Quelques arguments et une pincée de piment [ANGIE]

La large porte d'entrée de bois patiné s'ouvrit en silence, laissant filtrer l'ombre démesurée de l'homme qui rangeait ses clés aant de pénétrer la demeure plongée dans un silence de mort. Il referma derrière lui et verrouilla tout en profitant du mouvement pour éclairer le couloir dans lequel il se trouvait. Tranquillement, le brun ouvrit sa veste cintrée et défit ses chaussures qu'il rangea dans un placard vitré et fila vers le salon sur lequel il jetta négligeament son vêtement avant de défaire d'un geste las le parfait noeud de cravate qui lui enserrait le cou. Le premier bouton de sa chemise sauta dans le même temps et tandis qu'il se débarassait de l'accessoire devenu inutile, Kyle alluma l'immense chaîne hifi qui trônait à côté de l'écran plat face au long et confortable canapé. Rapidement, les délicats accords d'un concerto de Beethoven emplirent les trops vastes et vides pièces de la villa.

L'endroit était cosy, trés chic et sûrement trés cher. Mais il n'y avait aucune âme dans ces murs, dans ces meubles designs mais tellement dénué d'histoire... Aucune photo dans la maison, aucun objet qui aurait pû sembler personel, rien. A côté du salon se trouvait la salle à manger dont on aurait juré que les chaises n'avaient jamais été déplacées, tout comme on voyait aisément que la jolie coupe de fruits posée là était factice. De cette pièce dominée par une grande baie vitrée on apercevait le jardin et sa piscine bâchée et deux où trois transats posés là. Le lieu ressemblait à un décor de film à l'américaine, ceux où les ados faisaient la fête pendant toute une nuit. Mais au final, c'était une villa froide et peu acceuillante, à l'image de son propriétaire qui s'était entre-temps rendu dans la cuisine.

Kyle y resta deux bonnes heures, passant quelques coups de fils professionels alors qu'il cuisinait avec dextérité. Une salade composée, quelques petites choses à picorer à côté et un fruit taillé en tranches juteuses et régulières. Rien de bien excitant en vérité, tout comme la soirée qui s'annonçait pour le Vendeur de Mort. Tranquillement, il s'installa ses créations culinaires sur un plateau et se dirigea vers le salon. Il posa le plateau et monta dans l'escalier non loin, redescendant de sa chambre avec un petit pc portable. Kyle s'installa enfin dans le canapé, réduisant au passage la taille de la Boîte pour qu'elle ne soit plus pour l'heure qu'un bracelet un peu épais sur son bras aux manches retroussées. L'ordinateur sur ses genoux et l'assiette posée à côté, l'homme entama une de ses soirées mornes mais tranquilles alors que l'horloge indiquait seulement 22H30.

Depuis quelques jours, Angie avait élu domicile dans un hôtel en périphérie de la ville. Son dernier employeur lui avait communiqué les coordonnées d’un marchand d’armes qui, selon ses dires, pouvait lui fournir n’importe quel type de matériel. Ce qui convenait parfaitement à la jeune tueuse. Un peu plus tôt dans la journée, elle avait envoyé un mail au personnage en question, un dénommé Kyle Macross, lui précisant qu’elle se présenterai chez lui le soir même à 23 heures. Il était temps pour elle de se préparer.

Après une bonne douche, Angie choisit avec soin sa tenue : jupe droite courte et veste cintrée de couleur noire, un chemisier en mousseline transparente rouge dévoilant sa poitrine, un string en dentelle noir et des bas de même couleur. Une paire de bottes à talons complétait sa tenue. La jeune femme le savait, dans les affaires, l’apparence importait autant que le compte en banque. Elle observa le rendu devant sa glace : debout, sa jupe couvrait à peine le haut de ses bas. Voilà qui serait parfait.

Le taxi la déposa devant une superbe villa. Nul doute, celui qui vivait ici avait de l’argent. Ce qui acheva de convaincre Angie qu’elle avait fait le bon choix en le contactant. Son dernier fournisseur avait voulu la doubler. Résultat, elle avait pris un malin plaisir à le découper en morceaux alors qu’il était toujours en vie. Ce souvenir dessina un sourire cruel sur son visage. Lentement, elle se dirigea vers la porte d’entrée, magnifique au demeurant. Il était 23 heures. Elle sonna puis attendit que le propriétaire vienne lui ouvrir pour faire plus ample connaissance avec son probable futur fournisseur d’armes.

