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[ABANDONNÉ] Les Joyaux du Désert [Neith Men-Heb]

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Rhian Thoris

Humain(e)

« ...Et, en vérité, je vous le dis, c’est l’Infamie de cette femme qui pèse sur nous ! C’est le prix que nous payons pour avoir hébergé en notre sein une catin, une traînée qui se cramponne au pouvoir telle une harpie vociférante ! Oui, mes amis, et je vous le dis haut et fort, ce que nous subissons est un châtiment divin pour avoir trop longtemps toléré et nourri, en notre sein, la Vipère ! »

Il fut un temps où de tels propos auraient été sévèrement réprimés de la part de la Milice urbaine de Papua. Il fut un temps où nul n’aurait pu tolérer de tels agitateurs publics. Il fut un temps, enfin, où Papua était en paix, en prospérité économique, et où un Roi fort dirigeait le royaume, avec, pour le suivre, un Prince guerrier qui avait fait ses classes auprès des prestigieuses écoles militaires de l’Empire d’Ashnard. Une époque maintenant révolue depuis plusieurs mois.

Papua était en pleine guerre, une guerre civile qui faisait ravage dans les campagnes papuannes, et qui remontait vers Papua, vers la capitale. Papua faisait l’objet d’une insurrection civile massive, lancée par des vagues de brigands et par une organisation terroriste criminelle, l’Affiliation. Dirigée par John Farson, un ancien criminel tekhan qui avait sévi dans les Badlands, où il avait cherché à saboter les fûts de pétrole, Farson s’était maintenant rabattue sur Papua, et avait envoyé ses hommes à l’assaut. Des villages avaient été massacrés, d’autres asservis. L’Affiliation avait formé des camps dans les déserts, pris des forteresses, et marqué quelques coups fatals. Ils avaient tué le Prince héritier de Papua, le grand-frère de Rhian, Herebos, et avaient capturé Rhian, tout en libérant sur Papua un monstre cauchemardesque, le Warlock. Cet ancien conquérant avait été le premier ennemi de Papua, un mage-guerrier qui était revenu à la vie, et qui menait la guerre civile, avec pour cible le Palais de Papua.

Des tensions sociales traversaient le royaume, et on pouvait les ressentir dans la capitale. Les agitateurs publics étaient de plus en plus nombreux, beaucoup étant payés par des vassaux de la Couronne, des nobles provinciaux qui, sous couvert de compassion, conspiraient avec l’Affiliation, afin de gagner de plus grosses parts quand le Warlock aurait renversé la famille royale. Ces mêmes gens avaient empoisonné le Roi de Papua, Tomeyrus, qui était mourant, et avaient fait accuser sa femme, Khaora, d’être responsable de cet empoisonnement. Personne n’avait encore emprisonné Khaora, mais la Reine ne pouvait plus sortir de son Palais. Dans Papua, les nobles et les traîtres encourageaient à la mutinerie, arguant que le Warlock n’était pas la menace.

Cette agitation, Rhian l’avait pressenti lors de sa capture, et elle la voyait, maintenant qu’elle était revenue à Papua. Capturée par des démons*, puis libérée par un duché ashnardien**, Rhian était revenue chez elle. Elle avait été violée, torturée, humiliée... Mais pas brisée. Rhian était revenue avec une détermination encore plus forte, et avec la volonté de changer les choses. Tomeyrus était alité toute la journée, et Khaora n’avait plus aucune autorité. L’armée faisait le deuil d’Herebos, et Rhian avait donné ses premiers ordres. Plusieurs des membres du Conseil royal avaient été jetés au cachot, des gens dont Rhian savait qu’ils étaient des traîtres. Elle avait multiplié les patrouilles, et les agitateurs publics étaient envoyés en prison. Avec l’arrivée de réfugiés et de migrants fuyant la guerre, fuyant leurs villes en feu, l’insécurité avait explosé, et Rhian avait imposé son autorité.

« Multipliez les procès ! Arrachez les langues de ces vipères qui conspuent sur ma mère et sur la Couronne ! »

Une punition cruelle, mais nécessaire. Sur la place publique, les crieurs publics, en larme, s’étaient vus torturer. Des bourreaux avaient fourré dans leurs bouches des pinces en fer, arrachant leur langue. Rhian ne pouvait pas se permettre d’être une femme douce. Elle n’était pas l’héritière légitime du trône, et devait rappeler à l’armée son autorité. Elle l’avait donc rappelé. Les violeurs avaient vu leurs yeux être fondus au fer rouge, quand ils n’étaient pas tout simplement castrés. La Princesse avait reçu l’aide de l’Empire, et, parmi les gardes de la Milice urbaine, les soldats ashnardiens patrouillaient.

