19 heures. Le début de la soirée. Le début de la vie pour le quartier de la toussaint. Ce soir, le JYL portait sa blouse scientifique habituelle, et un pantalon large vert kaki, ainsi que ses éternelles sandales. Décidément, Daclusia passait énormément de temps dans ce quartier, lui sensé errer sur Terra... Mais on y faisait souvent bonne pioche... Comme ce soir.
Des seins, insolents, qui braillaient "libertar" à l'encontre de ce chemisier et cette pudeur enfantine qui les maintenaient comprimés. Une enfant, dont le reflet du miroir renvoyait l'image d'une jeune adulte. Le JYL le devinait bien. Elle était dans cette période où l'on commence à s'interroger sur son corps, où l'on découvre les bienfaits et méfaits de la croissance, et où on se pose cette question: est-ce que je laisse mon corps s'exprimer, ou bien est-ce que je le retiens?
Pendant un petit moment, il se contenta d'observer. Elle était drôle à se regarder et s'examiner comme si il s'agissait d'une inconnue. Et puis c'est vraiment ce dont il s'agit quand on grandit...
Mais lui n'était pas psychologue, ni assistante sociale, encore moins garde-enfant. Il était l'orage dans l'air, l'eau dans le gaz, la goutte qui fait déborder l'océan.
Une trousse? Pas bien difficile d'en déterminer la nature. C'est aussi ça qui débute à cet âge là... Tandis qu'elle tentait, tant bien que mal, de s'affubler de divers faux semblant, Daclusia ne put s'empêcher de pousser un soupir de dégoût. Le maquillage, voilà bien une des choses les plus horribles existante.
Non seulement pour ce qui est de leur tests et fabrications, mais également pour ce qu'il faisait; se mettre un masque, pourquoi pas, nous le faisons tous, mais tant qu'à faire, autant qu'il ne provoque pas un haut le cœur et une nausée à ceux qui croise sa vue.
Sûrement était-ce dû à sa nature un peu animale, mais Daclusia préférait les charmes naturels à ceux créés par l'homme. Parfums, rouges à lèvre, faux-ongles, vernis, fonds de teins, fars à paupière, et tous les autres: autant de choses qui donnaient envie au JYL de trancher dans cette chaire pleine de produits chimique.
Seulement... Cette gamine là n'était pas encore tombé dans ce piège là. Une micro seconde de réflexion, et l'esprit libéré avait déjà pesé pour et contre, coût et profit, et surtout, s'il avait envie de se bouger les fesses pour altérer cette existence assez ennuyeuse de cette fille soumise aux avis extérieurs. Action.
Une main au fesse rapide et plutôt violente passa sur le postérieur rond et rose de la jeune femme, qui dû probablement se retourner sous la surprise. Qu'elle l'ait fait ou pas, Daclusia passa vivement un coton imbibé de liquide sur ces lèvres à moitié peinturlurées de rouge. Quand il le retira, le liquide avait provoqué toux, mauvaise odeur, et picotements dans les yeux.
Du démaquillant. En un peu trop forte dose sûrement. Ne s'étant jamais maquillé, il ne savait pas quelles étaient les doses. Mais, se tenant bien droit, dominant du haut de ses deux mètres, et jonglant avec le coton plié, il fixait la collégienne, sans doute intimidée, neutre, mais pourtant intimidant du fait de sa stature. Il commenta suavement:
" Si je puis me permettre, utiliser du maquillage est le recours de ceux qui ont honte d'eux, et surtout qui n'ont pas peur de se rendre laid. Mais si vous n'avez pas peur de vous balader en début de soirée dans ce quartier, le maquillage ne doit pas vous effrayer outre mesure... "