Disons le franchement, cette hybride était une prise de luxe, et pas vraiment attendue par Cyscek. Alors qu'il rentrait vers Karan, la ville portuaire la plus proche, il avait repéré les traces de cette femme-chat. Ils leur restaient encore pas mal de trajet, entre la journée de marche, les deux jours de bateau et encore une journée de marche pour revenir à sa propriété. Mais passer une demi journée à traquer une proie comme celle-là pouvait lui rapporter gros.
La prise n'avait pas été difficile : s'approcher tout en discrétion, et BOUM. Pas très fin mais ça marchait à tous les coups. Dans une cage, et l'affaire était réglée.
Cela faisait déjà deux heures que la kyuubitsune avait été capturé, et elle revenait lentement à elle. Cyscek fit signe à Fynn, son acolyte, de faire stopper les mules. Fynn était plus jeune que Cyscek, cela se voyait, et bien moins imposant. Mais il accomplissait tout ce que l'esclavagiste lui demandait sans rechigner à la tâche, et c'était là tout ce que voulait Cyscek d'un employé. Il ne pensait pas un jour lui transmettre sa petite entreprise, ne serait-ce qu'avec sa carrure il aurait du mal à capturer des esclaves. Quand la cohorte fut arrêtée, Cyscek se dirigea vers la cage où il avait entreposé la nouvelle prise. Les deux hommes arboraient des vestes sans manche, ouvertes sur leurs torses nus. Avec la chaleur encore bien présente en journée, c'était un luxe de ne pas trop se couvrir, même s'ils devaient garder bottes et pantalons pour avancer dans les herbes hautes.
Tiens, elle parle, c'est déjà ça !
Fynn venait de parler, fanfaronnant un peu de sa position de supériorité vis à vis de la femme encagée. Nul doute qu'il devait souvent en profiter. Cyscek lui jeta un regard noir, pas pour le réprimander sur ses paroles, mais pour lui montrer qu'il dirigeait, et que c'était lui qui menaient les débats. Il ramena ensuite son regard sur la kyuubitsune, la jaugeant de haut en bas.
Donne moi ton nom, tes compétences et le nom de ton ancien maître.
Le ton était bien plus posé que celui de Fynn, malgré la carrure très imposante : c'était l'erreur généralement faite par ceux qui discutaient avec lui : ils prenaient Cyscek pour une brute sans cerveau, et cela causait leur perte. Avant qu'elle n'ait pu répondre, il ajouta.
Et je te conseille de ne pas me mentir, j'ai vu ta marque.
De l'index, il désigna l'un des poignets de la demoiselle. Un petit poinçon, à peine une tête d'épingle, mais lui en connaissait la signification : dans certaines contrées, cela suffisait à marquer l'appartenance d'un esclave. Une bonne technique au goût de Cyscek, qui n'aimait pas les signes trop ostentatoires comme les tatouages immenses ou les anneaux impossibles à ôter.