Le manoir Mc Kinley (Pv Miss Mc Kinley)

Le Manoir Mc Kinley est de ces grandes bâtisses, anciennes mais nobles, qui semblent perdues dans une froideur improbable, sans vie. Pourtant entretenu, il donne l'impression d'être figé dans une époque révolue. Il est caché à la vue des passants par de hautes grilles ouvragées terminées par des pointes fatales, aux haies taillées avec une impeccable rigueur, et où serpente une longue et large allée de pavés gris. Au devant du petit « château », la silhouette caractéristique du jeune homme se dessina et se posta devant l’entrée imposante qui lui faisait face. Un regard à gauche puis à droite et voilà que Monsieur Hawk trouva l’interphone qui accompagnait ce genre de demeure. D’un doigt légèrement anxieux, il pressa l’interrupteur… Après une, deux, trois sonneries… Une voix s’éleva depuis le haut-parleur qui l’interrogeait sur la raison de sa venue… Une voix de femme… Mais pas celle de l’insupportable capricieuse. Quelque peu surpris de se trouver face à une autre interlocutrice, il balbutia quelques mots…

« J’ai…j’ai rendez vous avec .. Miss Mc Kinley pour un Tp."

Oui, il avait cédé, comment aurait-il pu résister à cette adorable moue et à ces suppliques de petite fille ? Oui, il avait accepté…Peut-être encore déboussolé de la situation qui s’était produite aux laboratoires quelques heures plus tôt, il avait acquiescé à l’ensemble des dires de la petite peste sans broncher. Et contre toute attente, une appréhension certaine le saisissait maintenant qu’il devait à nouveau se confronter à elle. En aucun cas, le jeune monsieur Hawk n’aurait pu imaginer pareille fortune….
Mais voilà qu’une femme s’avançait, une apparition, celle d’une domestique à la figure peinturlurée et aux manières faussement aimables.

« Vous êtes Monsieur Hawk ? »

L’étonnement lui arracha un léger éclat de voix. Il se redressa, avec un léger empressement, vérifia d’un coup d’œil son apparence et s’inclina légèrement. Vaincu dans sa dignité par la frayeur de cette surprise, il gratifia l’humble servante d’un parfait dédain, la remerciant à demi-mot. Son sac en bandoulière, élégant dans sa distance vis-à-vis des autres, il gagna rapidement la distance qui la séparait de la domestique qui le conduisit jusqu’à l’entrée principale de la demeure.
Sur le chemin, il détaillait le paysage qui s’offrait à lui, les jardins parfaitement agencés, ces couleurs délicates et agréables et même la haute bâtisse lui paraissait moins froide… Puis il arriva finalement aux lourdes portes en chêne.

« Mademoiselle El… Je veux dire Mademoiselle Mc Kinley est-elle là ? Pouvez vous me conduire jusqu’à elle… »

« Bien entendu, Monsieur… Je vous conduis jusqu’à elle. Mademoiselle Mc Kinley n’invite pas souvent des amis, je suis contente de lui voir qu’elle s’en est tout de même fait.
Mais bon…Entrons… »

Les portes s'ouvrirent dans un grincement un tant soit peu théâtrale, dévoilant un hall légèrement trop petit pour être magistral, mais bien trop grand pour être commun. Le sol était dallé d'un large damier dont les case faisait un bon mètre de largeur. Loin devant l'invité se trouvait une seconde porte, quoique ne faisait que la moitié de celle qu'il venait de passer, elle était cernée de deux larges escaliers couverts de tapis d'un vert émeraude. Deux portes, bien plus discrètes, ouvraient aussi les murs latéraux de la pièce. Un majordome vieillissant aux favoris broussailleux échangea quelque mot avec la jeune femme - la voix si basse qu'Hawk ne put rien entendre si ce ne sont des balbutiements - l'homme indiqua ensuite la porte de droite et, indiquant à Jack de la suivre, la servante prit cette direction.
Ils suivirent un premier couloir, le sol était de parquet sombre, ciré à la perfection, les murs étaient couverts de lambris d'acajou jusqu'à mit hauteur, au-dessus de ceux-ci, un papier peint lilas couvrait les parois. Ils traversèrent un petit salon aux bibliothèques couvertes de livres rébarbatifs mais aux fauteuils de cuir bien plus accueillants, puis ils repartirent dans les couloirs avant, enfin, d'arriver face à une large porte à double battant, les poignées de cuivre luisait sous la lueur oblique qui entrait par les hautes fenêtres. La servante s'arrêta à côté de la porte, légèrement inclinée, elle indiquait de la main la porte.