« L’Affiliation continue à s’avancer...
 -  Que fait notre armée ?
 -  Elle combat à Ojman. La ville a été prise, et l’armée mène le siège... »

Les conseils de guerre de Rhian étaient divisés en deux thèmes : la paix à Papua, et la guerre dans le reste du royaume. Sur de grandes cartes, l’avancement des troupes de l’Affiliation était restituée de la manière la plus fidèle possible, ainsi que, en contrepartie, les positionnements de l’armée. L’Affiliation avait réussi à prendre plusieurs grandes villes provinciales, coupant ainsi plusieurs routes d’approvisionnement. La priorité était donc de reprendre ces villes, de les tenir, et, à partir de là, de reprendre le contrôle des campagnes. La priorité était de protéger les oasis, car ils étaient les seuls endroits d’approvisionnement du royaume. Tout ce que l’Affiliation cherchait à faire était de ravager Papua, et, pour cela, leurs hommes incendiaient les fermes et pillaient les greniers.

Pour l’heure, Rhian veillait scrupuleusement à protéger l’intégrité de la ville. Et, pour cela, si elle voulait instaurer l’ordre, elle tenait aussi à prouver à sa population qu’elle n’était pas un tyran. Régulièrement, Rhian sortait donc du Palais, ce qui était d’autant plus rafraîchissant pour elle qu’elle n’avait pas à sortir discrètement. Elle sortait en compagnie de ses trois tigres, Baja, Naja, et Tigra, qu’elle avait été très heureuse de revoir. Autant dire que la voir sortir dans les rues, avec les gardes en retrait, et les tigres qui avançaient autour d’elle, était souvent très impressionnant.

Elle se tenait ainsi dans une grande place, et les Papuans la saluaient, tandis que quelques enfants se cachaient derrière les robes et les dorures de leurs mères devant les tigres. Le regard de Rhian croisa celui d’un enfant, et elle lui sourit.

« Tu veux caresser Baja ? Il est très gentil, tu sais... Et il adore les câlins... »

Autant dire que les courageux ne se bousculaient pas au portillon pour caresser les belles bêtes !



* : Cf. RP « Slave » ;
** : Cf. RP « Of Monsters And Women ».
« Modifié: dimanche 16 août 2015, 17:05:24 par Rhian Thoris »

DC d’Alice Korvander.

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Neith Men-Heb

Humain(e)

Re : Les Joyaux du Désert [Neith Men-Heb]

Réponse 1 jeudi 23 avril 2015, 13:22:19

Tout le monde avait entendu parler de la situation à Papua et Neith ainsi que le culte dont elle faisait partie n'y faisait pas exception. Tout le monde autour d'elle s'était mis d'accord pour dire que ce n'était pas le meilleur moment pour aller dérober quelques richesses dans le palais mais elle était aussi têtue que son père. Elle ne partageait pas le même domaine pour son entêtement mais voulait forcer le risque, elle voulait montrer que si on voulait récupérer quelque chose dans ce palais désormais sous haute surveillance, c'était possible. Elle avait quitté la grotte qui les accueillait depuis maintenant bien des années et partit en direction de Papua avec la promesse de leur ramener une de ces fameuses richesses. Derrière elle, elle avait laissé toute la troupe incertaine et inquiète. Seul le grand patron avait donné son accord pour qu'elle tente l'aventure mais, si elle se faisait attraper, elle serait seule. Neith n'avait pas besoin de plus que ça pour partir.

