Quelque chose lui disait que cette opération allait être trop simple. Connaissant sa grande expérience des situations tendues, ce cyborg allait probablement trouver un moyen de la rattraper. Un dispositif sur la carlingue de sa moto, quelque chose, n’importe quoi susceptible de remonter jusqu’à chez elle. C’est ce qui la décida à faire un petit crochet avant de retourner chez elle, afin de purifier sa moto, et de s’assurer qu’il n’y avait aucun dispositif espion dessus qui serait susceptible d’aider son adversaire. Elle estimait avoir fait largement son service avec lui. Elle l’avait aidé à échapper à la police, et sa seule récompense avait été de se retrouver avec un pistolet pointé en pleine figure. La Chatte Noire filait le long du parc, suivant des petites routes étroites et sinueuses, évoquant un peu Central Park, avec ses rues serpentant au milieu du parc. Pas question de faire du patin à glace cette fois, Félicia allait tout droit en finir avec cette histoire. Elle l’avait bien mérité, après tout.
Elle longeait une butte, dans un espace où la visibilité était réduite, et amorça le virage... Avant d’entendre subitement du bruit. Elle eut à peine le temps de regarder par son rétroviseur pour voir une espèce de forme foncer à toute allure, sorte de variante de Flash. Fonçant à toute allure, l’apparition défonçait le béton, provoquant des vibrations qui rendaient la moto instable. La Chatte Noire se pinça les lèvres, et eut à peine le temps de réagir qu’elle reconnut Zwölf. Il bondit vers la moto, et attrapa la roue arrière, explosant le pneu. La jante heurta le sol, provoquant une myriade d’étincelles, et la moto partit sur la droite. Félicia perdit le contrôle, et entendit vaguement un craquement sinistre quand l’une de ses jambes heurta le sol, coincée entre le bitume et plusieurs tonnes de métal. La moto heurta un parapet, et Félicia passa par-dessus. Son épaule heurta ce dernier, dans un autre choc assez sonore, et elle rebondit au milieu de l’herbe, s’éraflant le dos contre le sol, rebondissant violemment et lourdement à plusieurs reprises, et termina sa course contre un arbre. Sa moto, en glissant sur le sol, déforma le parapet, et rebondit par-dessus, s’écrasant au milieu de l’herbe.
Sonnée, inerte, sa jambe droite formant un angle assez curieux avec le reste du regard, Félicia ne vit même pas Zwölf attraper le rubis en abaissant son décolleté. Son masque était déchiré, du sang s’échappait de sa bouche, de ses narines, et sa combinaison était déchirée de partout. Elle était couchée sur le dos, ce qui permettait ainsi de ne pas voir que son dos était zébré, lesté de profondes traces rouges, quand son dos avait raclé le sol à toute allure. Sa jambe droite était brisée, ainsi que son épaule droite, quand elle avait heurté le parapet. L’os avait explosé, répandant des morceaux dans ses muscles.
Elle n’avait même pas mal, pas dans le sens où ce n’était pas douloureux, mais parce que la douleur ne parvenait plus à son cerveau. Elle sombrait peu à peu dans le coma. Si sa tête avait heurté la première le parapet, ou le sol, Félicia aurait été instantanément tuée, car son os occipital aurait explosé, et les morceaux d’os auraient perforé son cerveau.
Une légère brise sembla progressivement secouer la forêt, faisant virevolter la cime des arbres, ce qui paraissait d’autant plus curieux qu’il n’y avait pas de vent à proximité. Défoncer le sol en courant avait provoqué des vibrations qui s’étaient ressenti dans les entrailles des arbres, et, dans cette partie du parc, une partie profonde, suffisamment profonde pour qu’on peine à distinguer les immeubles entourant ce dernier, il y avait des forces qui sommeillaient... Et qui n’aimaient pas spécialement qu’on s’en prenne à leurs amies. Autour de Félicia, des racines se mirent lentement à remuer.
L’attaque fut probablement aussi instantanée qu’irrépressible. Jaillissant de tout côté, des tentacules jaillirent, filant des arbres pour immobiliser Zwölf. Les tentacules étaient solides, et hérissés de ronces et de pointes, semblant former comme des excroissance des arbres. Lentement, à travers l’obscurité, une silhouette s’avança.
«
Tant d’agitations dans une forêt qui n’aspire qu’à la paix... Dans quel état te retrouves-tu, ma pauvre Félicia ? »
La silhouette qui s’avançait, d’une démarche sensuelle, semblait avoir comme de petits serpents autour de longues jambes vertes.
Des lianes s’enroulaient autour de son corps, alors que Poison Ivy venait d’entrer en scène. Son apparition ne tenait pas tant que ça au hasard. Le parc central de Seikusu était un endroit qu’elle avait colonisé depuis longtemps, et elle avait senti toute cette agitation. Surtout, elle était une amie de Félicia, ainsi que l’une de ses amantes. Par conséquent, voir son petit beau chaton dans un aussi triste état avait de quoi l’énerver au plus haut point. En définitive, peut-être bien que la solution de Félicia de se rendre au parc n’était pas si idiote que ça. Après tout, c’était dans la nature des chats d’attirer leur prédateur vers un autre prédateur, afin d’espérer qu’ils se sautent mutuellement à la gorge.
«
Tu as molesté l’une de mes amies... Je vais passer plusieurs heures à rafistoler son beau corps, et c’est une chance qu’elle ait des capacités surnaturelles. Une femme normale serait déjà morte... Et, de façon plus générale, tu pues la machine, froide et mécanique... À quelle sauce veux-tu que je te broie ? »
Les tentacules se resserraient un peu, entaillant l’armure de Zwölf, dans des grincements métalliques. D’autres tentacules, plus fins, plus délicats, s’enroulèrent délicatement autour du corps de Félicia, afin de la conduire dans le repaire de Félicia, où elle finirait dans l’une de ses cuves de traitement, afin d’être soignée. Poison Ivy ignorait dans quoi Félicia s’était encore fourrée, et, parfois, elle avait l’impression d’être avec un clone de Harley Quinn. Félicia avait la même propension qu’Harley à se foutre dans la panade.
