Dormir, manger, courir, dormir, manger, courir. La routine de la petite Véronique est infernale, mais elle la connait par cœur. Le monde était un cruel combat et elle devait s'y faire si elle voulait survivre. Elle courait encore et encore, évitant le marchant qu'elle a volé la minute précédente avant qu'il ne s'aperçoive de la disparition d'un juteux poulet. Elle avait peur, elle avait mal. Son petit corps était toujours gorgé de l'adrénaline par cet expérience qui ne lui convenait pas. Elle trouvait toujours un petit coin pour manger tranquillement, laissant derrière elle un peu de sang puisque l'animal n'était pas cuit. Son menu se constituait généralement de viande volée et autres petits fruits et légumes qu'elle parvenait à chiper aux marchants. La valeur de sa vie aux yeux des hommes et des femmes qui lui ressemblaient pourtant était plutôt clair, elle ne valait rien, parce qu'elle était petite et que personne ou presque n'achetait les enfants.
Ce jour là, elle venait de terminer un morceau de cerf qu'elle avait volé à un chasseur en train de faire quelques commissions. Son pull tout déchiré laissait clairement voir sa petite culotte pour enfant. Elle était toute sale, couverte de poussière, ses cheveux avaient perdu leur lustre depuis des mois et son visage avait des bleus à de multiples endroits, ce qui n'était pas grand chose comparé aux ravages faits à son corps. Elle avait bien de la chance de n'avoir rien de cassé, avec tous les coups qu'elle a recu dernièrement. Elle pensait à son frère puis se plia en deux quand une respiration du ventre lui causa une légère douleur à cause du noeud qui y a été fait depuis son viol. La douleur passée, elle se redressa de quelque peu, juste à temps pour éviter d'entrer en collision avec le mur d'une auberge, qui ne manqua pas de lui arracher un cri de surprise. une fois que cet instant de panique fut passé, les rires qui jaillissaient de cet endroit piqua sa fragile curiosité. Mais lorsqu'elle entra, elle se rendit compte que tout était bien moins beau qu'elle l'aurait voulu. À peine était-elle entrée qu'un marchant qu'elle avait volé l'a apercue et l'avait saisie par le cou et la souleva de terre.
- "ESPÈCE DE PETITE VOLEUSE! JE TE TIENS ENFIN!" Hurla-t-il, jubilant.
La petite couina. Personne n'allait l'aider, elle le savait. Elle commencait déjà à suffoquer à cause de la prise massive d'un boucher.