Elle était ainsi sortie, sûre d'elle et déjà fière de ramener un trophée des plus exquis. La volonté de son Seigneur la guidait et le vol d'autres palais moins surveillés n'était que trop facile à son goût. L'air était chaud, le soleil était haut et Neith avançait toujours déterminée. Quelques gouttes de sueur perlaient sur son front recouvert de ses cheveux noirs. Le reste de son corps brillait également sous le soleil mais ça ne l'arrêtait pas. Tout ce qu'elle avait en tête était le palais de Papua et ses richesses. En avançant, de plus en plus accablée par la chaleur ambiante, elle se demandait ce qu'elle allait bien pouvoir ramener et se prit à rêver des prises les plus folles. Ainsi, elle se voyait déjà ramener l'arme du roi, les bijoux de la reine et même la couronne du royaume. C'était un pari fou, c'était osé et elle le savait mais elle se devait de plaire à son dieu. Elle portait Sa volonté et voulait s'en montrer digne.

Après quelques heures de marche et une fatigue intense due à la chaleur, Neith s'arrêta dans un hameau assez calme. Elle y trouva très vite l'auberge et se prit une chambre avec l'argent d'un citoyen croisé un peu plus tôt. Toujours généreuse, elle déposa la bourse pour prendre un repas complet et laissa la monnaie en trop au patron de l'endroit qui la remercia de ce geste inattendu et encore moins fréquent. Il faut dire que le village était pauvre, chaque habitant tenait dés lors beaucoup à ses économies alors que les voyageurs se faisaient rares en cette contrée paisible et loin de posséder une quelconque attraction touristique. C'était exactement ce qu'il fallait à Neith, un endroit où se reposer et où passer la nuit qui ne tarderait pas à s'annoncer.

Elle avait bien repéré un homme qui n'arrêtait pas de la mater depuis son arrivée. C'était une belle femme, son corps très nettement mis en évidence par sa tenue qui ne cachait presque rien et cela lui valait souvent d'attirer l'attention des hommes les plus pervers, d'autant plus lorsque celui-ci était légèrement humide. Elle n'y avait pas prêté attention au début mais lorsqu'elle avait remarqué qu'il la suivait, elle entra dans l'auberge et fonça dans sa chambre. Plusieurs heures étaient passées et il n'y avait plus aucun signe de ce pervers, ce qui la réconforta. Elle rempli alors sa bassine d'eau chaude et se dévêtit, laissant ses habits sur le sol. Un rapide coup d'oeil sur sa marque étrange lui fit constater qu'elle n'avait pas beaucoup évolué depuis sa dernière attention. Lentement, elle posa un pied dans la bassine, suivi de l'autre et elle s'y installa. Elle prit soin de laisser sa chevelure à l'extérieur, elle détestait les mettre dans le même bain qu'elle lorsqu'elle pouvait s'en passer.

Elle ferma les yeux et se laissa bercer par l'eau. Elle en avait fort besoin et ça la soulagea, elle profita de ce moment d'intimité pour ne plus penser à rien d'autre que ce moment. Elle le savourait tout autant qu'elle savourait le calme de sa chambre. Ce calme fut d'ailleurs bientôt rompu par un léger grincement de porte mais elle fit comme si elle n'avait rien entendu. Elle ne laissait jamais ses dagues loin d'elle, encore moins dans des situations comme celle-ci où elle se savait vulnérable et suivie. Pour elle, il ne faisait aucun doute que c'était ce poursuivant qui était entré dans sa chambre. Ses doigts caressèrent la poignée de l'une de ses armes et, en faisant un minimum de bruit, elle sortit de sa bassine pour se placer à coté de la porte qui la séparait de la pièce où était installé son lit.

Son regard était fixé sur la poignée et son ouïe était concentrée sur le bruit de l'autre coté du mur. Elle entendit le bruit d'un tissu qui tombait, sans doute le pantalon de son poursuivant et bientôt, elle vit la poignée de la porte se baisser. Sa prise se raffermit sur son arme et elle patienta. Lorsque la porte s'ouvrit, elle n'agit pas immédiatement comme elle aurait du le faire et observa d'abord. Elle avait bien deviné l'intention de l'intrus, la violer dans son sommeil. Pas de chance pour lui, elle était toujours éveillée et planta sa lame directement dans la gorge de l'intrus avant de la retirer aussi vite. Le sang éclaboussa le sol et le corps tomba sur le plancher.

Pauvre con.

