Les choses avaient prit un tournant pour le moins inattendus et pour le moins frustrant. Arzak ne la connaissait pas, s’en fichait royalement, l’inverse était tout aussi vrai et c’est sans le savoir qu’il avait mit le “doigt”, c’est le cas de le dire, ou il le fallait. S’il escomptait asseoir sa dominance ce fut un franc succès, en revanche s’il s’agissait de lui déplaire c’était un échec, la blonde avait sucé son doigt avec une délectation flagrante.
Puis elle avait attendu, entre appréhension et impatience, une pénétration qui n’arriva jamais. Elle l'avait regardé avec inquiétude, se demandant s’il ne lui préparait pas un autre genre de mauvais coup, mais ce ne fut pas le cas...
La jeune femme avait jeté un regard noir à l’assassin d’abord, curieux ensuite pour le remercier d’un signe de tête de l’avoir débarrassé du poids à présent mort. Elle baissa ensuite les yeux sur le sang qui souillait son corps avec un air un peu dégouté alors que le gobelin quittait la pièce comme si elle n’existait pas, comme si rien ne venait de se passer. Un dernier coup d’oeil au corps d’Arzak et il fut oublié alors qu’elle estimait ses chances de s’enfuir. Elle eut d’ailleurs vite fait de les estimer, nuls. Ils étaient partout. Son petit tête à tête terminé, Lirielle avait reprit ses esprits. Se sermonnant intérieurement de s’être montrée si égoïste sans parvenir toutefois à culpabiliser le moins du monde. Est-ce qu’ils étaient simplement revenus punir l’orc pour son manque de professionnalisme, est- ce qu’ils l’avaient déjà retrouvé, elle ? Allaient-ils la laisser s’en tirer à si bon compte ? Non, non et non, c'eût été trop beau...
Son coeur battait à tout rompre alors qu’elle entendait de multiples voix à l’extérieur, on passait de trois potentiels mâles à...La blonde préféra balayer cette question de son esprit, préférant se focaliser sur la bonne nouvelle qui en découlait, ils comptaient sur elle pour retrouver l'elfe et la relique et elle ferait tout son possible pour les en empêcher, chaque minute de perdu pour eux étaient des minutes de gagnées pour elle. Lirielle eut confirmation de son importance dans tout ça parce qu’on entra à nouveau. La jeune femme cacha instinctivement les parties les plus privées de son corps tant bien que mal, reculant jusqu’à heurter le mur froid, humide, aussi peu agréable que risquait de le devenir le reste de la nuit. Des formes indécises d’abord dans la demi pénombre avant qu’elles ne s’esquissent et que la jeune femme se retrouve face à un nouvel orc.
Même si ce dernier s’était montré nu sous ses yeux elle aurait comprit qu’elle n’avait pas affaire à un simple soldat. Son aura était puissante, enivrante, lui était inconnue. Ses yeux respiraient une détermination et une intelligence qui la captivait, elle sentait qu’il serait difficile de le berner, voir impossible et elle craignait les répercussions de ces tentatives, parce qu’elle essaierait, malgré tout. Jusqu’à ce que mort s’ensuive. C’était comme ça que les choses devaient se passer. Elle trembla malgré elle quand sa voix brisa le silence.
" Il a failli à son devoir. A cause de sa stupidité, l'elfe s'est échappée. Ca ne serait pas arrivé s'il avait pensé aux ordres d'abord, et au cul après. On offre son corps pour la cause ? Hmpf ! J'aurais quelques questions à te poser, humaine... mais pas ici. "
Lirielle n’avait rien répondu, tout simplement parce qu’il ne lui en avait pas laissé le temps, la blonde avait viré au rouge, de frustration, mais surtout parce qu’elle était terriblement vexée quand il l’avait bazardé sur son épaule. Elle n’était pas n’importe qui, elle avait une mission, l’avenir de ces elfes dépendait d’elle, bon elle ne s’était pas vraiment investi mais tout de même. Alors elle avait protesté, frapper de ses poings rageurs sur le dos de son porteur qui n’avait même pas l’air de s’en rendre compte.
La blonde abandonna sa lutte de principe quand ils arrivèrent à l’extérieur, elle releva le visage tant bien que mal, plissant les yeux face aux flambeaux. Des dizaines et des dizaines d’orcs. Elle se surprit à espérer mourir vite. D’ailleurs, elle avait une idée de comment parvenir à ce résultat dans la nuit. Malgré tout la jeune femme ne pouvait s'empêcher d’admirer une telle assistance, qui suintait la testostérone, les imaginant au combat et pas que. Alors, à nouveau, elle avait rougit.
