Le briefing était terminé. Toute l’équipe de cette Celkhane en belle combinaison bleue électrique avait été capturée par les terroristes de Vallum, les Patriotes. L’objectif de Ryouka était de poursuivre cette équipe, ce qui, en soi, semblait plutôt bon. Si les deux femmes arrivaient à leur mettre la main dessus, elles bénéficieraient d’une aide certaine. Cependant, Nika pouvait aussi rejoindre Tifa, qui n’était pas très éloignée.
« Okay, ça me va, on fait comme ça. Je vous suis, Nika. »
Nika hocha brièvement la tête, et s’avança le long du couloir. C’était un joli couloir d’usine, froid et métallique, avec des lignes de couleur peintes sur le sol, et des tuyaux filant le long des murs. L’Héroïne marchait en tête, prudente, attentive, mais elle n’avait visiblement pas le même talent que Raphaelle. Tandis que Nika s’avançait, et que Ryouka consultait ce que les autres Héroïnes étaient en train de faire, la Celkhane l’avertit de la présence d’ennemis à proximité.
« Nika. Une patrouille arrive par la droite à la prochaine intersection, a environ 100 mètres de nous. Je parierais ma main gauche qu’ils vont venir par ici. On a dépassé une salle vide tout à l’heure, on peut rebrousser chemin et s’y planquer le temps qu’elle passe. »
Nika se retourna, et réfléchit rapidement. Il était, en un sens, préférable que les deux femmes ne soient pas télépathes. Autrement, elle aurait pu sentir dans l’esprit de la Celkhane la même envie qu’elle de faire un carton. Nika n’avait pas le sang aussi chaud que Lorenza, mais l’infiltration, ce n’était clairement pas pour elle. Elle préférait les fusillades, tirait dans tous les sens, quand il y avait des explosions. Killer Boom, ce n’était pas pour rien que Ryouka l’appelait ainsi. Son surnom, devenu son nom de code officiel, était une référence à un jeu vidéo que Nika adorait quand elle était adolescente, un jeu d’action bourrin où le joueur pilotait une ancienne soldate tekhane, une vétérane en guerre contre les Formiens, et surnommée « Killer Boom », en raison de son appétit prononcé pour les bombes et les fusils d’assaut. L’Héroïne se mordilla les lèvres, et se retourna vers Raphaelle.
« Du moment qu’ils ont tes camarades, nous risquons de mettre leur vie en danger si nous intervenons.
- C’est une sage résolution, que j’approuve », intervint alors Ryouka.
Nika entreprit donc de rebrousser chemin, suivant désormais Raphaelle, déplaçant ses yeux pour observer la silhouette de la Celkhane... Ainsi que ses fesses. Ses lunettes disposaient de petites caméras optiques qui permettaient à Ryouka de voir ce que sa sœur voyait. Depuis son fauteuil, elle pouvait ainsi voir le postérieur de Raphaelle, que sa combinaison moulait plutôt bien, et esquissa silencieusement un soupir. Elle savait très bien que Nika ne cherchait qu'à la tenter en faisant ça... Et il fallait bien admettre que ça marchait plutôt bien.
« Où sont les deux autres ? s’enquit alors Nika.
- Ghost est en train de se diriger vers une salle de sécurité annexe, afin d’obtenir des informations. Quant à Frozen Love, elle est sur la piste d’une des bombes. »
Nika et Raphaelle arrivèrent dans une sorte de grande pièce de détente, avec une table, des fauteuils, une machine à café, une photocopieuse, un planning, et différents casiers, probablement pour changer de vêtements. Nika s’avança vers l’un des casiers. Même elle pouvait entendre les terroristes approcher rapidement. Elle se dirigea vers un casier. Fort heureusement, ils étaient ouverts, et elle put se faufiler à l’intérieur. Elle referma la porte, et nota, dans l’obscurité, accrochée contre l’intérieur de la porte du casier, un poster érotique d’une actrice tekhane à poil.
Sans faire aucun commentaire, elle laissa les terroristes s’approcher.
« Aucune trace des fugitives, Commandant, lâcha l’un des terroristes dans son appareil radio. Reçu. »
L’homme releva la tête, ayant probablement mis fin à l’entretien radio.
« Le Commandant souhaite qu’on continue la poursuite, et que les sergents se rendent en salle de réunion pour un briefing. Continuez à surveiller la plateforme 1A. »
Le sergent allait se retirer, quand l’un des mercenaires lui parla.
« Pourquoi une réunion ?
- Je n’en suis pas sûr, mais le Commandant envisage de supprimer une Celkhane depuis l’héliport de la plateforme 1E. Ce sera un message pour l’armée, une tuerie à l’heure de l’audimat. »
Nika se mordilla les lèvres. Voilà qui allait probablement changer ses plans. Raphaelle allait certainement insister pour secourir sa coéquipière, ce en quoi Nika pouvait pleinement la comprendre, puisqu’elle ferait, à sa place, exactement la même chose. Le sergent se retira, accompagné par un homme, laissant encore six hommes à l’intérieur. Intervenir serait risqué, pour ne pas dire suicidaire.
« Pourquoi le Commandant pense-t-il qu’il y a une fugitive ? Toute leur escouade a été capturée.
- Le Commandant ne partage pas cotre optimisme. Nous allons faire une nouvelle patrouille. »
L’un des mercenaires se rapprocha des casiers, et Nika serra sa main sur la crosse de son arme. Elle était écrasée là-dedans, et étouffait à moitié. Ce n’était vraiment pas la planque la plus pratique qui soit. Finalement, les mercenaires entreprirent de se disperser, ne laissant plus que deux hommes dans la pièce, qui leur tournaient le dos.
« Répartissez-vous les tâches. Nika, tu te charges de celui à gauche, qui est en train de se remplir un verre d’eau. Raphaelle, occupe-toi de celui qui est près des magazines. »
Qu’ils n’aient pas encore songé à consulter les magazines était un miracle, une aubaine qu’il allait falloir exploiter. Que Ryouka les coordonne rentrait pleinement dans ses compétences. Après tout, elle n’était pas là que pour mater les fesses de la Celkhane.
« Épatez-moi les filles, et je vous offrirais un verre... À trois... Un... Deux... Trois ! »