Elle retourna alors vers la bassine, se rhabilla en quatrième vitesse, frotta sa lame sur le pantalon laissé au sol et sortit par la fenêtre de sa chambre. Le bruit du corps avait du éveiller le tenancier et elle ne pouvait plus rester là. Son seul regret avait été de devoir écourter son moment de relaxation et de ne pas avoir pu profiter de ce lit qui semblait pourtant fort accueillant. Usant de sa dextérité, elle descendit la façade et alla dormir dans une petite rue. C'était inconfortable, sale et elle pesta une nouvelle fois contre celui qui était entré là où il n'aurait jamais du. Cette nuit fut l'une des plus courtes de sa vie mais ça ne la décourageait pas. Elle allait se réconforter avec les richesses du palais de Papua. Le lendemain, elle repartit et prit soin d'éviter les gardes avant de rejoindre le désert. L'aurore donnait un air frais à Neith qui se souciait déjà de la suite des événements. Elle savait que la chaleur n'allait pas tarder à arriver et pressa le pas.

Il ne lui fallut qu'une heure pour arriver à la capitale, satisfaite d'être enfin arrivée. Comme elle s'y attendait, une garde était postée devant l'entrée qu'elle emprunta mais ne fit pas attention aux marchands. Eux, tentaient d'attirer le client par leurs cris mettant leurs produits en valeur mais ce n'était pas ce qui intéressait Neith. Elle circula en ville et se laissait distraire par les palais et les différents jardins qui lui offraient des portes de sorties. Néanmoins, elle ne voulait pas entrer dans ceux-là, ce n'était que du menu fretin à coté de ce qu'elle avait en tête, le palais royal. Après avoir demandé son chemin plusieurs fois, Neith eut une idée précise des rues qu'elle devait emprunter pour arriver à destination. Elle eut également vent des visites guidées qui étaient toujours dispensée et se dit que c'était l'occasion parfaite de tâter le terrain. Sur la route, elle s'arrêta un moment sur une grande place. Le spectacle qui lui était offert la surpris et elle prit une note mentale. Trois tigres entouraient une femme, suivie par des gardes royaux. Il ne fallut pas longtemps pour que la voleuse devine l'identité de cette personne.

Ce doit être la reine, si elle sort aussi souvent avec ses gardes et ses tigres, ça devrait me laisser assez de place pour manoeuvrer.

Cette vision lui tira un joli sourire que personne n'eut l'occasion de voir, caché derrière son voile. Elle ne traîna pas trop dans le coin et se dirigea vers le palais pour profiter d'une de ces fameuses visites guidées. Une fois dans le groupe, elle remarqua l'encadrement puissant des gardes et se dit que ce serait fort difficile de s'éclipser sans être remarquée. Cela ne la gênait cependant pas, elle suivi le groupe, profitant des explications de leur guide pour savoir tout ce qu'elle aurait besoin de savoir et pour regarder les alentours du mieux qu'elle pouvait. Pour ce vol, elle savait qu'elle aurait besoin de cette reconnaissance de terrain afin de mieux s'infiltrer.

Lors de ses observations, elle remarqua un groupe de servantes et savait désormais comment s'infiltrer le lendemain. Une fois la visite terminée, Neith récupéra une énième bourse qu'elle dépensa dans une auberge proche du palais pour obtenir une bonne chambre. Le temps du repos avant l'action était arrivé et elle savait tout ce qu'elle avait besoin de savoir.

Rhian Thoris

Humain(e)

Re : Les Joyaux du Désert [Neith Men-Heb]

Réponse 2 vendredi 24 avril 2015, 01:49:41

Le Palais royal de Papua était une grande et impressionnante structure, séparée de la ville par un grand pont en pierre. Depuis les tours et les murs du Palais, on pouvait apercevoir plusieurs cours d’eau, avec des ruines ancestrales à proximité. D’après les vieilles légendes et les anciens manuels historiques, ces ruines étaient l’ancienne capitale de Papua, qui avait été submergée lors d’une violente crue il y a des siècles. Une crue qui s’était accompagnée d’une vaste tempête, et qui avait englouti la ville, créant un lac qui, depuis lors, était là. Cette ville abandonnée était un endroit assez apprécié des locaux et des touristes, car elle offrait un contraste assez saisissant avec la capitale, ainsi qu’une superbe vue sur le massif Palais.

