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La colère est un vilain défaut [PV Layla]

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Diane Foss

Humain(e)

La colère est un vilain défaut [PV Layla]

jeudi 23 décembre 2010, 16:19:35

Il était aux alentours de six heures trente quand Diane ouvrit les yeux difficilement sur le monde extérieur. Tout d’abord, le soleil trop matinal de cette ville constamment bercée d’une lueur agressive lui brûlait la rétine. Elle referma les paupières machinalement, le temps de reprendre doucement contact avec la réalité. N’ayant jamais eu de mal à se lever même tôt, l’heure n’était pas un problème pour cette libraire de Nexus. En tant que mère et femme séduisante, elle a toujours eu à supporter les contraintes des horaires pesantes et des réveils difficiles. A présent, cela ne lui fait plus rien de se lever trois heures avant le début de son travail. Tant de choses, tant de choses à faire lorsqu’on est une femme ! Métro boulot dodo comme on dit, eh bien c’est un peu ça. La jeune femme doit penser à tout, entre organiser les repas et tenir son intérieur. Entre faire les courses en gros et profiter de son temps libre pour se mettre à jour sur les nouvelles tendances de maquillage. Rien que de penser à tout ce qu’une femme doit accomplir dans la vie, Diane en aurait presque la nausée. Presque, si du haut de ses vingt-six ans elle n’en avait pas l’habitude.

Finalement, comme tous les matins de son existence, deux pupilles brunes s’ouvrent enfin sur la chambre à coucher. La jeune femme en détaille un instant l’aménagement, simplement pour s’habituer à la luminosité qui filtre déjà à travers les lourds rideaux de velours. Un décor qu’elle aura voulu sobre, sans couleurs superflues ni meubles inutiles. Une commode, quelques étagères pour conserver des livres d’histoire pour enfants de tout âge, en témoignage de la croissance de son fils bien aimé. Après quelques secondes d’observation passive, Diane se décide enfin à sortir de ce lit, repousser la lourde couette qui l’aura fait transpirer pour filer sous une douche rafraichissante et vivifiante. L’eau sur son corps hydrate les sens et tonifie la peau, si bien qu’elle se sent revivre sous le jet rapide qui l’asperge de haut en bas. Puis vient le moment de s’occuper de ce corps qu’elle chérit et qu’elle sauvegarde des agressions. Pots de crème, lotions, spray, tout passe entre ses doigts pour galber ses jambes blanches -pas si longues que ça-, caresser sa petite mais ferme poitrine, masser un cou encore endormi et remonter enfin sur le front et les tempes. Pour camoufler les rides qui commencent à apparaitre sur ce visage qui reste pourtant de marbre. Le moins d’expressions possibles, c’est le secret pour garder une tonicité toute particulière et conserver un masque le plus lisse et parfait possible. Comme une poupée figée dans une autre époque, Diane ne sourit ni ne pleure, restant éternellement parfaite sous une couche d’artifice qui ne fait que relever un original d’ores et déjà finement ciselé. Cadeau de la nature, peut être en compensation de ce qu’elle doit subir dans cette étouffante ville. Lutte interminable contre le soleil qui lui vole la blancheur de sa peau, contre toute goutte de sueur qui entacherait de sa trainée l’illusion immaculée des poudres claires, contre l’essence même d’un pays qui ne lui convient pas.

Diane se tient au courant de tout, et sa salle de bain ressemble ce matin comme tous les autres à un magasin de cosmétiques. Tout est savamment exposé en désordre, chaque chose perd sa place tandis que la jeune femme s’y retrouve bien mieux dans ce fouillis significatif. Elle aime l’ordre, mais ce lieu sacré a pour vocation d’être utilisé, d’être habité plus que tout autre. Il faut que cette pièce reflète la femme qu’elle est, ordonnée et pourtant si paradoxale dans les soins qu’elle se porte. Peut-être est-ce simplement un caprice de paraitre passionnée dans ces attentions minutieuses qui l’occupent longuement chaque jour qui passe. Ou bien tout simplement un aspect incontrôlé d’elle qui ressort par-là, ce côté incertain et impulsif que certains se sont permis d’avancer à son égard. Ses lèvres frémissent à ce souvenir, seul petit détail qui parvient à la faire engager l’ombre, la pâle copie morne d’un sourire. Il faut dire que repenser à cette période de sa vie lui suffit à se délecter. Tellement d’assurance pour si peu de compétences, c’en était presque risible, même pour elle.

