Voilà maintenant plusieurs semaines que la révolution venait de commencer. Les quartiers avaient déjà été vite déterminés: le port de la cité, envahi par les forces rebelles, avaient tôt fait de bloquer les embarcations et empêcher l'arrivée d'éventuelles aides par la mer. Les forces royales, elles, étaient terrées autour du château, cachés derrière leur gigantesque mur conçu à l'improviste mais empêchant toute progression rebelle.
Le quartier marin était à présent bien loin des lieux de combats. Certes, le vacarme des guerres troublaient le sommeil des gens, mais ici s'étaient réfugié le gros des civils innocents et la vie s'y était adaptée. Les marchands qui n'avaient pu que sauver qu'un peu de leur marchandises, pour la plupart réquisitionnée par les forces royales ou prises par les rebelles, ils faisaient tant bien que mal leur commerce malgré la crise qui frappait leur contrée.
Des bateaux s'alignaient sur le port, cloué aux pontons d'amarrage et bien surveillés par des civils travaillant dans la résistance. Plus rien n'entrait, plus rien ne sortait, le phare étant éteint aucun navire n'osait s'approcher de peur de s'écraser sur les récifs par manque de signaux.
La capitainerie, d'habitude pleine à craquer avec tous les navire surtout marchands qui vont et viennent, était à présent tristement vide. Son propriétaire n'avait plus que pour seul loisir d'éplucher des patates toute la journée et s'occuper de son fils, tandis que l'assistant dormait à moitié sur le comptoir. Sur les murs de brique étaient accroché des noeuds marins dans des cadre, des trophées de pêche et quelques documents officiels faisant de ce lieu la capitainerie officielle de la capitale.
Aujourd'hui, cet endroit n'était plus qu'un bâtiment comme un autre. L'assistant, un gaillard fort aux cheveux couleur feu et a la fourrure orange, ne semblait même pas prêter attention à ce qu'il se passait autour de lui, fixant le plafond d'un air ailleurs. Ce terranide, puisque c'en est un, travaillait ici depuis un moment déjà et le capitaine avait arrêté de le payer depuis le début des hostilités: normal, plus rien ne fonctionne, alors pourquoi payer quelqu'un qui ne fait rien ? Ce n'était que le juste prix. Et ça ne le dérangeait pas: il venait régulièrement occuper son poste, et repartait chez lui les mains vide, n'ayant eu rien à faire. Portant un bandana blanc de marin sur la tête, une chemise rayée sur lui et un pantalon en toile de mauvaise qualité enfoncé dans ses bottes, le jeune terranide pensait encore finir sa journée sans rien faire aujourd'hui...
C'était sans compter une personne qui viendrait demander son pain ici. "Demander son pain", c'était la sorte de mot de passe pour avoir une discussion avec des membres de la résistance: ce mot de passe changeait souvent pour éviter les problèmes, toute les semaines au moins. Il fallait donc se tenir très au courant à propos des rebelles. Mais trouver le mot de passe n'était pas non plus un tour de force... Il suffisait juste de demander au plus renseigné.
Entendant la porte s'ouvrir, il regarda avec son air fatigué celle-ci s'ouvrir lentement, sans même souhaiter bienvenue.
" Mmmh ?... "
Grogna-t-il, sorti de sa torpeur par ce visiteur.