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Qui vient rendre visite à un loup ? [PV]

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Saïl Ursoë

Créature

Qui vient rendre visite à un loup ? [PV]

jeudi 16 avril 2009, 02:11:39

« Non, non et non ! Ça ne va pas ! »

Tel fut le cri, ou plutôt le rugissement qui émergea de la caverne à flanc de montagne, véritable explosion volcanique qui fit un instant frémir les antiques chaînes rocheuses alentours sur leurs fondations. Très rapidement, la nature en revint à son superbe calme ordinaire, mais la colère n’en sourdrait pas moins de l’être qui avait poussé une exclamation d’un tel volume, et qui se nommait Khral : d’habitude d’une placidité qui frisait l’indolence, il s’était retrouvé pris de la fébrilité dans laquelle le mettaient les réflexions de haute volée savante dont il était coutumier, puis de l’agacement induit par un obstacle qui refusait de céder à ses raisonnements, et enfin de la rage provoquée par un cul-de-sac scientifique.
Tout avait commencé lorsqu’il s’était lancé dans l’étude des conditions d’apparition des portails, même s’il n’avait pas eu trop d’espoir de parvenir à un résultat probant du premier coup, surtout avec si peu d’exemples en main et sans réel élément solide pour appuyer ses théories. Pourtant, en recoupant les données inhérentes aux trois fois où il était plus ou moins par hasard passé d’un monde à l'autre, il avait cru être capable de discerner une piste valable, et ses griffes s’étaient mises à tracer avec entrain sur le bloc de pierre qu’il utilisait comme tablette à graver, accumulant les idées, définissant les lois logiques, étageant les relations de causes à effet… pendant un  moment, il avait cru toucher au but, voir la lumière, parvenir à la formule qui aurait pu lui permettre d’avoir au moins un peu plus de contrôle sur ces passages inopinés !
Puis il avait détecté quelque chose qui clochait dans son beau raisonnement… puis une autre chose… puis encore une autre et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’il se rendît compte avec un sentiment de déconfiture abominablement amer que tout l’édifice formé à la force de son intelligence s’écroulait sous ses yeux comme un fragile château de cartes, ne résultant en fin de compte qu’en un étalage de suppositions sans fondements ou qui s’établissaient sur des informations trop peu significatives pour être considérées comme véritablement valables. En fin de compte, c’était par l’exclamation mentionnée précédemment que s’était vue conclue sa session de recherche, le laissant bouillonnant de colère et de frustration d'avoir fait chou blanc.

A bout, il bondit sur ses jambes, et envisagea un moment de pulvériser tout ce qui l’entourait pour trouver un défouloir à ses ardeurs, mais se ravisa. C’était une bonne chose, car si Saïl avait déjà été un caractériel en son temps, vitupérant et tempêtant contre la création toute entière dès qu’il piétinait trop à son gré, emplissant son laboratoire d’imprécations diverses à la fois comiques et inquiétantes, les coups de gueule de Khral étaient bien plus passionnés étant donné ses bouillonnants hormones animaux, et, comme on s’en doutera, autrement plus dangereux pour ce qui l’entourait, et si son esprit conservait la même capacité à une froide rigueur scientifique, il se laissait plus facilement aller à de regrettables mouvements d’humeur. En l’occurrence, il ne cassa rien, mais quitta la « table » devant laquelle il s’était agenouillé pour travailler pour sortir à la lumière du jour déclinant et, avec un « Rhan ! » rageux, projeter de toute la force de ses bras fantastiquement musclés cet échec matérialisé dont il ne pouvait plus supporter l’existence. Le lancer aurait fait pâlir d’envie un lanceur du poids, et le morceau de roche disparut bien vite à l’horizon vers des cieux inconnus, mais son auteur s’en moquait ; seule la satisfaction de savoir qu’il finirait sa course en mille morceaux importait. C’était mince comme soulagement, mais il devrait s’en contenter, et eut la sagesse de ne pas pousser plus loin le déchaînement de sa fureur, remuant avec déplaisir le goût de la défaite contre son palais avec un grognement sourd et grave de dépit. Il avait besoin de calme, et savait heureusement où en trouver : réintégrant son logis, il tira d’un trou couvert par un caillou un petit boîtier en plastique contenant un papier d’aluminium de forme rectangulaire qui enveloppait une bonne moitié d’une plaquette de chocolat, cadeau d’une ex-sirène dont Khral cassa un carré en un tournemain avant de le glisser prestement dans sa bouche puis de remettre le tout en place avec un automatisme précis.

Un soupir contrit mais soulagé provenant de la saveur richement sucrée et délicatement mentholée de la friandise démontra que le remède était efficace, et ce d’autant plus que le goût de la sucrerie était associé à sa rencontre avec Cyanne et au moment délicieux qu’il avait passé avec l’adolescente. Les souvenirs n’eurent aucun mal à affluer dans sa mémoire, lui arrachant un second soupir, cette fois-ci teinté de nostalgie, alors qu’il se postait à l’entrée de sa grotte pour jeter un œil dehors tout en s’étirant et en se grattant la tête.
Qu’est-ce qu’elle pouvait devenir en ce moment même ? C’était une gentille fille, au caractère très volontaire, d’une amabilité touchante et d’une spontanéité admirable, et Saïl espérait qu’elle s’en sortait bien… peut-être qu’il la reverrait un jour. Ce serait avec plaisir…
Secouant lentement la tête, il émergea en douceur de sa rêverie, et se concentra sur la position du soleil dans le ciel : celui-ci ne tarderait pas à se coucher, et ce serait alors l’heure pour le loup-garou de sortir chasser pour satisfaire une faim dont il ne ressentait pour l’instant que les prémices, mais qui ne tarderait pas à se faire de plus en plus impérieuse après cet amuse-gueule qu’avait été le carré de chocolat. Toutefois, il lui restait au bas mot une heure avant que la nuit ne commençât à étendre son voile sur les lieux, et en attendant, autant s’occuper utilement ! Raffermissant sa détermination d’une bonne inspiration qui gonfla puissamment les soufflets de forge qu’étaient ses poumons, il s’affaira à se tailler une autre plaquette de fortune pour se remettre à son travail, résolu cette fois-ci à œuvrer avec plus de patience et de méthode ; selon les principes de la prudence cartésienne qu’il se faisait un devoir d’appliquer à ses propres recherches.
Nonchalamment, il tassa son postérieur contre un gros rocher en guise de siège, et accorda un regard paisible au soleil couchant avant de se pencher sur ce qui était son objet d’étude du jour, et qui serait vraisemblablement celui des jours prochains tant il brûlait de percer le secret de ses portails : il le pouvait, il le devait, il y arriverait ! Il trouverait comment mettre de la cohérence dans leur fonctionnement erratique et serait apte à voyager d’un monde à l’autre où il ne s’appellerait plus Saïl Ursoë !

Haussant les épaules, il s’accorda un petit rire d’autodérision devant l’ironie de cette déclaration, et recommença à plancher avec acharnement.
« Modifié: jeudi 16 avril 2009, 14:29:45 par Saïl Ursoë »
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
Est-ce un monstre, un cauchemar, un loup fou ?                  Entre Khral, ce fougueux loup emporté
Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.



Saïl Ursoë

Créature

Re : Qui vient rendre visite à un loup ? [PV]

Réponse 1 vendredi 17 avril 2009, 17:14:45

Ah, pouvoir œuvrer tranquillement, seul, avec en prime une belle vue en la présence de ce beau soleil couchant qu’il avait devant les yeux… et en plus depuis son propre domicile, tout cela sans crainte d’être dérangé par des empêcheurs de tourner en rond intempestifs ! Pour un peu, la situation dans laquelle était Saïl depuis maintenant un bon moment lui aurait convenu par son caractère simple et libre, et il se serait fait à cette existence d’homme-animal un peu ermite si ce n’avait pas été un cœur résolument humain qui battait dans sa poitrine : en dépit de toutes les commodités que vivre à l’écart de la civilisation pouvait apporter, ces choses telles que l’industrie, les arts ou la société lui manquaient, et même toutes les splendeurs de la nature n’auraient su combler un tel manque, même si, pour autant, il ne leur faisait pas l’offense de ne pas les apprécier à leur juste valeur, le bon scientifique qu’il était sachant percevoir ce que tel minéral, tel végétal ou tel animal avait d’unique et d’admirable.
Et puis à tout prendre, sa condition d’être bestial ne l’empêchait pas envers et contre tout de faire des rencontres, et d’avoir des relations… intimes, instants qu’il chérissait par-dessus tous, bien qu’il ne fût en aucun cas du genre à s’en vanter, préférant garder d’aussi précieux souvenirs dans le couffin précieux de sa mémoire.