Les notes virevoltaient toujours ça et là entre les murs de la maison, passant sur des teintes plus douces et quelque peu moins agressives qu'elles ne l'avaient été jusque là. Kyle n'avait pas bougé, continuant de picorer le contenu de son assiette tout en s'étant octroyé un verre d'un excellent bordeaux rouge français. Ses doigts pianotaient avec rapidité et aisance sur le clavier de son petit portable blanc, enchaînant les e-mails et autres rapports de commande à ses clients alors que ses yeux maintenant chaussés de ses lunettes fines et rectangulaires parcouraient l'écran sans même ciller. A vrai dire, sa journée avait duré 48 heures cette fois et il n'avait pas eu le temps de s'occuper de beaucoup de ses affaires, comptant donc sur cette soirée pour se mettre à jour quitte à peu dormir, voir pas du tout. Mais cela ne dérangeait pas le vendeur de mort, qui aimait à déguster des petits moments comme ce soir.
Il arriva enfin au dernier pli virtuel de sa boîte de reception et haussa un sourcil en lisant le titre, sorte de petit code convenu entre lui et quelques clients privilégiés désirant passer des commandes pour des quantités moins importantes et en général privées. Des armes de collection, où des tueurs à gage à la recherche d'un matériel particulier, ce genre de choses... Kyle parcouru donc l'e-mail, y découvrant que quelqu'un allait se présenter ce soir même à sa porte. Le vendeur comprit qu'elle avait été envoyée vers lui par un de ses partenaires de confiance, puisqu'elle avait réussi à obtenir son adresse privée. Jettant un oeil à sa montre, Macross s'aperçut alors qu'il ne lui restait que quelques courtes minutes avant que sa cliente ne se présente à sa porte.

Trop tard, le carillon léger venait de retentir dans le vestibule. Soit, il ne serait pas dit que Kyle Macross refuserait un rendez-vous même improvisé. Il posa son portable sur la table basse en verre, bû une dernière gorgée de vin et se dirigea vers la porte qu'il ouvrit afin de se retrouver nez à nez avec une superbe créature apparement joliment gâtée par la nature. Ce genre de constatation n'ébranlait pas le jugement de Kyle, qui se contenta de remiser cette information dans un coin de sa tête afin de ne pas être influencé lors des discussions mercantiles à venir.

- Mademoiselle "A", je présume ? Bonsoir. Entrez, je vous en prie.

Il s'écarta pour laisser passer la belle, refermant derrière elle avant de lui ouvrir le chemin vers le salon d'un mouvement du bras.

- Je vous en prie, installez vous. Je vous débarasse de votre veste ?

Finalement, ils arrivèrent tout deux devant le canapé où d'un regard Kyle invita sa potentielle cliente à s'installer.

- Pardonnez moi de ne pas vous avoir répondu. J'ai eu votre mail il y a quelques instants à peine, ce qui explique que je vous recoive ainsi vêtu. J'ose espérer que vous ne m'en tiendrez pas rigueur, c'est une circonstance un peu particulière.

Kyle n'était pas vêu trop légèrement, non. Son pantalon de costume noir, sa chemise blanche au col un peu ouvert et aux manches retrousées et ses petites lunettes... Il restait élégant mais il n'était pas vêtu comme à son habitude, d'autant que ses pantoufles donnaient un cachet particulier à ce Croquemort tristement célèbre.

- Je vous sers quelque chose à boire pour me faire pardonner ?

Attendant qu'elle réponde, il enchaîna.

- Alors, dites moi, dans quelle mesure puis-je vous aider, mademoiselle "A" ?

Plutôt beau gosse le marchand d’armes. Angie se contenta de sourire en découvrant son interlocuteur. Une tenue savamment négligée et… des pantoufles. Cela dit, il était chez lui donc cela ne choqua pas la jeune tueuse. Il l’entraîna à sa suite à l’intérieur de la villa. Décorée sobrement sans aucune touche personnelle. Et bien, si les flics venaient à perquisitionner l’endroit, ils ne découvriraient rien concernant son occupant. Mesure de prudence que la jeune femme apprécia. Une fois dans le salon, il l’invita à s’asseoir avant de lui proposer de la débarrasser de sa veste et de lui offrir à boire.