Mais Diane n’a pas le temps de repenser à ces si doux instants de satisfaction purement personnelle. D’un haussement d’épaules, elle chasse alors son petit plaisir matinal pour avancer le bras et dégager la glace de la buée provoquée par la chaleur étouffante de la pièce, qu’elle s’empresse de chasser en ouvrant la fenêtre. L’air frais du matin lui caresse alors la peau, tandis que la jeune femme admire son reflet dans la surface lisse qui lui fait face. Une peau d’un blanc laiteux comme éclairée de l’intérieur, des cheveux en ce moment teints en sa couleur favorite : le gris nacré, des yeux chocolat presque transparents et des lèvres d’un rose presque indécent …  Elle laisse ses yeux vagabonder sur ce corps tant et tant étreint, sur ces courbes délicates mais néanmoins marquées, témoignage de son véritable statut de femme et pas de ces gamines jouant aux grandes qui fleurissent sur les trottoirs. Elle pose ses mains sur son ventre, un peu au-dessus du nombril et murmure une litanie, comme si encore son fils se trouvait dans un cocon de chaleur et de protection. La promesse, le souvenir de moments si intenses et désagréables à la fois. Diane resserre son étreinte, allant jusqu’à empoigner la peau de son abdomen en grimaçant à moitié. Ce ventre qui a tant gonflé, formant un ballon autour d’elle sans qu’elle ne puisse plus être satisfaite de son image … La grossesse est un véritable calvaire, et elle en a vite effacé les traces. Pour tricher sur les restes qui ne partiront pas, à savoir la peau plus distendue et les hanches plus marquées, elle enfile une robe courte mais large à la taille, d’un bleu tendre qui adoucit les formes.

Mais il est temps. Inutile de vous raconter comment elle se dirigera vers la chambre de son fils, croyant encore le voir, persuadée de l'admirer dans un lit pourtant vide qui ne respire plus rien depuis bien longtemps déjà. Cela n’empêche pas Diane de lui parler comme s’il était là encore, de le couver du regard et de lui adresser des mots que seule une mère peut connaitre. Elle croira le tirer de ses rêves, lui servir un petit déjeuner qui ne décollera jamais de la table de la cuisine de son petit appartement. Puis elle lui dira de s’habiller, coiffera une illusion et partira de chez elle main dans la main avec une hallucination constante. Eric, son fils. Et au lieu de se diriger comme tous les jours vers la librairie qu’elle tient dans les rues de Nexus, Diane décide de se ravitailler dans un monde haut en couleurs que ses lecteurs sont ravis de découvrir à travers les pages qu’elle va chercher dans ce qui est en définitive un autre monde. Pour peu d’argent, elle se saisit de livres tout simples sur Terre et en fait des récits d’aventures sur Terra. Les gosses adorent. Direction la Terre, donc. Heureusement, la faille empruntée par Diane il y a de ça des années est toujours là, et au détour d’une rue, la jeune femme se glisse entre deux maisons, grimpe sur une caisse branlante et enjambe ... l’air. Pour se retrouver ailleurs.

Derrière un centre commercial, en fait. Très pratique pour son petit commerce, et déjà Diane se dirige vers l’entrée, laissant Eric libre de découvrir le monde. Il ne craint rien, elle le sait, et la jeune femme se contente de lui dire, sous l’œil intrigué des passants, de le rejoindre à la librairie du centre. Elle s’y dirige en premier, un livre abîmé à la main qu’elle aimerait échanger, et alors qu’elle en voit l’enseigne, Diane se fait bousculer par quelqu’un. Son ouvrage tombe à terre, les feuilles contre le carrelage froid de l’allée encore calme à cette heure de la journée. Se relevant en maugréant, Diane ramasse son livre et se retourne, vindicative, envers la raison de ce crime. Elle ne s’énerve jamais, mais la libraire qu’elle est déteste que l’on s’en prenne à ses trésors, seul échappatoire qu’elle connait à la réalité et véritable source de joie pour elle comme pour ses clients. D’un ton dur et dynamique, elle lâche donc une réprimande ...

- On s’excuse, en général, quand on bouscule quelqu’un. D’autant plus quand on s’amuse à dégrader ce qui lui appartient.
« Modifié: jeudi 30 décembre 2010, 16:57:07 par Diane Foss »
>  Tout le monde a son grain de folie, sauf vous et moi, et parfois je me demande si vous ne l'avez pas vous aussi.

Layla

Humain(e)

La colère est un vilain défaut [PV Layla]

Réponse 1 jeudi 30 décembre 2010, 23:42:03

"Tu comptes me répondre un jour ou je vais devoir t'y obliger ?"

La petite fille regarda sa sœur en se tordant le cou, à cause de la taille de Layla et de la hauteur que lui imposait la position assise dans un fauteuil roulant, puis baissa la tête en tordant ses traits dans une moue boudeuse. Dans sa doudoune rose et son écharpe blanche, l'enfant aurait fait fondre beaucoup de femmes, qui auraient d'abord considéré son handicap comme une raison valable pour pardonner ses effronteries qui se faisaient de moins en moins rares avec la pré-adolescence. Mais sa grande sœur avait compris depuis longtemps que handicapé ou pas, les enfants avaient tendance à être vicieux parfois.

"De quoi tu parles ?"
"Comment ça, de quoi je parle ? Tu pourrais m'expliquer qu'est-ce que fous Barbie Video Girl dans le panier à courses, au juste ?"
"C'est pas moi qui l'y ait mis."
"Ah bon. C'est moi peut-être ?"