Avec un nouveau soupir, ce coup-ci teinté de nostalgie, il repoussa ces pensées qui risquaient bien de le faire partir une nouvelle fois pour la lune, et se pencha plus attentivement sur son travail. Allons ! Ce n’était pas le moment de rêvasser à des histoires d’amour, décrypter le fonctionnement des portails était autrement plus important ; et d’ailleurs, les deux sujets n’étaient pas dépourvus de liens étant donné qu’un des espoirs en raison desquels il brûlait de voir toucher ses recherches à leur but était celui de faciliter ses contacts avec elle. Elle dont le prénom ressemblait à elle…
D’un nouveau coup de griffe crissant, il se força à revenir à la réalité, fronçant les sourcils avec un grognement autoréprobateur tout en poursuivant sa mise par écrit de toutes les idées qui lui venaient en tête. Il en était bientôt arrivé au terme de sa « tablette », et il aurait été grand temps de mettre un point final à son exercice pour en faire le résumé, car, bien que ses pupilles animales très pratiques pour réfracter la lumière ne lui permissent pas de s’en rendre très exactement compte, il était manifeste qu’il commençait à faire nuit : conclure son étude du jour, éteindre le feu qu’il avait laissé brûler dans sa maison pour la garder à bonne température, fermer la porte, et enfin partir à la chasse, voilà en quoi consistait son programme des prochaines heures ! En tout cas, malgré son raisonnement magistralement erroné de tout à l’heure, aujourd’hui ne se conclurait pas si mal que ça pour le savant qu’il était : il avait rattrapé sa précipitation passée par une progression bien plus méthodique, et même s’il était manifestement encore loin de pouvoir voir la lumière au bout du tunnel, il avançait indubitablement. Il avait la sensation à la fois provocante et motivante qu’il se trouvait désormais devant de lourdes portes blindées après les avoir cherchées dans un épais brouillard : certes, cet obstacle majeur restait à surpasser, mais il saurait à partir de maintenant sur quoi faire peser le levier de ses efforts intellectuels, et creuserait le problème qu’il avait plus clairement sous les yeux avec résolution et acharnement, dut-il le ronger jusqu’au trognon pour en extirper la splendide moelle de la solution ! C’était aussi cela qu’il aimait dans son métier –ou tout du moins ce qu’il considérait toujours être son métier- : la difficulté, le défi que représentait un principe à définir ou une réponse à trouver ; voilà ce qu’il y avait d’exaltant à une activité que beaucoup ne percevaient à tort que comme des spéculations sans intérêt de vieux barbons assommants ou de jeunes godelureaux qui pétaient plus haut que leur cul.
Oui, Saïl aimait son travail, et pouvoir le poursuivre dans une certaine mesure quelles que fussent les conditions lui serait toujours une consolation : savoir que ce qu’il avait dans le crâne était capable de fonctionner dans à peu près n’importe quelles circonstances était sa balise au milieu des tempêtes, et dans le cas présent, il évoluait plutôt dans la mer d’huile du calme de ses pensées qui faisait écho à celui de son environnement vierge de toute présence importune. Vraiment, ç’avait été en fin de compte une petite journée paisible comme il les aimait, et comme il aurait souhaité en avoir plus.

*Clic*

Ou pas.
Car ce simple son s’était frayé sans difficulté un chemin par une des grandes oreilles de Khral jusque dans son cerveau qui, bien qu’occupé à griffonner sur son écritoire, n’en conservait pas moins toute sa vivacité, et lui permit de très vite déduire de la sonorité d’un pareil cliquetis qu’il ne pouvait être dû à quelque mouvement de la faune ou de la flore locale. Non, ce « clic » était trop sec, trop métallique et surtout trop familier à l’oreille de l’homme-loup : même si sa spécialité n’était en aucun cas l’armement, il n’était pas dénué de quelques connaissances utiles dans le domaine, et la mise en relation de ce bruit singulier avec ce qu’il savait des armes à feu n’était pas pour lui plaire. Mais après tout, quoi de plus logique ? Il avait un physique de bête sauvage surnaturelle, et pouvait ainsi à bon droit être fusillé à vue par qui que ce fût sans problème de conscience, même si absolument rien dans sa façon de penser n’aurait pu être qualifié de monstrueux.
En fait, ce qui le dérangeait n’était pas le danger potentiel : Saïl avait emporté un pistolet avec lui (ce n’avait pas été de gaieté de cœur, mais il avait bien fallu être dans la possibilité de se défendre si la nécessité venait à se faire sentir), et après sa transformation, il s’était tiré une balle dans le bras pour tester sa résistance et voir jusqu’où elle pouvait aller. Résultat, la munition n’avait qu’à peine percé la peau, laissant une égratignure et un engourdissement momentané là où des chairs humaines auraient été transpercées… rien de plus qu’une piqûre de guêpe, et la trace de cette infime blessure n’avait mis que quelques minutes à disparaître. Ainsi, ce n’était pas une pétoire qui allait mettre Khral en déroute, quoiqu’à la réflexion, il ne devait pas oublier qu’il n’était pas sur Terre mais sur Terra, et qu’il n’était ainsi pas impossible que la population locale disposât de moyens qui dépassaient ceux qu’il connaissait. Après tout, il avait vu –de loin !- des personnes en apparence plus chétives que des enfants être capables d’exploits de force à côté desquels ceux d’un haltérophile pouvaient passer pour des exercices d’amateurs, et d’autres dont les pouvoirs étaient tout simplement magiques, défiant les lois de la physique. Décidément, la menace que ce simple « clic » représentait prenait tout compte fait un tour beaucoup plus inquiétant que ce qu’un son aussi innocent pouvait laisser supposer !

Et ce n’était pas tout : quand bien même cette arme à feu mystérieuse n’eût été qu’une épée de bois contre lui, il restait qu’une personne capable de manier un fusil –et donc pas une âme innocente égarée- avait mis le nez sur son repaire ! Bien sûr, Saïl n’abandonnait pas tout de go tout espoir de pouvoir raisonner avec ce nouveau venu, mais il n’écartait pas non plus l’éventualité que ce fût quelque chasseur de monstres qui ne voudrait rien entendre et lancerait sans attendre la pétarade sur lui pour le transformer en descente de lit. Dans ce cas là, comment notre loup-garou serait-il censé réagir ? Il ne pouvait bien entendu pas le réduire en charpie sous peine qu’il avait marché sur ses plates-bandes, chose qu’il lui était très possible de faire ; menace qu’il craignait à tout instant de devoir mettre un jour à exécution ! Mais même s’il l’assommait, qu’en ferait-il ? Le laisser à la merci de créatures moins bien intentionnées que Khral était hors de question, et le déposer à un endroit où il pouvait être sûr d’être retrouvé par d’autres personnes aurait pu paraître une bonne solution, mais il aurait alors été plus que probable que l’assommé se serait empressé de rameuter nombre de porte-flingues pour revenir en force déloger l’animal de son terrier ! Le garder en captivité afin d'éviter les fuites n’était pour le moins pas une perspective très enchanteresse, mais dans le fond, cela paraissait la conduite la plus prudente à suivre.

Quel casse-tête ! Et d’abord, comment réagir dans l’immédiat ? Fallait-il bondir sur le champ pour éviter un tir qui ne tarderait de toute évidence pas, ou même prendre les devants en ruant à bras raccourcis sur l’intrus pour le mater et traiter ainsi le mal à la racine ? Le loup était pour cette solution, mais elle se révélait de toute façon fort peu aisée à appliquer, car l’agresseur (en était-ce d’ailleurs réellement un ?), qui qu’il fût, était en tout cas une personne rusée et habituée à chasser, à voir sans être vu, car un reniflement court mais vif ne lui apporta pas de trace d’une odeur étrangère, signe que le fâcheux s’était placé sous le vent. De cette façon, pas moyen de le débusquer en aussi peu de temps qu’il l’aurait voulu… et de toute façon, tel n’était pas le genre de la maison : Saïl n’était pas homme à lancer les hostilités à la moindre alerte, mais plutôt à ne justement pas hérisser ses protections afin de montrer qu’il ne voulait aucun mal à son prochain. Évidemment, cela impliquait qu’il pouvait facilement se faire carotter (pour parler simplement), mais le sieur Ursoë était socratien dans la mesure où il pensait toujours qu’il valait mieux subir une injustice que la commettre, et que le mal ne pouvait qu’engendrer le mal. Oui, il resterait aussi exemplairement civilisé, calme et raisonnable que les circonstances le permettraient, et ferait son possible pour éviter que l’affaire qui s’annonçait déjà sous des auspices peu favorables ne se terminât par un bain de sang.

Comme si le « clic » avait été le cliquetis d’une clé se glissant dans la serrure de son esprit, ce bruit avait tôt fait de laisser pousser l’arbre de ses computations sur le sol fertile de son intellect, et ses pensées rapportées ci-dessus n’avaient mis qu’un instant à se dérouler cependant que lui n’avait qu’à peine bougé, continuant de tracer les arabesques de son raisonnement avec le plus de placidité et de naturel possible, sa nervosité ne se trahissant que par un très léger crissement de ses griffes postérieures prêtes à bondir contre le bas de son siège.

« Que voulez-vous ? »
Demanda-t-il à voix assez haute pour pouvoir être entendu.