« Un verre de vodka si vous avez et je préfère conserver ma veste. Cela m’ennuierait que nous arrivions à un accord pour une autre raison que celle de ma venue. »

Malgré tout, Angie déboutonna sa veste, révélant la tenue transparent qu’elle portait en dessous, dévoilant quelque peu sa poitrine.

« L’un de mes employeurs m’ a confié un travail et pour honorer sa demande, il me faut une arme de poing légère et particulièrement discrète. Un silencieux est donc à prévoir ou à faire adapter dessus. »

La jeune femme s’installa confortablement, jambes croisées, et s’empara du verre que son hôte lui tendait. Elle le détailla sans détour. Franchement, Angie se félicitait de s’être débarrassée de son ancien fournisseur.

« Il va de soi que cette transaction ne doit en aucun cas s’ébruiter… »

Autant le prévenir de suite qu’elle tenait par dessus tout à la discrétion. Rien de menaçant ni dans sa façon de se tenir, ni dans sa voix mais Angie préférait mettre les choses au clair dès le début de la transaction. Et si ce vendeur était à la hauteur de sa réputation, il n’y verrait aucune offense.

« Alors dites-moi mon cher Kyle… Je peux vous appeler ainsi ? Qu’avez-vous à me proposer concernant ma demander ? Je ne suis pas pressée mais j’aimerais pouvoir m’entraîner un peu avec avant d’honorer mon contrat. Je déteste manquer ma cible. »

Angie n’avait pas encore touché à son verre. Prudente malgré tout. Bien que recommandé, elle ne connaissait pas Kyle.

« Au fait, vous pouvez m’appeler Angie… »

Personne ne connaissait sa véritable identité. Et si elle devait faire des affaires régulières avec Kyle, autant faire preuve d’un peu de savoir-vivre.

Le Croquemort n'insista pas lorsque Angie refusa d'ôter sa veste. Pour lui, ce n'était qu'une question de politesse et d'aisance, pas une quelconque ouverture pour un accès sur la poitrine charnelle de la belle plante. Il n'ajouta rien quant au sous-entendu, préférant se diriger vers le bar tout à côté de la chaîne hifi qui diffusait toujours des mélodies douces et sonnantes alors que Kyle préparait une vodka sur glace à son invitée de dernière minute. Tandis qu'elle parlait et que son interlocuteur s'affairait non sans la détailler -cherchant surtout à la graver correctement dans sa mémoire, mais non sans noter les rondeurs plantureuses qu'on avait la politesse de lui offrir- le vendeur cherchait mentalement ce qu'il avait sous la main qui puisse correspondre à la demande. Lorsque son petit inventaire personel fût fait, il apporta la vodka avant de s'assoir en face d'elle dans un fauteuil en récupérant son verre de Bordeaux.

- Il est possible que j'ai ce qu'il vous faut. Et rassurez vous, je ne suis pas bavard.

Cela tombait sous le sens, non ? Comment pourrait on faire affaire dans les commerces illégaux en parlant trop ? Angie devait s'en douter si elle était effectivement une tueuse, mais Kyle comprenait sa méfiance pour l'avoir rencontrée plus d'une fois. Pour un homme qui avait traité avec des légendes du crime, Angie n'était pas trés impressionnante mais restait une cliente. Qui semblait le dévorer des yeux. Hm... N'était-ce pas elle qui évoquait de mauvaises raisons d'accord ?
Lui aussi se prêta au jeu de l'observation, ses yeux détaillant calmement mais sans perversité la jeune femme qui lui faisait face. Interessante, c'était indéniable.

Elle lui parla une fois encore, lui demandant ce qu'il avait à proposer. Pas pressée ? Elle ne se rendait pas compte que sa présence au sein de la villa était une fleur que Kyle lui faisait. Celui çi prit le parti de ne rien faire remarquer, et réhaussa ses lunettes d'un petit mouvement de doigt.