La gamine se renfrogna et Layla posa une main sur ses yeux avec un soupir, fatiguée. La journée n'avait pourtant pas si mal commencé. Le samedi était consacré aux courses de la semaine, parce que le shop était fermé et la nounou prête à s'occuper de tout jusqu'à midi. Seulement, ce samedi-là, Yulia s'était réveillé et mis en tête de l'accompagner aux courses. Sur le coup, sa sœur avait oublié pourquoi elle prenait soin de ne pas faire de bruit le samedi matin. La petite fille avait en effet pour sale habitude, pendant que le panier était sur ses genoux (sa sœur ayant déjà les poignets du fauteuil roulant dans les mains) de rajouter une ou deux choses dans les courses avec discrétion, en espérant que ça passe aux caisses. La tactique avait été déviée ce jour-là, et elle se retrouvait à se faire engueuler devant le rayon des fruits et des légumes. Layla observa sa montre : elles étaient en avance, mais mieux valait partir avant que les caisses ne soient pleines. Elle empoigna les commandes du siège en abandonnant Barbie en plein milieu des paquets de farine, et continua la conversation en direction des caisses.

"Yulia, je croyais que t'avais compris qu'on a pas les moyens pour ces machins-là."
"Mais quand t'es au travail ou aux courses, j'ai aucun jouet pour m'amuser. Je m'ennuie moi !"
"Non mais tu te fous de moi ? On vient de passer Noël et t'as reçu quatre poupées et un train électrique de la part de Takayuki. Je sais pas ce qu'il te faut ! Non, j'ai pas la carte de fidélité, bordel, cracha la jeune femme à la caissière trop maquillée et à la voix stridente, je passe ici tous les samedis, vous devriez le savoir à force !"

La caissière lui lança un regard froid auquel la russe répondit sans se priver, puis le prix qui fut vite payé en même temps que les courses commençaient à être rangés dans des sacs en papier. Mais Yulia n'en avait pas fini.

"Maman me l'aurait acheté, elle."

La plus âgée se figea dans ses rangements et se retourna vers sa cadette, qui la regardait d'un air furieux par-dessus un pack de flan au citron. Désemparée par cet argument, Layla reprit contenance en se rappelant que sa sœur jetait parfois des remarques sans réfléchir et qu'il n'y avait pas de quoi s'alarmer.

"Elle t'aurait rien acheté du tout, murmura la brune entre ses dents, et en plus de ça, elle t'aurait même donné une bonne paire de claques, et je commence à me demander si elle aurait pas eu raison, parce que ça te ferait les pieds, un peu."

Là-dessus, sous les regards médisants de la mince file de la caisse, et sous l'expression de fin plutôt mal choisi dans le cas de l'enfant, Layla finit d'empiler les courses, mais au moment de les mettre sur les genoux de sa sœur, celle-ci activa manuellement son fauteuil roulant et commença à partir vers les sorties aussi vite que ses petites mains tournant les roues le lui permettaient. Ce qui rendit sa grande sœur encore plus furieuse qu'elle ne l'était déjà, qui cria sans aucune attention sur les passants près de la scène.

"Eh ! Tu crois pouvoir m'échapper, franchement ?"

Yulia faisant comme si elle n'entendait rien, son aînée soupira et prit les sacs de courses en suivant les traces de l'enfant. Ce genre de scène n'était pas fréquente, encore heureux, mais elles arrivaient suffisamment souvent pour agacer et à chaque fois, la russe devait se faire une raison, C'était le début de la pré-adolescence, ce genre de comportement n'avait rien de grave comparé à celui que certains mioches faisaient subir à leurs parents ou même au sien lorsqu'elle était plus jeune, et encore, elle n'avait pas attendu d'être ado pour courir partout et balancer des poings dans des gueules qui s'ouvraient trop souvent. Et puis, elle commençait à s'inquiéter que Yulia n'ait que peu de caractère tout le temps et ces scènes-là prouvaient qu'elle se forgeait et commençait à grandir. Ce n'était donc rien, et elle aimait trop sa sœur pour ne pas supporter ce genre de choses. Elle était peut-être même un peu trop laxiste, en fin de compte.

Plongée dans les pensées et les mètres qui séparaient fille et femme, Layla ne remarqua qu'au dernier moment que sa sœur ne regardait pas devant elle, occupé à accélérer dés qu'elle venait un peu trop près, et Diane fut donc percutée non pas par une humaine, mais par un côté de l'énorme roue du siège roulant, et de façon assez brutale vu la vitesse, ce qui la fit tomber, et fit sursauter Layla.


"Merde !"

Elle arriva en trombe histoire de réparer les dégâts, et commença déjà par déposer les sacs sur les genoux de la gamine, encore boudeuse, mais consciente de sa faute.

"La prochaine fois que tu me fais un coup pareil, je te promets que je bloque la conduite manuelle. Si t'es pas encore assez intelligente pour regarder devant toi quand tu bouges toute seule, je vois pas pourquoi je la laisserais !"

- On s’excuse, en général, quand on bouscule quelqu’un. D’autant plus quand on s’amuse à dégrader ce qui lui appartient.

