Lolita, elle s'appelait Lolita. Croyant me souvenir vaguement que ce prénom était connu pour une histoire à moitié pédophile couchée sur roman, j'haussais un sourcil. Comment pouvait on donner ce genre de nom à une gamine sans avoir une idée derrière la tête ? Il fallait bien le reconnaître, toutefois : malgré son âge, la demoiselle avait de quoi faire tourner pas mal de tête. Je n'étais pas tout à fait sûr qu'elle ait seulement atteint la majorité et pourtant ses vêtements et son allure la désignaient comme une femme à part entière dont le côté enfantin devait attiser pas mal d'esprit, surtout au Japon. Le Lolicon personnifié devait compter les prétendants comme moi les cinglés que j'avais foutu derrière les barreaux et je me soulageais de la taille de sa poitrine, qui n'était pas faite pour m'attirer. Tant mieux.
La gosse ne releva pas spécialement ma mise en garde sous-entendue à propos de Kishida et me dévoila sa mission d'intégration : pondre un papier sur Sentinel Prime en personne ! Je partais malgré moi d'un rire franchement amusé en réhaussant mes lunettes. Devais-je m'en sentir flatté -qu'on me courre après était plutôt une bonne nouvelle pour mon égo- ou devais-je davantage m'en inquiéter maintenant que j'avais une vie privée ? Fixant Lolita qui évoquait Casey, je décidais que ce serait elle qui finirait par trancher la réponse à cette épineuse question.
- Ne faîtes pas attention à Casey. C'est un doux dingue un peu siphonné, mais il n'est pas méchant. Juste... envahissant !
Merde, voilà que je défendais la cause de ce rat boutonneux ? Secouant la tête pour moi-même, je fis claquer ma langue contre mon palais en signe de désapprobation. J'étais décidément bien trop gentil et me trouvais foutrement hypocrite vu le sucre que je cassais sur le dos de mon Sempaï photocopieur dès que je racontais mes journées à Hitomi. En tout cas, une chose était sûre pour cet après-midi. Ce bon vieux Casey avait grillé toutes ses cartouches face à la demoiselle Besolie et ne risquait pas de pouvoir lui mettre la paluche dessus au risque de prendre la sienne dans la gueule. Me déplacant, je vins me poser à côté de Lolita, les fesses sur le bureau. Ses questions me laissèrent un moment perplexe, voire même un peu vexé. Bien sûr que si, SP existait ! Et puisqu'elle brisait la barrière du vouvoiement, je l'imitais le plus naturellement du monde.
- Bien vu, Sherlock ! Casey pense que se faire passer pour un héros lui donne du...euh...style. Il paraît que ça plait aux filles, le coup du mec cachant son terriiiiiiible secret sous ses vêtements, tu vois le truc ? Je lui souriais largement avant de lui faire un petit clin d'oeil complice. Mes pensées s'attardèrent sur Hitomi dont je n'avais pas oublié la tête lorsqu'elle m'avait trouvé en costume et je n'en souriais que de plus belle. H-hm. Sentinel Prime. Et je peux t'assurer qu'il existe.
Oh que oui, je pouvais l'assurer ! Je lui racontais que j'avais eu l'occassion de le voir filer dans le ciel et qu'après tout, il existait quelques rares photos (certes floues) de ses passages sur des lieux de sinistres. Malgré tout, Lolita m'avoua être prête à tout faire pour porter cette mission à bien, quitte à mentir et à écrire quelque chose de complètement bidon. A l'instant où ces mots passèrent ses jolies lèvres, je réalisais nettement que je n'avais qu'à l'encourager pour avoir l'esprit tranquille et que SP ne risquait rien. Pourtant, je décidais de jouer le jeu. Peut-être parce que j'étais assez sûr de moi pour ne rien craindre, peut-être parce que cette partie de cache-cache pouvait m'amuser à sa façon. C'était un sorte de rôleplay qui se mettait en place tandis que nous parlions et je ne pûs m'empêcher de me demander si je parviendrais à être un bon scénariste.
Sa proposition ne m'étonna pas plus que la très joliment coordonnée mise en avant de sa poitrine, que je regardais pour ne pas la froisser. Et parce que mine de rien, ça avait l'air joli même à ce bonnet là.
- J'hésite, j'hésite. Qui dois-je choisir entre le collègue masturbateur et la ravissante petite nouvelle ? Je tapotais ma bouche de l'index, les yeux levé vers le plafond. Le choix est cornélien... Mais je ne peux sûrement pas abandonner une jeune femme en détresse, même si son chemisier est tout tâché. Et transparent. Joli soutien-gorge, au passage.
Là, je m'étonnais moi-même. Voilà que j'étais assuré face à une nana ? Que je ne bafouillais pas et que je lui faisais l'air de rien du rentre-dedans certes grossier mais direct ? Avoir une petite amie devait avoir sa part de responsabilité là dedans, surtout qu'Hitomi était du genre à vous apprendre à être un homme, un vrai de vrai.
Ou peut-être que la taille des nichons de Lolita était proportionellement inverse à tout ce qui m'excitait en temps normal et que je ne ressentais pas spécialement une tension de séduction, tout simplement.
- D'accord, partenaire. Je vais te filer un coup de main, parce que tu as l'air plutôt sympa et que je ne voudrais pas que Kishida te donne des cours particuliers. A deux conditions ! Je levais l'index face à elle, la regardant alors que j'énumérais. Je veux que tu mette un fond de vérité dans ce que tu écriras, parce que des gens aiment Prime et qu'il ne serait pas correct de se foutre de leurs gueule. Mon majeur se leva à la suite. La seconde, que tu trouve un autre haut, parce qu'on va sortir. La vérité, tu ne la trouvera pas dans les dossiers d'OVNI. Je le sais, j'ai passé la semaine passée à les photocopier. J'ai un tee-shirt propre au vestiaire, si ça peut faire l'affaire. Bon, ça n'ira pas avec le reste, mais...
J'haussais les épaules en prenant une petite moue compatissante avant de lui présenter ma main ouverte dans un sourire.
- Si ça te va, on s'arrache avant que Casey n'ait fini sa petite affaire aux chiottes. Sinon, on devra lui expliquer qu'on se barre sans lui et ça pourrait finir en crise de jalousie.