- Si nous venons à faire affaire, mademoiselle Angie, sachez d'abord que toutes mes armes sont fiables et parfaitement réglée, toutes. Je n'ai pas acquis ma place sur le marché en minaudant, croyez le bien. Ensuite, je ne travaille pas pour la gloire et mes prix ne sont pas sujets à d'éventuelles réductions, même pour les créatures aussi désirables que vous.

Un petit compliment qui n'était même pas détourné. Pourtant si la demoiselle avait une bonne connaissance des hommes, elle serait rapide à comprendre qu'effectivement, son corps n'allait pas faire partie des négociations.

- Primo, l'origine de vos fonds ne m'interesse pas mais je ne prends que des réglements comptants. En retour, vous avez votre commande en main propre sans délai. Secundo, je ne fais que rarement les commandes à titre "individuel" et c'est quelque chose que je réserve à des clients habitués et sûrs. Soyons clairs : pour l'heure, vous n'en n'êtes pas.

Ce n'était pas une provocation où une menace, mais une exposition claire des faits. Une fois de plus, Kyle s'octroya une gorgée de vin et darda son regard dans celui d'Angie.

- Bref, donnez moi une bonne raison de vous donner accès à mes "collections". Où des références. Et n'ayez pas l'inutile idée de tenter de me mentir, voulez vous ? Je vous laisse la possibilité de faire vos preuves parce que l'on m'a recommandé à vous et parce... Hm... Disons que je suis bassement masculin et que vous êtes une femme à mon goût.

Kyle jouait il avec une limite entre la froideur qu'il présentait habituellement et la chaleur de ses hormones ? Non, il était simplement franc et soumis à la fatigue et au léger degrès alcoolique du vin. Mais qu'Angie ne s'y trompe pas : Kyle restait parfaitement maître de lui même et restait redoutable, bien qu'un peu plus ouvert qu'a l'accoutumée.

- Oh, vous pouvez boire. Je n'ai pas pour habitude de couper la vodka au cyanure, c'est mauvais pour mon image de commerçant.

Angie écoutait Kyle lui expliquer comment il avait l’habitude de procéder. Son client ne lui avait pas menti, c’était un professionnel. Voilà une chose qui confortait la jeune femme dans sa décision de venir le rencontrer. Pour le reste, même si il n’était pas indifférent à son charme, il lui avait clairement fait savoir que cela n’aurait aucun impact sur la négociation. Parfait. Au moins, il était franc et c’est que la jeune tueuse recherchait.

- Oh, vous pouvez boire. Je n'ai pas pour habitude de couper la vodka au cyanure, c'est mauvais pour mon image de commerçant.

Angie se contenta de sourire avant de vider son verre d’un trait. La méfiance qu’elle affichait n’avait pas échappé à son interlocuteur mais il ne semblait pas en prendre ombrage.

« Mettons les choses au clair… J’ai un contrat à honorer et mon client souhaite qu’il se fasse dans la discrétion la plus absolue… C’est d’ailleurs l’un de vos clients réguliers… »

Avisant un crayon et un papier, Angie s’en empara avant de noter un nom dessus et de le poser devant Kyle. Magnat de l’industrie, l’homme en question avait la réputation de faire disparaître ses concurrents sans que les autorités ne puissent prouver quoi que ce soit. Dans le milieu, tout le monde savait qu’il s’était attaché les services d’un tueur à gages redoutable dont personne ne connaissait l’identité mais qui ne ratait jamais un contrat. Cela faisait en effet presque un an que la jeune femme travaillait régulièrement pour l’industriel. Beaucoup avaient cherché l’identité de ce tueur. Les deux seuls qui avaient réussi avaient fini dans une décharge, un message gravé sur leur poitrine : « un autre volontaire ? ».

« Vous le connaissez bien d’après ses dires… Maintenant… Si vous voulez que je fasse mes preuves, je ne peux que vous conseiller de prendre contact avec lui… »

La jeune femme le savait, son âge prêtait plus à rire dans le milieu qu’au respect, et elle ne s’en formalisait pas plus que ça. Sauf que ceux qui avaient eu l’inconscience de venir le lui dire en face en avaient été pour leurs frais, la demoiselle ayant assez peu apprécié leur attitude. Se calant dans le fond du canapé, elle fixait Kyle. Libre à lui de vérifier ses références après tout.