L'expatriée se tourna vers Diane, s'apprêtant à répliquer avec humeur un petit quelque chose, mais quand deux pupilles couleur chocolat croisèrent les siennes, d'un noir d'encre, elle constata que les roues meurtrières avait fait tomber une inconnue.
Une bien jolie inconnue, d'ailleurs.
En général, elle était beaucoup plus aimable avec les femmes que les hommes, et en particulier avec celles qui avaient ce petit quelque chose qui titillait l'esprit de Layla et lui laissait imaginer des tonnes de situations plaisantes par la suite en un dixième de seconde. Fallait pas oublier ce petit côté pervers qui traversait sa tête de temps à autre (= 85 % du temps) et qui la força à se calmer un peu.


"... parfaitement. Yulia, tu t'excuses, et en direct !"

Ce n'était visiblement pas du goût de l'enfant qui baissait la tête, le teint tout rouge de honte, mais qui finit par la relever avec la petite tape de sa sœur derrière son crâne, et lâcher du bout des lèvres ses excuses.

"Désolé Madame, j'ai pas fait exprès."

Elle aurait bien ajouté un "j'étais occupé à fuir ma sœur qui voulait me taper" mais elle songea qu'elle avait assez fait de bêtises pour la journée et se contenta de tripoter sa doudoune, fuyant le regard des deux adultes au-dessus d'elle.

Diane Foss

Humain(e)

Re : La colère est un vilain défaut [PV Layla]

Réponse 2 dimanche 02 janvier 2011, 11:17:05

Généralement, quand quelqu’un vous percute avec une force suffisante pour vous faire tomber, on s’attend à un gros tas de muscles. Pas à un gros tas de ferraille. Alors certes, Diane n’était pas vraiment ce qu’on pourrait appeler une femme robuste, et la fragilité de ses membres fins et cassants la représentait beaucoup mieux au regard des autres. A priori accentué par ses cheveux courts lui donnant un air alerte mais plongé dans une toute autre dimension et ses petites lunettes qui la dénonçaient souvent comme ce qu’elle était, intellectuelle plongée dans ses livres. A vrai dire, cette impression qu’on lui collait bien facilement arrangeait la jeune femme. Personne ne soupçonnait ainsi tout comportement étrange chez elle. Avec son air de poupée, au visage toujours immobile et au ton monocorde, sans aucune inflexion, ce n’était pas la banalité qui lui manquait. Diane chérissait ainsi parfois ses jambes si fines et instables, qui supportaient difficilement son poids ainsi que le manque de force qui courait dans ses bras. Inoffensive, la libraire de Terra. Invisible, même, dans Nexus où la beauté ne manquait pas de se promener dans les rues, où l’originalité était chose évidente. Elle y vivotait comme une enfant que l'on ne remarque pas. Tant mieux. Sa banalité lui servait d’écran contre le reste du monde, la laissait bien loin des remarques, envies, possessions qui avaient couramment lieu dans son quotidien.

Combien de fois elle avait pu voir, entendre de pauvres femmes possédées dans le coin d’une ruelle, des hommes trop faibles pour se défendre terrassés par la violence d’autres, dans un désir de vengeance ou tout simplement de souffrance. Le monde était pourri, et Diane n’en faisait pas totalement partie. Il se détruisait de l’intérieur, se rendait aigre et indigeste, même pour les palais les plus communs. Les vices, le pêché régnaient en maître sur la ville état qu’elle côtoyait au quotidien. Et quand on cherche à fuir un univers détestable et horriblement douloureux, il n’y a pas des masses de solutions. Diane vendait, prêtait, distribuait du rêve. C’était le seul centre d’intérêt qui animait ses journées, sa seule raison de sortir de chez elle. Avec Eric, ils se suffisent à eux-mêmes et n’auraient besoin de rien sinon de calme et de silence, s’il n’y avait pas les livres.

Livre, d’ailleurs. La première chose que Diane entreprit fut de tourner et retourner l’ouvrage entre ses doigts, afin de vérifier que rien ne l’avait estropié un peu plus. Certes, le retrouver en plus mauvais état lui donnait sans doute d’avantage de chance de pouvoir l’échanger en boutique, mais la jeune femme ne supportait pas qu’on ose porter -volontairement ou non- la main sur un de ses petits protégés. Heureusement, il n’avait rien de bien grave, si ce n’était une page légèrement cornée, qu’elle redressa avec attention. Cela lui prit bien quelques minutes, où Diane ne fit absolument pas attention à ce qu’il se passait en face d’elle. Oh, ses oreilles et son cerveau se chargeaient d’entendre, d’écouter, de comprendre. Mais ce ne fut qu’en décalage que la libraire intégra que les mots qui filtraient de devant elle lui étaient destinés. A peu près en même temps que le signal de son corps d’une douleur dans le mollet et la cuisse se manifestait. D’ailleurs, Diane commença par frotter délicatement sa jambe, un semblant de grimace à peine affiché. Si la jeune femme se fichait de tout, même de la douleur, il fallait bien l’exprimer d’une manière ou d’une autre.

