Je me contentais d'un sourire énigmatique lorsqu'il affirma qu'Hernandez n'allait pas me laisser partir comme une fleur. Oui, je lui mentais sur mon activité professionnelle, mais seulement pour ma mission. Parce que, pour le commun des mortels, j'étais bien une détective privée. Et très efficace en sus. Tandis que pour les autres, les Paranormaux et les Anormaux, j'étais une agent de terrain sur-entraînée, sublime, et spécialisée dans les missions dangereuses. Parce qu'Hernandez, je n'en aurais fait qu'une bouchée -ouh, le vilain jeu de mot- plutôt que le contraire.
Je laissais un sourire flatté qe glisser sur mes lèvres à l'entente des compliments. Il me sortit tout a coup une feuille de chou que je voyais souvent sur les étals des marchands de journaux. L'OVNI. Les agents de l'Association se donnaient bcp de mal pour éviter ces journalistes, et voilà que je prenais un verre avec l'un d'eux... Ah ben bravo ! Beau boulot Lionne !
Néanmoins, je ne pris pas la fuite comme beaucoup de mes confrères l'auraient fait. Et ce n'est pas parce que celui-ci est charmant et me fait du pied. Non, du tout. D'ailleurs, venant de se rendre compte de ce qu'il faisait, il s'en excusa. Réprimant un rire amusé, j'esquissais un sourire qui disait quelque chose du genre : "T'en fait pas vieux, c'est passé crème avec la discussion..." C'est que ça ne me déplaisais pas en plus. Surtout qu'il décourageait ainsi les plus fascinés par mon corps, et ce n'était pas pour me déplaire non plus.
Et, vous désirez la preuve que les sourires (ou mon charme que j'ignore posséder) ouvrent des portes ? Voici ce cher monsieur Macross qui me réponds malgré mon manque de crédibilité en innocente détective privée.
Je repris donc mon sérieux, prenant en compte les connaissances avancées de ce Normal. Mais plus le temps passait, plus je me demandais s'il l'était vraiment, Normal. J'aurais des recherches à faire à son sujet en rentrant, avant de le mentionner dans mon rapport.
A force de mes pérégrinations mentales, je n'avais pas noté le rapprochement de l'homme. C'est son souffle près de mon visage qui m'alerta. Plantant mon regard dans le sien, je masquais mon rire. Il se souciait de moi. C'était adorable. Et il ignorait tout de mes capacités, alors ça aurait été bas et mesquin de ma part de me moquer.
Il me coupa soudain dans mon élan pour lui répondre. Il devait résister à l'attraction quasi-magnétique que j'exerçais sur lui et tous les autres sans m'en apercevoir.
Le repousser ? Je le devrais oui... Et pourtant, je ne me presse pas pour le faire. Au contraire. Mordillant ma lèvre, j'hésitais à aller de l'avant... Mon esprit hésitait en tout cas. Parce que dans les faits, mon visage s'approchait de lui-même. Nos lèvres se touchaient presque. Encore quelques millimètres...
Le vibreur de mon portable, glissé entre mes seins, me ramena à la raison. J'écartais brusquement ma tête, et sirotais mon jus d'orange pour me donner une contenance. Piochant mon portable avec deux doigts, je lu le texto que je venais de recevoir en tentant d'ignorer cette impulsion qui me conmandais de me laisser aller à la pire des luxures.
"Hernandez a pris une gamine en otage. Il se terre dans la cave de son magasin du centre. Allez régler ça avec DISCRÉTION."Merde alors. Juste au moment où ma conversation avec Kyle Macross prenait une tournure intéressante. Soupirant, je rangeais mon mobile.
« Je ne me fiche pas de vous monsieur Macross. Soyez tranquille. Mais il est certaines choses qui doivent rester confidentielles. Vous le comprenez, j'espère... Quant au surnaturel, j'évite de trop y prêter de crédit. Garder les pieds sur terre est essentiel dans mes enquêtes. Garou, ou pas, Hernandez reste une pourriture avec laquelle je dois m'entretenir. »Sortant un crayon de mon sac, je griffonnais mon numéro sur une serviette.