« Quant au fait que mes atouts ne fassent pas partie de la négociation, je ne l’ai même pas envisagé… Mais pour un fois que je rencontre quelqu’un en dehors du quartier de la Toussaint, je me suis dis qu’une effort vestimentaire s’imposait. Et j’ai beau tuer pour vivre, je n’en reste pas moins une femme. »

Sourire aux lèvres, Angie venait tout simplement de mettre les choses au point. Certes, Kyle était attirant mais pour l’heure, la seule chose qui importait à la jeune femme était d’obtenir une arme pour son contrat. Le reste… Et bien au besoin, elle aviserait en temps voulu.

Macross connaissait les façons de faire du milieu aussi bien que d'autres le fond de leurs poches. Aprés tout, il avait vieilli (vu le temps passer disons, n'ayant jamais vieilli au sens physique du terme) en même temps que la criminalité et les choses parvenaient rarement à le surprendre. Des tueurs, il en avait rencontré assez au fil des ans pour consistuer une véritable armée et avait établi assez de liens mercantiles de confiance pour savoir comment traiter avec eux. Les femmes étaient malheureusement plus rares que les hommes, mais fonctionnaient généralement sur les mêmes critères qu'eux au moment de la première rencontrer. Et si ni Kyle ni ses clients ne pouvaient se permettre une absolue franchise, il en fallait tout de même un minimum. Alors autant avouer à Angie qu'il ne lui accordait pour l'heure qu'une confiance limitée mais visiblement prête à s'épanouir.
Celle çi lui adressa un sourire avant de finalement boire, signe pour Kyle qu'elle acceptait à son tour de lui donner le bénéfice du doute pour qu'un peu de confiance s'installe entre eux. Si il ne se serait aucunement vexé qu'elle ne boive pas, il en aurait gardé davantage de méfiance à son égard.

Le dialogue commença pour de bon, cette fois. Angie décida de se plier au jeu de la vérité que lui imposait Macross et évoqua son actuel commanditaire, raison de sa venue ici mais également homme qui l'avait envoyé vers lui. Prudente, elle préféra inscrire le nom de l'industriel sur un bout de papier qu'elle tendit à Kyle qui le parcouru des yeux avant de le brûler tranquillement à l'aide d'un briquet qui gisait sur la table à côté d'un paquet de cigarettes qu'il ne fumait pour ainsi dire jamais.

- Effectivement, ce n'est pas quelqu'un qui m'est inconnu. Un acheteur à titre privé, comme vous l'êtes. Je suis étonné qu'il vous ai envoyé vers moi, en vérité. Si vous êtes la personne à laquelle je pense, vous êtes déjà sensée avoir un fournisseur et notre ami commun préfère généralement traiter avec cet homme pour ses commandes plutôt qu'avec moi.

Kyle ne s'interessait pas aux "exploits" des tueurs mais s'en tenait un minimum informé lorsque cela pouvait l'interesser. Il avait eu vent des forfaits d'Angie et de son côté insaisissable et à s'était attendu à ce que le tueur soit un homme d'un certain âge, pas une jeune femme. Les clichés avaient la vie dure.
Tout en parlant à la belle, le Vendeur de Mort s'était emparé de son ordinateur et s'était mis à pianoter. Via un système de discussion en direct, Kyle s'était mis en relation avec l'employeur de la Vénus du meurtre qui semblait attendre que le vendeur entre en contact avec lui. Ils parlèrent par écran interposés tandis qu'Angie proposait de prendre contact avec l'industriel.

Pendant ce temps, la jeune femme s'était elle installée plus confortablement dans l'assise et s'était mise à le fixer. C'était plutôt flatteur, d'ailleurs, et Kyle sentait ce qui pouvait bien être une attirance réciproque. Hm.. Une fois Angie partie, peut-être ferait il appel à une call-girl. Enfin, il n'en était pas là et préférait se concentrer sur sa cliente.

- A vrai dire, je vous imaginais moins joliment faite, plus musclée, âgée et barbue. Vous êtes jeune pour ce métier.

Il n'avait pas conscience qu'il pouvait la froisser où se la mettre à dos de par ses mots, mais Kyle semblait parler sans animosité.

