Apprendre la paix à une guerrière [PV Meghann]

Et de vingt-trois, le compte y est. La journée avait bien commencée. Une bande de pillards orques s'étaient attaqués à un village tekhan, tuant plus d'une trentaine de personnes avant de s'enfuir avec tout ce qu'ils pouvaient porter. Ma mission? Recherche et destruction. Pister des orques, c'est un peu comme tirer sur une vache dans un couloir: il faut  vraiment le faire exprès pour ne pas y arriver.

Un vaisseau me déposa au village, afin de pouvoir constater l'étendue des dégâts. On m'avait laissé une moto, qui se révélait encore être le meilleur moyen de locomotion vu la topographie du coin.
Je l'enfourchais rapidement et suivi les traces fraiches comme le petit poucet ses cailloux jusqu'à enfin les repérer. Et le massacre commença.

C'étaient des primitifs armés d'épées et de massues, de haches et de lances. Vraiment trop facile. Quand ils me virent arriver, ils foncèrent sur moi. Je fis tourner ma moto pour passer à côté du groupe, leur servant un duo de grenade qui vint en tuer une demi-douzaine. Je descendis rapidement du véhicule en dégainant mon arme, commençant de courtes rafales précises et mortelles sur la bande à une vingtaine de mètre. Au moins ce n'étaient pas des lâches. Pas un ne fit mine de vouloir s'enfuir. Certains arrivèrent même au corps à corps, me proposant un peu plus de défi, ce qui n'était pas pour me déplaire. L'important était d'éviter d'être encerclée, mais vu le nombre d'ennemis restant, ça n'allait pas être d'une difficulté insurmontable.
Le premier se prit ma baillonette dans le torse, tombant par terre, mort. J'avais laissé mon arme partir avec le cadavre, préférant sortir mon couteau et mon desert eagle. J'esquivais un coup d'épée verticale sur ma droite en sautant en arrière. En me réceptionnant, je fit un mort de plus sur ma gauche, d'une balle dans l'œil. Une lame tinta sur mon pistolet, et mon couteau jaillit. Un autre orque tombait, la jugulaire tranchée. Deux autres coups de feu, deux cadavres de plus. J'accueillais le dernier d'un lancer de couteau qui fit mouche, n'ayant pas le temps d'ajuster la visée avec mon arme à feu.

J'ai récupérer mon arme d'assaut, puis revenant vers celui qui avait mon couteau dans le poumon, toujours vivant, je l'achevais d'un coup de baillonette en plein coeur. Je repris mon arme et l'essuya avant de la ranger. Un pied sur la tête du dernier tué, un coude sur la crosse du fusil, je regardais les restes de l'échauffourée, me remémorant avec plaisir chaque instant du combat.



C'était vraiment une bonne journée.

Depuis l'olympe, elle regardait avec attention ce qu'il se passait aux divers endroit, dans le monde. Elle ne pouvait agir partout, déesse ou non. Elle ne voulait agir partout, déesse ou non. Mais parfois, elle se plaisait à descendre pour une raison qu'elle-même ne pourrait décrire, si ce n'est qu'une simple envie, et à punir quelques imbéciles pour la plupart mercenaires. Elle avait particulièrement une dent contre eux, car ceux, d'un certain point de vue encourageaient les guerres, et surtout aimaient se battre, pour tuer, simplement.

Depuis qu'elle avait daigné descendre, une heure plutôt, à travers Terra, elle avait décimé trois groupes de mercenaires, les découpant sans la faire souffrir. Elle n'était pas cruelle, mais elle ne comptait pas laisser les intentions mauvaises parcourir le monde. Les trois groupes achevés, laissant ce qu'il restait des mercenaires -c'est à dire pas grand chose- aux bêtes sauvages des environs, elle rangea son arme dans son manteau. (Je m'explique rapidement : Quand elle le met dans son manteau comme "maintenant" celui-ci disparait de ce monde, elle peut le rappeler quand elle veut.) Meghann, pour continuer sa journée de "chasse", se prépara à un prochain départ, pour rencontrer une personne, seule, qui avait massacré pour son boulot une grosse vingtaine d'orc. Que ceux-ci aient fait quelque chose avant ne la concernait pas du tout. Le problème était que celle qui s'occupait d'eux était une mercenaire. Et comme elle avait décidé que c'était sa journée, contre eux, et bien... Manque de bol pour elle.

Voulant quand même changer de tactique, elle y réfléchit quelques temps. Peut-être parler avec elle ? Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas parlé à une personne non divine. Et bon, cela lui ferait une petite pause dans la journée, c'était plutôt pas mal comme idée ! Chose pensée chose faite, et elle se téléporta non loin de la jeune femme, dans les buissons, à une vingtaine de mètre environ de la cible. Pestant à haute voix contre les arbres, jouant quelqu'un de plus ou moins empoté, elle s'approcha de la jeune femme en souriant, essayant de prendre un air craintif. Succès ou non, elle ne le savait pas, mais elle le découvrirait bien en observant les réactions de la jeune femme.

-Alors, vous les avez tous eu ?

Elle retint un commentaire dédaigneux quant à la position de la jeune femme. Etait-elle contente d'avoir tué ? D'avoir pris ces vies parce qu'une tierce personne lui avait demandé de le faire ? Si elle voulait m'énerver, en tous cas c'était bien parti. Son air supérieur commençait déjà à m'agacer, elle n'avait aucun respect pour les morts. Alors comment, je pourrais penser un seul instant à la laisser en vie, cette foutue mercenaire ?!

Un bruit dans les buissons. Une jeune fille qui devait avoir à peu près mon âge en sortit, pestant contre la végétation environnante. Elle portait des vêtements de la terre et à une telle distance de la civilisation, soit elle venait de passer un portail, soit c'était un piège. Néanmoins, j'allais rentrer dans son jeu, histoire de tirer ça au clair. Je restais sur mes gardes, même avec la petite surprise qui venait d'arriver et qui se présenterait en cas de coup dur. Je me dirigeais vers elle, le doigt sur la gâchette, le canon de l'arme abaissé.


« Oui. Des pillards orques. Ils ont tué 36 personnes dans le village le plus proche. Ils sont sauvages, c'est dans leur nature. Mais ce sont des combattants valeureux, et je porterai moi-même la torche de leurs bûchers funéraires. C'est le meilleur moyen de les honorer en respectant leurs coutumes. Puissent-ils rejoindre leur paradis.
Cela peut paraître bizarre de parler de respect alors qu'à l'instant j'avais le pied sur le visage de l'un d'entre eux, mais les orques font ainsi pour qu'une fois arrivés au paradis, leur dieu puisse reconnaître celui qui tomba le dernier. On dit qu'il reçoit alors la possibilité d'être réincarné.
Je respecte toujours mes adversaires, c'est la moindre des choses. »

 
Arrivant à sa hauteur, je lui tendis la main pour la saluer.


« -Caporale Tyamathe, armée tekhane. Vous êtes? »


La réponse n'était pas importante, ce serait surement un mensonge. Sauf si elle est fantasque au possible, ça indiquerait très certainement une vérité.
Un petit tremblement du sol ce fit sentir. Il était prêt à toute éventualité.
Il aurait été quelque peu risqué de s'aventurer seule sur ces terres pour chasser une bande de créatures aussi violentes. Je m'en étais tirée à bon compte, mais des renforts ne seraient peut-être pas du luxe suivant ce qui se présentait devant moi.