Relevant doucement les yeux, le regard terne de Diane se figea donc sur un tas de rouages et de pièces de métal froid, qui expliquait sans doute que ce ne soit pas le tas de muscles prévu qui se tienne en face d’elle mais bien ... une petite fille. Enfin, petite, tout est relatif. La demoiselle aurait sans doute montré son mécontentement si l’adulte qu’elle était avait osé proférer de telles paroles. Pourtant, l’animosité de Diane disparut immédiatement. Pas à cause du handicap évident de celle qui l’avait bousculée sans ménagement, non. Elle se fichait des accidents de vie et ne comptait pas adopter un comportement de pitié, ou même différent, envers celle que le destin n'avait pas épargné. Tout simplement parce qu’elle était encore une enfant et que le cœur de mère de Diane se réveillait instantanément en leur présence. Aussi chassa-t-elle d’une main négligente les excuses de la gamine et de son bolide. S’accroupissant devant elle, Diane ne put s’empêcher d’admirer sa naissante grâce. Sans nul doute que cette petite allait devenir une très belle jeune femme, faisant chavirer plus d’un cœur et tourner plus d’une tête. Et à l’argument du fauteuil roulant, Diane aurait soupiré tant cette avancée maladroite était ridicule. Rien n’empêchait une fleur de s’épanouir, et certainement pas un grillage de conventions ou de bienséance. Fixant son regard dans celui, clair mais confus de la petite, Diane ne put s’empêcher de prendre le même ton qu’elle employait avec Eric. Rassurant, enveloppant.

- Il y a eu plus de peur que de mal, tu sais. Et puis comment en vouloir à une aussi jolie jeune fille ?

C’était complètement spontané et absolument pas réfléchi. Dans le cas de Diane, cela aurait d’ailleurs pu être amusant de débattre sur sa capacité à réfléchir efficacement, en conformité aux autres. Parce que cette réaction n’était peut-être pas la plus adaptée. On ne fond en général pas devant le regard contrit d’une sale gamine inattentive, aussi adorable qu’elle fut. Et c’est seulement là que Diane enregistra la deuxième voix que son cerveau avait cru identifier. Levant le regard progressivement sur la silhouette qui avait induit les excuses du dangereux bolide, la libraire rencontra de grosses chaussures, un pantalon pas vraiment élégant, un débardeur, des lignes tracées avec soin sur une peau dénudée et ... une poitrine. Ah ben ça alors, pourtant l’apparence était plutôt masculine. Continuant son inspection lente et sans aucune gêne -notion bien lointaine pour quelqu’un comme Diane-, la jeune femme fronçait les sourcils. A bien y repenser, le ton moralisateur avait des inflexions d’avantages féminines. Eh bien, voilà un spécimen intéressant qui se présentait à elle. Croisant enfin le regard de l’inconnue, bien que ce fut la deuxième fois -la première étant déjà trop lointaine pour qu’elle s’en souvienne-, Diane marqua une pause.

Ah oui, une femme. A n’en pas douter, malgré la dégaine un peu particulière. Deux puits sombres se fixaient sur elle, et la libraire aurait pu rester des heures ainsi, à se questionner sur le pourquoi du comment du qui. Tout ce qu’elle retenait, c’était le ton maternel et directeur que l’inconnue avait infligé à ce qui était ... sans doute un membre de sa famille. Penchant la tête sur le côté, encore son questionnement sur ses traits à présent vides de toute remontrance, Diane lança soudainement, sans se préoccuper de la normalité qu’elle ne suivait plus depuis longtemps ni des conséquences de ses paroles.

- Toi, tu as quelque chose d’étrange. Je ne sais pas quoi, et j'aimerai bien savoir. Mais il y a quelque chose de bizarre.

Le tutoiement était naturel chez Diane, qui détestait s’encombrer de politesses ou de prévenance. Elle pensait, elle disait. Et cela se comprenait parfaitement dans ses paroles. En effet, malgré la poitrine, la voix et avec la contrepartie de la dégaine, Diane trouvait cette inconnue bizarre. En quoi, elle n’en avait aucune idée. Mais étant pour le moins familière à côtoyer parfois toutes sortes de créatures, sur Terra, la jeune femme avait pris pour habitude de savoir quand quelque chose clochait. Et là, quelque chose clochait. Pourtant, on était sur Terre et la population de la planète bleue était normalement constituée d’êtres assez classiques, peu intéressant voire ennuyants. Diane aimait découvrir ce qui n’allait pas, observer ceux qui attiraient sa curiosité, se poser en public et applaudir des deux mains quand quelque chose lui plaisait. Et là, quelque chose lui plaisait.
>  Tout le monde a son grain de folie, sauf vous et moi, et parfois je me demande si vous ne l'avez pas vous aussi.

