Edward Thawne arrêta son impressionnante voiture, une
Chrysler 300C, devant l’immeuble miteux, et en sortit précipitamment, faisant claquer la porte. Le Japon avait beau être très strict sur les armes à feu, le banquier tenait dans la poche intérieure de sa veste un pistolet chargé. La prudence, en effet, était toujours de mise quand on entrait dans les quartiers désœuvrés et vétustes de la Toussaint. Portant des gants noirs en cuir, il s’empara de son téléphone portable, tout en poussant la porte du perron, et chercha à contacter sa fille. Les boîtes aux lettres étaient toutes défoncées, avec de multiples tags, et l’ascenseur ne fonctionnait plus.
«
’Chier… Putain, mais réponds ! »
D’un calme imperturbable, il y avait peu de choses qui pouvaient faire sortir Edward de ses gonds, et l’inquiéter vraiment. Il était un banquier éminent de la troisième plus grosse banque du Japon, la SMFG, acronyme pour
Sumitomo Mitsui Financial Group. À ce titre, il bénéficiait d’un salaire mensuel très élevé, d’une voiture de fonction, et habitait un manoir très bien aisé dans les beaux-quartiers de Seikusu. Autant dire que le stress du travail ne le concernait pas vraiment. Il accomplissait son métier avec calme et diligence.
La seule chose qui était capable de l’inquiéter était sa fille, dont il avait la charge depuis qu’il avait obtenu le divorce d’avec sa mère.
Abby Thawne était une vraie tête brûlée, de quoi rendre fou n’importe quel père. Elle sortait en ville, dans les quartiers sinistres de la Toussaint, et buvait de plus en plus. Elle était en manque d’attention de la part de son père, ce qui expliquait pourquoi elle portait continuellement des tenues très courtes, s’était teint les cheveux en blond. Pendant un temps, Edward avait pensé que cela venait du fait qu’elle n’avait pas vu sa mère depuis plus de dix ans. Sa mère, en réalité, était une erreur de jeunesse d’Edward, une femme qui avait mal tourné. Une schizophrène qui était en asile. Il avait couché avec elle après une soirée très alcoolisée, et elle était tombée enceinte. Edward aurait pu nier, mais, en réalité, il venait d’une famille où l’honneur était chose très importante. Elle, elle venait du Japon, et était à Londres lors d’un voyage scolaire. Ils s’étaient rencontrés lors d’une soirée.
Une fois qu’elle était tombée enceinte, Edward y avait vu l’occasion de quitter le tyrannie de son père, et s’était marié avec elle. Il l’avait entretenu pendant des années, avant de comprendre qu’il n’était pas du tout amoureux d’elle, alors que, Abby… Certains disaient que, quand on ne s’aimait pas au sein d’un couple, l’enfant en pâtissait. Chez Edward, ça avait été tout l’inverse. Abby était, et était toujours, le soleil de sa vie. Il s’était battu comme un fou lors du divorce pour avoir la garde d’Abby, et le juge lui avait donné gain de cause.
Cependant, depuis quelques années, Abby était de plus en plus… Instable. Pendant son enfance, Edward venait la voir autant que possible, ce qui n’était pas facile, car il avait un métier qui empiétait largement sur sa vie privée. Il l’avait vu à chaque kermesse, quand elle avait appris des cours de piano, mais, maintenant… Maintenant, leur relation était distendue, et Edward savait que c’était de sa faute.
*
J’aimerais me rapprocher de toi, Abby, mais je ne peux pas…*
Pourquoi ? Et bien, tout simplement parce que, en son for intérieur, Edward était amoureux de sa fille. Il lui avait fallu des années pour l’accepter, pour le comprendre. Abby s’habillait toujours de manière provocante, extrêmement sensuelle, et, alors qu’il aurait dû en être horrifié, sa colère n’était sue façade. En silence, il se masturbait en pensant à elle dans ses tenues très courtes. Abby était d’une beauté terrifiante : des seins magnifiques, une chevelure teinte en blond qui lui allait superbement bien, et un cul magnifique… Edward s’était maudit de fantasmer ainsi sur le cul de sa fille, mais il n’y avait rien à faire.
