu hivernale étaient toujours préférables à sa taille anormale, ses cheveux bicolores et ses yeux dorés quand il était sous sa forme originelle.
La marche du dieu continua ainsi pendant plus d'une heure sans que rien ni personne ne pique son attention. C'est quand il arriva à un quartier que l'on pourrait qualifier de marchand qu'il remarqua une foule de gens agglutiner les uns près des autres, regardant une estrade de bois branlante. Plus ou moins curieux, la divinité nocturne se rapprocha de la foule pour pouvoir entendre ce que disait l'homme en noir qui se pavanait dessus. Quelques courtes phrases lui permirent de découvrir que cet homme vendait des marchandises humaines.
En effet, près de lui, reposaient des cages recouvertes par un voile blanc afin que l'on ne puisse pas tout de suite voir ce qui se trouvait à l'intérieur. Par simple ennui, Tezcatlipoca décida de rester et de voir qui achèterait qui...
La première fille à se faire vendre était assez moche, pour être honnête. Les cheveux ternes et gras, elle ne semblait pas avoir une très bonne dentition non plus, ce qui fit grimacer le dieu. Les autres n'étaient guère mieux, et le marchands d'esclaves et ses acolytes ne les vendait qu'à faible prix, dût au manque d'intéressés.
Découragé par ce spectacle peu divertissant, Tez secoua la tête et se prépara à repartir... Cependant le marchand aiguisa de nouveau sa curiosité lorsqu'il présenta sa dernière marchandise, la meilleure, disait-il, qu'il gardait pour la fin. L'Aztèque le regarda donc retirer le drap de sur la cage.
Une jeune fille se tenait à l'intérieur, beaucoup plus charmante que les précédentes qui avaient été vendues. Elle était dans un meilleur état physique, c'était certain. À première vue, elle ne venait pas d'ici et avait probablement été capturée par une groupe de marchands. Le dieu sous forme humaine ne pouvait d'ailleurs pas nier que cette jeune fille au charme juvénile avait un je-ne-sais-quoi de plus que la majorité des autres femmes du peuple d'Ashnard.
Il écouta le marchand commencer l'enchère. Son premier prix était très bas, ainsi beaucoup d'hommes commencèrent à se disputer la propriété de la créature... Tez ne dit rien, voyant où cela allait dans l'échelle des prix. Rien de très haut, étant donné la pauvreté des gens du coin.
Quand les gens cessèrent de faire des offres, le marchands commença à compter... 100 misérables pièces une fois.....deux fois...
Et c'est à ce moment, où l'homme édenté souriait devant sa presque-victoire, que Tez décida de miner son moral. Il offrit le double du prix, tout de suite, pour l'acquisition de la fille. Un peu de divertissement ne lui ferait pas de mal, après tout. La foule commença à se disperser, les acheteurs partirent avec leurs marchandises, et Tez attendit que tout le monde parte avant de rejoindre le marchand sur l'estrade où se tenait la dernière cage. Il paya l'homme, qui ouvrit par la suite la cage avec une vieille clé, et laissa Tezcatlipoca se débrouiller avec sa marchandise.
C'est là que la pluie se mit à tomber, d'un coup, froide et insistante. Le dieu ne se préoccupa peu de la température, gardant les yeux baissés sur la jeune fille qui était maintenant sensée lui appartenir. Un sourire carnassier s'étendit sur ses lèvres avant qu'il ne demande d'un ton mielleux:
- Comment t'appelles-tu?
Il resta droit devant la cage, ainsi elle ne pourrait pas se sauver avant qu'il ne l'attrape... Du moins si elle osait tenter de fuir...