Après sa visite au sein de la ville, Rhian rentra, ses tigres continuant à la suivre de près, se frottant parfois contre ses jambes. Le contrôle que Rhian avait sur cette portée était assez exceptionnelle. Elle était la seule à pouvoir contrôler les tigres avec tant d’aisance. Lors de sa disparition, les trois avaient été enfermées dans des cages, et avaient attaqué plusieurs servantes ayant tenté de se montrer trop proches d’eux. Ils s’étaient assagis quand Rhian était revenue, et, maintenant, Rhian dormait toujours avec eux... Il fallait le voir pour le croire, mais, parfois, les tigres dormaient même sur son lit, la tête de Rhian posée sur le ventre d’un d’entre eux. Pour beaucoup, ce lien était magique, et se justifiait par les gènes démoniaques de Rhian, un héritage de sa mère, Khaora.

« Les gens ont peur, Rhian... Garde-toi de te montrer trop brutale avec eux. »

De tous les conseillers incompétents ou corrompus qui assistaient Rhian lors de ses séances, elle faisait surtout confiance à ceux de sa mère, Khaora. Tous les soirs, Rhian marchait avec elle dans les couloirs et les jardins du Palais, pendant une bonne heure. Khaora faisait digne figure, mais l’état de santé de Tomeyrus l’affectait profondément. Elle ne pouvait pas se permettre de le pleurer, car Papua était en guerre civile, et la Reine savait très bien que les accusations infondées des adversaires politiques des Thoris n’avaient que pour but de fragiliser la Couronne, et d’amplifier la guerre qui faisait ravage.

« Je sais, Mère..., soupira Rhian. C’est juste que... Je dois leur rappeler que la Couronne est détentrice de l’autorité, et est la seule à pouvoir sauver le royaume du Warlock et de ses horribles monstres.
 -  Tu détestes tes vassaux, et tu as raison. Combien de fois Tomeyrus m’a-t-il dit qu’il voudrait tous les tuer ? Ils ne pensent qu’à leurs propres domaines, sont incapables de songer au bonheur du royaume, et ne veulent y songer qu’à condition d’y siéger... Et, maintenant que ce sieur Galahad t’a secouru...
 -  Ils ont perdu tous leurs espoirs... »

Khaora lui sourit lentement. La Reine était curieuse. Ce Galahad était l’un des rares hommes à avoir fait bonne impression à Rhian. Les Pentaghast étaient une puissante famille ashnardienne, dirigeant un vaste duché, et Galahad avait traqué les Orcs ayant capturé Rhian, et l’avait sauvé. Il l’avait ramené jusqu’ici, et, quand Rhian avait parlé de Galahad, le dédain dont elle avait fait preuve n’avait pas échappé à Khaora, qui avait compris que Rhian avait enfin trouvé l’homme à qui offrir sa main. Tomeyrus serait fier d’elle, quand il irait mieux... Le Roi continuait à dormir et à végéter, dans sa chambre.

« Tu as le soutien de l’armée, Rhian... Mais il nous faut aussi conserver la noblesse. Les marchands continueront à te soutenir tant que les voies maritimes sont encore ouvertes, et c’est pour ça que l’Empire a envoyé une flotte pour les protéger des raids de pirates.
 -  Maintenant que les routes terrestres sont moins sûres, la mer est la solution la plus fiable pour rejoindre Papua. »

Royaume marchand par excellence, Papua avait toujours été tournée vers l’extérieur, vendant des tonnes de fer, de pierre, et autres gisements de matière première, en échange de nourriture. C’était un grand royaume, très culturel, et très cosmopolite. Le soutien de la bourgeoisie était encore plus important que celui de la noblesse locale, et les marchands préféraient la stabilité politique. Les Thoris dirigeaient Papua depuis la fondation, et ils avaient donc été contents de voir que les Ashnardiens avaient ramené Rhian, et qu’elle pouvait continuer à diriger le royaume. Ainsi, il n’y aurait pas de guerre civile, et le trésor royal continuerait à être là.

On avait beau dire tout ce qu’on voulait sur les pratiques sexuelles de la Reine Khaora, elle était une femme avisée en politique. Khaora venait d’une grande famille ashnardienne, et, contrairement aux Nexusiens, elle n’avait pas appris la broderie. La politique, la guerre, l’art et la manière de diriger un royaume... Voilà ce qu’on lui avait enseigné. Dans un conflit, quand le mâle partait diriger les troupes, la femme restait pour gérer les affaires publiques et le domaine. En somme, dans une répartition ashnardienne type, l’homme se chargeait de la gestion de l’armée, et la femme de la gestion des affaires civiles. C’était ainsi la Reine qu’on trouvait lors des audiences de justice. Cette différence s’expliquait par le fait que, comprenant beaucoup de démons, Ashnard n’était pas aussi sexiste que pouvait l’être d’autres royaumes, comme Nexus.