« Mademoiselle est en train de se baigner, elle m'a autorisée à vous introduire »

Avant que le jeune homme ai pu répondre elle ouvrit en grand la porte, une bouffée de clore leur vint au visage tandis que s'ouvrait sous leur yeux une large piscine. Le plan d'eau était couvert d'un large dôme de verre dont une partie était ouverte, telle une invitation à la chaleur solaire. Le parquet laissait ici place à un carrelage rugueux, limitant les glissades, couleur crème au large joint blanc. La piscine était ovale, son fond était d'un bleu très pâle qui répondait au ciel et ses bords étaient d'un blanc immaculé. L'onde était encore agité de remous et on se doutait qu'une personne nageait surement il y a quelques secondes, si elle ne s'y trouvait pas encore.

Une main saisit soudain le bord à quelques pas du jeune homme, une main délicate, trempée, qui fut rapidement suivie de sa jumelle, puis d'une paire de bras pâle et, enfin, d'une longue chevelure dont la teinte, assombris par l'eau, différait légèrement de celle qu'elle avait la dernière fois qu'Hawk l'avait vue.
Eléonore sortit de l'eau avec force d'éclaboussure, une fois debout fasse à eux, sont corps ruisselant sur le carrelage, elle rabattit ses cheveux en arrière pour dédier un grand sourire à Jack. Elle portait un bikini orange flash unis, inutile de dire que le haut mettait agréablement en valeur le buste de la jeune fille. Sous cette lumière plus directe ses yeux semblaient plus or qu'émeraude ce qui, allié à son large sourire scintillant, lui donnait un air étrangement félin. La jeune femme prit une des épaisse serviette blanche entendue non loin de là et la passa sur ses épaules, limitant la cascade constante de sa chevelure.
Des étincelles dans les yeux elle lança au jeune homme:

« Mister Hawk, mon tombeur, tu es enfin arrivé ! »

El avait volontairement accentué le petit adjectif, gardant en mémoire la gêne rougissante dont avait fait preuve le jeune homme après sa chute impromptue. Elle jetât un regard ostentatoire à la pendule au fond de la piscine avant de dire à son invité, un sourire malicieux découvrant ses dents éclatantes.

« Il reste encore pas mal de temps, ça te dirait d'étudier les propriété de l'eau de ma piscine avant de parler de celle du TP ? »

D'un geste elle lui désigna un short de bain noir posé à côté des serviettes, il n'attendait que lui. Il faut dire que la jeune fille n'avait pour ainsi dire, jamais eut la réelle intention de travailler, du moins, pas tant qu'il ferait jour... Eléonore ne résistait pas à l'envie de chahuter le jeune homme dans la piscine.

La mise en scène était théâtrale, spectaculaire, hors du commun. La belle naïade s’était extirpée hors de l’eau avec grâce et s’était dévoilée à lui telle une apparition. Une tenue des plus simples qui la mettait en valeur, la rendant  outrageusement séduisante, sa poitrine ainsi couverte paraissait telles des fruits alors que son bas soulignait les proportions harmonieuses de ses courbes.  Le temps s’était suspendu alors que les  prunelles d’encre noire animées d’une plus forte ardeur s’étaient ouvertes en grand et que le jeune homme était resté bouche bée...
Nul doute que la poupée n’était plus une enfant. Mais  s’était-elle transformée pour autant en une femme ? Le bourgeon avait-il éclos ? De toute évidence, oui. Il fallait le lui reconnaître, ses pétales se dévoilant petit à petit, elle n’en devenait que plus belle, jour après jour, ses charmes se divulguant, laissant entrevoir autant d’atouts que d’armes fatales ! Ainsi accoutrée, elle lui fit une forte impression, sa figure se coloria de ce rouge qu’elle « aimait tant » à mesure qu’elle s’approchait de lui, il ne réagit que sous l’appel de son sobriquet. Quelque peu gêné, il détourna le regard avant de répliquer avec une certaine espièglerie.

« Mademoiselle Mc Kinley, c’est avec plaisir que je vous noierai. »

Puis passée cette plaisanterie, il ajouta timidement…

« Ta maison est impressionnante… Tu es splendide… »

Secouant vigoureusement la tête, il n’ajouta rien d’autres, se dirigeant vers le maillot qui lui était destiné. La domestique qui l’avait conduit jusqu’ici l’entraîna dans une autre pièce où il put se changer. Et l’ange ténébreux réapparut peu après. Taillé à même l’albâtre, une musculature agréable et légère s’esquissait, il dévoilait à la sirène un torse saillant aux contours finement ciselés et une allure des plus athlétiques. Il s’avança, penaud, jusqu’à l’eau… Et après un instant, descendit les marches  vers la piscine…

"Eléonore où es-tu ?"

