Entre deux dossiers [Maelys Hastanse]

« Morimoto-sama souhaite avoir les dossiers scolaires de toute cette d’élèves, Stevens-san. »

La douce voix de Matsuno Kaori résonnait encore dans ses oreilles quand elle toqua à la porte du bureau de Maelys Hastanse, secrétaire travaillant depuis plusieurs années au lycée Mishima, et qui avait donc maintenant son propre bureau, là où Shani, elle, partageait les locaux du secrétariat commun. Kaori-senseï était une professeure, mais, preuve de sa soumission, elle appelait les secrétaires par le suffixe « -san », sauf pour Morimoto, qui était l’un des membres du conseil d’administration du lycée Mishima. Un homme assez âgé, qui dirigeait le clan Morimoto, l’un des grands clans de la ville, disposant d’une fortune considérable, et qui avait participé à la fondation du lycée. Shani, toutefois, n’était guère dupe. Quand Kaori-senseï, une jeune femme, parlait de « Morimoto-sama », elle ne parlait pas du patriarche du clan, qui était souvent à Tokyo ou à Kyoto, mais de sa fille, et véritable dirigeante du clan, Reina Morimoto. Elle et sa sœur, Leona Morimoto, étaient de puissantes femmes, et Kaori-senseï était leur esclave sexuelle. Quand elle demandait cette liste, Shani savait très bien ce que Reina comptait faire avec eux. Il y avait des hommes et des femmes, et elle avait esquissé un léger sourire.

Pour cette tâche de travail excessive, la prof’ avait chaleureusement remercié Shani, en lui offrant son corps, comme elle l’entendait. Cependant, Shani, en consultant les archives, avait remarqué que trois dossiers n’étaient pas là. On approchait en effet de la planification des concours d’entrée à l’université, et, dans ce domaine, c’était Mishima qui s’occupait de toutes les formalités administratives. L’administration envoyait auprès de chaque élève un formulaire de souhaits, afin que les élèves indiquent dans quelles universités ils souhaitaient candidater. Ensuite, l’administration faisait le nécessaire, de telle sorte que les élèves n’avaient qu’à se concentrer sur les révisions. On approchait de cette période, et les dossiers étaient répartis entre plusieurs secrétaires.

Résultat : les dossiers qu’elle recherchait étaient dans le bureau de Hastanse-san. Une secrétaire qui n’appréciait pas le désordre, et qui avait déjà, à ce qu’on lui avait dit, réorganisé le secrétariat commun, pour que ce soit plus clair.

*Allons-y...*

S’avançant vers le bureau de sa collègue, elle tapa à la porte, comme pour s’annoncer, et ouvrit la porte :

« Hastanse-san ? »

Trier, classer ranger, les trois mots d'ordres préférés de Maelys. Assise seule à son bureau plongée dans de la documentation elle pourrait y passer des heures, mais comme elle ne peut parfois pas dépassé les 35 heures obligatoire elle se contente de faire ce qu'elle peut pendant les heures de bureaux. Encore une nouvelle journée ensoleillée qu'elle passe à trier ses dossiers.  Le rayon de soleil qui provient de sa fenêtre tape contre sa feuille blanche et éclaire son espace de travail, l'éclairage électrique elle n'en est pas particulièrement fan, mais elle fait avec ! Personne en vue, elle pourrait bien  utiliser un ou deux vibro caché dans son tiroir du bas. La clef est dans sa poche, car elle ne veut pas que les autres trouvent le contenu de ce tiroir !

Elle fouille dans sa poche avec vivacité pour en sortir la clé et la poser sur le verrou de son tiroir. Le double tour étant effectué, il ne lui reste plus qu'à l'ouvrir, mais elle est interrompue par un mail qui l'empêche de profiter pleinement de ses jouets.  Elle se remet à la tache et répond à son mail. Ce n'est pas une mauvaise nouvelle, il s'agit d'un élève qui faisait une demande d'admission à un club. Comme elle doit transférer son dossier afin d'officialiser son inscription, elle s'en occupe. Son thé est en train de refroidir, alors une fois qu'elle a fait ce qu'elle devait faire d'un geste rapide elle prend sa tasse sans se bruler et la porte à ses lèvres pour la vider. Elle repose sa tasse vide sur un coin de meuble et se vautre contre son fauteuil en cuire noir bien confortable. Elle repose la main sur sa clé, mais voilà qu'on frappe à la porte cette fois, elle met sa main droite sur son clavier pour faire style et voit une de ses collègue rentré dans le bureau. Un échange de regard se fait.