Il avait choisi cette formulation pour son caractère assez vague et expéditif pour en laisser l’interprétation à l’auditeur, et en même temps suffisamment posé en son genre pour bien laisser percevoir que celui qui la prononçait n’était pas une brute sanguinaire. Malgré les airs d’imperturbabilité qu’il se donnait, l’homme-loup n’en menait tout de même pas si large que ça, mais il s’efforçait d’avoir tout sous contrôle pour éviter justement que la situation ne partît en vrille.
En fait, quand il y pensait, il était carrément possible qu’il eût laissé son imagination s’emballer et qu’il n’y eût en réalité pas du tout de quoi se faire un tel film, mais bon, « Prudence est mère de sûreté », et mieux valait parer à toute éventualité et en être quitte pour une fausse alerte que se retrouver plus pris au dépourvu qu’il ne l’était déjà.
« Modifié: mardi 21 avril 2009, 07:18:14 par Saïl Ursoë »
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
Est-ce un monstre, un cauchemar, un loup fou ?                  Entre Khral, ce fougueux loup emporté
Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.



Saïl Ursoë

Créature

Re : Qui vient rendre visite à un loup ? [PV]

Réponse 2 jeudi 23 avril 2009, 18:57:49

Allons bon, rien, aucune réaction, pas le moindre son supplémentaire hormis le bruissement du vent du soir et le craquement du feu derrière lui bien qu’il tendît l’oreille d’une telle manière que ses capacités auditives n'avaient rien à envier à celles d’un véritable radar. Voilà qui était bizarre autant qu’étrange, mais il fallait croire qu’il avait vraiment rêvé, que c’était quelque dérèglement momentané de ses sens qui lui avait fait entendre quelque chose là où il n’y avait tout simplement rien… et pourtant il ne parvenait pas à se départir de cette sensation de danger qui lui hérissait le poil.
Il devait être en train de devenir parano à force de passer son temps tout seul à craindre à chaque instant de croiser une meute de ces redoutables chasseurs d’esclaves dont il avait entendu parler et qu’il avait d’ailleurs de visu pu contempler en pleine action : assurément, ces malabars là étaient des brutes, mais des brutes qui faisaient leur travail avec une compétence qui n’égalait que la cruauté froide dont ils faisaient preuve lorsqu’ils matraquaient sans pitié et jusqu’à l’inconscience quiconque pouvait se mettre à leur portée. Khral n’était pas si sûr que cela que même avec ses capacités musculaires surdéveloppées et ses pulsions latentes de traqueur, il pût être capable de les vaincre tant ils avaient voué leur vie à l’art de la neutralisation comparé à l’homme-loup qui n’avait jamais appris à se battre et avait pour tout style de lutte une méthode de bagarre qui laissait trop de place à l’improvisation pour pouvoir être véritablement qualifiée de combat. Qui plus était, il ne fallait pas oublier que quand bien même il eût été capable de se servir de tout son corps comme d’une arme avec l’expertise d’un maître karateka, il était résolument pacifiste et frissonnait d’horreur à la simple pensée de sentir et d’entendre des os se briser sous ses poings...

Allons ! Il ne fallait pas penser à des choses aussi sombres alors que la fin de la journée s’avérait si prometteuse ! D’ailleurs… voilà, sur une dernière annotation, il pouvait désormais en bonne conscience ranger cette tablette parmi les autres avec l’assurance de l’avoir à disposition pour consultation sans crainte que ce qu’il avait lui-même écrit ne s’avérât inintelligible quelques jours à peine après la rédaction : ses pensées étaient consignées dans la pierre, et elles l’étaient bien ! Maintenant il était temps pour lui de satisfaire son estomac et de laisser à son cerveau un peu de repos par une bonne chasse tout ce qu’il y avait de plus physique qui lui donnerait l’occasion de se défouler dûment et de repousser toutes ces inquiétudes qui le tourmentaient. Il était tendu voilà tout, tension qu’il s’efforça d’évacuer en remuant ses épaules et son cou pour délasser ses muscles qui avaient subi une position assise semi courbée toute la journée et en se grattant cette oreille qui semblait refuser obstinément de se mettre au repos, continuant son petit manège de veille inquiète automatique, esquivant d’ailleurs la griffe gratteuse en un détour soudain en direction d’un bruit de ricochet.
Distraitement, sans prendre la peine de réfléchir, Saïl tourna la tête en direction de ce dérangement nouveau, et quand il vit qu’il s’agissait d’un caillou rebondissant innocemment, tout se passa très vite : immédiatement, les angoisses qu’il avait refoulées ressurgirent en masse, et son instinct de survie lui hurla de se mettre aussitôt à l’écart, mesure qu’il eut la sagesse de suivre en se précipitant avec toute la célérité possible de toute la puissance de ses jambes en direction de l’entrée de sa caverne, abri entre tous les abris pour lui. Détail amusant, son impératif le plus pressant fut de sauver le fruit de ses efforts du jour en l’abritant contre son torse, recouvert de son ample main droite, tandis que la gauche se transportait sans attendre au niveau de sa tête, partie la plus sensible de son anatomie et qu’il aurait le moins supporté de voir amoché : qu’il se fît malmener durement un bras ou une jambe, ou taillader le torse, il encaisserait le choc du mieux qu’il le pourrait, mais de se retrouver avec une quantité affligeante de neurones supprimée à cause d’un coup bas trop bien placé par une âme scélérate, pas de ça chez lui ! Sans compter que même avec sa caboche résistance comme une boîte noire, il n’était pas impossible qu’un choc trop violent le réduisît à l’inconscience, et faire un aller au royaume des songes pour se retrouver pieds et poings liés à la merci d’esclavagistes sans morale était une perspective pour le moins peu enchanteresse.

(En fait, c’est une journée pourrie…)

La réflexion amère lui traversa l’esprit alors qu’au beau milieu de son impulsion, ses yeux et ses oreilles captaient tout ce qu’il pouvait y avoir à apercevoir et à entendre autour de lui de façon à déterminer la position de l’embusqué dont ce qui était comme une sorte de sixième sens ancestral chez lui affirmait la présence, se demandant avec un sentiment d’angoisse qu’il se refusait à assimiler à de la peur d’où viendrait l’attaque et en quoi elle consisterait : se retrouverait-il pilonné par une grêle de balles, foudroyé par un puissant sortilège, percuté par une machine de guerre dépassant les rêves les plus fous du génie militaire ? Ce n’étaient pas là des choses très rassurantes auxquelles songer pour quelqu’un qui n’avait dans le fond jamais eu à défendre chèrement sa peau pour la simple et bonne raison qu’il ne s’était jamais retrouvé en danger de mort, bien à l’abri dans ses centres de recherche qu’il avait été le long de sa vie d’adulte. Bien sûr, Khral avait eu à faire plus d’une fois face à un empêcheur de tourner en rond lors de ses sorties pour se nourrir ou tout bonnement pour explorer les environs, mais le fait était que l’opposant reculait généralement devant les manœuvres d’intimidation du loup-garou ou optait pour une retraite précipitée après deux ou trois bourre-pifs bien placés. Or, dans ce cas, la menace risquait fort de s’avérer autrement plus préoccupante, et rien qu’à s’imaginer devoir livrer une lutte sans merci où il serait même envisageable qu’il eût à avoir recours à ces instruments de destruction qu’étaient ses griffes, il sentait presque tout courage l’abandonner.

(Je pourrai toujours m’en charger moi.)

Ah non ! S’il laissait agir sans retenue la bête sauvage qui était en lui, il ne donnait pas cher de la peau de son adversaire : non pas qu’il se crût invincible, si puissant et solide que fût son corps, mais le fait était que la férocité, l’habileté et le sens tactique d’un loup pouvaient atteindre des sommets étonnants si l’animal se retrouvait acculé, comme Saïl l’avait pu constater au détour de telle ou telle documentation. Et maintenant que son corps était en partie celui d’un membre de cette espèce et qu’il sentait quelles velléités de foudre de guerre bouillonnaient au fond de lui, il craignait d’autant plus d’en voir la démonstration.
Décidément, la soirée allait être apparemment beaucoup plus mouvementée qu’il ne l’avait prévue… hé bien au moins c’était sûr qu’il n’allait pas s’ennuyer tiens !
« Modifié: lundi 04 mai 2009, 18:52:19 par Saïl Ursoë »
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
Est-ce un monstre, un cauchemar, un loup fou ?                  Entre Khral, ce fougueux loup emporté
Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.