Layla

Humain(e)

Re : La colère est un vilain défaut [PV Layla]

Réponse 3 mardi 18 janvier 2011, 22:53:53

Il se trouvait que si Layla et Diane avaient un point en commun, c'était la franchise. Contrairement à sa jeune sœur qui faisait souvent des pieds et des mains pour s'exprimer sans froisser, la russe crachait ses pensées sans s'encombrer de quoique ce soit, même si elle savait se contenir devant des supérieurs (c'est-à-dire, pratiquement jamais). Son mauvais caractère accentuait ce trait de personnalité. Par ailleurs, il était rare qu'elle réfléchisse vraiment avant de parler. Mais tout ça pouvait sans doute s'expliquer par le fait que Yulia croyait encore que la société possédait plus de bon côtés que de mauvais, tandis que Layla avait grandi avec la certitude que l'humanité n'était bonne qu'à se bouffer toute crue.

Quelqu'un comme Diane aurait pu effrayer l'humain standard, trop occupé à sauver les apparences grâce à l'hypocrisie pour comprendre que la franchise n'était en aucun cas un poison.

Et lorsque Layla éclata de rire, passant de la curiosité à l'hilarité en une dizaine de secondes, ce fut précisément parce qu'elle venait de comprendre que Diane n'était pas une menace. Dans les conversations classiques que l'expatriée avait menée,e lle avait sans cesse eu la hantise qu'on lui mente ou qu'on la trompe. Elle n'avait pratiquement jamais dialogué avec des personnes honnêtes. Surtout dans le milieu où elle bossait et où elle était bien obligé d'être sociale avec la gamine qui mentait sur son âge pour avoir son piercing plus tôt ou l'enfoiré qui cherchait à lui vendre un autoclave deux fois trop cher en inventant des nouvelles fonctions à la con.
Aujourd'hui, nul besoin de se méfier. Elle pouvait se détendre. Et c'était agréable.


"C'est pas comme si tu étais la première personne à me dire un truc comme ça !"

Nul besoin non plus de vouvoiement à l'égard de Diane, puisqu'elle-même ne s'en donnait pas la peine. Mais peut-être n'appréciait-elle pas qu'on la traite de la même manière... bon, de toutes façons, c'était fait.

Layla ôta un grain de poussière imaginaire du fauteuil de sa sœur qui commençait à la regarder bizarrement. Elle s'était attendu à ce que son aînée ne fasse pas durer les choses pour pouvoir lui passer un savon plus vite par la suite, mais elle semblait trouver la situation comique. Il fallait dire que Diane n'aidait pas les choses à aller autrement. Cette femme semblait ne s'encombrer d'aucune des restrictions de la societé. Un peu comme Layla, en fait. En fin de compte, c'était deux cas, et elle était la seule individu normale dans le trio, malgré qu'elle n'ait que onze ans. Cela dit, au fil du temps, la petite brune avait très bien compris comment sa sœur marchait. En l'occurence, là, les choses prenaient cette tournure parce que cette mystérieuse femme aux cheveux blancs était assez mignonne pour calmer le tempérament associable de Layla. Ça ne ratait jamais.
Ça ne durait jamais non plus, cela dit.


"J'espère que ton bouquin a pas eu trop de dégâts... et toi avec. Plus de peur que de mal en fin de compte ?"

Bon Dieu, elle ne se reconnaissait pas du tout dans cette façon de parler. S'en était presque effrayant. Et tout ça parce que cette fille était... mignonne. Rien de plus. Elle n'avait même pas l'air agréable... et en plus de tout, il semblait à la russe que cette étrange femme était un peu perdue. Pas perdue dans l'allée du centre commercial où elles se trouvaient, mais perdue à l'intérieur de sa tête. Ce qui n'était pas mieux du tout.
Ça n'était peut-être qu'une impression après, mais-


"Tu... heu, ça va ?"

Tout ce que Diane pouvait voir par la suite, c'était une Layla un peu troublée par quelque chose d'inconnue, une espèce d'aura à peine perceptible, qui se dégageait de cette tête aux cheveux blancs. En fait, il semblait à la brune que Diane était sur le point de se casser, impression renforcé par sa minceur presque extrême et son regard presque glacé.
Instinctivement, L'aînée resserra ses mains autour du dossier de la chaise roulante, l'esprit en vadrouille, et-


"Layla ?"

La petite voix de sa sœur la ramena sur Terre, ainsi que son regard un peu inquiet. La brune le croisa, et repartit sur Diane, qui restait fixe, telle une statue de pierre. Elle reprit contenance et sourit de nouveau.

"Ça te dirait de venir avec nous si tu as un peu de temps ? On va s'offrir quelque chose de chaud à boire, et je crois que ça serait pas très polie de te laisser repartir sans rien après t'avoir à moitié écrasé."

Layla espérait bien sûr que Diane accepterait l'invitation, mais en même temps, quelque chose lui disait dés à présent que cette inconnue n'allait pas être si inoffensive que ça...

