Après diverses pérégrinations, Kira avait fini par trouver un portail qui conduisait sur Terre et s’était empressée de l’utiliser, ravie à l’idée de pouvoir goûter au sang d’un humain de pur souche, qui n’avait jamais été croisé avec un terranide. Il fallait dire qu’elle n’avait pas eu le temps la dernière fois de bien s’amuser de façon sanglante, elle était tombée sur un dieu, rien que ça. Un dieu pervers qui lui avait très vite montré pourquoi il s’était intéressé à elle. Quoi qu’il en soit, elle avait décidé de revenir dans ce monde étrange qu’elle ne connaissait pas, et qui recelait plein de mystères.
Jetant un coup d’œil autour d’elle, la vampirette remarqua qu’elle se trouvait dans une ruelle sombre, adjacente à une rue principale bondée et festive. Mais où se trouvait-elle donc ? Et surtout, que faisaient tous ces humains réunis ? Était-ce normal ? Elle ne savait rien de ce monde, à part que comme celui d’où elle venait, les vampires étaient mal vus. Alors qu’adossée au mur, elle regardait les passants marcher avec une petite flamme dans le regard, un homme s’arrêta à quelques mètres d’elle, semblant comme hypnotisé par sa beauté. Il fallait dire qu’elle était aussi parfaite qu’une statue, comme si des centaines d’hommes avaient liés leurs désirs sur une seule et même créature. Ses longs cheveux de jais brillaient sous la lune, ses pupilles d’un rouge éclatant étaient étrangement attirantes, et sa peau de marbre était d’un blanc pur, qui aurait fait paraître la neige grise. Tout en elle montrait qu’elle était loin d’être humaine, et cependant une de ces créature inoffensives et presque sans défense avait décidé de s’arrêter là pour l’observer. Amusée, Kira lui sourit. Aussitôt, l’autre s’approcha. La jeune femme tendit son bras, et l’humain le saisit. Alors, comme un couple, ils se mirent à marcher, jusqu’à atteindre un petit parc. La lune se reflétait sur la petite étendue d’eau qui leur faisait face et la femme leva les yeux vers elle, les lèvres légèrement entrouvertes. Alors, l’homme qui avait choisi d’égayer sa nuit solitaire se saisit d’elle dans ses bras et se mit à l’embrasser passionnément, tel un amoureux enhardi par un encouragement sincère.
Les gens qui passaient par là finirent par s’en aller, les laissant seuls, en train de s’embrasser comme si leur vie finirait lorsque leurs lèvres se sépareraient. Bon, bien sûr, dans le cas de l’un, c’était vrai. Mais ce dernier n’était pas censé être au courant. Aussi, lorsqu’il se recula pour admirer sa beauté, elle se lova contre son torse en poussant un soupir satisfait, qui était sûrement plus dû au fait qu’elle sentait qu’elle allait pouvoir contenter sa faim qu’au fait qu’elle soit, comme il le pensait, amoureuse de lui. Approchant ses lèvres de son cou, elle sortit ses crocs et mordit. Il ne se rendit compte de rien, tellement le plaisir fut fulgurant. Les vampires étaient doués pour amener leurs proies à se laisser faire…
Au bout de quelques minutes, elle finit par épuiser le jeune homme de ses dernières réserves de sang et le laissa tomber à terre, sans montrer d’émotions particulières. À vrai dire, cela faisait tellement de temps qu’elle avait l’habitude de tuer comme ça qu’elle ne comptait plus le nombre de ses victimes. Pour se débarrasser du cadavre, elle le traîna jusqu’à un buisson où elle le cacha, puis partit. Néanmoins, après qu’elle ait fait quelques pas, son regard perçu un mouvement et elle se figea, devenant aussi immobile qu’une statue, dans une pose digne de ces dernières, le visage calme. C’était un autre humain, mais il ne ressemblait pas à ceux qu’elle avait croisé jusqu’alors. Il n’avait pas les mêmes traits. Sûrement venait-il d’un autre endroit, comme elle. Quoi qu’il en soit, elle le laissa approcher sans rien dire, remarquant à son regard qu’elle l’attirait autant qu’elle avait attiré sa dernière victime en date. Plus il avançait vers elle, plus elle pouvait sentir les battements de son pauvre cœur qui s’accéléraient. Allait-elle pouvoir dîner deux fois, ce soir ? Mais sa faim s’était calmée, elle avait vraiment beaucoup bu, ce soir…
À deux mètres d’elle, il s’arrêta, comme si il pensait à quelque chose. Avait-il compris le danger qu’elle représentait pour lui ? Non, il se contenta d’ouvrir le dialogue. Mais avant qu’il n’eut fini, il tomba dans le piège et crû avoir affaire à une simple statue. Riant de lui-même, il chercha néanmoins ce qui devait lui donner la sensation d’être observé. Quand un vampire vous regarde, c’est sûr que vous le sentez passer… Il se détourna, et elle en profita. Plus rapide que l’éclair, elle se retrouva derrière lui, ses dents sorties. Léchant un peu la peau du cou de sa victime pour l’attendrir, elle souffla dessus et croqua. Là, elle se mit à absorber son sang…