Décidément, ce n'était pas sa journée. Il pouvait toujours pester contre lui même, ça n'arrangerait en rien ce qui se passait. De toute façon, Cyscek était plutôt du genre à prendre les problèmes à bras le corps et à tenter de les résoudre plutôt que de s'apitoyer sur son sort. En partant en chasse la veille, il avait brisé l'une de ses roues de charriot dans une ornière. Résultat, deux bonnes heures de perdues afin de changer la roue. La roulotte était en effet un élément capital du jeune esclavagiste, puisqu'elle lui permettrait s'il capturait une proie de l'y enfermer afin de la ramener en ville. Cette fois, il n'avait pas de cible précise ni de demandes, il allait donc voir ce qu'il pouvait ramener.
Cela aurait pu s'arrêter là, mais il avait eu d'autres déboires : l'installation de son camp provisoire n'avait pas été de tout repos, et il avait dû changer l'endroit choisi intialement car un félin d'une race indéterminée avait élu domicile dans un des arbres attenant. Il voulait bien vivre dangereusement, mais pas non plus inconsciemment, il avait donc déménagé sa roulotte, non loin d'un ruisseau. Après une nuit calme, sa malchance s'était un court moment transformé en chance : Alors qu'il prélevait de l'eau pour faire cuire son repas du matin, il avait entraperçu entre les fourrets une silhouette. En la suivant discrètement, il découvrit une jeune neko, en train de prélever des baies sur plusieurs arbustes. Elle semblait assez âgée pour être vendue, et ses formes le confirmait : l'hybride de femme et de chat possédait déjà une poitrine imposante et des courbes remarquables. Cyscek n'avait aucun doute, c'était bien une neko sauvage, car elle se déplaçait entièrement nue, sans visiblement s'en soucier.
Pendant de longues minutes, il l'avait observé. Il avait à portée de main tout ce qu'il lui fallait pour la capturer, et sceller son destin. Elle finirait probablement comme esclave de luxe dans l'un des nombreux palais de la capitale. Perdu dans ses pensées et dans son plan pour la capturer, il vit sa malchance de la veille revenir au galop : un lapin détala de sous l'arbuste où la jeune neko prenait ses baies. Le suivant des yeux, elle regarda dans la direction où il filait ... Pile dans l'axe de Cyscek. Jurant, il bondit de son emplacement, alors que dans un cri de surprise, sa proie lâchait ses baies et prenait ses jambes à son cou. De son côté, Cyscek avait abandonné sa casserole, et tentait de s'emparer des bolas qui pendaient à sa ceinture. Petit hic, dans ces contrées boisées, l'utilisation de cette arme allait être compliquée. Elle risquait de se coincer dans des branches ou un tronc d'arbre, et de voir sa proie filer irrémédiablement.
Il lui fallait attendre un terrain plus propice, mais il savait se montrer patient. La neko courrait vite, agile et souple dans les bois, mais il n'était pas en reste, et surtout pas du tout inquiet quand à l'issue de la traque. Elle finirait par se fatiguer ou à passer par un terrain à découvert, et là, il la capturerait. Durant une bonne dizaine de minutes, il coursa la neko, sans rien perdre de sa patience. Le sol changea légèrement, un peu plus rocailleux, quand il se mit à apercevoir un peu de vapeur et de plus gros rochers à travers les arbres. Vers quoi l'amenait-elle ? Il comprit un instant plus tard, lorsqu'il déboucha de l'orée du bois. Sur une étendue d'une are, peut-être un peu plus, il semblait que la main d'un géant avait découpé des trous dans le granit, pour y installer des mares peu profondes. Par endroit, des bulles jaillissaient, preuve de l'activité volcanique au dessous. Il y avait probablement un phénomène terrestre pour chauffer l'eau et créer ces nuages de vapeur.
Un peu plus loin, Cyscek devina une silhouette. La neko savait-elle qu'une ou des personnes se trouvaient ici ? Cherchait-elle quelqu'un pour la sauver ? Il allait devoir se montrer convaincant si jamais la personne face à lui était contre l'esclavage. En attendant la neko courrait à perdre haleine, ayant bifurquée vers la silhouette.
Aidez moi, s'il vous plait !
C'est le moment que choisit Cyscek pour lancer ses bolas. Les lanières de cuir partirent dans les airs, leur mouvement entrainé par les boules accrochées au bout, et elles s'enroulèrent autour des jambes de la neko pour la faire chuter, à quelques mètres à peine de son potentiel sauveur.