L'aire de jeu pour les enfants était vide, à cette heure là. Sous la lueur pâle de la pleine lune de ce soir, la balançoire se balançait tout doucement dans un grincement un peu sinistre, faisant écho au faible vent qui s'engouffrait dans les tubes entralacaient qui constituaient la cage aux écureuil, ce drôle de jeu de plein air auquel les enfants allaient toujours s'aggriper au risque de tomber pour s'inventer de fantastiques histoires imaginaires.
Le bac à sable était vide, fraîchement retourné par les pas des derniers gamins qui s'étaient amusés là en faisant des pâtés et des châteaux déjà abattus. La soirée était calme et tranquille, comme l'ensemble de l'endroit dont la sérénité ne fût finalement troublée qu'a une heure avancée de la nuit, lorsqu'un jeune homme aux cheveux ébouriffés tenant dans les main une sorte de tube metallique vint à s'avancer parmis les balancelles et autres toboggans, se guidant à la lumière faiblarde des réverbères situés un peu plus loin, qui faisaient jouer quelques ombres ça et là.
Aprés quelques instant, le jeune homme prit place sur une balancoire, faisant quelques mouvements d'avant en arrière avant de s'arrêter pour lever la tête vers le ciel, poussant un long soupir.
Son monde et sa famille manquaient cruellement à Nevan, particulièrement le soir. Et, n'ayant pas encore trouvé une famille d'acceuil convaincante, il commençait tout doucement à entrer dans une phase de depression. Ainsi ce soir, pour combattre cela, avait-il décidé d'user du meilleur remède qu'il connaissait : sa propre musique, dont les intonations lui rappellaient son monde natal et tout ce qui s'y rattachait.
Alors doucement, il vint s'assoir en tailleur dans le sable, avant de prendre la flûte traversière sur le côté droit pour commencer à souffler à l'intérieur, ses doigts remuant gracieusement pour composer les premières notes. Et soudain dans le vent du soir commencèrent les envolées magnifiques et tristes d'un morceau qui touchait au coeur ceux qui pouvait l'entendre, à commencer par le flûtiste lui-même, dont les yeux clos laissèrent peu à peu perler des larmes roulant le long de ses joues, tandis qu'il jouait, et jouait encore....