C'était la premièrefois qu'il prononçait son prénom et il n'avait pas failli dans l'art de la prononciation...

Il avait encore rougi, décidément il piquait un fard pour rien, enfin, il faut avouer qu'elle cherchait la petite bête mais, la jeune femme, vêtu comme elle l'était, décida qu'elle pouvait se le permettre... qui plus est au sein même de son manoir. Le jeune homme avait tout de même une once de répartie, quoique pas franchement foudroyante, et proposa de la noyer, chose qu'elle lui réservait déjà depuis leur petite chute. Il a complimenta sur sa maison - les gens d'en bas avaient souvent cette habitude d'admirer sa demeure, elle-même ne la trouvait pas si génialissime, comparée aux châteaux français dans lesquels la jeune noble avait passé ses précédentes vacances - Et, bien sûr, il la complimenta elle, après tout, c'était logique, n'était elle pas sublime dans son bikini citrouille, trempée d'eau chlorée, sa lourde chevelure, légèrement désordonnée, rabattue en arrière d'un geste désinvolte. Elle lui fit un grand sourire et lui répondit, sans la moindre ironie, par pur égocentrisme.

« Mais évidemment que je suis splendide ! Et où voudrais tu qu'une fille telle que moi vive, si ce n'est dans un immense manoir ? »

Elle n'attendit pas sa réponse et le laissa aller enfiler son maillot de bain. La soubrette s'éclipsa dès que le jeune homme fut entré dans les micro vestiaires. Quelques secondes plus tard, il sortit, il n'était pas mal lui non plus, torse nu dans la lumière oblique de l'après midi. Elle le laissa s'approcher lentement jusqu'aux marches de la piscine. Il l'appela, le signal était lancé, telle une diablesse qui jaillit de sa boite, la jeune fille se jeta hors de sa cachette - derrière la caisse contenant les bouée et les planches de bain - et se jetât dans le dos du jeune homme.
Le choc fut assez violent, quoique certaines parties de l'anatomie d'El amortirent la rencontre, et ils s'envolèrent tout deux au-dessus de l'eau turquoise, les rire joyeux de la jeune fille se répercutant contre la voute de verre. Avant qu'aucun autre geste ne put être esquissé, ils entrèrent dans l'eau dans une monumentale gerbe agrémentée d'un « splash » des plus satisfaisant. Immédiatement, la chute passa au ralentit, le bleu de l'eau presque dissimuler par le nuage de bulle minuscule que leur entrée violente avait provoquée. En quelque seconde ce fut dissipé et ils se retrouvèrent perdus dans un brouillard azur qui leur dissimulait les bords du bassin. Lâchant une fine ligne de bulle, Eléonore lâcha Hawk, remontant d'une brase fluide vers les lueurs mouvante de la surface. La jeune femme creva celle-ci de la pointe de la tête, laissant sa chevelure pomme se répondre lentement autour d'elle tandis qu'elle prenait une longue goulée d'air. Qui devait noyer qui déjà ?

« Que ?! …»

C’est alors que leurs corps s’engouffrèrent au sein de cette mer d’huile. Douloureux naufrage, le choc fut rude et les vagues furent violentes, le tumulte et le chaos régnèrent  en maîtres pendant de nombreuses minutes avant que l’eau du bassin ne retrouve son calme.  Au cours de cette noyade, les passagers furent séparés et mère Nature veillant au bon grain, sépara la demoiselle de son partenaire.  Au cours de sa plongée dans le bassin, il eut beau s’agiter afin de retrouver la responsable de tout cela, en vain, il n’y avait que bulles.  Une écume blanche et opaque l’entourait, il remonta finalement en direction de la surface, s’aidant du fond du bassin et l’aperçut.  De son point de vue, il pouvait admirer les jambes de la capricieuse qui battaient la cadence avec harmonie, le tempo était régulier et maîtrisé, ces jambes se terminaient par des cuisses appétissantes et un fessier ferme et rond.  Il aurait été hypocrite de dire qu’il était indifférent aux formes de la belle mais sans se préoccuper de cet enrobage, il fusa dans sa direction pour mener une attaque subaquatique et réussir « sa vengeance ».  Bientôt Miss Mc Kinley fut surélevée dans les airs par une poussée ascendante, les bras de monsieur Hawk enserraient chacune de ses cuisses, s’enroulant comme des tentacules autour de la chair fraîche, alors que le minois du jeune homme trônait entre ces cuisses. Les mèches hirsutes et noires de la chevelure du jeune homme venaient flirter avec la peau de l’orgueilleuse dans un toucher subtil et délicat, produisant quelques chatouilles sous les mouvements du garçon…

« On fait moins la maline, Miss Mc Kinley ! »

[/color]Assise ainsi sur sa nouvelle monture, le duo bénéficiait d’un équilibre douteux. Virevoltant à gauche, puis à droite, le porteur vacillait sous le poids du chérubin.