Saïl Ursoë

Créature

Re : Qui vient rendre visite à un loup ? [PV]

Réponse 3 lundi 04 mai 2009, 00:07:14

Suivant une déflagration digne d’un coup de tonnerre dont elle avait le bruit assourdissant autant que la soudaineté, un objet d’une grosseur d’à peine quelques millimètres fila à très grande vitesse tout près de son visage avec un bruit de sifflement que Saïl put immédiatement assimiler avec un accès de crainte à celui d’une balle, hérissant sur son passage les poils de son visage comme sous un courant d’électricité statique. D’électricité statique ? Quel genre d’arme à feu pouvait tirer des projectiles qui émettaient du courant ? La réponse ne tarda pas à venir lorsque, en un son et lumière digne d’un film d’action, un pan de roche qui se trouvait juste derrière lui éclata à grands fracas accompagnés d’arc électriques, l’onde de choc résultant de l’impact faussant la direction que Khral avait prise dans son bond qui le fit atterrir épaule la première trop à gauche de l’entrée de sa caverne : une arme à feu magique ! Évidemment, il aurait été trop beau que la personne à le prendre pour cible fût le premier pécore venu avec une quincaillerie digne de l’époque victorienne : non, il fallait que ce fût une espèce de tueur professionnel avec un flingue qui défiait toute technologie terrienne connue et qui était capable de réduire de la pierre en gravier ; et à plus forte raison un crâne de loup-garou en miettes d’os. Enfin, non, à y regarder de plus près, la roche n’avait pas été aussi profondément détruite que le boucan provoqué par une telle attaque l’aurait pu faire croire, mais il restait que le voltage d’un tel outillage avait été perceptible même à distance, et il se doutait qu’une décharge pareille aurait probablement pu le sonner, voire l’assommer pour le compte.
Paniqué, tous ses sens en alerte mais à l’efficacité troublée par le manque de maîtrise de soi dont il faisait preuve, il pensa en premier lieu à la tablette qu’il tenait toujours contre lui et la jeta précipitamment à l’intérieur de sa maison où elle atterrit avec un *Brom* mat et légèrement raclant. Ensuite, puisque ses précieuses notes étaient désormais en sûreté, il se tourna vers la source supposée de la détonation, non sans un sentiment d’appréhension qu’il ne parvenait pas à refouler : allait-il découvrir une bande de chasseurs d’esclaves armés jusqu’aux dents impatients de toucher la somme qu’il pourrait leur rapporter ? Des traqueurs de monstres à l’air aussi féroce que les bêtes qu’ils chassaient brandissant tout un équipement de capture ? Une espèce de droïde bourré de gadgets électroniques, de capteurs et de fusils mitrailleurs ? Il s’était attendu à tout, mais pas à une banale bouteille pourtant lancée avec une énergie qui ne lui permit que de contempler le conteneur avec un air stupidement ébahi pendant une fraction de seconde avant qu’il ne lui heurte le visage de plein fouet, explosant sous l’impact, fichant son cuir épais d’une multitude de fragments de verre.

Malgré le fracas impressionnant du bris du missile improvisé, le coup n’avait pas fait grand mal à l’homme-loup fantastiquement robuste, l'atteinte résonnant sans réel dommage contre sa boîte crânienne épaisse, mais il avait tout de même été inattendu, surtout que Khral avait reçu en prime un liquide poisseux qui le fit pousser un cri de rage, de surprise et de quelque chose comme du malheur confondus en un résultat qui mêlait le grondement du loup et l’exclamation de l’homme et qui rendait d’une manière étrange : c’était comme si à la fois un humain et un animal avaient été attaqués, et le grognement plaintif que Saïl laissa échapper aurait sans doute pu en déconcerter, voire en émouvoir plus d’un.

« Vous êtes fou ! Je vous ai rien fait ! » Tonna-t-il d’une voix gémissante alors qu’il titubait malhabilement, désorienté.

Dans le même temps, il porta par réflexe ses mains à ses paupières pour les dégager de la substance dégueulasse qui les engluait, couvrant ses doigts de cette saloperie de putain de merde de mélasse gluante qui s’obstinait à adhérer à tout ce qu’elle touchait, trouvant sans peine quelque chose auquel se scotcher dans son pelage épais. Il crut également entendre un autre coup de feu violent, et redouta un autre choc du même acabit, mais comme il ne reçut rien, il n'y prêta pas grande attention, trop occupé qu'il était à se débarbouiller sans grand succès. Crachant, expectorant et toussant bruyamment, il expulsa avec énergie tout ce qui s’était insinué dans sa bouche, reniflant à ce moment un coup… pour s’arrêter aussitôt lorsqu’en même temps qu’une sensation d’étourdissement soudaine une odeur vaguement familière lui parvenait aux narines : chloroforme ! Ou en tout cas, si ce n’en était pas exactement, ça dégageait une senteur semblable, et ça avait un effet similaire, lui donnant l’impression qu’on venait de lui asséner un coup de matraque au cerveau. Ah les sans foi ni lois, ils avaient recours à des méthodes bien basses pour prendre d’assaut une créature contre laquelle ils n’avaient rien d’autre que de stupides préjugés auxquels ils se fiaient sans même faire attention à ce qu’elle pouvait être derrière des dehors monstrueux !
Alors qu’il déambulait de manière désordonnée, il cherchait un soutien qu’il trouva rapidement sur une saillie rocheuse qui couvrait naturellement ce paysage montagneux accidenté et sur laquelle il s’appuya d’une main, l’autre essuyant frénétiquement ses yeux qu’il ne parvenait toujours pas bien à ouvrir, soufflant puissamment mais avec peine étant donné qu’il se contraignait à ne surtout pas inspirer par le museau :

« Arrêtez je vous en prie ! Arrêtez… »
« Modifié: lundi 04 mai 2009, 19:02:57 par Saïl Ursoë »
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
Est-ce un monstre, un cauchemar, un loup fou ?                  Entre Khral, ce fougueux loup emporté
Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.



Saïl Ursoë

Créature

Re : Qui vient rendre visite à un loup ? [PV]

Réponse 4 mardi 26 mai 2009, 03:29:10

Par le plasmodium falciparum, à en juger par le timbre de la voix de la personne qui lui avait causé tant de tourment en l’espace d’à peine quelques minutes et qui laissait peu de doute sur la question, ce n’était pas à un fou qu’il avait affaire mais à une folle ! Ça, le qualificatif s’appliquait bien à une furie pareille, car pour quelle raison aussi obscure que certainement injustifiable se permettait-elle de malmener ainsi quelqu’un qui ne lui avait rien fait et qui, de plus, se montrait très franchement bien davantage disposé à la diplomatie qu’à la lutte de chiffonniers ? Il était vrai que les loups-garous n’avaient bien évidemment pas le vent en poupe auprès du commun des mortels dont la franc-tireuse faisait partie, et il pouvait comprendre que l’on conçût une haine viscérale de ce genre de créatures ; mais de là à pousser le vice jusqu’à la destruction pure, simple et irraisonné de tout spécimen sans laisser place à la compréhension et à la réflexion, il fallait vraiment qu’elle eût une dent contre lui ! Cependant, comme le voulait le dicton, à la guerre comme à la guerre, et même s’il ne se serait pas permis de passer du rôle d’agressé à celui d’agresseur, il s’estimait plus qu’en droit de combattre sur la défensive de manière à ne pas se voir connement transformé en décente de lit par excès de non-violence ; surtout que le qualificatif de « monstre » employé à son égard ne le rendit pas de rose humeur et le poussa à réagir promptement pour éviter de subir le feu d’autres attaques du même acabit que celles qu’il avait endurées. Le « à ta santé » le mit sur la voie à suivre pour parer à l’assaut immédiat dont il devinait sans trop de peine la nature : de la même manière que ne pas supprimer une infection microbienne jusqu’à la racine en employant des antibiotiques ne faisait qu’affaiblir celle-ci le temps qu’elle reconstitue ses forces pour revenir plus résistante, Saïl était hautement capable de tirer parti de ses expériences passées pour éviter que ses erreurs ne se reproduisissent. Dans le cas présent, ne désirant pas se retrouver le visage encore plus couvert de cette mélasse de merde qu’il ne l’était déjà, il fendit l’air devant lui de son grand bras, fracassant sur son passage une bouteille contre celui-ci alors qu’une seconde se retrouvait cisaillée sous les griffes mortelles. Une troisième s’écrasa contre son torse, le liquide qu’elle contenait dégoulinant le long des poils de l’homme-loup auxquels elle se colla, répandant une forte senteur alcoolisée.

(Cocktail Molotov !)

Couvrir les positions ennemies de combustible pour l’enflammer ensuite afin de causer un maximum de dégâts était une pratique vieille comme le monde, et c’était un classique du genre que l’astuce consistant à laisser tremper dans un liquide de cet acabit un chiffon pour ensuite l’enflammer puis jeter cette grenade bon marché mais diaboliquement efficace. Dans le cas présent, la méthode différait quelque peu, mais le doute ne fut plus permis lorsque la bougresse lui dit adieu : quel que fût ce qu’elle s’apprêtait à faire, il ne fallait en tout cas pas resté planté là, et faute d’une meilleure inspiration, Khral choisit instinctivement d’avoir recours à un bond vertical pour se sauver la mise. Sage décision, car alors qu’un impact de feu démentiel se déchaînait à ses pieds, lui culminait tranquillement à plus de deux mètres de hauteur desquels il retomba au sein d’un nuage de poussière et de cendre qui le masquait partiellement à son bourreau, se réceptionnant en souplesse, parfaitement indemne. Il avait eu chaud aux fesses et les choses avaient senti le roussi au sens littéral du terme, mais ce coup-ci, il ne s’était avec succès pas laissé faire, ce qui saurait démontrer à l’autre maniaque de la gâchette qu’il n’était pas aussi facile à dégommer qu’une peluche de fête foraine ! Avec ses yeux toujours lésés, et surtout avec le brouillard artificiel créé par l’explosion il ne parvenait pas à distinguer grand-chose de plus de la mystérieuse femme qu’une vague silhouette, mais ce fut vers elle qu’il se tourna pour lui déclarer franchement, son ton ne laissant pas de place à l’incertitude ou à l’hésitation :

« Vous vous trompez en voyant en moi un ennemi. »
« Modifié: vendredi 29 mai 2009, 17:11:49 par Saïl Ursoë »
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
Est-ce un monstre, un cauchemar, un loup fou ?                  Entre Khral, ce fougueux loup emporté
Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.



