Ah les joies du camping sauvage ! L'air pur, la communion avec la nature, le plaisir de dormir au sein de la forêt, sentir l'humus et entendre le chant des oiseaux au petit matin...
- Vos gueules ! Ça par contre c'était l'Homme, représenté en cet instant même par votre servante, Warda Vasquez, qui pestait contre ces stupides volatiles qui m'avaient réveillé alors que j'avais, enfin, réussir à m'endormir. Ce connard de hibou m'a fait chier toute la nuit et maintenant c'est vous ! Ah, purée j'en ai ma claque !
Je jurais mes grands dieux que c'était la première et dernière fois que je faisais du camping sauvage. En tant que militaire, j'avais pourtant l'habitude de dormir dans une tente et de vivre un peu à la dure mais au moins, quand j'étais en Irak, il y avait les autres camarades avec qui discuter, la tente de la cantine, la télé... Mais ici, nada ! Cela faisait seulement une journée que je campais en pleine forêt et j'en avais déjà marre : la veille j'ai failli me casser la figure en sautant de roche en roche pour franchir un torrent, je n'étais pas maladroite mais un des cailloux était glissant et il s'en était fallu de peu que je tombât dans la flotte. Après ce fut tout une essaim de frelons géants japonais (une belle saloperie croyez-moi !) qui m'ont pris en chasse et si je n'avais eu ma Magie, j'aurais passé de vie à trépas tant leurs piqûres sont mortelles.
Je fouillai mon sac pour prendre un peu de nourriture et je m'aperçus que des fourmis étaient en train de déguster l'un de mes sandwichs... Je beuglai un "j'en ai maaaaaaaaaaaaaaaaarre !" retentissant, la tête tourné vers le ciel comme si je voulais le prendre à témoin quand une ombre passa au-dessus de moi, à environ 30 mètres du sol : je n'avais pas tout vu en détail mais ça ressemblait plus ou moins à un oiseau mais en plus grand, beaucoup plus grand.
Il se posa à une bonne dizaine de mètres d'ici, dans une clairière. Je m'approchai de l'endroit avec précaution et me cachai derrière un rocher, observant discrètement la "chose" qui s'avéra être une sorte d'oiseau gigantesque mais je n'aurais su dire s'il était organique ou si c'était un espèce de robot. Peut être les deux. Un drôle de type y était perché : un gars en kimono blanc et dont le visage était couvert de bandelettes... Je me demandai si je n'étais pas en train de rêver et si je n'allais pas me réveiller dans mon sac de couchage. Mais non, tout ceci était réel !
La créature reprit son envol et, poussée par la curiosité, décidai de la suivre. Pas à pied car elle aurait tôt fait de me distancer mais par la voie des airs : je me concentrai et prononçai des paroles kabbalistiques, faisant appel aux esprits de l'air et du vent. Je m'envolai aussitôt, prenant bien soin de ne pas me faire repérer par la créature et arrivai en vue d'une grande grotte creusée sur le flanc d'une montagne ; le volatile géant s'y engouffra.
Je me posai au sol et vit au fond une grosse porte en acier qui devait être sacrément résistante. Je réfléchis rapidement : peut être que j'allais me mêler d'un truc top-secret, jalousement gardé par toute une équipe de barbouzes ayant reçu l'ordre de tirer sur tout intrus tentant de pénétrer dans leur base secrète. La solution la plus sage serait de rebrousser chemin.
Pourtant, la curiosité fut la plus forte : je m'avançai prudemment vers la porte massive...