« Arrêtes de bouger, Eléonore ! On…on va tomber si ça continue… ! »

 Ils finiraient par s’écraser et amerrir sur les eaux azurs de ce lagon artificiel, Jack eut beau affermir sa prise sur la chute de reins de la belle, ce qui devait arriver arriva. Un autre « splash » suivit le premier et ils se retrouvèrent  à nouveau dans les bas-fonds de cette eau chlorée.  L’invité gagna rapidement la surface, ouvrant les yeux avec difficulté sous l’effet du chlore, puis les contours se distinguèrent, les formes se rejoignirent pour gagner en netteté, d’une main espiègle il chercha à asperger  ce qu’il prit pour un bout de la jeune femme. Lorsqu’il approcha sa main, ses doigts s’étaient saisi d’un bout de tissu orangé avec incompréhension…[/i]

La « vengeance » du jeune homme ne s'était pas faite attendre, bien qu'elle fut de courte duré, notre pulpeuse aristocrate soulevée dans les air ne tardant en effet, sous le coup d'un fou rire, de déséquilibré le porteur par ses balancements spasmodiques et autres convulsions hilares. Elle plongea dans l'eau dans un énorme bruit qui résonna dans la salle vitrifiée comme un tir de canon. L'eau la priva de ce fracas, mais point du choc, un beau plat sur le dos qui la plongea une nouvelle fois dans cette étrange brume blanchâtre. La suite fut quelque peu confuse -mais on le comprend aisément - elle sortit tant bien que mal ses cuisses de l'étreinte des bras musclés du jeune homme, puis, sans ménagement, s'éloigna de lui à coup de pied. Elle but un bon verre d'eau pendant cette opération et, en sortant, en cracha tout autant, prise d'une quinte de toux suite à l'entrée de l'eau par la porte de l'air, communément appelée « boire la tasse » - quoiqu'elle préféra le thé que l'eau chlorée.
Enfin, donc, elle creva la surface en crachotant et se tourna vers le jeune homme, en attente de la prochaine « passe d'arme » ce qu'elle vit la fit « bloquer » pendant cinq bonnes secondes. Le jeune homme tenait dans sa main, un morceau de tissus orange... et quel tissu orange n'est-ce pas ? Vous vous en doutez ? Elle aussi, le truc qui la plongea dans cette stupeur fut que, elle le sentait bien, son haut de bikini se trouva encore en place.
La déduction logique mit quelques secondes à se former dans ses neurones et on put presque entendre le déclic de son esprit quand elle comprit que, non, ce n'était définitivement pas le haut que le garçon tenait en main. Ses yeux se baissèrent - pur réflexe - vers la partie que cette « perte » avait, invariablement, découverte, avisant que c'était effectivement le cas, ses mains suivirent bien vite son regard pour se loger entre ses cuisses, espérant ainsi que les prunelles sombres n'aille pas chercher ce qui se cachait, auparavant, derrière ce qu'il tenait en main.
Les yeux animées d'une flamme vive à en faire s'enfuir un tigre affamé, la jeune femme se décida à détacher une de ses mains de son entrejambe pour finalement la tendre à Hawk, détournant les yeux avec une petite moue mécontente, les joue délicatement parées du rouge de sa gêne, elle lui demanda :

« Rend moi ça... tout de suite. »

Dire que sa voix charriait les glaçons eut été un doux euphémisme et, si cela eut été possible, ne doutons pas que la froideur de son ton put congeler toute l'eau de la piscine, pourtant, sa rougeur ne dénigrait que trop la sécheresse de ses paroles. Elle tremblait légèrement, de froid ou de fureur bien malin qui aurait su le dire, et sa peau constellée de perles aquatiques, l'illuminait sous les rayons du soleil.

Encore interloqué, la manifestation de son trouble était claire et visible, ses lèvres rosées demeuraient faiblement entrouvertes, son regard légèrement hagard se perdait dans les méandres de cette eau chlorée, alors que sa main tenait l’objet du forfait, ses doigts s’étant entichés du tissu fruité. Difficile de rassembler ses esprits dans pareille situation mais voilà que la petite peste le sortit de sa rêverie, comble du comble, la demoiselle se permit même de lui arracher un sursaut notable alors qu’elle s’extirpait hors de l’eau et se rendait compte du vol qui avait été opéré.  Un feu soudain embrasa leurs joues à tout deux alors que les prunelles sombres se portaient vers les méandres des profondeurs de ces eaux chlorées en direction du lieu du vol. Les menottes de la jeune fille furent plus véloces et le garçon détourna aussitôt les yeux comme s’il venait d’être pris en flagrant délit. La prochaine joute ne tarda pas…Réplique fatale, froideur assassine…
Le rouge qui consumait les joues de la jeune femme était rare contrairement à celui qui coloriait la figure du garçon. Néanmoins, suite aux propos d’Eléonore, le feu disparut du visage de ce dernier et retrouva toute son élégance et son sérieux.  D’une main tremblante, fuyante, détournant le regard  le tissu orange fut tendu en direction de la demoiselle. Son bien lui fut rendu de mauvaise grâce… Et d’un ton faussement indifférent, dans une fierté folle, il décréta…