Saïl Ursoë

Créature

Re : Qui vient rendre visite à un loup ? [PV]

Réponse 5 samedi 30 mai 2009, 00:55:52

Hmm... maintenant que la tentative de pacification avait été -une fois de plus- lancée à l'égard de celle qui était bien malgré lui son ennemi, que lui restait-il à faire pour que la situation se maintînt dans les conditions les plus favorables à sa survie possibles sans pour autant prendre le risque de causer à cette peu gente dame de fâcheuses blessures ? En vérité, d'une manière paradoxale qui avait quelque chose d'un peu amusant, rester immobile était la meilleure posture défensive à adopter : en effet, pourquoi gigoter dans tous les sens face à quelqu'un doté d'une arme à feu si la personne en question pouvait vous aligner et simplement attendre un moment de latence pour vous arroser convenablement alors qu'en faisant confiance à son acuité sensorielle et à ses réflexes, il pouvait être aisément capable d'anticiper une attaque à venir et de l'éviter ? Certes, au niveau de son odorat, les choses n'étaient pas très brillantes avec toute cette poussière et cette odeur d'alcool insupportablement intense qui flottaient dans l'air et encombraient considérablement ses canaux nasaux sensibles ; d'ailleurs, le nuage grisâtre rendait aussi sa vue à moitié inopérante, mais sur ce point, ce n'était pas très grave vu que c'était de loin son deuxième sens le moins efficace, et qu'il pourrait donc s'en passer relativement aisément. Et lorsqu'un loup ne peut plus se fier à sa vue ni à son odorat, il lui restait évidemment son ouïe, dont la performance s'incarnait majestueusement dans ces deux grandes oreilles qui se dressaient sans peur face à tout danger qui aurait pu menacer leur possesseur, capables de capturer sans difficulté le moindre son à des dizaines de mètres à la ronde, et donc à plus forte raison ceux que produisait la flingueuse. Fermant les yeux, Saïl fit de son mieux pour se concentrer afin d'apaiser la panique qui l'avait saisi au début de l'affrontement et qui menaçait encore de prendre le contrôle de ses actions, tâchant de se représenter sa situation présente comme un simple problème à résoudre dont il devait compulser les données dans le but de parvenir à la meilleure solution possible.

L'homme-loup, généticien assumé, n'avait pas l'étoffe d'un stratège, et pourtant, avec un cerveau comme le sien aussi facilement enclin aux réflexions et aux computations, il aurait très facilement pu en devenir un si l'occasion lui en avait été donnée, et d'ailleurs, rien qu'en s'efforçant dans le cas présent d'envisager les évènements avec l'attitude froide et résolue d'un joueur d'échecs expert, il pouvait sentir qu'ils lui parvenaient avec une remarquable clarté : par le biais des sonorités ambiantes qui naissaient, résonnaient et se répercutaient tout autour de lui pour être triées et interprétées par ses appareils auditifs dignes de radars, le terrain lui apparaissait littéralement comme un vaste quadrillage merveilleusement intelligible au sein duquel aucun des invisibles pions faits de décibels qui s'y mouvaient ne pouvait lui échapper. Oh, comme tout avait l'air simple désormais, comme la jeune fille (car rien qu'en examinant plus attentivement sa voix, il pouvait affirmer qu'elle n'avait pas dépassé la vingtaine) qui l'agressait ne semblait qu'un enfant lançant étourdiment des assauts voués à être infructueux et inopérants, et comme l'insulte qu'elle lui lança glissa avec aise sur la carapace qu'il avait formée autour de son esprit en se plongeant dans cet état méditatif si délicieusement profond et qui lui donnait l'impression de nager dans une mer d'inépuisables informations qu'il ne tenait qu'à lui de faire bon usage pour parvenir au dénouement qu'il souhaitait !
Cinq balles hein ? Elle pouvait en glisser dans sa machine infernale autant qu'elle voudrait, Khral parviendrait toujours à les esquiver car il était bien plus rapide, plus fort, plus réactif et surtout plus calme qu'elle qui agissait en ne se fiant qu'à ses pulsions guerrières, et ne pourrait ainsi au fur et à mesure que se rapprocher du moment inévitable où elle viendrait à manquer de balles et où il pourrait alors la maîtriser aussi facilement qu'on cueille une fleur pour enfin mettre un peu de plomb dans cette cervelle trop bouillante. Il avait juste à mener tranquillement sa barque, et comme tout vient à point à qui sait attendre, elle serait forcée d'entendre raison tôt ou tard, si entêtée qu'elle fût dans son erreur, le loup-garou étant désormais résolu à ne pas lui lâcher les basques tant qu'elle ne se serait pas décidée à laisser parler sa raison au lieu de ses futiles passions de violence et de haine.

Mais allons, pour l'instant, il fallait continuer d'examiner pour s'assurer de conserver une confortable maîtrise sur ce qui se passait : encore une bouteille de cette liqueur immonde qu'elle lui jetait à la figure ? Décidément, elle filait un bien mauvais coton à mener un style de vie qui incluait un contact avec des milieux faisant le commerce de substances aussi nocives, et boire à un âge si jeune comme elle le faisait dans l'immédiat ainsi que l'indiquaient les bruits d'ingurgitations qu'elle émettait ne pouvait que dégrader ses fonctions vitales et intellectuelles. Enfin bon, à tout prendre, le fait que ses sens fussent émoussés par l'alcool ne ferait que la rendre d'autant moins alerte, et accélèrerait de cette façon d'autant plus sa défaite, ce qui ne pouvait être que bénéfique pour les plans de Saïl. D'ailleurs, de toute façon, le projectile avait été lancé avec trop peu de force pour qu'il l'atteignît directement, celui-ci s'écrasant à environ un mètres de sa position, seules quelques minuscules gouttes venant entacher son pelage brun... mais il n'était pas impossible que cela fût fait exprès, et de fait, il s'avéra que ça l'avait manifestement été lorsque deux détonations retentirent au même moment avec un bruit d'embrasement identique à celui qu'avait produit le bombardement précédent. Pour quel mouvement opter alors afin de contrer cette nouvelle démonstration de pyrotechnie fort dangereuse pour son corps couvert ça et là de combustible liquide ? Ce coup-ci, le saut vertical ne paraissait pas vraiment indiqué car même en y mettant plus d'énergie, il n'était pas sûr de pouvoir s'élever suffisamment haut pour avoir des chances raisonnables de conserver son intégrité physique.

Hé bien il n'y avait qu'à varier les plaisirs alors, et c'est ce qu'il fit, troquant le vertical contre l'horizontal en un bond aussi soigneusement contrôlé que rapide, ses jambes le faisant décoller de terre pour le propulser vers la droite, ses poils frôlant presque le sol alors qu'il s'acheminait vers un endroit sûr, délaissant sans regrets la zone qui s'embrasait derrière lui follement, le souffle chaud de l'explosion lui caressant la peau comme le hurlement d'un pyromane fou. Dès qu'elles eurent à nouveau épousé la roche si familière à Khral, les pattes furent à nouveau capables de s'activer au moindre signe d'alerte que le cerveau leur transmettrait depuis les oreilles, et il profita de ce temps de répit pour gratifier la bourrine d'autres paroles placides sans desserrer les paupières :

« Que voulez-vous ? Ne serait-il pas plus simple que nous en discutions au lieu que vous déchainiez contre moi votre colère ? »
« Modifié: mercredi 03 juin 2009, 11:25:18 par Saïl Ursoë »
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
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Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.



Saïl Ursoë

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Re : Qui vient rendre visite à un loup ? [PV]

Réponse 6 samedi 30 mai 2009, 19:45:07

Pour quelqu’un qui s’était mis en œuvre de se reposer autant sur son ouïe, il ne pouvait pas être plus manifeste que la brebis égarée n’avait pas répondu, pas même par le plus petit murmure que Khral aurait pu capter et entendre sans problème. Que conclure de cela alors ? On disait bien que qui ne disait mot consentait, mais dans la situation présente, il aurait été plus juste de dire que qui ne disait mot rusait, car l’homme-loup n’était pas confiant au point de se dire qu’elle aurait pu soudainement se décider à cesser ses agissements violents pour tout à coup montrer le métaphorique drapeau blanc comme par enchantement ! Sa pétoire infernale contenait encore trois balles comme il l’avait diagnostiqué, et il ne laissait pas cette donnée quitter sa mémoire, redoublant par conséquent de prudence de crainte de s’exposer à de nouvelles attaques peut-être encore plus redoutables que celles qu’il venait de subir : le feu, la foudre, la glace… qui pouvait dire ce que cet engin de mort et de destruction était encore capable de déchaîner entre les mains d’une personne qui n’aurait pas eu peur de s’en servir au maximum de ses capacités, comme c’était manifestement le cas de la ribaude à laquelle il était bien forcé de mesurer ses propres talents de combattant et de tacticien encore balbutiants ? En tout cas, lorsque le glouglou du liquide qui coule se fit entendre alors que la lanceuse de bouteilles battait en retraite, Saïl vit qu’il tenait là le temps de répit nécessaire pour remettre un peu ses moyens sensoriels en place : ayant bien senti malgré ses narines encombrées qu’à l’odeur fraîche et aquatique propre à la glace, la tireuse avait pris soin de créer entre lui et elle une flaque verglacée dans le but sûrement avoué d’entraver ses mouvements, il ne s’aventura évidemment pas à progresser étourdiment dans sa direction, préférant plutôt rassembler ses forces.

