Le sourire toujours aux lèvres, Heilayne arqua un peu la tête de côté, constatant que le jeune homme avait froid. Eh bien… À vrai dire, elle n’avait pas vraiment oser trop le regarder, ce qu’elle commença à faire, rougissant jusqu’aux oreilles à la simple vue de son corps presque totalement dénudé. Se relevant assez rapidement du lit, la comtesse se dirigea vers sa grande commode, l’ouvrant en fouillant dedans. Erf… Elle n’avait pas grand-chose qui ferait à un homme de sa taille, dans les pire des cas, il pouvait bien déchirer quelques uns de ses vêtements, mais au bout du compte ça ne devait pas être très, très confortable. Donc, en refermant les portes en bois, Hei’ se dirigea vers le fond de sa chambre immense, ouvrant un placard ou quelques babioles utiles étaient déposées par les serviteurs. Du bois pour la cheminée en marbre face au lit, des couvertures de rechange, des médicaments et cetera. Agrippant les couvertures dans ses bras, son regard noisette s’abaissa un peu sur les bûches, laissant valser la prunelle de ses yeux sur la cheminé, sur les bûches, sur la cheminé et encore sur les bûches. Pensive, elle opina en déposant les couvertures à ses pieds. Bien qu’elle ne savait pas du tout comment partir un feu, c’était évident, lorsque les servantes le faisaient, elle était déjà dans son lit ou pas dans la pièce, donc. Prenant délicatement deux ou trois bouts de bois, Heilayne se dirigea vers la grande cheminée, elle aussi de marbre blanc. C’était vraiment agressant à la longue cette blancheur… Même les draps l’étaient, même le lit, même les rideaux des fenêtre, même la majorité de ses vêtements… Soupirant un peu à cette pensée, ses jambes se fléchirent un peu pour venir se positionnée en « petit bonhomme », ouvrant le grillage et déposa les bûches de bois dans le fond. Ensuite… comment on partait ça…? Regardant un peu autour d’elle, elle remarqua deux petits cailloux, mais, ne sachant comment faire du feu avec ses bidules, son regard continua de se balader dans la pièce, tombant parfois sur Vitaly, rougissant chaque fois. Ah! Finalement! Son corps se redressa, replaçant d’un coup de main sa robe et Hei entama le pas, se dirigeant vers la chandelle apposée sur sa table de chevet, l’empoignant en venant allumer quelques bouts de papiers dans la cheminée, qui, peu à peu, s’étalaient sur le bois. Satisfaite, la comtesse referma le grillage et replaça la bougie sur son lieu d’origine, ne voulant pas faire sombrer la pièce dans une noirceur totale… Revenant sur ses pas, Heilayne reprit les couvertures en peau d’ours polaire, refermant l’armoire et se rapprocha de l’homme assit bien droit dans son lit. Affreusement gênée… Elle s’approcha malgré tout, lentement, jusqu’à être à quelques centimètres de lui, pouvant presque le frôler et, délicatement, pour ne pas lui faire mal au dos, déposa la couverture en poil d’ours polaire sur ses épaules. Ce n’était peut être pas grand-chose, mais et le feu, et la couverture, il allait faire assez chaud, espérons que ce sera suffisant! Retrouvant sa place d’origine au bout du lit, Daelys arqua un peu sa tête de côté à sa question, haussant un peu des épaules tout en répondant de son ton de voix doux, hésitant.
« Eh bien… c’est assez compliqué comme histoire mais, pour faire court, je n’ai ni l’âge, ni l’audace pour leurs tenir tête… Le trois quart des domestiques servent ma famille depuis bien plus longtemps que ma naissance, donc… Tant que je n’ai 18 ans, ils me dictent un peu quoi faire… Et, même si je leurs disent de ne pas te mettre à la porte, s’ils te voient rôder dans les couloirs, la nuit… Ils ont une grande imagination, donc, il est facile pour eux de penser que… Tu peux être hm… Un voleur... Un violeur, un brigand cherchant à se mettre quelque chose sous la dent… »
Expirant un long soupire pour prouver sa lassitude du comportement de ses servantes, Heilayne ne perdait malgré tout pas son sourire, le regard rivé sur son interlocuteur sans l’abaisser plus bas, ne serait-ce que sur ses épaules. C’était… Trop… gênant! Repoussant un peu sa longue chevelure dont la couleur fait concurrence à l’écorce des arbres par-dessus son épaule pour la laisser choir dans son dos, Daelys vint s’asseoir plus confortablement sur le lit, opinant de la tête à sa requête. Ne pas le chasser? Même si elle le voudrait, ça prenait beaucoup trop d’audace de le faire, et ça, elle n’en avait pas mais pas du tout… Les mains jointes, posées contre son ventre, son dos adossé contre un des quatre pilons de bois, les jambes étendues dans le sens opposé de la position de Vitaly, en gros, à ses pieds, Heilayne était prête, prête à tout entendre! Vraiment…?
« U… hm.. Démon…? »
Frissonnant un peu, la jeune femme entrouvrit la bouche, ce simple mot commençait à résonner dans sa tête, l’empêchant de bien entendre l’histoire de son interlocuteur, mais pourtant, sans comprendre pourquoi, elle l’écoutait, elle voulait connaître la suite… Bon sang, elle n’avait rencontré que ça, des créatures! Un homme avec une transformation, un dieu, et maintenant, un démon! Eh bien, son cercle d’amis était haut en couleur! Toujours abasourdie par la nouvelle, ses sourcils se froncèrent un peu. Comment devait-elle réagir, en noble, face à ça? Il était un assassin, un délinquant sexuel peut être? Et un démon! Ou plutôt… Ancien démon? Affreusement perdue dans ses pensées, Heilayne secoua la tête, croisant subitement le regard désolé de Vitaly… Son corps se détendit aussitôt et son visage se décrispa, comme si, sans savoir pourquoi, elle le comprenait… elle le prenait en pitié, oui, et… Elle voulait l’aider…
« Vous ne… Non… Tu ne connais absolument rien de ce monde…? »
Marquant une pause, son ton de voix avait changé, il était beaucoup plus doux, plus tendre qu’au début. Un petit sourire, finalement vint se glisser sur son visage lorsqu’une idée lui traversa l’esprit.
« Mh… Il va être difficile pour toi de sortir sans te faire tuer… Il faudrait presque te déguiser, même, changer d’identité. Pour ce qui est des connaissances, hmm… Ce manoir comporte une bibliothèque bien plus grande qu’on peut l’imaginer, et… Je pourrais.. Hm… Toujours t’apprendre quelques connaissances de bases, si tu veux… » Les joues légèrement rosies, Heilayne abaissa la tête, affreusement gênée…