« Je ne l’ai pas fait exprès… Je ferai mieux de partir. »

Alors qu’il s’apprêtait à mettre à exécution sa décision, l’une des domestiques de la capricieuse fit son entrée dans la salle. Elle annonça sa présence par quelques coups avant de faire irruption, le jeune homme eut à peine le temps de se poster devant Eléonore alors que cette dernière remettait le bas de son maillot…

« Mademoiselle, tout va bien ? Je vous apporte les bouées et autres jeux aquatiques ? »[/color]

La jeune femme se saisit de son bien comme si cela eut dépendu de sa vie, quoique ce ne fut pas si loin qu'on put le croire, et le remit a pleine vitesse, se retournant pour ne rien dévoiler au voleur encore sous le choc de son vol. L'eau l'aidait beaucoup dans cette dernière entreprise, ses vaguelettes irisées par les rayons solaires ne renvoyaient, heureusement, qu'une image floue et déformée de ce qui se trouvait en ce moment sous la surface ondoyante. Elle glissait sa seconde cuisse dans le bas quand la servante fit interruption, la jeune femme aurait voulu la révoquer d'un geste, mais ce n'était pas forcement l'action la plus aisée à exécuter dans la positon présente, bien mal lui en pris. Se retrouvant sur une jambe, déséquilibrée, elle eut juste le temps de lancer un bref :

« Non vous pouvez vous reti... »

Qui se finit en cri présageant la chute. Elle battit frénétiquement des bras, cherchant un appui et elle saisit donc... Hawk ? Trop tard pour réfléchir, l'emportant avec elle, elle s'effondrait dans l'eau, une immense gerbe d'éclaboussure brisant la surface.
La servante eut un petit sourire condescendant puis, avec un soupire, elle se retira en refermant la porte, elle ne put s'empêcher de lancer un « ha, les jeunes » ô combien lourd de signification, avant de verrouiller la porte de la piscine et de mettre un petit panneau « occupé ».

Pendant ce temps, dans l'onde bleue et trouble, deux jeunes gens se retrouvaient, une fois de plus, immergé. Le jeux n'y était plus, bien au contraire, et la jeune fille, une fois sous l'eau, lâcha immédiatement le jeune homme. Le premier réflexe de notre petite princesse gâtée fut alors de l'ensevelir sous les insultes hurler à pleins poumons - Mais, comme nous le savons tous, hurler sous l'eau n'est pas le meilleur moyen de se faire entendre, ni de survivre, surtout si on reprend bêtement sa respiration à la fin du couplet... Eleonore s'étouffa donc et c'est de l'eau plein les poumons qu'elle ressortit de l'eau pour mieux crachoter.
Le pire, pour elle, c'est qu'elle n'arrivait même pas à s'énerver correctement, cet idiot de Jake n'avait visiblement pas fait exprès, et son forfais semblait avoir moins eu l'effet d'une victoire que d'un coup de massue sur la tête. Non pas que son cerveau n'ai jamais fonctionné génialement mais bon, regarder un dessous de fille avec un air de crustacé devant un pâté en croute n'était pas un signe courant de capacités mentales extraordinaires. Malgré elle, le pardon s'insinuait lentement dans le coeur de la jeune fille.
Quand il ressortit à son tour, elle était un peu calmé et elle évita de l'assassiner du regard, se contentant, gentiment, de le transpercer. Elle se massa la gorge quelques secondes, tousser toute l'eau qu'elle avait inspirée lui avait fait atrocement mal, puis, d'une voix légèrement éraillée, elle reprit, avec un ton presque aussi doux que son regard était dur.
« Reste, tu n'as pas fait exprès... mais évite de me déshabiller, même involontairement à l'avenir. »
Eleonore se retins de rajouter un aguicheur « sauf si je te le demande » car le moment n'était pas à ces frivolités. Ils étaient ressortis plus haut et elle avait désormais de l'eau jusqu'à mi-cuisses seulement, elle s'apprêtait à sortir de sortir de la piscine quand un objet accrocha son regard, un objet qui flottait à une cinquantaine de centimètre de Hawk... qui la regardait d'un air ahuris, un objet immédiatement identifiable par sa couleur citrouille.