Dans ce but, il pinça une de ses narines avant de souffler puissamment par celle restée libre de manière à la débarrasser des saletés qui s’y étaient incrustées et des gouttes d’alcool démesurément fort qui l’environnaient, puis répéta la même opération avec l’autre, se reconstituant ainsi un odorat aux performances bien plus satisfaisantes : recoupant ce sens avec celui de l’ouïe qu’il utilisait déjà au maximum, il était désormais capable d’atteindre un niveau de perception admirablement précis. C’était comme une partie de bataille navale, sauf que de son côté, rien qu’aux parfums et aux sonorités que son adversaire laissait échapper, volontairement ou non, il pouvait avoir connaissance d’absolument tous ses mouvements, aussi se douta-t-il que lorsqu’elle rouvrit son pistolet de haute puissance, c’était pour y glisser de nouvelles munitions mortifères. Il aurait été tentant à ce moment de lui tomber sur le poil pour l’immobiliser un bon coup et faire cesser cette fort déplaisante mascarade, mais faire une telle chose présentait deux inconvénients majeurs : le premier était bien sûr qu’avec une masse et des griffes comme les siennes, il aurait fortement risqué de la blesser sévèrement en voulant la maîtriser ; et le second était qu’il devait tout de même avouer que la félonne avait plus d’un tour dans son sac ainsi que des réflexes pour le moins performants, et qu’elle risquait ainsi fort de riposter brutalement à une approche trop directe de sa part, les mettant ainsi tous les deux en danger par un action irréfléchie. Pas évident en réalité que de devoir en même temps se protéger lui des atteintes de cette furie, et la furie elle-même de ses propres débordements ainsi que de la brutalité latente du loup-garou !
En attendant, rien ne l’empêchait de se rapprocher s’il le faisait avec précaution, et c’est ce qu’il fit, à pas souples et cauteleux, ses pattes glissant presque sur le sol rocailleux de manière à avoir toujours un appui stable sous les pieds au cas où il devrait bondir une fois de plus. Son parcours contournait le barrage incendiaire potentiel ainsi que le piège de glace tout en le rapprochant de la position de la jeune fille, et tout en le suivant, il se mouvait avec une grâce et une agilité qui rendaient ses pas pratiquement inaudibles malgré qu’il n’essayât pas d’être particulièrement furtif, se contentant de marcher en harmonie avec le sol, évoluant comme sur un tapis de soie. Il gardait les yeux fermés, autant pour continuer de se focaliser sur son ouïe et son odorat que comme pour réfléchir à quelque aphorisme, impression renforcée par l’attitude de ses bras qu’il gardait croisés derrière son dos pour montrer qu’il n’avait pas l’intention de lever la main sur elle.

« Je me demande pourquoi vous vous acharnez à essayer de me tuer alors qu’il suffirait de me dire ce que vous voulez en fin de compte pour que je fasse mon possible pour vous aider. » Dit-il d’une voix murmurante bien qu’assez forte pour être entendue, méditatif.

Y'a pas de quoi ! Pas forcé que ce soit le son et la furie à chaque instant !
« Modifié: mercredi 03 juin 2009, 12:23:30 par Saïl Ursoë »
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Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.



Saïl Ursoë

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Re : Qui vient rendre visite à un loup ? [PV]

Réponse 7 dimanche 31 mai 2009, 07:01:14

Allons bon, voilà que son odorat nouvellement fourbi pouvait mettre à jour une donnée nouvelle qu’il se voulait de ne pas avoir élucidée plus tôt tant elle lui apparaissait comme une évidence criante maintenant qu’il l’incluait à toutes les autres : à cette odeur musquée qu’il capta, il put discerner la présence d’un canasson, ce qui expliquait entre autres comment la jeune fille avait pu parvenir jusqu’à son repaire en dépit du caractère tout ce qu’il y avait de plus reculé de ce dernier. Bien évidemment, cela ne lui disait pas par quel moyen elle avait réussi à connaître la localisation de son logis, mais bon, ce n’était pas cette question qui était la plus urgente à résoudre pour le moment, mais celle de savoir par quel moyen il pourrait la décider à arrêter de faire l’imbécile étant donné que l’approche diplomatique utilisée et réutilisée ne fonctionnait pas. Allait-il falloir recourir à des moyens de persuasion plus musclés pour lui remettre les idées en place et avoir enfin une occasion de lui adresser la parole sans risquer à chaque seconde qui passait de se faire canarder comme si il avait été l’incarnation de la Mort, de la Guerre, de la Famine et de la Pestilence ? La simple idée le mettait mal à l’aise, et pourtant, force lui était d’avouer que ce semblait être là le seul langage qu’elle comprenait, ou en tout cas par lequel elle paraissait capable de s’exprimer : une vraie petite brute de cour de récréation, ce genre de zigotos qui avaient plus d’une fois brimé Saïl durant son enfance et qu’il ne pouvait toujours pas supporter, excepté que dans le cas présent, la brute avait une arme qui dépassait son intelligence et qui aurait sans doute davantage eu sa place entre les mains d’une personne avec davantage de jugeote. Mais bref, puisque les paroles restaient apparemment sans effet et qu’il ne pouvait se résoudre à la violence, il restait la troisième solution, certes lente à mettre en exécution, mais dont les résultats seraient définitifs, et qui était tout simplement d’attendre que la flingueuse tombât à court de munitions : d’ailleurs, à propos de celles-ci, il en décompta trois autres insérées dans la machine diabolique, trois autres qui se retrouveraient certainement bien vite à pétarader comme leurs consoeurs. En même temps, il n’alla pas sans remarquer qu’elle exagéra à dessein le son de la troisième balle insérée ainsi que du claquement du barillet, sans doute pour tâcher de l’induire en erreur : c’était presque attendrissant de voir les manœuvres qu’elle s’efforçait de mettre en place pour rivaliser d’astuce avec lui ; on aurait dit un enfant au beau milieu d’une partie d’échec qui, alors que son adversaire s’est absenté, subtilise une de ses pièces pour se donner un avantage et croit que l’autre ne remarquera pas la supercherie.

Enfin bon, ce n’était pas le moment de s’amuser de ce que pouvait faire son adversaire, car business is business comme on dit, et dans le cas présent, celui de l’homme-loup était de faire en sorte que celle qui aurait bien mérité une bonne douche glacée s’épuisât à la tâche, ce qu’elle parut fort disposée à faire lorsqu’elle tira une nouvelle balle pour incendier les quelques mauvaises herbes qui s’étaient efforcées de pousser aux alentours de la caverne : quelle tristesse en vérité que de voir des plantes si vaillantes réduites à l’état de cendres alors que la chlorophylle qu’elles dispensaient lui avait été si agréable… enfin bon, il n’allait pas se mettre à jouer au pompier écologiste, car à tout prendre, une manœuvre aussi peu délicate avait le double avantage de rayer une autre balle des comptes et de créer par l’effet des rares végétaux mêlés au mauvais alcool un rideau de fumée entre eux deux dont lui pouvait très aisément faire fi étant donné les sens dont il faisait usage, mais qui ne pourrait être qu’handicapant pour elle : quelle étourderie, au lieu de renforcer ses positions, elle ne faisait que hâter sa propre perte ! Bien sûr, il n’excluait pas qu’il ne s’agît là que d’une partie d’un stratagème plus élaboré, mais en tout cas, que ce fût le cas ou non, Khral avait tout intérêt à profiter de cet avantage sans tarder s’il ne voulait pas voir les cartes qu’il avait en main lui échapper, et c’est ce qu’il fit, contournant le brouillard artificiel à pas de loup de manière à continuer d'approcher la position de la mitrailleuse sans pour autant lui divulguer sa position.
Tiens, une nouvelle balle ? Bof, grand bien lui fît, car ses oreilles ne lui avaient pas divulgué d’information de nature à lui faire estimer qu’elle s’était tournée dans sa direction d’après les bruissements de ses vêtements contre sa peau, aussi il pouvait opérer en toute tranquillité pendant qu’elle tirait sur du vide : ouvrant un moment les yeux, il se livra à un bref examen des pierres de diverses tailles qui abondaient dans ces parages rocheux, et en choisit une bien ronde et bien lourde de la taille d’un melon qu’il pourrait ainsi bien avoir en main ainsi qu’une autre, plus petite, semblable à un œuf d’oie, qu’il glissa dans la poche la plus facilement accessible de son pagne. Que voulait-il faire avec un projectile aussi gros que le premier ? Certainement pas l’envoyer à la figure de l’autre folle, car même si elle était très énervante et l’aurait bien cherché, Saïl était un gentleman et s’astreignait donc à la règle très stricte à laquelle se soumettaient des personnes d’un tel raffinement et qui voulait qu’on ne jetât jamais des rochers aux dames ! Non, sa cible était beaucoup moins noble, même si c’était ainsi que l’on qualifiait cette conquête de l’homme que le scientifique n’avait jamais apprécié : il ne voyait pas pourquoi on faisait un tel foin de ces quadrupèdes aussi intelligents que des bœufs qui étaient devenus obsolètes dès l’invention du premier moteur à explosion et qu’il voyait davantage finir dans son assiette que dans un champ de course. Dans le cas présent, comme il comprenait qu’on pût avoir l’usage d’un équidé de ce genre, il ferait son possible pour se contenter de l’assommer, et pouvait de toute façon se permettre de ne pas y aller de patte morte car, mazette, le bestiau n’était pas de petit gabarit, consistant en un spécimen gigantesque aussi noir et bien bâti qu’un taureau que même Khral n’aurait peut-être pas pu finir en un repas. Hé bien il allait bientôt pouvoir compter les chandelles, car si l’homme-loup n’avait jamais été très sportif de sa vie d’humain, il avait toujours été d’une précision redoutable au lancer, capable d’une coordination œil-main et d’une gestuelle impressionnantes qu’il allait pouvoir démontrer présentement en coupant ainsi à cette intruse son moyen de locomotion et donc de retraite.
BAM ! Au moment même où il fit feu, ce fut aussi le cas de la tireuse dont la pétoire fit un boucan monumental comme pour signaler l’accomplissement de cette discipline athlétique qu’était le lancer du poids et à cause de ce vacarme soudain, il ferma machinalement les yeux une seconde avant de les tourner dans la direction de la cavalière dont le destrier avait été certainement atteint bien que le lanceur ne se fût donné le loisir de contempler le résultat de son œuvre. Hé ben, avec quelque chose d’aussi bruyant, ça lui débouchait les oreilles, et c’était une bonne chose qu’il se fût éloigné, sinon il en aurait certainement écopé une surdité passagère, car même avec le recul qu’il avait pris, il pouvait sentir ses canaux auditifs siffler, et ce ne devait pas être mieux pour cette aficionados des coups de feu !

