La forêt, un livre, une plante rare, une odyssée, voila l'idée qui germait dans la tête de l'Alraune après avoir consulté un livre de la bibliothèque de sa mère. Une fleur, à la fois la plus grande au monde mais également la plus rare. D'après l'encyclopédie, elle pouvait même peser jusqu'à 11kg. Elle n'en avait encore jamais vu, l'envie était grande de se rendre dans les terres sauvages. Le lieu par excellence pour avoir ne serait-ce qu'une chance d'en trouver une. Le problème de ce qu'elle avait pu lire c'est que celle-ci ne fleurissait que quelques jours avant de disparaître et que c'est la seule et unique méthode pour remarquer sa présence. Une fois un livre entier dédié à la plante lu, elle décida de s'en aller à l'aventure, seule cette fois, comme une grande fille. Elle déposa un baiser à sa mère et sa soeur et pris la route, une bien longue route pour atteindre la dite forêt ou l'on pourrait trouver cette plante à l'odeur diabolique, la fameuse Rafflesia arnoldii.
Elle était née dans la forêt et donc n'avait pas peur de se promener dans une d'entre elles. Pourtant, lorsqu'elle se retrouva à la lisière de celle-ci, un petit frisson la parcourut. Le lieu semblait lugubre, une odeur de miasmes semblant s'en échapper. Ses mains vinrent délicatement pincer le bout de son nez. Ces fragrances si fortes provenaient elles directement du lieu ou bien de la Rafflesia ? Elle n'en avait aucune idée, pour la bonne et simple raison qu'un simple livre n'est pas capable de faire ressentir des odeurs particulières. C'est un peu anxieuse tout de même qu'elle fit ses premiers pas dans la forêt. La forêt était malgré tout luxuriante, bien fournie d'arbres divers qu'elle n'avait aucun mal à reconnaître, certains communs, d'autres plus rares. Pas de sentier pour la guider mais elle faisait confiance à ses instincts en tant qu'Alraune, la génétique de son ascendance l'aiderait à coup sûr.
Elle marcha une petites dizaines de minutes avant d'entendre un bruit s'échappant d'un buisson. Elle tourna la tête dans cette direction, des feuilles semblaient bouger, faute au vent ou bien, quelque chose était passé par là. Elle se stoppa, scrutant avec plus d'attention, se rapprochant même, sur la pointe des petons afin d'éviter de faire du bruit. Une fois à portée, elle écarta le feuillage et a sa grande surprise, rien, rien de plus que de la terre et au centre un champignon de couleur flashy. Elle n'arrivait pas à en déterminer l'espèce mais une chose est sûre dans l'esprit de la jeune pousse. Forte coloration rime souvent avec poison. Elle s'écarta, reprenant son chemin, regardant de droite à gauche dans l'espoir de trouver ce qui la conduisait en ce lieu malsain.
Une petite heure passa ainsi sans le moindre indice. La forêt était encore immense comme elle avait pu le constater sur une carte avant son départ. Un craquement retentit en provenance de son dos, elle fit volte-face sur ses gardes et... devant-elle, un simple blaireau qui détalla tel un lapin effrayé par les mouvements brusques de la demoiselle plante. Pourquoi stressait-elle donc ainsi ? Elle n'allait pas se faire agresser, les animaux si on sait y faire avec eux sont généralement inoffensifs. Elle reprit sa route, humant l'air ambiant, tentant de localiser une odeur de décomposition avancée. Une odeur de pourriture sortit du lot, elle prit donc cette direction, bifurquant vers la gauche. Elle hâtait le pas toute émoustillée à l'idée d'avoir enfin trouvé ce qu'elle cherchait. C'est le sourire au lèvre qu'elle contourna un grand chêne qui lui coupait la vue. Son regard se posa finalement sur... un...un cadavre humanoïde en décomposition, déjà à moité grignoté par des chacals. Terrifiée, elle hurla avant de s'écarter à reculons, son talon se prenant dans une racine, elle tomba lourdement en arrière, se rattrapant de justesse sur ses menottes, les griffant un petit peu au passage. Ses fesses furent de grandes miraculées, pas une trace du choc, pas une seule égratignure grâce à ses bons réflexes. Saune n'eut guère le temps de reprendre son souffle qu'elle était à nouveau debout, courant comme une dératée à travers la forêt.
Au bout de 10 minutes de course effrénée, elle commença à ralentir avant de finalement s'arrêter, reprenant son souffle cette fois. L'Alraune était exténuée et s'appuya contre un arbre, regardant dans toutes les directions à la recherche d'un ennemi potentiel. A gauche, à droite, derrière elle, rien du tout... Son souffle se calmait lentement, une main posée sur son ventre pour le faire ralentir. Elle était sauve mais ce lieu pouvait-être dangereux visiblement. Elle ne tenait pas vraiment à tomber sur la chose qui avait brisé la nuque de manière aussi net et sèche. Elle s'assis au sol, prenant sa tête entre ses mains tandis qu'elle remontait les genoux. Perdue, voila ce qu'elle était.