"Oui ?"

La secrétaire tapote sur son clavier d'ordinateur pour écrire un autre mail tout en regardant de temps à autres sa collègue qui vient d'entrer. Il s'agit certainement de dossiers d'élèves pense-t-elle. Ou bien c'est plus personnel que ça. Une fois qu'elle a fini de rédiger son mail, elle se tourne vers Shani pour l'écouter convenablement.  La clé du tiroir toujours dessus, mais pas ouvert.  Impossible de s'y pencher pour voir son contenu. Maelys garde un air naturel et décontracté.    Elle lui demande ce qu'elle est venue faire dans son bureau avec un ton neutre.  

"Tu as besoin de quelque chose?"

Si Maelys aimait bien se perdre dans la paperasse, ce n’était clairement pas le cas de Shani. Elle avait beau être une secrétaire, elle n’aimait pas particulièrement les papiers, contrairement à Hastanse-san. Son bureau était très propre, très bien rangé, et la jeune femme était aussi belle que calme. Est-ce qu’elle participait aux régulières orgies entre secrétaires ? Shani n’avait pas spécialement souvenir de l’avoir vu, mais le corps administratif de Mishima comprenait plusieurs dizaines de personnes. Maelys la salua donc, sur un ton très cordial, mais aussi très professionnel.

« Euh, bonjour, Hastanse-san. Désolée de te déranger, mais Kaori-sensei m’a demandé les dossiers de plusieurs élèves, et je crois que c’est toi qui les as. »

Il se dégageait, chez Maelys, une sorte de « beauté tranquille », qui sonnait très française. Shani n’aurait pas été surprise d’apprendre qu’il y avait, dans l’arbre généalogique de Maelys, quelques Occidentaux. Le Japon avait beau être un pays très refermé, l’un des plus fermés du monde en terme d’immigration, après la Seconde Guerre Mondiale, et même pendant l’ère Meiji, beaucoup d’étrangers étaient venus s’installer dans l’archipel, ce qui avait offert un peu de diversité sociale au pays. Shani s’avança un peu, et tendit la liste comprenant les noms à Maelys.

Pendant ce temps, restant debout, elle regarda autour d’elle.

« Woow, c’est très bien rangé dans ton bureau. Je te tire mon chapeau ! »

Façon de parler, naturellement. Shani parlait un japonais plutôt correct, car elle avait pris beaucoup de leçons en venant au Japon, et, même avant, en France, elle s’était un peu renseignée sur l’apprentissage du japonais. Elle regardait donc autour d’elle, non sans une certaine curiosité. Bien évidemment, elle ne vit pas le petit trésor de Maelys, dans le tiroir du bureau, et la laissa donc chercher les dossiers...

La raison de la présence de Shani fut confirmée par la demande de dossiers d'élèves comme elle l'avait penser un peu plutôt. Elle tend la main pour attraper la liste des noms des  élèves et se lève à son tour pour  aller fouiller dans un petit casier gris métallique dont la porte est coulissante. Sa maniaquerie de bien classé chaque paperasse à sa place fait qu'elle les trouves assez rapidement. Cela lui permet de gagner en efficacité de savoir ou sont chaque choses. Elle sors les  dossiers concernés et les tends à Shani d'un geste amical tout en gardant le sourire.  

"Voilà, j'ai tout mis dans des sous dossiers colorés différents."

Elle regagne sa place d'un pat lent et pose et en voyant sa collègue admirer son bureau bien ranger, elle ne peut pas s'empêcher de faire une remarque.  La secrétaire se dit dans sa tête qu'elle jouerait bien avec elle, mais d'un autre coté c'est plutôt risqué de montrer sa collection de jouet personnel à un autre membre du staff. Peut-être qu'elle en a elle aussi. Elle allait le savoir bien vite !  