Pour conclure son mouvement, se reprenant vite du tohu-bohu et commençant à en avoir assez de voir la situation traîner en longueur, il décida de s’écarter d’un bond puissant du rideau de fumée de manière à ce que les deux participants du duel –involontaire pour Saïl, rappelons-le- fussent en visuel. Ainsi, il put voir que son agresseur était une femme aux cheveux blonds fantastiquement longs d’approximativement une vingtaine d’année avec des yeux rouges (étonnant ça, peut-être un détail issu de l’ascendance génétique des Terraniens), vêtue d’une manière qui se situait à mi-chemin entre la tenue d’un corsaire et de celle d’une gogo danseuse, et dont les courbes pouvaient facilement évoquer les Montagnes Russes. Héroïne de choc et de charme hein ? Hé bien pour faire redescendre cette écervelée de son piédestal de haine du haut duquel elle s’était envers et contre tout représenté le loup-garou comme un monstre assoiffé de chair et de sang, rien de tel qu’une nouvelle manifestation verbale qui la pousserait à tirer sur lui de manière irréfléchie, ce qu’il pourrait évidemment tout aussi bien esquiver qu’il l’avait fait précédemment :

« Bon, allez, je peux savoir pourquoi vous voulez me tuer s’il vous plaît ? » Lui envoya-t-il avec dans la voix une pointe d'agacement et de perplexité sincères.
« Modifié: mercredi 03 juin 2009, 12:27:49 par Saïl Ursoë »
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
Est-ce un monstre, un cauchemar, un loup fou ?                  Entre Khral, ce fougueux loup emporté
Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.



Saïl Ursoë

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Re : Qui vient rendre visite à un loup ? [PV]

Réponse 8 vendredi 05 juin 2009, 03:22:06

Héla, que de remue-ménage ! Il aurait été hypocrite de dire que Saïl était trop vieux pour ce genre de choses comme les barbons grincheux se plaisaient à le répéter au moindre courant d’air qu’ils recevaient sur leurs carcasses faiblissantes, mais le fait était que quelqu’un avec des qualifications et un caractère comme les siens était tout sauf un Arès rompu au tumulte des combats : faire une opération à cœur ouvert sans trembler et surtout sans vider son estomac, ça c’était dans ses cordes, mais s’il lui avait fallu estoquer quelqu’un sans sourciller, l’arme lui serait tombée des mains avant même qu’il eût tailladé les premières parcelles de chair. En tout cas, pour ce qui était du côté tactique de son approche, il lui restait à apprendre, même si à ce niveau, il pouvait certainement passer pour un surdoué unique en son genre en comparaison avec des loups-garous plus conventionnels dans leur nature : évidemment, il n’aurait pas dû se fier uniquement à ses yeux et ses oreilles pour détecter la position de l’imposante bête porteuse de cavalier, et vérifier qu’il n’y avait pas d’obstacle sur le chemin avant de « lâcher la purée » comme on disait dans le jargon, mais maintenant, le sort en était jeté, et au fond, ce n’était peut-être pas plus mal de faire bouger ainsi les choses plutôt que de jouer au chat et à la souris comme cela avait été son modus operandi jusqu’à présent. En tout cas, pour bouger, elles bougèrent, et le premier à ce faire fut la cible quadrupède du tir qui se mit en branle dès que les signaux d’alertes envahirent en masse son cerveau d’équidé bien élevé qui ne fit ni une ni deux et se précipita diligemment aux côtés de sa maîtresse : fichu canasson, le voilà qu’au lieu de fuir comme tout membre de son espèce l’aurait normalement fait, il venait à la rescousse, ce renfort inopiné faisant pencher la balance en défaveur du camp des défenseurs dont il était l’unique représentant de manière déplaisante !

En tout cas, désormais, la hache de guerre était véritablement déterrée, et en ce qui concernait l’homme-loup, il en était arrivé au stade de l’attitude du « no more mister nice guy » auquel la blonde se cantonnait depuis le début et qu’elle suivit encore une fois en déchargeant son engin de malheur sur Khral, lequel fut cette fois trop pris au dépourvu par l’intervention du cheval qui tenait davantage du taureau pour réagir suffisamment promptement, ses pieds se retrouvant soudés au sol avant d’avoir pu le quitter par une épaisse couche de glace issue de quelque magie inhérente à l’extraordinaire arme à feu. Un pistolet capable de provoquer un abaissement de température d’une telle intensité tout en fournissant la quantité d’eau nécessaire pour que cela ne s’avérât pas inutile ? Qu’une arme de ce calibre existât était tout simplement des plus… fascinant ! Hé oui, si en tout homme il y a un cochon qui sommeille, chez Saïl, c’était plutôt un savant prompt à s’émerveiller de tout et de rien et qui se serait bien tout à coup mis à tâter la surface gelée en marmonnant des commentaires impressionnés si son instinct de survie ne lui avait pas en ce moment même hurlé que ce n’était pas le moment de faire l’imbécile s’il ne voulait pas se voir transformé en descente de lit. Il fallait d’abord qu’il se libérât de son carcan cryogénique s’il voulait retrouver sa liberté de mouvement, mais alors qu’il levait un poing gauche pilonneur pour s’en débarrasser, la fonction de celui-ci se vit reconverti de la destruction vers la protection lorsque son propriétaire remarqua que la flingueuse avait toujours son outil braqué sur lui, s’interposant dans la trajectoire de la balle enchantée pour accuser le coup, non sans un grognement de douleur de la part de la cible lorsqu’elle sentit des arcs électriques d’une intensité considérable lui traverser le bras telles de microscopiques créatures rongeant ses terminaisons nerveuses.

 La vache ! Il s’était pris plus d’un coup de jus de son vivant (oui, on ne peut pas toujours empêcher un enfant de mettre son doigt dans un embout de lampe), mais là c’était proprement tétanisant, la preuve en étant de son bras qu’il ne parvenait plus à contrôler qu’en un fonctionnement entravé par de désagréables tressautements issus de la turbulence qu’avaient subi ses nerfs et qui mettrait un moment à se dissiper. En attendant, voilà que la fautive commençait à battre en retraite en compagnie de son acolyte animal… not on his watch, même s’il n’en avait pas, et il était désormais temps de passer à l’offensive : certes, il était toujours rivé sur terre, même si sa prison avait commencé à se fendiller sous ses mouvement effrénés pour s’en sortir, mais il avait dans son pagne fourre-tout ce caillou qui pouvait faire office de projectile à merveille, et qu’il avait d’ailleurs conservé à cet effet ! Le sortant de la poche où il était rangé en deux temps trois mouvements, il le prit dans le creux de sa paume comme une grosse balle de tennis et, après avoir bien calculé son coup, l’envoya avec une puissance calculée soigneusement de manière à ce que le choc envoyât de force l’acharnée dans les bras de Morphée sans lui causer pour autant une commotion cérébrale : on ne frappe pas une femme, même avec une fleur, mais il y avait des limites quand même, et il fallait bien que l’égalité des sexes eût un contrecoup pour ces dames, surtout quand la dame en question qui était loin d’en avoir les manières voulait vous transformer en passoire !

