Ce matin-là, Néhérys s’était levée dès l’aurore. Réveillée par les rayons de soleil qui transperçaient ses rideaux transparents, il lui fallut tout de même vingt bonnes minutes avant de s’extirper de sa couette, trop heureuse de pouvoir profiter d’une matinée aussi belle que celle-ci. Après un petit déjeuner copieux, elle se glissa sous une douche revigorante, persuadée qu’il n’y avait rien de tel pour se désembuer un peu l’esprit. La jeune femme avait décidé de mettre ses activités de pirate informatique en stand-by, le temps de décompresser. Malgré sa relative prudence, il n’était pas rare que certains clients trop insistants fassent pression sur elle pour obtenir toujours plus d’informations, et elle avait parfois du mal à garder la tête froide. D’autant que les cyber-criminels étaient en passe de devenir une proie de choix pour les autorités, qui y voyaient là un moyen de s’attirer des lauriers sans trop se mettre en danger. Néhérys en avait vu beaucoup, des inspecteurs un peu cow-boys sur les bords qui se prenaient pour des justiciers à essayer de mettre la main sur des preuves concernant ses transactions louches. Pas étonnant donc que la belle ait eu envie de se détendre en cette journée ensoleillée.
C’est en forêt que ses pas la conduisirent, à la sortie de la ville. Un brin insouciante, Néhérys marchait sans trop se soucier de sa destination, n’appréciant que le voyage finalement. Vêtue d’une simple chemise blanche et d’une jupe cintrée noire, la jolie blonde surprit quelques joggeurs se retourner sur son passage et esquissa un sourire amusé. Le sentier s’allongeait devant elle tandis qu’elle s’enfonçait un peu plus dans la forêt. Alors qu’un léger courant d’air la faisait frissonner, Néhérys s’arrêta un moment pour observer autour d’elle. A sa grande surprise, elle ne reconnaissait rien de cette partie de la forêt. Songeant qu’elle avait simplement été un peu trop loin, la jeune femme tenta de rebrousser chemin, en vain. Le sentier qu’elle avait emprunté une minute plus tôt avait disparu, et aucune théorie rationnelle ne lui vint à l’esprit pour l’expliquer. Désorientée, elle continua à marcher un moment avant de baisser les bras. Elle s’était définitivement perdue.
Pour son plus grand soulagement, des voix résonnèrent un peu plus loin. Sans réfléchir une seconde, elle se dirigea en leur direction pour leur demander son chemin. Trois hommes s’étaient arrêtés et discutaient bruyamment. Néhérys les jaugea d’un air intrigué. Leurs tenues étaient très particulières : des pièces de cuir et des bottes anciennes, l’un d’entre eux portait même une épée accrochée à sa ceinture. Amusée par ce qu’elle croyait être un spectacle vivant ou une troupe de théâtre ambulante, elle se permit de les interpeller.
« Excusez-moi… Pourriez-vous m’indiquer la direction du centre-ville ? »
Les hommes se tournèrent vers elle et échangèrent tous un regard furtif, de mauvais augure. Le plus grand franchit la distance qui le séparait de Néhérys en affichant un air carnassier.
« Toi tu n’es pas d’ici on dirait. »
C’est alors qu’il attrapa son poignet d’une main ferme, la forçant ainsi à se coller contre lui. Elle avait beau se défendre, l’homme faisait sans doute deux fois son poids et n’avait aucun mal à la maîtriser. Ses copains en profitèrent pour s’approcher, l’un n’hésitant pas à l’attraper par les cheveux pour enfouir son visage dans son cou.
« Lâchez-moi ! »
La tenue de la demoiselle, sans les lunettes :