« Connaissez-vous cet homme ?
- Ah… La vieillesse fait des ravages, ma bonne dame ! Avec un peu d’or, mes souvenirs reviendront peut-être. »
Les yeux perfides du vieillard ont décollé du modeste haut de l’elfe pour tomber sur sa modeste bourse, attaché à sa ceinture. Il n’y demeurait plus que de rares pièces, destinées à subvenir à ses besoins. Or, dans ce village où la pauvreté demeure, sa maigre richesse ferait une véritable différence. Peut-être serait-il capable d’aller jusqu’en ville, rencontrer quelques gaupes aptes à répondre à ses exigences.
Siraye n’est stupide. L’homme n’a pris la peine de lever les yeux sur le grossier croquis qu’elle lui montrait depuis plusieurs minutes. Au lieu de céder à ses stupides exigences, elle le range et tourne les talons. Sa piste l’a conduit jusqu’à ce village perdu, au cœur d’une forêt enchantée. Il avait été fondé naturellement par des voyageurs en route pour Nexus, au point de devenir par la suite une étape de repos.
Seule l’auberge engrange des bénéfices, asservissant les autres dans des tâches pénibles et redondantes. L’appât du gain les aveugle tant que la voyageuse préféra abandonner et continuer sa route.
Depuis plusieurs mois, sa paisible vie de gardienne avait été bouleversée. Les rencontres se sont succédées ; un semblant de but est né à travers la vengeance.
Elle a quitté le sorceleur, son compagnon de voyage, d’une simple lettre pour explorer de nouvelles pistes. Mais avec ce village, les échecs commencent à s’empiler. Et elle s’agace.
L’elfe ne s’attarde et reprend son chemin à travers la forêt. Elle évite avec précaution la route fréquentée pour passer par les bois, plus dangereux. Pour Siraye, habituée du danger et des forêts, les indices d’une présence étrangère se devinent vite et lui permettent d’éviter toute rencontre indésirable.
Enfin, presque.
Au fil de ses pas, du bruit l’alerte. Elle se cache derrière un arbre pour observer la cruelle scène et ce skaven qui ne fait qu’une bouchée du frêle chevalier en herbe.
La bête s’enfuit ; il tombe de ses plaies. Siraye s’approche à pas de loup. Dans un geste de bonté, elle use de sa magie curative mais en vient vite à l’évidence : ça ne suffit pas. De vrais soins sont obligatoires.
« Non, non, non ! Tu as de temps à perdre…. »
Encore une fois, l’elfe se laisse perdre. Elle n’a guère envie d’être hantée d’une mort supplémentaire.
Sa magie permet de stabiliser à peu près son état et de lui permettre de le déplacer. Elle le soulève et l’installe sur son dos pour le traîner jusqu’à une grotte repérée quelques jours plus tôt. Tant que Siraye reste dans les environs, elle a l’intention de s’en servir comme repère.
Le nécessaire a été rassemblé pour permettre des premiers soins et venir au secours de l’humain. Ainsi, elle lui retire son haut, applique un baume d’herbes et des bandes de tissu propre. Son épée et son coffre sont posés un peu plus loin. Hors d’accès, au cas où.
A son réveil, il peut observer l’elfe assoupit contre une paroie rocheuse. Une cape couvre ses oreilles pointues et quelques mèches ébènes s’échappent du tissu sombre. Ses mains reposent sur son genou levé et sa tête trône sur le tout. Ses armes sont juste à côté, prêt à être usé au moindre signe brusque.