(Anesthésie instantanée et sans douleur !)

Et pan dans les dents, ou plutôt dans le front, la pierre heurtant l’os crânien dans un bruit mat auquel celui de la jeune fille en plein rechargement qui s'écroula fit écho, laissant le champ libre au lanceur pour reprendre un appui stable sur ses positions : un bon coup de son membre resté parfaitement valide pour parachever l’œuvre entamée par ses jambes, et l’impact digne d’une masse de démolition pulvérisa le glace, laissant ses pattes antérieures à nouveau libres bien qu’engourdies pour aller ramasser la têtue qui… avait vraiment la tête dure, car les personnes qui avaient perdu conscience ne remuaient pas comme ça, signe qu’elle était seulement sonnée et non dans les vapes ! Zut, pendant qu’elle reprenait ses esprits, ce n’était pas le temps de tergiverser, et faute d’une meilleure inspiration, il se positionna à quatre pattes, exécutant un bond pour prendre son élan, et un autre pour se jeter sur elle à plat ventre, les pectoraux gonflés pour amoindrir l’impact au cas où elle aurait eu l’instinct de lui asséner un coup de coude ou quelque chose de cet acabit : la manœuvre ne brillait pas par sa subtilité, mais en tout cas, à moins que la bougresse ne fût dotée d’une capacité de téléportation, elle ne pourrait esquiver un être d’une carrure telle que la sienne, et se retrouverait ainsi immobilisée sous son poids. Après tout, il ne pesait « que » cent cinquante kilos tout au plus, et à moins qu’il ne prolongeât l’emprise trop longtemps, elle n’en subirait pas le moindre dommage ; de toute façon, une brute comme elle devait avoir les os solides !
« Modifié: vendredi 05 juin 2009, 03:33:42 par Saïl Ursoë »
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Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
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                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
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Saïl Ursoë

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Re : Qui vient rendre visite à un loup ? [PV]

Réponse 9 mardi 16 juin 2009, 18:45:50

Des os solides ? Tu parles Charles, ce n’étaient pas des os qui constituaient le squelette de cette gaillarde, mais d’épaisses tiges de marbre pour qu’elle fût capable d’accuser le coup de l’impact qu’elle venait de subir comme elle le faisait : de deux choses l’une, soit la structure de sa masse osseuse était telle qu’elle était devenue d’une solidité qui n’aurait rien eu à envier à celle de Khral –toutes proportions gardées-, soit il bouillonnait dans ce crâne entêté un cerveau focalisé sur une telle idée de vaincre qu’elle en parvenait à faire abstraction de tout élément extérieur à cette seule préoccupation.
En réalité, c’était peut-être simplement les deux pour qu’elle fît montre d’une telle vivacité après un choc pareil, car tout être humain normalement constitué aurait dû faire un bon somme pour quelques minutes au minimum, Saïl en était persuadé, tout comme il l’était que l’ardeur qu’elle mettait à gesticuler à hue et à dia pour lui échapper ne pouvait être bonne pour elle : à se démener ainsi, elle allait finir par se faire sérieusement mal, et n’aurait rien gagné à part quelques belles blessures que son prétendu adversaire aurait préféré ne pas voir apparaître, mais qu’y pouvait-il ? Il avait fait son possible pour que la situation pût se résoudre pacifiquement, mais maintenant que les gouttes d’eau qui faisaient déborder le vase s’étaient accumulées à un tel point que refuser de passer à une méthode d’action plus musclée frisait sérieusement l’absurde, il allait être forcé de ne pas lui faire de cadeau pour faire cesser de tels enfantillages. Il était un médecin, oui, et le serait toute sa vie avec toute la conviction du monde, et un médecin devait parfois savoir mater un patient qu’il avait sous sa responsabilité et qui refusait obstinément de se prêter au traitement qu’il lui proposait : ce n’était de loin pas le côté le plus reluisant de sa profession, mais c’était un de ses aspects qu’il se devait d’assumer jusqu’au bout.

Et dans ce but, il n’allait pas laisser la moindre chance à celle qui l’agressait depuis le début de reconstituer ses forces, car maintenant qu’elle était déstabilisée, non seulement sérieusement sonnée par l’impact du caillou, mais aussi malmenée par les écorchures dont elle avait écopé durant sa cavalcade effrénée, il fallait continuer de la travailler au corps, de lui ôter un à un tous les atouts qu’elle pourrait en venir à sortir de ses manches de façon à la réduire à l’impuissance. Ce n’était pas joli-joli de penser comme ça, mais une opération médicale non plus n’était pas jolie-jolie, et pourtant, il fallait la mener à bien si l’on voulait éviter des complications, complications qui auraient pu en l’occurrence se concrétiser fort déplaisamment par d’autres tirs furieux sur son humble personne : déjà, lâchant la prise qu’elle avait sur la bride de sa gargantuesque monture en un geste d’évasion désespéré afin d’éviter qui le masse de l’espèce de loup-garou ne d’abattît sur elle, mouvement audacieux et soudain qui lui réussit puisque l’être à la silhouette bestiale lui passa par-dessus sans l’atteindre, mais qui ne put lui accorder qu’un temps de répit bien court.
Il ne faut pas l’oublier, la donzelle avait affaire à un homme-loup, une créature très douée pour se réceptionner d’un bond comme celle à laquelle elle avait eu l’audace de se confronter le fit, atterrissant à la manière d’un quadrupède en plantant ses griffes dans le sol de manière à s’y ancrer convenablement pour exécuter sans délais un demi-tour rapide avant de se propulser de nouveau vers la jeune fille qu’il rejoignit en à peine un saut qui le propulsa de plusieurs mètres dans sa direction alors que celle-ci fourrageait dans son sac pour en sortir probablement d’autres instruments de mort que Saïl préférait voir rester inutilisés. Au passage, il se serait bien demandé d’om venait ce liquide qu’il pouvait voir ruisseler depuis ses orifices nasaux et buccaux pour dégouliner le long de son menton : accroissement soudain des sécrétions salivaires sous les tensions qu’elle devait ressentir ? Capacité surhumaine inattendue ? Simple régurgitation ? C’étaient des questions très intéressantes pour un savant, mais sur le coup, il sentait que la situation ne se prêtait que trop peu à un examen approfondi pour qu’il pût considérer l’ausculter dûment, aussi jugea-t-il préférable de poursuivre sur sa lancée sans se tarabuster la cervelle avec des soucis pareils.

Le lecteur a-t-il déjà été attaqué par un ours ? Je suppose que si c’était le cas, il ne serait pas en train de prendre connaissance de ce récit, alors qu’il sache pour sa gouverne que lorsqu’un animal d’un tel gabarit frappe, c’est avec une précision tout bonnement étonnante pour un mastodonte pareil : de l’avis de bien des zoologistes, ses pattes peuvent être comparées à des battes de base-ball auxquelles l’énergie cinétique conférée par la morphologie des membres de l’ursidé confèrent une rapidité et une force de frappe formidables pouvant facilement fracasser un crâne. Pourquoi un tel laïus ? Car si Khral ne faisait pas partie de l’espèce susmentionné, il n’en avait pas moins des bras dont la taille naturellement considérable faisait qu’un coup donné par lui possédait les propriétés décrites précédemment, et si en l’occurrence, sa cible n’était pas la tête de la ribaude mais son sac, l’impact n’en promettait pas moins d’être percutant.
Soyons franc : d’un côté, une humaine essoufflée, endolorie et étourdie, et de l’autre, un homme-loup en pleine possession de ses moyens hormis une vue encore un peu brouillée par les éclaboussures d’alcool que ses yeux avaient reçues et ainsi qu’un bras gauche dont le fonctionnement n’était pas encore optimal. Ces éléments pris en considération, auxquels on pouvait ajouter que les mains de Saïl atteignaient sous la forme qu’il avait une petite trentaine de centimètres d’envergure, le résultat de sa frappe laissait peu de place au doute, et ce fut avec cette certitude en tête qu’il engagea un puissant revers griffu en direction du bagage de la jeune femme dans le but de le lui arracher une bonne fois pour toute ou tout au moins d’en déchiqueter l’enveloppe d’une telle manière que tout se contenu se déversât à terre, tonnant un catégorique :

« Ça suffit maintenant ! »
Dites, en me voyant, que voyez-vous ?                             En vérité, je suis partagé
Est-ce un monstre, un cauchemar, un loup fou ?                  Entre Khral, ce fougueux loup emporté
Est-ce un fort centaure qui brame et mord ?                       Et Saïl ce timide humain gêné,
Est-ce une bête de poils au coeur d'or ?                            Mais ça, jamais mal intentionné !
Est-ce Elephant Man qui crie, mis à mal :                          Certes, je grogne, je bondis je rue,
« Non, je ne suis pas un animal ! » ?                               Mais jamais je ne griffe ni ne tue.
                                                                               Aussi, approchez donc, n'ayez pas peur.
                                                                               C'est promis, je vous recevrai sans heurt.




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