Masa avait littéralement battu en retraite après avoir posé le programme le plus rassurant – pour lui – pour la suite des événements. Il n’avait pas osé croiser le regard de Kleora pour y lire sa réaction, craignant de se confondre en excuses et de se plonger dans d’interminables interrogations sur le fond de la pensée de la neko. Peut-être aurait-il dû pour ne pas se retrouver dans une situation aussi troublante que celle dans laquelle il se retrouva bientôt.
Occupé à rapidement faire la petite vaisselle qui l’attendait, il se concentrait sur sa tâche et ne perçut pas l’approche toute calculée de l’hybride qui se glissa bientôt dans son dos. Le poids sur ses épaules faillit lui faire tout lâcher initialement, mais il fut bien incapable de lâcher quoi que ce soit ou même de bouger un muscle en l’entendant lui poser ses propres conditions et, pire encore, se rapprocher de lui. Il pouvait sentir son souffle chaud dans son cou au rythme de ses paroles, manifestement vexées – ou du moins le croyait-il, car, bonne comédienne ou non, il eut été d’une facilité déconcertante, pour Kleora, de le manipuler ainsi –.
Un frisson le parcourut comme il prit la mesure de l’insulte qu’il semblait avoir infligé à la belle qui, de toute évidence, n’avait jamais eu l’intention d’en rester là de leurs câlins précédents. La pression retirée de ses épaules, il essaya de se concentrer à nouveau sur sa tâche, frottant ardemment les bols et les couverts, mais les mains de Kleora vinrent se glisser sous ses bras et parcourir son torse, et l’étoffe cotonneuse de la serviette blanche qui la couvrait frottait dans son dos au point de lui rappeler les formes discrètes et sensuelles de son invitée.
Il virait à un rouge de plus en plus profond, de plus en plus intense à mesure que son empressement ne parvenait plus à dominer son excitation. Il cherchait à penser à autre chose, mais la chatte était partout sur lui, semblait le recouvrir de ses gestes comme de ses pensées, n’attendant que sa libération pour poursuivre la torture sensuelle à laquelle elle avait décidé de le soumettre.
Suis-je un monstre si j’en ai tellement envie?
De quoi tu parles ?! Elle le veut !
Mais… Et si elle se sentait obligée?
Elle t’a vraiment l’air contrainte et forcée ? Sors-toi le balai du cul, bordel!
La voix coquine en lui faisait son possible pour le pousser à agir, et, en cet instant, Masa savait pertinemment qu’elle avait raison. Elle avait souvent raison, mais rarement autant qu’en ce moment. Qui plus est, Kleora avait été vexée par les plans qui excluaient le partage du lit, alors s’il refusait en plus d’accepter son affection…
Quoi qu’il en soit, il n’eut plus guère le temps de réfléchir. La vaisselle se terminait. Il posait les derniers couverts sur l’égouttoir en tremblotant, conscient de devoir à présent passer à autre chose – cette chose étant la question de Kleora et de la nuit à venir –. Et elle ne l’aiderait décidément pas à rester dans sa zone de confort puisque, se détachant de lui, elle lui intima de ne pas bouger. Il se demanda immédiatement ce qui se passait et, curieux, le Japonais se tourna pour voir ce qui se passait.
Lorsqu’il découvrit Kleora, nue, accroupie, en train de se saisir de la serviette, il vira si rouge qu’il en eut chaud ; mais la chaleur n’était pas à mettre sur le compte de l’afflux de sang seulement, comme en témoigna rapidement la suite des événements. Car lui aussi, de son côté, avait maltraité sa serviette. Poussé contre le bord de l’évier par la belle, il avait déjà bien fragilisé le nœud sans compter l’érection rageuse qui, une fois délivrée de ses contraintes par son écartement du mobilier, avait vite fait de brutaliser ce qu’il en restait pour faire tomber l’étoffe qui le couvrait de la taille aux genoux.
Sa serviette tomba à son tour à ses pieds, interrompant Kleora dans son geste et forçant Masa à deux choses : la première était de devoir assumer à nouveau sa nudité, et cette fois dans le cadre incongru de la cuisine ; et la seconde était de devoir assumer, encore, la raideur très visible de sa verge, impossible à louper pour elle si elle levait les yeux vers lui. Il déglutit lourdement dans un instant d’absence, quelques secondes qui lui semblèrent interminables. Leurs regards se croisèrent de part et d’autre de son membre intrusif et, prenant une longue inspiration, toute autre considération, tout plan convenable, toute politesse ayant quitté ses pensées, il finit par annoncer en tremblant :
« Nnne crois pas q-que tu n’es pas bien ! T-t-t-tu es… hrrm… parfaite, je… hrm-hrm… Jjj’aiii… envie de me coucher… avec toi… moi aussi… »
Il baissa les yeux, moins rouge mais toujours désemparé, déboussolé, et il serra les poings en tâchant de se détendre. Plus facile à dire qu’à faire : il se sentait complètement hors de ses pompes et présomptueux. Il avait encore beaucoup de mal à réaliser la façon dont elle le voyait et dont elle pensait.