Diane Foss

Humain(e)

Re : La colère est un vilain défaut [PV Layla]

Réponse 4 vendredi 21 janvier 2011, 21:50:11

Cela faisait bien longtemps que Diane n’avait entendu un rire éclater près de son oreille, si proche d’elle, pour elle. Habituée depuis quelques années déjà à ce que les charmantes voisines toujours prêtes à s’échanger un sucre ou un peu de farine, à commérer entre elles avec plaisir et légèreté l’ignore, la jeune femme n’y prenait plus garde. Dire qu’au tout début, cela ne l’avait pas légèrement affectée aurait été mentir. Elle avait naïvement espéré qu’Eric puisse sympathiser avec les enfants du voisinage, mais lorsque la veuve un peu bizarre du troisième venait les aborder pour leur montrer un petit garçon qui n’existait pas, nombre d’entre eux partaient pleurer de peur dans les jupes de leurs mères. Et une maîtresse de maison, et de famille, ne laisse jamais rien au hasard lorsqu’il s’agit de son enfant. Il était alors facile de rapporter l’incident à son époux, aux gens du voisinage, à l’immeuble tout entier. Aux autres. C’est si évident de répéter, de laisser les mots dépasser sa pensée, de permettre au cœur de s’exprimer alors que seul les faits réels et avérés devraient avoir leur place dans une discussion pareille. Si aisé de faire tomber quelqu’un sur des exagérations, sur des malentendus.

Et même si Diane avait bien rêvé son enfant, à cette époque-là, la jeune femme n’avait pas totalement conscience de ses troubles, voire pas du tout. Aussi, se voir rejetés elle et Eric avait été difficile à vivre. Les déménagements, nombreux. La rumeur, qui la suivait comme son ombre. L’immigration sur Terra, qui avait été la seule solution. Diane revoyait tout cela en un rien de temps, dans le rire non retenu de l’étrangère en face d’elle. Elle y lisait la peur des enfants qu’elle avait côtoyés, le dégoût dans le regard d’une mère qui pensait immédiatement au pire, parce que c’est le plus raisonnable lorsque l’on souhaite protéger le fruit de sa chair. Sans doute Diane aurait-elle fait de même, aussi était-il assez malvenu de leur jeter la pierre, tous autant qu’ils étaient. Dès lors que la jeune femme avait su percevoir avec une certaine lucidité sa différence, rien qu’un instant, alors elle avait été totalement libre. Les citriques, les regards réprobateurs ou remplis de pitié ne faisaient que l’effleurer sans jamais percer le rempart de sa peau laiteuse. Il n’empêche que l’on s’habitue, même lorsque tout vous indiffère. Une femme ne peut rester totalement inerte devant la huée et les moqueries, tout comme Diane ne demeurait pas si distante que cela lorsqu’on lui mettait en évidence ce qui n’allait pas chez elle. Sentir ce en quoi elle croyait plus qu’en la vie ainsi rabaissé à une simple existence d’hallucination, de rêve éveillé ou de délire, que sais-je encore ! n’était pas des plus accommodants. Si elle ne le montrait jamais, Diane avait toujours ce pincement au cœur qui vous signale que quelque chose, quelque part en vous, souffre.

Lui rire au nez de façon naturelle, sans reproche camouflé, c’était une première. D’autant plus que Diane n’avait strictement aucune idée de ce qui avait pu motiver cet éclat d’hilarité. Tentant, le plus sérieusement du monde, de se souvenir de ce qu’elle venait de dire ou faire, la jeune maman ne trouvait rien dans son esprit qui l’aiguillonne vers une réponse plausible. Mais celle qui était manifestement la grande sœur de la réplique miniature en fauteuil, ou plutôt bolide, roulant, l’éclaira. Du moins, il était logique que ce soit à cause de cela. Diane lui répondit donc, là encore avec un sérieux et un aplomb on ne peut plus réels. Sourire juste pour sourire ? Pas vraiment son genre. Et puis, l’air sombre et impassible lui allait bien mieux, avec ce visage de poupée figée dans le temps qu’il lui offrait.

- Ah, oui. C’est d’une banalité affligeante, en effet. C’est le genre d’affirmation qui pourrait correspondre à toute bizarrerie, ce que tout le monde a plus ou moins. L’intérêt réside cependant dans le comment, et non pas dans le quoi. J’aimerais bien savoir ton comment, je me fiche du quoi.

C’était tout naturellement que les mots lui étaient venus à la bouche, formés par ses cordes vocales sans passer par la case « cerveau », ou du moins pas de manière efficace. Il fallait bien être un peu timbrée pour sortir ce genre de choses qui n’avaient sans doute ni queue ni tête. Effarant comme Diane pouvait sortir des conneries à la demande, sans même sans rendre compte et -pire-, en le pensant sincèrement ! Car oui, cette histoire de comment et de quoi était réellement quelque chose qui pouvait attirer son attention. Tout comme son regard n’était retenu que par de rares personnes, sa curiosité n’avait d’égales que son impolitesse et sa spontanéité, c’est dire à quel point Diane Foss aimait à savoir, comprendre ce qui l’avait inconsciemment interpellée.

