Il s’était évidemment renseigné sur elle. Quand on avait son influence et sa fortune, on obtenait rapidement quantité d’informations. Ses détectives privés lui avaient ainsi rapporté, outre son véritable nom, sa biographie. Elle venait des États-Unis, et avait grandi avec son père, suite à un divorce de ses parents, sa mère s’étant remariée très rapidement après. Son père étant riche, il avait doté Skyler d’une éducation excellente, auprès d’une prestigieuse école privée américaine, avant que les deux ne finissent par déménager au Japon. L’une des informations très intéressantes que Dowell avait relevé, c’était que le père de Skyler n’était pas souvent là, laissant la jeune femme très indépendante. En ce moment, il était par exemple en voyage d’affaires pour une bonne semaine, ce qui, autrement dit, laissait les coudées libres à Dowell.
Car le vampire n’avait pas juste invité la femme pour lui conter fleurette. L’enquête qu’il avait diligenté l’avait surtout convaincu que cette femme était digne de lui. Oh, certes, il se sentait aussi frustré d’avoir été battu par une gamine de dix-sept ans, mais, au-delà de cette frustration, Alexandre était aussi... Excité. Il le dissimulait, mais, en voyant Skyler approcher vers lui, magnifique dans sa délicieuse robe rouge chinoise, il fut convaincu d’avoir fait le bon choix, et que plus rien ne pourrait l’arrêter.
La femme ne le réalisa pas, mais, quand elle referma la porte, celle-ci se verrouilla discrètement. Il sentit le sang de la femme s’accélérer brièvement, tandis qu’elle glissait timidement ses mains derrière son dos, et lui demanda pourquoi il l’avait invité.
« Eh bien, vous m’avez collé une sacrée rouste la dernière fois. Ce n’était qu’un tournoi amateur, certes, mais, vous voyez, j’aime bien la boxe... C’est un bon moyen de se détendre, et d’entretenir la forme. Vous savez ce que disaient les Grecs ? Un esprit sain dans un corps sain. Je suis sûr que, vous aussi, vous adhérez à cette philosophie. »
En soi, il ne mentait pas, il ne faisait juste que dire ce qu’il lui voulait d’une certaine manière. Avocat, Dowell savait manipuler les mots avec aisance. Il fit signe à la femme de le suivre, et se rapprocha du living room. Il avait sorti une bouteille de vin, et, juste à côté, une bouteille de jus d’orange. Le contraste était saisissant entre une bouteille qui valait deux euros à l’épicerie du loin, et un vin rouge français extrêmement rare, dont le prix de la bouteille allait, selon les millésimes, de 1 000 € à 2 500 €.
« Je vous en prie, installez-vous. J’ai sorti du Petrus, mais j’ai ensuite réalisé que vous étiez encore mineure... Faire boire une mineure, de la part d’un avocat, ce ne serait pas très correct, n’est-ce pas ? »
Il lui fit encore une fois un sourire charmant, et s’assit sur le canapé, face au canapé où Skyler put s’asseoir. Le vampire nota que la robe rouge était largement fendue à hauteur de la jambe, et aperçut une ficelle sous la robe, témoignant du fait que la jeune fille devait porter un simple string. Il lui remplit son verre, et remplit le sien ensuite, tout en continuant ses explications.
« Je suis très impliqué dans le développement de cette ville, et, surtout, je suis quelqu’un qui croit profondément en la méritocratie. Pour le dire autrement, j’apprécie les battantes, les jeunes femmes, comme vous, qui n’ont peur de rien, et surtout pas de devoir se mouiller le maillot pour réussir dans la vie. Au-delà de ça... Je pense aussi que ces tournois amateurs ne sont pas de votre niveau. »
Les verres remplies, il leva le sien, et trinqua avec elle, interrompant ainsi brièvement son discours.
« À vous et à vos exploits, Madame Skyler ! »
Elle n’avait rien à craindre. Dowell aurait pu mettre de la drogue dans le jus d’orange, mais ce n’était qu’un simple jus de fruits. L’usage de stupéfiants et de basses techniques de ce genre lui faisait un peu horreur. Il en usait, bien sûr, mais... Jamais au début.
« J’ai un réseau, je connais des gens... Et bien des clubs de boxe professionnels seraient ravis de pouvoir vous entraîner, et vous permettre de vous propulser sur le devant de la scène, dans des tournois beaucoup plus ambitieux. Alors, est-ce que tout ça vous intéresserait ? »