Un cri, aigu à en briser le cristal, retentit dans le piscine et la jeune fille de précipita dans l'eau, se mettant accroupies, dissimulant ce qu'elle avait clairement dévoilée il y a quelques secondes, priant de toutes ses forces pour que le jeune homme soit ahuris par son pardon et pas par l'éclair de poils verts qu'il avait peut-être entr'aperçu entre ses cuisses.
Sa voix tremblait, mais pas de rage, et ses joue frôlait le carmin quand elle demanda, presque suppliante.

« Tu peux... tu peux me le donner... s'il te plait ? »

Les mésaventures entre les deux lycéens ne cessaient de se multiplier. L’eau chlorée était agitée, les remous des plus fréquents, et, jamais, oh grand jamais, pareille tempête avait soufflé sur la piscine du manoir de la petite peste. La délicate naïade avait entraîné son compagnon dans les profondeurs de ces eaux, cherchant probablement à le noyer ! Mais dans sa terrible et odieuse entreprise, la sotte faillit et fut elle-même la victime de son effroyable dessein. Ce bleu turquoise s’appropria ses poumons avec  avidité, partie généreuse de son anatomie, puis lui imposa la retraite et une toux effroyable. Quant au ténébreux, l’orgueilleux sombra  jusqu’aux tréfonds de la piscine avant de rejoindre la surface, à présent limpide de l’eau.  Sa tignasse d’ébène s’était mariée à l’aqua, sa chevelure noire comme le jais ondulait légèrement cherchant à se rebiffer contre ses mèches en désordre alors qu’un tic-tac incessant se faisait entendre, perles d’eau s’échappant de sa chevelure pour rejoindre leur mère, métronome incessant ! Le chlore avait attaqué ses yeux, lui imposant de les occulter sous ses paupières, à tâtons, les barrières de chair s’entrouvrirent pour dévoiler peu à peu les iris  opaques et insondables. Ceux-ci pointèrent malgré eux en direction de ces cuisses galbées et appétissantes, fuselées au possible, chair tendre et jeune, entrevoyant même un bout de cette toison verdâtre. Un feu certain le consuma,  le rouge coloria ses joues, alors que son intimité se dressait machinalement avec vigueur sous la couverture d’aqua. Un cri strident de la sirène ne tarda pas à retentir avec effroi dans la pièce !
Mais alors que la richissime héritière poussait des éclats de voix, des éclats de voix plus graves suivirent avec la même stupeur et la même gêne alors que son maillot à lui-même voguait plus loin près de Miss McKinley, ironie du sort. Une main précipitée  plongea apnée  cherchant à cacher ce qui ne se pouvait pas alors que l’autre s’était saisi sans plus de manières du bout de tissu orange qui flottait à la surface de la piscine !
Ne lui offrant en visuel que son profil, le rouge avait gagné ses joues ainsi qu’une certaine crispation, ses doigts s’étaient amourachés du bout de tissu flashy, le serrant avec force…

« Mon…. Mon maillot… rends le moi toi… Je ne te rendrai pas le tiens tant que tu n’en auras pas fait de même ! »[/color]

La jeune fille suivit le regard du jeune pour découvrir, à porté de bras, le short de bain noir qui flottait, dérivant doucement sur l'onde claire. C'était le pompon, voilà que cet imbécile avait, lui aussi, perdu son maillot... décidément, Jake n'était pas un grand dégourdit. Bon, elle-même avait tout autant perdu le sien, mais elle était encore en train de le mettre au moment de la chute, c'était différent ! - Mais oui, mais oui... - Pendant une petite seconde elle nourrit la folle idée de se saisir du maillot d'Hawk, de le mettre et de s'en aller pour le laisser se débrouiller avec le sien. L'idée du jeune homme faillit la faire exploser de rire, jugulant sa colère renaissante. Mais bon, l'idée que le jeune garçon mette son truc dans son bas de bikini n'était pas des plus ragoutant... il fallait donc lui rendre le sien. Avec une moue résignée, la jeune femme tendis l'un de ses bras hors de l'eau, du bout des doigts, elle saisit le tissu glissant. Puis, prise d'une folle envie de violence, elle savait qu'elle ne pourrait jeter le vêtement assez loin pour que le jeune puisse le prendre et, vue sa position, il n'était pas vraiment enclin à bouger. Gardant une main entre ses cuisses, notre petite princesse se mit à avancer tout en restant accroupie, inutile de dire que ce fut laborieux - les habits en moins ne donnent pas des neurones en plus, que voulez-vous ? - Quand elle ne fut plus qu'à un bon mètre du jeune homme, revenue debout pour garder la tête hors de l'eau, elle fut prise d'une irrésistible envie de violence et jeta le maillot dans la tête du jeune homme, le claquement ressemblait fort à celui d'une gifle mais, sans se soucier des dégât collatéraux, elle arracha son bien des mains de son vis à vis, s'enfuyant, derrière lui, à l'autre bout du bassin, serrant son trophée contre son coeur d'une main, l'autre toujours en bouclier contre les regards de Jake. Une fois collée au bord opposé du bassin, là où l'eau était la plus profonde, elle se retourna vers le jeune homme et lui cria, les joue couleur de tomate.