- Mais peu importe, je suppose. Vos contrats sont des réussites et puis... Traiter avec une jolie jeune femme est toujours plus agréable que de voir arriver un de ces hommes d'âge mûr persuadés qu'ils sont indétrônables.

Pianotant toujours et s'accordant une gorgée de vin de temps à autre, le vendeur se tît le temps qu'il parlait avec l'industriel, multipliant questions et réponses. Les termes de cet homme était élogieux envers son employée de l'ombre et il évoquait clairement le fait de "l'avoir baisée" et qu'elle en "redemandait toujours un peu plus". Curieusement, Kyle avait du mal à y croire. Peut être ce vieux dégueulasse cherchait il à faire comprendre qu'Angie était à lui ? On le comprenait quelque peu.
Angie revint à la charge, évoquant son corps et ses vêtements du soir. Levant les yeux vers elle, Kyle répondit du tac-au-tac.

- Une femme désirable, je vous l'ai dis. Vous n'auriez pas été ma cliente, j'aurais fais en sorte de vous mettre dans mon lit, mademoiselle Angie. Croyez bien que j'apprécie votre effort vestimentaire, qui est somme toute tout à fait à mon goût.

Dire le contraire aurait été difficile, il fallait l'admettre. Kyle referma enfin son pc portable, le reposant sur la table basse avant de se lever, tendant sa main à son invitée pour l'aider à faire de même.

- Nous allons pouvoir faire affaire, semble t'il. Votre employeur se porte garant de vous, vous présentant comme sa "Poule de luxe prête à tirer et surtout se faire tirer", je suppose que c'est un compliment. Suivez moi, voulez vous ?

Il entraina Angie à sa suite dans l'escalier large et blanc qui se trouvait derrière la chaîne hi-fi, pour arriver à l'étage. Visiblement venaient ici la salle de bain dont la porte ouverte laissait voir une baignoire qui aurait rivalisé avec des piscines privées pour le commun des mortel -où presque, puis plus loin une chambre d'ami, un dressing et enfin une porte fermée que Kyle poussa, dévoilant ce qui était certainement sa propre chambre.

- Entrez.

Poliment, l'homme ouvrit la porte à la jeune femme, qui eu tout le loisir de découvrir un lit immense fait avec soin, une armoire totalement vitrée et... Une pièce totalement vide en dehors de ça, à part un fauteuil et une table basse dans un coin.
Kyle ne dit rien, mais se dirigea ers ce qui semblait être Un boîter d'alarme parfaitement anodin. Il y composa un code qui se suivit d'un bip sonore, précédant l'ouverture d'une trappe au plafond d'où descendit une petite échelle. Ceci fait, il se retourna vers la belle.

- Mettons une nouvelle fois les choses au clair, voulez vous ? Vous venez d'entrer dans un cercle fermé de clients, ce qui sous-entends que vous pouvez payer ce que vous allez choisir selon les conditions que je vous ai évoquées dans le salon. Sachez que je suis par ailleurs tout à fait à même de faire les réglages nécéssaires à ce que vous allez choisir et que cela se fera de façon instantanée. Bien entendu, mon nom ne doit apparaître nulle part et ne oit pas être évoqué avec n'importe qui. Vos références et forfaits ont contribué à ce que je vous fasse confiance, mais votre nom ne pèse pas encore assez pour que vous puissiez vous permettre de m'envoyer des clients, suis-je clair ?

Une fois qu'elle eu parlé, Kyle l'invita à passer à l'échelle. A l'étage, elle trouverait des vitrines d'armes, des râteliers, des caisses de munitions, des armes blanches, à feu, de petits et gros calibres, des armes de collections.... Le tout rangé avec le plus grand des soins, véritable magasin de luxe de l'armement à la personne. Nul doute qu'elle trouverait son compte, accessoires y compris.

L’homme avait saisi son portable et pianotait dessus. Nul doute pour la jeune femme qu’il était en contact avec son employeur. Au moins, les choses seront claires après. Une fois la conversation terminée, Kyle lui avoua franchement qu’il s’attendait à un homme et non à une femme aussi jeune qu’elle. Ce qui la fit sourire. Comme si elle n’était pas capable de faire le même boulot qu’un homme !

« Sa poule de luxe !!!! »

Angie n’en revenait pas que son employeur ait osé dire une telle chose.

