S’il existait une force gravitationnelle, celle-ci avait attiré les deux divins dans ce réduit aquatique à l’abri des regards indiscrets. Mais plusieurs choix s’offraient à eux également. Par exemple, Seryana pourrait tout aussi bien manifester sa colère et condamner l’acte transgressif de Vittorio, lequel s’était introduit dans son sanctuaire privé par vanité. Cette option ne fut visiblement pas retenue. Au lieu de le vouer aux gémonies en raison de son intrusion, la déesse lui fit plutôt bon accueil. Gardons à l’esprit que le Titanide abhorrait le viol ou toute pratique fondée sur la coercition. Il n’avait aucune envie de nuire à son hôtesse en vue d’en tirer une jouissance pathétique, pas le moins du monde.
« Aurais-tu eu la folie de me repousser, moi, Vittorio Vulcano, jeune démiurge ? », répondit le Demi-Dieu dans toute son outrecuidance, ses sourcils froncés d’une fausse indignation hyperbolique. S’il se rapprocha d’elle ensuite, ce fut également pour darder sur ses courbes un regard un brin affamé. « Parle moi de toi, ma chère. Berce-moi par tes mots… » Disons le sans détour, le Titanide conçut le violent désir d’allumer l’étincelle de la passion dans le cœur même d’une déesse de la passion, et à cette fin, il était prêt à mobiliser ses talents, ses stratégies. Déjà, ses doigts, blancs comme l’albâtre, nimbés d’une fine couche d’huile d’olive, s’évertuaient à flatter les divins mamelons par d’amples et habiles caresses lascives. Ses aréoles passées au peigne fin, que Seryana montrait non sans une certaine fierté de toute évidence, étaient l’objet des plus intenses sollicitations. Titillées, taquinées, asticotées, lesdites aréoles servirent les desseins les plus amusants d’un Demi-Dieu plus taquin que jamais, qui prenait allègrement ses aises. Le voici déjà en train de pencher la tête et compléter l’affront précédent par sa tendre insolence en gobant de ses lèvres lippues le téton pointant de sa sœur divine, comme cela, sans coup férir, tandis qu’il la fixait droit dans les yeux. Expression de sa passion horrible, les prunelles d’or de Vittorio jetaient de violents éclairs de désir, foudroyant la divinité recluse dans son habitable liquide.
Mais là encore, gardons-nous de dresser au Néréide l’un de ces mauvais portraits vitrioliques. Il n’était pas, ne sera jamais un vulgaire égoïste soucieux de son seul plaisir. Aussi retira-t-il, rapidement, sa grosse bouche désirante hors du téton âprement aimé afin de prononcer les paroles suivantes au creux de l’oreille droite de ladite déesse, d’une voix qui ne souffrirait d’aucune opposition : « Allonge-toi, ô Seryana, sur ce lit de pierre. Laisse-moi achever ta toilette. » Les termes étaient dits ; déjà, le voici en train de faire serpenter ses poignées puissantes vers les hanches chaloupées de cette superbe créature à la longue toison dorée afin de s’en saisir, comme s’il s’agissait de la plus exquise des porcelaines. Ainsi l’étendit-elle sur une belle roche polie, couverte, par-ci, par-là, du plus sombre et du plus fertile des humus. Il la dévora ensuite du regard, comme si elle n’était qu’un met qu’il voudrait déguster petit à petit. « Sais-tu à quel point tu es belle à croquer ? » Cette question ne réclamait toutefois pas la moindre réponse.
Les hanches de Seryana furent écartées, le beau mâle remontait ses mains le long de sa silhouette ovidienne, flattant sa toison, flattant ses beaux coussins bien ronds, avant d’épouser ses parures dorées, puis ses jolis doigts graciles. Il s’allongea ensuite sur elle, non sans effleurer le seuil de son intimité par son obélisque. « Parle moi de toi, Seryana ! Exprime toi, je veux t’entendre… » À la faveur de ses mots, il lui vola un baiser, bref mais fougueux.