Une ombre se mouvait dans les terres sauvages. Sa forme faisait vaguement penser à celle d'un humain. Pourtant elle se déplaçait lentement, bien plus lentement que la plupart des humains traversant ce lieu inhospitalier.
Le corps de cette chose semblait las et dépité. En effet, il y avait de quoi : la pauvre humaine n'avait pu rejoindre son maître à temps.
Lorsque Kohana était arrivée à la demeure de Belial, elle n'était pas entré. Sa rencontre avec la vampire l'avait retardé et elle ne voulait pas s'attirer la colère de son maître. Elle ne voulait qu'une chose : lui faire une surprise et le remercier. Or pour cela, il fallait qu'elle s'assure qu'il fusse seul.
Elle fit le tour de la maison plusieurs fois en restant toujours cachée dans les fourrés, jusqu'au moment où elle entendit un cri. Tremblante de peur, elle prit son courage à deux mains et s'approcha d'une fenêtre.
La pièce était éclairée à l'aide d'une simple bougie. La lumière était faible, mais elle suffisait pour remarquer l'étrange bête qui se démenait sur le lit double qui trônait au beau milieu de la chambre. A vrai dire, il ne s'agissait pas réellement d'une créature, mais plutôt de deux, emboîtées l'une dans l'autre. Sans même qu'il ait eu besoin de lui faire face, Kohana reconnut son puissant maître. Puis elle aperçut une queue longue et touffue. Une neko se débattait sous l'imposant démon.
Les yeux de la jeune fille s'humidifièrent. Elle resta là quelques minutes à regarder la scène. Son coeur battait la chamade. Elle retint un sanglot...
*Trop tard...*
L'adolescente fit demi-tour, la vue embuée de larmes. Il ne lui était plus important que son maître l'ait aperçue ou non. De toute façon, elle n'était plus présentable. Oh bien sûr, Belial s'en serait contenté ! Mais elle ne voulait pas lui faire honte. Elle n'était pas qu'une simple terranide après tout. Elle était la première esclave. Le premier choix du maître !
Alors que l'aube pointait, les pas de la jeune fille l'avait mené loin de Nexus, à l'orée des terres sauvages. A l'horizon, des rayons rosés et violacés s'échappaient du sol et venaient baigner le ciel de leur douce chaleur. L'atmosphère devenait plus chaude. Dans cette contrée déserte, la température montait rapidement. La végétation étant peu présente, les rayons du soleil parvenaient directement sur les voyageurs qui s'égaraient, assèchant leur corps.
Kohana traînait des pieds. Les hautes herbes l'enveloppaient jusqu'à mi-cuisse. Elle gardait la tête baissée et marchait sans regarder l'endroit vers lequel elle se dirigeait. Cela n'avait plus d'importance de toute façon. Valait-elle encore la peine d'être une esclave ? Comment et à qui pourrait-elle maintenant prouver sa valeur ? Ou avait-elle commis une erreur ?
Son apprentissage s'était passé sur le tas, violemment mais sans le moindre soucis. Don lui avait inculqué toutes les rudiments nécessaires à faire d'elle une esclave modèle. D'autres maîtres avaient pu jugés de la chose et tous avaient appréciés. Elle avait même réussi à contenter des personnes comme Aya ou Hazel, des filles qui demandaient qu'on leur offre des sentiments, de l'amour et de la tendresse.
La jeune fille s'était donnée corps et âme dans son travail et aujourd'hui, elle se demandait si tout cela avait eu un sens, si tout cela avait servi à quelque chose, si les maîtres qu'elle avait comblé était fière d'elle ! Elle ne demandait pas de reconnaissance, mais elle aurait voulu savoir si ses efforts n'avaient pas été inutiles.
*Peut-être que si je rencontrais un nouveau maître, celui-ci pourrait m'aider à trouver ma valeur !*
Lorsqu'elle pensait au mot valeur, elle ne pensait pas à la valeur marchande. Elle pensait à une valeur du plaisir et du contentement, une valeur qui ne se mesure pas. Les compliments de Don lui manquaient. Il était tout de même gratifiant de voir que ce que l'on faisait été apprécié.
Finalement, elle décida d'arrêter d'avancer. Elle s'assit sur une pierre, à l'entrée du petite infracture taillée dans une falaise qui se dressait là, lui fournissant un peu d'ombre sur sa peau blanche.
*La prochaine personne qui passe par ici connaîtra le savoir-faire de Kohana !*