« Si vous désirez vous assurer de ma survie, passez moi donc un petit coup de fil ce soir... »Un clin d'oeil accompagna mon geste de pousser la serviette vers lui. Je finis mon jus d'orange par la suite.
« Je n'ai malheureusement pas de monnaie sur moi aujourd'hui. Et pas assez de temps pour aller en tirer. Mais si vous m'invitiez à sortir, un de ces jours, je vous rendrais la politesse. »Je lui décochait mon plus beau sourire, avant de me lever.
« Je vous souhaite de passer un bon après-midi. J'ai un travail qui m'attends... »En partant, je laissais mes doigts effleurer les siens intentionnellement. Puis, sans un regard en l'arrière, je pris la direction du magasin d'Hernandez.
[...]
Avec un sortilège tout simple, j'avais créé une porte me permettant d'accéder à la cave d'Hernandez par celle de son voisin. A cet instant, j'avais face à moi le lycan transformé qui maintenait la gorge de la fillette de six ans qu'il tenait en otage contre ses crocs luisants.
« Et alors... Tu te cache derrière une Normale pour ne pas te faire arrêter ? Où est passé ta meute ? Tu sais, celle qui doit te protéger et te soutenir... Ah, c'est vrai, elle t'a tourné le dos. Elle t'as abandonné parce que tu était infernal. Tu n'étais plus digne d'être un des leurs... »Mes paroles aiguisèrent encore plus la rage du Garou.
« Tu as si peur de moi que tu te sens obliger de menacer une fillette pour te sentir puissant ? Pauvre loque. Mais je suis flattée... »Fou de rage alors que je le harcèle ainsi depuis dix bonnes minutes, il jette la fillette de côté pour se jeter sur moi.
Je n'ai qu'un fragment de seconde pour lancer le charme protecteur que je préparais depuis mon arrivée. J'amorti ainsi la chute de la fillette contre le mur, avant que les deux cent cinquante kilos de lycanthrope enragé ne me percutent de plein fouet, venant me clouer au sol. Outch. Au moins trois côtes cassées. Mais ça ne fait rien. La fillette, elle, est hors de dangere enfermée dans sa bulle protectrice. C'était elle ou moi, et je doute qu'elle bénéficie de la même résistance que moi. Alors je l'ai choisie, elle.
Le temps de reprendre mon souffle, et J'éjecte le Garou loin de moi d'un coup de pied.
Nous nous relevons. Et la lutte reprend.
[...]
Au final, après deux heures de rudes affrontements, Hernandez -qui n'est plus que plaies et os brisés- parvient à fuir. Tant pis. Je sais bien qu'il va se remettre rapidement de ses blessures, mais je dois effacer la mémoire de la gamine.
Ma robe fait pitié à voir. Ce n'est plus que des lambeaux de tissus sanguinolents. À l'image de mes sous-vêtements.
Malgré mon apparence échevelée et dégoulinante de sang, toutes les entailles ont presque disparues. Et les os broyés se ressoudent. Dans une heure, il n'y paraîtra plus.
Psalmodiant de l'ancien runique, je répandis sur la fillette de la poudre de cornaline. Dans un grand "whoof", le charme agit et elle tombe dans un profond sommeil. A son réveil, elle aura totalement oublié son enlèvement. Je lui laisse le sort protecteur. Il s'effacera de lui-même quand elle sera en sécurité.
Et je ramasse toutes mes affaires éparpillées dans cette cave dévastée. Il n'est pas loin de dix-sept heures. Je vais rentrer.
[...]
Après une douche de trois quarts d'heure, je m'effondre dans le canapé. Un coup d'oeil à la pendule me dit que vingt heures vont bientôt sonner. L'heure de manger. Mais j'ai la flemme de cuisiner. Je vais sans doute sortir mangren ville...