" MES FRERES ! NOUS AVONS UNE NOUVELLE PRISONNIERE ! GRACE A ELLE, NOUS N'AURONS AUCUN MAL A RETROUVER CET ELFE ! ALLONS AU CAMP ! "
Que tu crois... avait marmonné la jeune femme avant de se laisser aller comme un poids mort sur son épaule, soulageant sa nuque pour le reste du trajet, fixant le sol entre résignation, colère et surtout peur. Elle ne voulait songer à ce qu’ils faisaient à leurs esclaves, combien des leurs étaient restés au camp, et pourtant elle ne faisait que ça.
Etonnamment la blonde puisa du soulagement dans le regard vert et brillant d’intelligence de l'énorme loup brun et le grondement sourd et paisible qui avait roulé dans sa gorge. Un peu moins dans les gestes du gobelin. Encore un qui avait l’air un peu trop malin. Pourtant, un bref sourire illumina le visage de la prisonnière avant qu’elle ne soit à nouveau posée comme un objet sur le loup de celui qui était vraisemblablement le chef. Lirielle aurait bien voulu s’accrocher à la douce fourrure qui lui caressait la poitrine et le ventre à chaque déplacement de l’animal mais soit ce dernier faisait attention à son “chargement”, soit il était suffisamment large pour assurer une certaine stabilité à la jeune femme.
La peur et son appréhension l'empêchèrent de se faire une idée précise du temps que mirent les orcs à chevaucher jusqu’à leurs campement, faisant trembler la forêt sur leurs passage. Dès leur entrée dans le camp Arkail mit pied à terre et ne tarda pas à relever la prisonnière sans toutefois détacher ses mains et Lirielle en éprouvait une intense frustration, l’humiliation était grande de se retrouver là, nue, sous de multiples yeux avides qui la regardaient comme un bout de viande, alors elle se focalisa sur son environnement.
Si la jeune femme l’ignorait, l’endroit était on ne peut plus typique, le camp de fortune avait été fortifié et rien que les barricades de bois constituées de troncs taillés en pieux suffiraient à dissuader quiconque d’un peu sensé d’y mettre les pieds, de s’opposer à eux. Lirielle rit jaune intérieurement. Sans qu’aucun ordre n’aient eu besoin d’être donnés, les loups avaient rejoint un espace à l’entrée du camp qui leurs était visiblement réservé. Tout commes les orcs qui les montaient, ils possédaient de nombreuses cicatrices et tout dans leurs mouvements indiquait une bestialité maîtrisée, étrangement paisible. L’enclos ouvert prouvait qu’il ne servait qu’à séparer les espaces. La blonde fronça les sourcils, s’interrogeant avec inquiétude sur la nature de la “viande” déposée au centre. Le capitaine des orcs la dépassa, masquant les animaux à sa vue et elle se focalisa sur le reste du campement. Des tentes de peau avec des renforts en bois, partout, toutes ou presques ornées de défenses et de crânes. Là encore, la jeune femme ne voulait pas se soucier de la provenance. Au centre de ce qui était un vrai camp militaire fortifié se trouvait un grand feu dont les flammes semblaient vouloir toucher le ciel.
Seul un orc était assis prêt de celui çi, visiblement indifférent à la chaleur qu’un tel foyer pouvait dégager. Plus frêles que ceux qu’elle avait vu jusque là, il n’était vêtu que d’une peau de bêtes et de nombreux colliers d’os et de pierres ornaient son cou. Les yeux clos ils semblaient marmonner mais Lirielle était trop loin pour pouvoir l’affirmer. Il rouvrit les yeux et tourna la tête dans sa direction, comms s’il se sentait observer. Il ne pouvait la regarder, pas avec deux orbites vides, pourtant elle avait l'étrange sentiment qu’il lisait en elle. La fumée se mit à se mouvoir étrangement, dessinant des scènes qui changeaient tellement vite que Lirielle ne gardait aucun souvenir de ce qu’elle voyait, c’était étrange, magique.
Mal à l’aise elle se détourna à nouveau. La petite ballade touchait à sa fin et les rires et les voix se faisaient de plus en plus lointains. Leurs but n’était autre que la plus grande tente du camp, montée à l’écart des autres et gardée par deux orcs qui partirent sur un geste de main négligent d’Arkail. Il poussa sa prisonnière à l’intérieur qui sans plus attendre se tourna pour planter ses yeux bleus et colérique dans ceux du chef.
- Vous pourriez avoir la décence de me donner au moins de quoi me couvrir et me détacher, je ne risque pas de m’enfuir !
Lirielle réalisa que c’était une perte de temps, elle aurait plus vite fait de le pousser à bout plutôt que de lui mentir, elle espérait qu’il craque et la tue avant qu’il lui fasse passer un sale quart d’heures entre les mains de ses soldats. Malgré ses grands airs, la peur ne faiblissait pas, bien au contraire, la traversé du camp n’avait fait qu’augmenter son sentiment qui se muait doucement en panique et tous ses plans s’écroulaient.
- Je sais ce que vous comptez faire, je ne vous dirais rien.
C’était eux les grand méchants de cette histoire, forcément.