Dans un état trop faible pour envisager toute riposte, Frig se laissa faire. Elle n'avait jamais pleurer autant en toute une vie, et ceci la fatigua beaucoup. Mais au moins elle se sentait mieux, c'était ça l'important, même si elle sentait toujours ce vide béant en elle qui la dévorait toujours de plus en plus. Un peu comme un cancer du cœur à un stade avancé, qui aurait commencé à toucher tous les autres organes aux alentours. D'ailleurs, elle n'en revenait pas de ce qu'elle avait dit et pensé lors de ces dernières minutes. Pour la première de sa vie elle avait avoué ses « pêchés » inavouables, à qui que ce soit. En même temps, faire avouer son addiction à un drogué n'est jamais une mince affaire.
La jeune fille eut du mal à faire arrêter ses sanglots, tentant toujours de les retenir (aussi difficile soit-il). Encore une futile réaction typiquement humaine. Quelque chose qui rend humain, justement. Mais il y a beaucoup de choses qui font un être vivant, beaucoup de choses, aussi variées qu'elles soient. Il n'y a pas besoin d'avoir honte. Enfin... quand on est seul, sur le moment, c'est plus facile... quoique non. C'est un peu comme si on était son propre parpaing... On coule... sous nos larmes, nos carences, et nos maux. Sans jamais pouvoir remonter à la surface. Mais seul, il n'y a pas besoin de supporter le regard des autres, ni de se demander ce qu'on pense de vous. En contrepartie, on ne fait rien pour se bouger ni pour tenter d'améliorer les choses. Futile logique humaine...
Adelheid profita de ses mains de libres pour essuyer ses larmes qui coulaient encore sur son visage de porcelaine, tandis que Watari vint l'enlacer. Ses muscles se crispèrent et chaque contacts qu'ils eurent lui donna des frissons, bien qu'ils soient agréables. Mais elle avait encore du mal à digérer ces dernières minutes qui se s'étaient écoulées comme quelques secondes, voir quelques heures. La compagnie lui faisait le plus grand bien, elle devait l'avoué. Elle laissa enfin la parole à Watari, après avoir dit tout ce qu'elle avait à dire. De toute façon, elle n'avait plus rien à ajouté, et ne voudrait rien prononcer avant un moment. La jeune nordique l'écoutait, il ne lui en voulait pas. C'était l'une de ses plus grandes craintes: se faire rejeter pour ce qu'elle était réellement. Or, il ne la repoussa point. Elle n'avait donc plus ce poids à supporter. Une raison de plus pour se décontracter...
Au final, Adelheid se retrouva face à lui après ce qui lui semblait être un genre de déclaration. Ne sachant trop que répondre, elle se contenta de le regarder dans les yeux, un peu comme perdue. Et ne comprenant pas trop ses paroles, elle le regarda agir. Ainsi elle put découvrir deux cornes sur son crâne. D'abord, la réaction en fut pas immédiate. C'est après quelques secondes de réflexions qu'elle se rendit enfin compte que ce n'était pas normal. Enfin, rien n'est normal, voyons! Mais pourtant, cela ne la choquait pas plus que ça, au début... Mais ensuite elle réalisa que c'était humainement impossible. À moins d'avoir affaire à...
- Non, je n-ne comprends pas...
Quelqu'un qui n'est pas humain. Mais où est le mal? Nul part. Tout s'est bien passé, pourquoi ça ne continuerait pas...? Ce n'était juste qu'un détail... anodin. Oui, anodin. Enfin... c'est ce que Frig pensait vraiment à travers cette lueur d'étonnement qui animait ses yeux. Mais quelque chose ne la rassurait point.
- S'il vous plait... relevez-vous...
Le voir à genoux la mettait dans une situation embarrassante. Elle affichait un air compatissant avec une pointe de douceur. Rien ne devait changer, après tout.
- Dites-moi qui vous êtes... s'il vous plait...
De ses deux mains elle attrapa une main de son interlocuteur qu'elle porta à ses lèvres, avec un petit air implorant.