« Mon employeur a un certain sens de l’humour… J’aime les plaisirs de la chair mais avec lui certainement pas. Cela dit, je sais maintenant que je suis au bon endroit. N’y voyez aucune offense mais je suis d’un naturel particulièrement méfiant. Il est malgré tout le seul à pouvoir oser ce genre de paroles me concernant»

Maintenant, son interlocuteur était prévenu, il ne pourrait pas disposer de son corps à sa guise. Elle s’engagea à la suite de son hôte pour se retrouver au premier étage de la villa. Même principe ici, rien de personnel. Ils pénétrèrent dans ce qui semblait être la chambre du marchand d’armes. Un boîtier, un code et un escalier dissimulé dans le plafond. La jeune tueuse écouta Kyle renouveler ses conditions sans sourciller. Logique vu son business.

« Je n’ai pas pour habitude de donner mes sources à qui que ce soit et encore moins des renseignements sur mon fournisseur d’armes. La discrétion vaut dans les deux sens et vu que jusqu’à ce soir, vous pensiez que j’étais un homme… et bien, cela vous laisse entrevoir de quoi je suis capable pour passer inaperçue donc je peux vous l’assurer, vous ne risquez rien en traitant avec moi. »

Il lui fit signe de passer devant. Arrivée en haut de l’échelle, la jeune tueuse sourit franchement. Un véritable paradis s’offrait à elle. Comme une enfant, elle passait d’une arme à l’autre. Un observateur aurait pu comparer son comportement à celui d’un enfant dans un magasin de jouets. Elle finit par faire face à Kyle.

« Finalement, je ne regrette pas d’avoir tué mon fournisseur précédent. »

Laissant tomber sa veste au sol, elle s’intéressa à une arme de poing de petit calibre, discrète et facilement transportable. Si un silencieux pouvait être monté dessus, elle serait parfaite pour le contrat qu’elle devait honorer.

Kyle se demanda si Angie était vraiment surprise des termes employés par son patron à son encontre. Cet homme était un serpent glissé dans un costume anglais taillé sur-mesure et c'était une ordure notoire, qui était persuadé qu'il était une sorte de dieu moderne descendiu sur Terre pour la diriger par l'argent et le pouvoir. La tueuse devait bien le savoir, elle qui avait fait rouler quelques têtes sur sa demande... Mais l'industriel veillait peut-être à entretenir une certaine image devant la jeune femme, dans l'espoir de la garder à ses côtés et de finalement la faire succomber à ses charmes certes un peu relatifs ?
Angie évoqua plusieurs choses interessantes en réponse à Kyle, qui ne pût s'empêcher d'exprimer son propre point de vue.

- Une tueuse sans méfiance, j'appelle cela un cadavre ambulant, mademoiselle Angie. Quant à votre patron, qu'il évoque ce qu'il veut de vous. En ce qui me concerne, vous faîtes l'usage que vous voulez de votre corps, mais je trouverais dommage qu'il ombe entre n'importe quelles mains.

Les règles répétées devant l'escalier trouvèrent écho entre les lèvres pulpeuses d'Angie, qui assura à son nouveau fournisseur qu'elle garderait le silence. Parfait, tout deux étaient donc de parfaits professionels qui pourraient avoir une confiance relative l'un dans l'autre. Kyle acquièse d'un signe de tête puis la laissa monter dans le grenier aménagé, véritable Septième Ciel du petit guerrier.
Toujours flatté par le regard d'un véritable amateur sur les petits bijoux que Kyle conservait jalousement, ce dernier n'intervint à aucun moment dans l'exploration d'Angie, la laissant virevolter à loisirs entre les rayonnages et autres râteliers. Bien sûr, aucun prix n'était indiqué, le Vendeur aimant à l'établir lui-même et généralement à la tête du client.

Macross récupéra la veste d'Angie pour éviter qu'elle ne se salisse, regardant sa poitrine généreuse à travers le chemisier semi-transparent tandis qu'elle se retourner pour lui parler.

- C'est vous qui avez abattu Wal...

Il fû t interrompu par la sonnerie de son portable. S'en saisissant, il regarda le numéro s'affichant sur son cadran et fînit par d'adresser à Angie rapidement.

- Excusez moi.