Comme pour s’arracher à cette attraction fatale, il avait eu une liaison avec une collègue pendant quelques mois. Il avait couché avec elle à plusieurs reprises, mais avait arrêté quand il avait dire le nom d’Abby en jouissant en elle. Et elle aussi, elle avait arrêté, car Kim, sa collègue, avait compris qu’Edward ne l’aimait pas. De plus, Abby avait détesté Kim dès le premier moment où Edward lui en avait parlé, et, là encore, Edward avait pensé, comme tous les psychiatres le disaient, que cela venait du fait que sa fille voulait voir sa mère. Alors, Edward avait arrangé une rencontre entre Abby et leur mère, mais elle avait refusé, catégoriquement, d’y aller, et avait même cru qu’Edward voulait l’abandonner, ce qui, là encore, avait amené sa fille à lui en vouloir atrocement.
Edward gravissait les marches, inquiet. Oui, sa fille aimait se foutre dans la merde… Et lui, il était un père monstrueux. Il avait envie de se rapprocher d’elle, mais, la dernière fois qu’il avait ça, il avait humé son parfum, il avait vu ses seins, son soutien-gorge… Edward en avait eu une érection, dissimulée par la table de la cuisine, et sa fille était partie en trombe. Il espérait depuis lors qu’elle n’avait pas réalisé ce qu’il ressentait, les regards discrets vers ses seins… Depuis lors, Edward peinait à dormir sereinement.
Le fait est que le banquier avait une expérience sexuelle très faible, ce qui, dans une ville comme Seikusu, était terrible. Il n’allait pas voir les prostituées, et, avant d’avoir Abby, il n’avait eu que quelques très rares expériences. Il venait d’une famille londonienne qui était un héritage de l’ère victorienne, avec un père de famille très rigide. Une relation de famille façon Pink Floyd et son
Another Brick In The Wall, pour avoir un élément de comparaison.
Et là, alors qu’il était rentré chez lui, il avait appris qu’Abby était sortie en soirée. Edward, comme d’habitude, avait tourné en rond. Sans Abby, sa vie lui semblait vide, creuse, et, alors qu’il attendait en ayant allumé la télé, dans un superbe salon flambant neuf, avec des canapés en cuir et une immense baie vitrée donnant sur sa piscine et sur Seikusu depuis les hauteurs, elle l’avait appelé, pour lui demander de venir la chercher le plus vite possible. Edward avait intégré dans le portable de sa fille une puce de géolocalisation, que seule Abby pouvait activer, et elle l’avait fait. La puce était reliée au GPS de son téléphone portable, et il l’avait suivi.
Jusqu’à ce taudis boueux.
Il grimpa au quatrième étage. Ça puait, il y avait des lézardes sur les murs, des cartons de pizzas le long des murs. Edward savait que ces quartiers appartenaient aux Yakuzas, et qu’ils n’avaient jamais envisagé de les rénover, ce qui leur donnait une allure sinistre et horrible. L’homme se rapprocha d’une porte, et tapa furieusement à la porte.
«
Abby ? ABBY ! »
Edward, n’ayant aucune réponse, ouvrit alors la porte.
Malgré le fait qu’il soit un banquier, Edward était aussi un homme qui avait, chez lui, une salle de musculation, et qui aimait y entretenir son corps. Il suivait l’enseignement très strict de sa famille :
mens sana in corpore sano. Un esprit sain dans un corps sain.
Il ouvrit donc la porte, débarquant dans un appartement enfumé, avec une musique qui hurlait dans un coin.
«
ABBY !! ABBY !! »
Mais où était donc sa fille ?!