« Si tu te retournes, je te noie ! »

Inutile de dire que ce n'était pas une plaisanterie.
Elle commença à enfiler son maillot, glissant l'une après l'autre ses jambes dans le maillot, puis, quand ce fut fait, elle réajustât les noeuds qui s'étaient un peu défait avec toute cette agitation. Quand ce fut fini elle poussa un grand soupir. Plaçant un bras sur le rebond, elle se hissa hors de l'eau, tout le plaisir de nager avait disparu, du moins celui de nager en la compagnie du jeune homme... elle prévoyait déjà que, quand il serait parti, elle ferait une bonne dizaine de longueur pour se détendre, ce serait parfais cette nuit, sous le ciel étoilé.
Elle pensait à cela en faisant lentement le tour de la piscine, tournant volontairement la tête vers son parc que la véranda découvrait, le soleil n'était pas vraiment descendu, il lui avait pourtant semblé que des heures étaient passées, en fait, tout cela n'avait duré que quelques petites minutes...
Elle arriva enfin à la porte. Elle décida qu'elle avait donné assez de temps à l'autre abrutis pour s'habiller, elle se retourna d'un bloc et lui lança.

« Bon, je vais être clair, je ne veux plus jamais entendre parler de cet événement ! »

Sa voix partait légèrement vers les aigus, prouvant indéniablement son trouble, écho au rouge qui n'avait pas quitté ses joues.

« Ce n'était pas de ta faute, je passe, on va finir ce TP et puis tu vas t'en aller. Fin de l'histoire, c'est d'accord ? »

Ce n'était pas vraiment possible, étant donné qu'ils allaient être partenaires en travaux pratique pour le reste de l'année mais, au moins, cet incident serait entré, elle ne pouvait pas l'effacer de leur mémoire à tous les deux - dieu sait combien elle le voulait ! - mais il ne sortirait pas de ces murs de verre. Elle remercia d'ailleurs intérieurement le ciel que ce ne fut pas la journée où travaillait les jardiniers - oui, elle avait bien oublié la servante.

Le maillot lui arriva soudainement en pleine face, mécanisme libérant par la même occasion le bien qu’il avait ravi à la princesse des lieux. Le tissu de fruit retrouva son humble propriétaire qui s’empressa de le porter de manière ostentatoire. Quant au jeune homme, encore penaud de toutes ses aventures, le garçon se couvrit avec la même vélocité que son homologue féminine de son vêtement de bain. Mais l’irritation était à son comble…
Exaspéré par cette femme qu’il jugeait bien durement : sans gène, matérialiste, libre… Comment pouvait-il passer de la première ébauche qui l’avait ravi à ce terrifiant portrait ?! Hors de lui, il s’extirpa tout également de l’eau, ignorant pour le moment les palabres de la poupée.
Sa résolution l’emmena jusqu’à la large porte qui menait vers le reste du manoir, en vain, celle-ci avait été fermée par l’une des domestiques de la capricieuse. Sa main eut beau pressé  avec force dans des tentatives successives pour faire céder la lourde entrée, la porte ne céda point à ses sollicitations, bien au contraire, cette dernière semblait les narguer en se jouant deux.

« C’est fermé ?!.... C’est un comble… ! »

Puis comme revenant aux questions précédentes de la prétentieuse, il ajouta avec la plus amère des froideurs.
« Oui, je ne veux plus jamais en entendre parler non plus ! Dès demain, je demande à changer de partenaire de tp… ! »
Ridicule mise en scène, il délaissa la porte et s’éloigna le plus possible de la « peste »…Une marche autour du bassin le calmerait-il ? Devant lui, à travers les baies vitrées, les jardins de la demeure des Mc Kinley s’étalaient… Ridicules jardins dans lesquels il naviguait sans fin ! Son pas se faisait plus rapide qu’à l’accoutumée, ses enjambées plus longues, le martèlement de sa marche incessant, trahison de sa fureur intérieure qu’il essayait de calmer en vain. Qui avait été le plus odieux des deux ?! Lui ? Non, Monsieur Hawk en était convaincu, il lui rejetait la faute de cette dispute, après tout elle en avait été l’instigatrice. S’époumonant alors qu’il tournait sur les chemins comme un tigre en cage autour de cette piscine, la fatigue prit bientôt le dessus sur sa sourde colère. En un mot : odieuse !
Jack s’arrêta pour disséquer de son regard son environnement ; ses yeux noirs et vifs se faisaient plus acérés méprisant au possible ces sculptures végétales risibles qui n’avaient ni queue, ni tête, qui l’entouraient et surgissaient devant ce petit monde… Un véritable safari…
Puis il s’installa près d’un banc de la piscine, s’enterrant dans un mutisme…