Macross décrocha donc, parlant tout en mettant la veste sur une chaise de bureau, un peu plus loin.

- Je ne fais pas crédit, monsieur C. Vous connaissez mes termes, vous achetez tant que vous pouez payer comptant. Oui, le montant était trés important, mais cela m'importe peu. Je vous ai livré en temps et en heure, comme convenu. Pardon ? Des "armes de mauvaise qualité" ?

Parlant toujours, le Vendeur visiblement de plus en plus agacé revint vers Angie. S'accroupissant devant elle face au bas du meuble devant lequel elle était placée, il ouvrit une porte et en sorti aprés quelques secondes une petite boite qu'il proposa à la belle tueuse. Un panel de divers accesoires allant avec l'arme de son choix, comme des silencieux, des balles perforantes, des viseurs lasers et autres chargeurs trés haute capacité. L'invitant à manipuler les objets d'un regard, Kyle continua sa conversation.

- Certes, je n'étais pas là en personne à la livraison. Un manque de personel, si vous voulez, oui. Mais vous m'appelez deux semaines après pour me le dire ? Hm.... Vous ne comptez pas payer, donc ?

Kyle attrapa une arme semblable à celle qu'avait choisie la pulpeuse tueuse et la manipula avec dextérité, la présentant à sa cliente. L'arme avait un côté plus esthétique que l'autre car finement ravée, mais était un peu plus lourde.

- Je vais prendre plaisir à lire votre nom dans la rubrique nécroloique, monsieur C. Bonne soirée.

Reposant le petit appareil de communication d'un geste sec et visiblement énervé, Kyle se tourna vers la belle. Un instant, ses yeux croisèrent à nouveau le décolté d'Angie avant de revenir chercher son regard.

- A tout hasard, vous ne cherchez pas un contrat ?

La sonnerie du téléphone interrompit leur discussion. Laissant le vendeur à son affaire, Angie détaillait le calibre sous tous les angles. Visiblement un client mécontent. Kyle s’approcha et sortit une boite contenant les accessoires de l’arme en lui faisant signe qu’elle pouvait les regarder. Ce que la jeune tueuse s’empressa de faire. Silencieux, balles habituelles ou perforantes, de quoi équiper son futur jouet de façon plus que convenable. Son client était un porc mais il avait un fournisseur hors pair.

Ecoutant d’une oreille distraite, la jeune tueuse se rendit rapidement compte que son hôte était contrarié. Il attrapa d’ailleurs une arme, identique à celle qu’elle tenait déjà, qu’il lui tendit. Un peu plus lourde mais maniable, la crosse était superbement travaillée. Angie passa ses doigts dessus avant de la manipuler plus en profondeur. Un petit bijou pour tueur… D’ailleurs, quel qu’en soit le prix, la jeune femme décida de faire l’acquisition des deux. Après tout, l’argent n’était pas un problème pour elle.

- Je vais prendre plaisir à lire votre nom dans la rubrique nécrologique, monsieur C. Bonne soirée.

La phrase la fit sourire. Angie fixa Kyle, visiblement énervé. Ce dernier regarda son décolleté avant de croiser son regard.

- A tout hasard, vous ne cherchez pas un contrat ?

La jeune tueuse ne put s’empêcher de sourire. Un contrat, elle en avait déjà un mais il pouvait se révéler intéressant d’en honorer un pour son nouveau fournisseur d’armes.

« Lente et douloureuse ou violente la mort ? »

Un sourire carnassier se dessina sur les lèvres de la jeune tueuse. Ce qu’ignorait Kyle, c’est que la jeune femme s’adaptait en fonction de ses commanditaires. C’était sans doute ce qui faisait d’elle un cas à part dans ce milieu. Elle ne disposait pas d’une seule façon de tuer mais d’un nombres incalculables de méthode. C’est d’ailleurs ce qui la rendait difficile à saisir.

« Je suis toujours preneuse d’un contrat, sachez-le. Et bien qu’il n’est pas dans mes habitudes d’écouter les conversations des autres, j’en déduis que votre mauvais payeur devrait sans tarder avaler son bulletin de naissance. »

De façon indirecte, Angie venait de faire comprendre à Kyle qu’elle acceptait le contrat si il souhaitait le maintenir.