"Oh, merci c'est gentil."    

La clé toujours dans le tiroir de son bureau elle décide de tirer dessus laissant le tiroir glisser sur ses rails. Maelys peut donc observer sa collection de jouet et fait signe à Shani de venir voir ce dont elle dispose avec un léger sourire au coin des lèvres. Il y' a vraiment de tout dans son tiroir, un fouets, un vibro, des baîllons boules et pleins d'autres choses amusantes. Il y a même du cordage et du gros scotch gris très solide. De quoi passer le temps au bureau quand elle s'ennuie !  

"Si jamais tu t'ennuie, ça te dirais de jouer avec moi ? A moins que toi aussi tu es une collection de ce style. De toute façon, il parait que c'est courant à Mishima. Est-ce que j'ai raison ? "  

La franchise et l'ouverture d'esprit dont fait preuve la  secrétaire est très directe voir même un peu trop. Elle se demande comment va réagir sa collègue en voyant la collection personnelle de Maelys.  L'idée de s'amuser entre deux dossiers ne lui déplairait pas.

Comme elle s’y attendait, Maelys n’eut aucune difficulté à trouver les dossiers. L’avantage d’un bureau rangé ! Bon, à son corps défendant, Shani recevait régulièrement énormément de dossiers, ce qui faisait que les classer était difficile. Il fallait faire attention, et, mine de rien, c’était un vrai casse-tête. Le secrétariat commun disposait ainsi d’une grande pièce, avec des armoires métalliques remplies de dossiers, comme dans ces vieux films d’espionnage avec ces archives administratives comprenant une série de casiers dans une pièce gigantesque, avec des étagères métalliques énormes. Toute proportion gardée, l’image était un peu la même, et, fort heureusement, chaque dossier faisait l’objet d’un suivi. Tout secrétaire transférant un dossier dans son bureau devait l’indiquer, ce qui permettait d’assurer leur traçabilité, et pouvoir rapidement les retrouver. Des astuces simples, mais plutôt efficaces.

La belle secrétaire trouva rapidement les dossiers demandés, et Shani esquissa un léger sourire.

« Merci beaucoup, Hastanse-san ! » dit-elle en s’inclinant légèrement.

À force, elle apprenait à se faire aux us et coutumes des Japonais. Elle s’apprêtait donc à repartir quand Maelys ouvrit le tiroir de son bureau... Et le regard de Shani fut naturellement capté par cette ouverture... Et, en en voyant le contenu, elle écarquilla légèrement les sourcils. On aurait pu s’attendre à y voir des tampons, des agrafeuses, un stock de papiers, des Post-its, des stylos... Mais il y avait, en réalité, un autre équipement, un équipement spécialement pensé pour Mishima... Et Maelys en avait une belle panoplie.

« Si jamais tu t'ennuie, ça te dirais de jouer avec moi ? A moins que toi aussi tu es une collection de ce style. De toute façon, il parait que c'est courant à Mishima. Est-ce que j'ai raison ? » demanda Maelys.

Shani se contenta d’un léger sourire, et contourna un peu le bureau, tout en reposant les dossiers dessus.

« Et bien... Vu que tu es ici depuis plus longtemps que moi, je suppose que tu as déjà la réponse à cette question. Normalement, je devrais aller remettre ces dossiers à Kaori-senseï, mais... »

Shani se contenta d’hausser les épaules, en lui offrant un sourire insolent.

« Je pense que ça peut attendre un peu... » glissa-t-elle, avec un léger sourire.

Elle s’était assise sur le rebord du bureau en prononçant cette phrase, son regard se mettant à pétiller de malice. Chez Shani, le sexe s’imposait vite... Et, effectivement, entre collègues de Mishima, il était très fréquent... Et pas qu’entre collègues, d’ailleurs !

Se mordillant les lèvres, elle rapprocha son corps de celui de la femme, posant ses mains sur ses épaules, et alla entamer les hostilités... Par un tendre et sensuel baiser.