« Nous allons avoir besoin d’or pour financer la réparation des villes... L’Empire acceptera de nous faire crédit, mais la noblesse protestera.
 -  Et, si j’augmente les impôts indirects, ce sont les guildes marchandes qui s’enflammeront...
 -  Pourtant, c’est le meilleur choix à faire. Si les voies maritimes sont sûres, les marchands pardonneront une hausse des impôts. Et puis, les guildes ont toujours plus d’argent. »

Rhian acquiesça. Il y avait plusieurs moyens d’obtenir de l’argent. Elle pouvait demander un prêt auprès du Conseil Impérial, et, comme Rhian était une province impériale en état de guerre, le Conseil Impérial avait l’obligation de consentir un prêt à des taux d’intérêts réduits... Mais, même réduits, il y avait des intérêts. Or, en vertu des lois papuannes, le remboursement de la dette royale se faisait à partir des impôts seigneuriaux, une taxe que chaque seigneur devait verser annuellement. Autrement dit, si Rhian empruntait auprès du Conseil Impérial, elle devrait augmenter le montant de cette taxe, ce qui ferait rager les nobles.

L’autre solution était d’augmenter les taxes foraines, c’est-à-dire la somme que chaque marchand devait payer pour poser sa caravane. Or, selon l’emplacement, la taxe était plus ou moins forte. Concrètement, la liberté de commerce était réduite par le fait qu’un commerçant devait nécessairement rejoindre une corporation commerciale, afin de garantir la qualité des produits auprès des clients, ainsi que la stabilité dans les prix. Ces guildes avaient une grande influence à Papua, et, en temps de guerre, c’était souvent eux qui devaient payer... Ce qu’ils acceptaient de faire, si l’argent était effectivement utilisé pour garantir leur sécurité et la protection de leurs marchandises.

La politique était un art complexe. Rhian y avait été partiellement formée, et, sans sa mère, elle serait perdue. Perdue entre les chartes commerciales de toutes les guildes, les accords entre les familles de nobles, les décisions de justice à respecter, la loi papuanne à appliquer... Et la guerre à diriger. Sa mère avait les reins et les épaules solides, et continuait régulièrement à la conseiller... Et à la réconforter. Car, comme si tout ça ne suffisait pas, Rhian avait été traumatisée par son rapt de plusieurs mois.

Comme si elle sentait le trouble de sa fille, Khaora se pencha vers elle, et déposa un baiser sur la commissure de ses lèvres.

« Allez, viens... »

Après chaque promenade, les deux femmes avaient un rituel.

Entre la promenade et le dîner, elles se rendaient au harem du Palais.



Le lendemain, le soleil naissait à nouveau sur Papua. Dans l’auberge où Neith s’était posée, si cette dernière tendait l’oreille, elle pourrait surprendre plusieurs conversations intéressantes entre les marchands :

« Oui, Khalifa a été retrouvée morte cette nuit par la Garde... Tuée par son petit ami, visiblement. Une crise de jalousie.
 -  Encore une servante...
 -  Et pas n’importe qui! Celle qui s’occupait de coiffer la Princesse et l’aidait à s’habiller ! On disait même que Khalifa nourrissait les trois putains de monstres de cette femme !
 -  S’habiller ? Tu veux dire... Ces bijoux ?
 -  L’armature de la Princesse... Le trésor le plus précieux de Papua. Il y a des collectionneurs nexusiens qui seraient prêts à acheter cette panoplie pour plusieurs millions de pièces d’or.
 -  Si seulement j’étais une fille... »

Les deux négociants rigolèrent doucement entre eux.

« Et au fait, pour Jasmine ? demanda soudain l’un des deux.
 -  Le harem continue à recruter des femmes, oui... Je crois que ça aide la Reine à se détendre...
 -  Et sûrement sa fille aussi.
 -  Ouais, ouais, tu vas encore regretter de pas être une nana, hein ? Remarque, je te comprends, vu la petite touffe que t’as entre les cuisses... »

Et nouveaux éclats de rire.

DC d’Alice Korvander.

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Tags : papua