La ville se réveillait petit à petit, au chant des oiseaux et au bruit des travailleurs. Le soleil venait à peine de se lever, mais déjà les vaillants rejoignaient les champs ou leurs postes dans les forges, les étals et tous ces lieux où le petit peuple travaille. Cyscek venait tout juste de parvenir à la place principale, dans l'idée d'ouvrir boutique sous peu. Il avait néanmoins un peu de temps devant lui, car ceux capable d'acheter des esclaves avaient aussi le luxe de ne pas se lever aussi tôt que le commun des mortels. Peut-être aura-t-il quelques bourgeois d'ici neuf heure du matin, et des nobles après. Dans tous les cas, il lui faudra être prêt à accueillir la clientèle.
La place était un large carré bordé d'habitations et d'échoppes, ainsi que d'un temple dédié à une divinité. Cyscek n'avait jamais mis les pieds dedans, et ne se souçiait même pas de savoir de quelle divinité il pouvait s'agir.
Aujourd'hui, comme à chaque jour de marché, les marchands des échoppes élargissaient leur devanture sur le pavé, et d'autres venaient de quartiers différents, voir d'autres villages, afin de vendre leurs denrées. On comptait de tout, des marchands de tissu, de la viande et du poisson, des épices fines, des pièces d'armureries, et bien sûr, des esclaves. Cyscek n'était pas le seul à avoir sa place dans ce rôle pour ce marché, mais généralement, tout le monde y trouvait son compte.
Sur l'emplacement qui lui été attribué, Cyscek avait disposé deux roulottes sur le fond de la place, contre un mur. Cela lui laissait suffisamment de place devant pour exposer ses prises et ses choix. Pour le moment, les esclaves étaient parqués dans les roulottes, 5 dans chaque. C'était un peu exigü, mais ils n'allaient pas se plaindre, si ? Même s'ils le faisaient, il ne les écouterait pas.
Un homme de main venait de retirer deux pavés descellés, afin de planter directement dans la terre des pieux qui serviront à attacher les esclaves à l'extérieur. Le soleil brillait, et la journée s'annonçait radieuse, pour le temps et le commerce. Déjà quelques badauds passaient devant l'étal, certains en se demandant ce qui allait être présenté, d'autres comprennant d'eux mêmes, la majeure partie avait déjà vu le marchand et savait donc ce qui serait vendu ici.
Une fois les attaches mises en place, Cyscek aidé de l'homme venait ouvrir la première roulotte. Son comparse était un terranide aux traits d'ours. Une lourde carrure, une aisance à broyer ce qui lui déplait, il avait été formaté pour servir docilement, sans se soucier de ses congénères qu'il aidait à vendre. Cyscek défaisait de sa ceinture un fouet, ainsi qu'un trousseau de clés. Parmis celles-ci se trouvaient celles ouvrant les cadenas des esclaves. Un léger gémissement montait de la roulotte quand la porte s'ouvrit. Le soleil ou l'air frais, il n'aurait pas su dire. La calèche était en effet tout en bois, sans ouverture pour aérer ou laisser passer le soleil. Seule la porte permettait le passage, et évitait les escapades. Généralement il gardait les esclaves enfermés chez lui, il n'utilisait les roulottes que pour capturer de nouveaux esclaves, ou pour les amener à la vente.
Les premiers esclaves sortaient de la roulotte, les poignets et les chevilles emprisonnés par des fers, et reliés par des chaines à l'esclave qui suit et qui précède. Les cinq étaient des terranides femelles. Une seule beauté, croisée de chat, les autres plus banales et qui finiront plutôt en servante qu'en chauffeuse de lit. L'une d'elle se mit à grogner et à refuser d'avancer, si bien que le fouet claqua au dessus de sa tête, et qu'un coup de poing aux côtes de la part de l'hybride aidant le marchand acheva de faire avancer. Se saisissant d'un cadenas, Cyscek reliait la première chaine au pieu profondémment enfoncé et pourvu d'un trou pour y installer le cadenas. Les cinq femmes se retrouvaient à disposition des regards des passants, pendant que Cyscek allait s'occuper des restantes, histoire de finir l'installation du stand.