Timothée vogua sur la frontière floue entre conscience et inconscience, curieusement détaché de son corps brisé. Ce corps secoué de sanglots et de convulsion nerveuse, ce corps affalé dans ses fluides, ce pouvait-il que ce soit vraiment le sien ? Il avait un doute, vraiment. Son être voulait l’attirer vers le réconfort du vide, là où il n’avait plus mal, là où il n’avait plus à réfléchir. Mais un soupçon de volonté demeurait dans ce tas de chair velue et humide. Il eut un hoquet, tourna la tête, vomis encore.. Il lui semblait avoir la mâchoire en miette. Non, il ne devait pas y songer, pas faire le bilan de tout ce qui était cassé en lui. Il serra les poings. Ha les salops ! Ce qui l’horrifiait le plus, c’était qu’ils pouvaient faire subir cela à d’autres. Il rassembla les lambeaux de sa pensée. Les chaînes tintaient sous ses tremblements frénétiques. Il parvint à quelque peu les réprimer. Il se mit sur le flanc, porta les mains à son visage.Une lueur émana de ses mains, ténues, discrète, accompagnée de chaleur et de picotement. Il se soignait grâce à sa magie. Il porta les mains à son entrejambe, réitéra la manœuvre. Ho que c’était épuisant ! Mais il se sentait revenir, la douleur refluait... Il porta les mains à ses fesses, minimisa les dégats... Le monde tournoya. Il ne fallait pas tomber dans les pommes, pas maintenant ! Il se mit sur son séant et fixa la porte de sa cellule. Il devait retrouver assez de concentration pour lancer ses flammes blanches quand l’ignoble duo reviendrait.