Le jeune homme avait l'air de fort méchante humeur, pour tout dire, il semblait même la rendre responsable de leur différent, quel changement d'attitude ! Et dire qu'il y avait une minute il proposait de partir, rouge comme une tomate. Ce triple idiot voulut sortir, probablement à la volée vue la façon dont il marchait, dommage que la porte soit verrouillée, trop orgueilleux pour demander les clefs à la jeune femme il lui répondit qu'il allait changer de partenaire de travaux pratiques et partit, en claquant les talons, s'assoir sur un des petits bancs au fond de la salle. Eleonore fulminait, comment osait-il être en colère alors qu'elle ne l'avait même pas ouvertement blâmé ! Elle avait même consentit à dire que ce n'était pas de sa faute - quelle générosité n'est-ce pas ? - Jake avait vraiment un caractère déplorable, elle espérait vivement, qu'à eux deux, il arriverait à convaincre le professeur de changer de partenaire, elle pourrait ainsi se trouver un petit intelo influençable qui ferait tout le boulot pendant qu'elle se la coulait douce. Pendant ce temps, Jake pourrait bien aller se faire voir ailleurs, elle ne prêterait plus aucune attention a lui de toute l'année, si ce n'était ce TP elle l'aurait bien viré de chez elle à grand coup de pied dans l'arrière train, si possible, encore trempé et en maillot de bain... mais bon, celui-ci était à elle.
La jeune femme partit vers les casier et elle en sortit deux serviettes, elle n'avait pas envie d'être gentille, mais son parquet était en acajou massif et elle ne voulait pas que cet idiot dégouline dessus. Elle s'approcha sans le regarder, posa la serviette à côté de lui et alla s'assoir sur le banc d'à côté, remerciant ses parents de ne pas en avoir installé qu'un. Elle s'enroula dans sa serviette, jusqu'au menton, profitant du contact chaud et légèrement rêche du tissu, elle n'avait pas vraiment envie de s'astiquer de partout et elle préférait laisser sa chevelure s'égoutter lentement sur la serviette dans lequel elle était enroulée. Elle ramena ses jambes sous elle, le mettant sous la protection de la serviette, les seule partie d'elle-même visible était son visage renfrognée et les quelques doigts qui maintenaient la serviette close autour d'elle.
La position n'était pas des plus confortables et le banc était froid sous ses fesses, mais, aider par la force de la bouderie, elle décida qu'elle ne ferait pas le premier pas, après tout, il avait besoin d'elle pour sortir de la piscine et elle avait tout son temps, enfin, c'est ce dont elle essayait de se convaincre en réajustant imperceptiblement ses appuis pour ne pas trop appuyer sur son popotin. Une chose aidait fortement la petite princesse à maintenir l'immobilité, elle voyait très bien Jake désespéré d'attendre et lui faire de plate excuse tandis qu'elle le snoberait, puis il la suppliait et...
Et quoi ? Rien, elle avait mal au fesses, elle commençait à avoir froid et le jeune homme était toujours perdu dans ses foutues pensée, Eleonore n'était pas réputée pour sa patience et, en fait, cela ne faisait que quelques dizaines de secondes qu'elle attendait quand elle lui lança, sans le regarder.

« Bon, on va le finir ce TP ou bien on passe la nuit là a bouder ? »

Étrangement sensée n'est-ce pas ? Mais bon, elle pouvait le devenir quand elle le voulait vraiment, Miss Mc Kinley n'était plus vraiment en colère contre le jeune homme, elle avait beaucoup de mal à être rancunière et, dans ce cas, elle ne lui en voulait déjà pas vraiment, c'était juste le choque qui l'avait déstabilisée et l'avait mise en colère, la jeune fille ne s'attendait pas, en invitant Hawk, à se retrouver a moitié nue devant lui... la mauvaise moitié qui plus est !
Eleonore espérait simplement que lui aussi s'était calmé, elle ne l'appréciait pas vraiment, mais une soirée en tête a tête avec un garçon en colère ne lui disait rien du tout, surtout pour faire des devoirs.