Le livre. Enfin non, ce n’était pas cela la source de son intérêt. Mais maintenant qu’elle le disait, le livre. Diane détacha aussitôt son regard des deux sœurs pour examiner sous toutes les coutures son bien précieux, passant des doigts fins, délicats et presque amoureux sur une reliure tout aussi fragile que les articulations de sa propriétaire. Qui, soit dit en passant, détestait la finesse de ses membres si cassants et noueux. Mais ici n’est pas le sujet, et Diane faisait simplement une inspection très rapide des dégâts supplémentaires que son précieux protégé avait pu recevoir. C’était, pendant quelques instants, comme si le monde extérieur n’avait plus eu aucune importance. Comme si Diane se fichait bien de s’être faite renversée, de la douce beauté de la jeune fille qui l’avait fait, de sa sœur au rire si clinquant et surprenant. Là, c’était l’univers des pages noircies de mots, de sens, de ces morceaux de papier qui recèlent, si l’on veut bien les trouver, des trésors innombrables et au moins autant de mystères bien camouflés derrière une périphrase, une comparaison, un ton un peu cynique ou ironique. Soufflant doucement sur une page légèrement cornée, comme pour lui envoyer ses vœux de prompt rétablissement, Diane ne releva pas le menton pour répondre, si bien que ses dires se perdirent en direction du sol. Etant donné que plus rien n’existait pour Diane que le problème principal, sa capacité à avoir un point de vue global étant assez limité, s’adresser à quelqu’un était le cadet de ses soucis.

- Il survivra, du moins je pense. Par contre, je ne peux décemment pas aller demander de l’échanger maintenant. C’est de ma faute s’il est abîmé, à présent.

Ayant l’air un peu bizarre, Diane ne remarqua pas que son interlocutrice l’était aussi. Dommage, car sans doute aurait-elle aimé remarquer la crispation de ses mains, la tension qui apparaissait miraculeusement dans ses muscles en quelques secondes à peine, comme si quelque chose l’avait surprise, effrayée, dérangée. Alors, Diane n’aurait peut-être pas réagit comme cela par la suite. Nous ne le saurons jamais réellement tant elle peut être imprévisible, mais sûrement se serait-elle abstenue de toute parole supplémentaire, admirant avec une curiosité mêlée d’avidité ce visage un peu transformé, où tant de choses semblaient pouvoir naître. Mais somme toute, la jeune femme se contenta de soupirer lentement et profondément, rangeant ce précieux livre dans le petit sac besace terne qui flottait dans le creux de ses reins, alors invisible aux yeux de ses interlocutrices, mais à présent tourné vers l’avant afin qu’elle puisse mettre en sécurité son bien.

- Tant pis, je le garderai comme ça. Tous mes livres ont une histoire, celui-ci sera celle de la jeune fille qui m’est rentrée dedans.

Un regard attendri se posa sur celle qui se dénommait Yulia sans que la propriétaire des yeux bruns ne le sache encore. Elle la trouvait vraiment jolie, cette petite. Sans doute, à l’époque, aurait-elle pu croire qu’Eric et elle seraient devenus amis. Mais aujourd’hui, Diane avait jeté ses illusions derrière son épaule et avait décidé de s’en défaire aussi facilement qu’on jette une ordure là où elle doit se trouver, sans discussion possible. Vint ensuite la proposition sympathique d’aller s’installer quelque part histoire de déguster une quelconque boisson. Diane, à son habitude, aurait refusé. Mais le son du rire haut, fort et affirmé de la jeune femme lui faisant face demeurait gravé dans ses oreilles sans qu’elle ne parvienne à s’en défaire, enfermant son esprit dans une volonté de dire oui, de découvrir ce qui l’attendait derrière cette si grande capacité à la joie, même en présence de quelqu’un qui inspirait plutôt la peur et la méfiance.

- Ah, la politesse. Ce n’est pas pour ça que j’accepte, mais parce que tu me plais bien. Un truc sympa. Puis Diane ajouta, comme pour elle-même, encore une fois. La spontanéité ? La simplicité ? Hum. C’est vrai que ça me change de mes habitudes.

Pause, court silence. Puis décision, enfin. Esquisse de sourire, un peu forcée sans doute par le désir de ne pas paraitre trop incommodante. Plus naturel envers la plus jeune, qui n’avait pas encore atteint l’âge adulte et qui, par conséquent, était lavée de toute agression, de toute rancœur ou retrait.

- Je viens, en tout cas. Cela fera peut-être plaisir à mon fils, s’il me retrouve avant l’heure prévue.

Ah, ça, ça lui avait échappé. Ce n’était pas prévu de parler d’Eric. Comme pour cacher cette maladresse, Diane se mit à marcher, prenant le pas sur les deux jeunes sœurs. Se retournant après avoir fait quelques mètres, la jeune femme se retourna et leur lança un regard interrogateur, attendant qu’elles ne se décident à la suivre ... quelque part, le premier café qui se présenterait à eux, sans doute, étant donné que Diane n’était absolument pas habituée à ce genre de choses.
>  Tout le monde a son grain de folie, sauf vous et moi, et parfois je me demande si vous ne l'avez pas vous aussi.


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