J'aime bien les tavernes.
C'est plein d'ivrognes, d'imbéciles, de pitres et de fiers à bras, mais c'est justement pour ça que je les aime. C'est toujours pareil et pourtant si différent... Surtout les serveuses. Les filles de Nexus étaient magnifique, mais les terranides avaient un petit quelque chose d'exotique de par leur apparence qui me fascinait toujours. Je me plait donc à reluquer tranquillement la fille-loup qui tient le bar en grignotant les excellents dangos qu'elle m'a servi plus tôt. Elle remarque mon regard, rosit délicatement et tente de m'éviter mais ne peut résister à l'envie de me rendre mes sourires.
La soirée promet d'être intéressante.
D'autant plus que l'ambiance est chaude. Il y a pas mal d'aventuriers ce soir, notamment cette jolie rousse que je sens plus que je ne remarque derrière moi. Son épée, ses colifichets, son armure, tout en elle transpire d'une puissance surnaturelle.
J'hésite.
Non pas qu'elle me fasse peur, au contraire, je crève d'envie de rencontrer quelqu'un de plus fort que moi, non, vraiment je n'ai pas peur. Je ne sais juste pas très bien comment l'aborder. On dit que le physique d'une personne renseigne facilement sur son caractère, et cette fille... Entre ses cheveux rouges comme le feu, ses muscle et ses armes, tout m'indique qu'elle est tout sauf joueuse.
Là étant tout le problème.
Mon but n'est absolument pas de l'emmerder, simplement de la défier amicalement, de voir si elle est vraiment à la hauteur de son épée runique, qui me fait les yeux doux depuis tout à l'heure, brillante comme la lune sur la campagne.
Comment l'aborder? Je me sens comme un gamin qui veut aborder une demoiselle une fille dont il s'est bêtement amouraché.
Tant de questions qui me traversent alors que je continue tranquillement à reluquer la serveuse d'un air absent.
Puis arrivent les emmerdements.
Je n'ai même pas besoin de les voir pour deviner qu'ils ne sont pas là pour rire. Ou du moins si, mais pas de façon sympathique. J'entends leur pas avant de les voir entrer. Cinq types. Non, six. Il y en a un chétif, quatre de taille moyenne et un qui va surement devoir se baisser pour rentrer. Le rythme nonchalant et le raisonnement de leurs pas sur le plancher de l'exterieur de l'auberge de route traduit leur impression que la taverne leur appartient.
J'aime pas ce genre de types.
Pour une raison que j'ignore, le mot "touristes" effleure mon esprit.
Je soupire et me lève pour aller payer. Je dédie à la tenancière un nouveau sourire chaleureux, avant de me le rediriger vers ma place.
Et, enfin, après un long moment, ils débarquent, et ce d'une façon que je qualifierais... D'étrange.
Les deux battants s'ouvrent pour laisser débarquer une espèce d'humain poilu et râblé qui brandissait deux dagues, suivi de quatre bandits maniant des cimeterres, leur bandeaux jaunes serrés au dessus de leurs visage affichant une expression de cruauté travaillée. Puis, derrière eux, un troll tente de se faufiler dans la porte avec sa masse.
Le nabot à visage de fouine entré en premier prends la pose. Il va sans doute tenter de dire un truc classe. Je souris, et, alors qu'il prend son inspiration pour gueuler je ne sais quelle ineptie, mon poing s'écrase au beau milieu de son nez pointu. Je souris à nouveau, puis je remarque que mon poing n'est pas seul dans la face du bandit: contre mon bras se trouve celui, ganté, de la guerrière rousse.