Un peu de repos [PV Louane Fox]

Louane avait le feu aux joues, les yeux toujours baissés sur le sol et entortillant ses doigts nerveusement. Les humains n'avaient pas l'habitude de croire à des choses pareilles. Ils ne voyaient guère d'hybrides que dans dans des films, des livres ou... des magazine de charme. Alors évidemment, elle s'imaginait qu'il allait la traiter de menteuse, lui rire au nez ou pire, la mettre à la porte de chez lui sans plus de procès. Mais ce ne fut pas le cas. Lorsqu'elle releva un peu son visage pour guetter la réaction du garçon, elle lu davantage de tristesse dans ses yeux que de la colère, du mépris ou de la moquerie. Pourquoi était-il si triste tout à coup ?
Elle comprit rapidement pourquoi lorsque le jeune homme demanda si cela signifiait qu'elle allait s'en aller.
Étonnée, La kitsune ne su que répondre. Il avait simplement peur qu'elle l'abandonne ? C'est tout ?
Elle pensait avoir mal compris, mais le garçon se leva pour la prendre brusquement dans ses bras et la serrer contre lui. Wellan était en fait déboussolé à l'idée qu'elle disparaisse car jusqu'à présent, il avait toujours vécu seul et n'avait pas eu de chance avec les filles. Il avait peur d'être en quelque sorte, abandonné et crever de nouveau de solitude. Il s'était attaché un peu à elle.
Louane, décontenancée, le serra à son tour contre elle, les larmes aux yeux. Et elle qui croyait qu'il allait la chasser ! Elle était soulagée, mais peinée à la fois.

- Je vais devoir rentrer chez moi, Wellan. Tôt ou tard. Je dois retrouver mon père et puis... les gens d'ici vont me détester.

Elle pinça les lèvres, et se détacha légèrement du jeune homme, caressant doucement sa joue en lui souriant, pour l'apaiser. Elle non plus n'avait pas vraiment envie de partir. Pas tout de suite en tout cas. Elle aimait bien Wellan et sa compagnie, même s'il était maladroit.

- Je vais rester encore quelques jours avec toi. Et je te promet qu'une fois de retour chez moi, je ferai des efforts pour venir de rendre visite de temps en temps, d'accord ?

Elle espérait que cela lui convienne car elle n'avait out bonnement pas d'autres choix.

Les yeux de la Terranide brillaient. Elle avait l'air réellement compatissante, étrangement. Elle lui répondit, d'une voix chevrotante qui l'émut profondément :

- Je vais devoir rentrer chez moi, Wellan. Tôt ou tard. Je dois retrouver mon père et puis... les gens d'ici vont me détester.

Il aurait voulu protester, lui crier que lui, au moins, ne la détestait pas... Mais tout se passait tellement vite... Il la connaissait depuis quelques heures seulement, et il tenait déjà beaucoup trop à elle... Rien ne sortit de sa bouche. Ses lèvres frémirent, il ferma les yeux, mais ne pipa mot. À ce moment-là, Louane s'écarta légèrement caressant sa joue, souriante. Il lui rendit son sourire. Certes difficilement, mais il le lui rendit. C'était un premier pas plutôt positif : il se remettait de ses émotions. Elle prit à nouveau la parole, et il l'écouta attentivement :

- Je vais rester encore quelques jours avec toi. Et je te promet qu'une fois de retour chez moi, je ferai des efforts pour venir de rendre visite de temps en temps, d'accord ?

Il eut un sourire triste, essuya ses yeux humides d'un revers de manche et répondit :

« Non, ne te force pas à rester si tu as des choses plus importantes en vue. J'en ai peut-être l'air, mais je ne suis pas un égoïste. Je ne sais pas ce que c'est que cette histoire avec ton père, mais c'est certainement beaucoup plus important que d'aider un lycéen à vaincre son ennui et sa solitude... »

Il sourit, plus franchement cette fois.

« Sur ce... Il n'y a pas de raison pour que cela détériore l'ambiance du repas... Termine vite, sinon cela va refroidir ! »

Cela lui faisait beaucoup de peine de voir Wellan dans cet état. Mais il aurait été pire de lui mentir et de l'abandonner sans réelle explication, pas vrai ? Elle se sentait soulagée d'avoir eu le courage de lui montrer sa vraie nature. Elle n'en avait pas entièrement honte, mais dans son monde, les terranides étaient traités comme des esclaves, de la vulgaire marchandise. Et dans ce monde-ci, comme des bête de foire et des boucs émissaires. Alors forcément, ce n'était pas valorisant et on se vantait rarement d'être un hyrbride d'un monde à l'autre, Louane l'avait bien comprit. Heureusement, dans celui-ci comme dans l'autre, il existait de rares personnes capables de se montrer respectueux envers sa race. Wellan en faisait partie, et la demoiselle se félicitait de l'avoir rencontré. C'est pourquoi elle regrettait de le voir dans cet état. Mais rien ne pressait, elle avait envie de le connaître un peu plus et de partager des choses avec lui. De toute façon, si elle devait retrouver la trace de son père, ce n'était pas pour aujourd'hui.
Le jeune homme essuya ses yeux humides à l'aide de sa manche sous le regard timide et attendrit de la kitsune. Il ne voulait pas la forcer à rester ici, il tentait même de l'encourager à faire ce qu'elle devait faire.

Louane hésitait. Qu'est-ce qui était le plus important au fond ? Se faire un nouvel ami et profiter de la vie ou bien courir après un père qui vous avait abandonné et vous fuyait ? Elle n'était plus très sûre. Wellan tentait de faire bonne figure et l'invitait à terminer son repas.
La jeune femme sourit et s’exécuta, bien que l'appétit n'y était plus tellement. Au bout d'un moment elle posa ses couvert, son assiette enfin vide, et regarda son colocataire.

- Sincèrement Wellan, je crois que je vais rester un peu. Tu sais je n'ai pas l'impresion que mon père veuille que je le retrouve alors... plutôt que de perdre mon temps à lui courir après, je préfère nettement profiter de ta compagnie. Enfin... si tu veux toujours de moi.

Elle rougit un peu. Oui, elle préférait rester ici encore quelques temps et découvrir cette vie là. Wellan était un garçon charmant et elle aurait tord de ne pas profiter de sa bienveillance et de sa compagnie. Et puis elle se sentait bien ici. Cacher ses oreilles et sa queue ce n'était pas si compliqué finalement.

- Sincèrement Wellan, je crois que je vais rester un peu. Tu sais je n'ai pas l'impression que mon père veuille que je le retrouve alors... plutôt que de perdre mon temps à lui courir après, je préfère nettement profiter de ta compagnie. Enfin... si tu veux toujours de moi.

Wellan ouvrit des yeux ronds. Avait-il bien entendu ? Avait-elle réellement exprimé la possibilité de rester auprès de lui ? Il n'en était pas sûr, parce que cela correspondait tellement à ce qu'elle aurait dit dans ses plus beaux rêves qu'il n'était pas certain que ce qu'il avait entendu était la réalité pure et simple. Il la regarda, alors. Et il comprit que c'était bel et bien ce qu'elle avait dit. Il sourit nerveusement, ayant toujours peur d'une quelconque mauvaise blague. Puis en la voyant rougir, il réalisa enfin la portée de ce qu'elle avait dit. Il s'approcha d'elle et l'étreignit, au bord des larmes, chancelant. Il resta ainsi longtemps, et lorsqu'il la relâcha, ce fut seulement par peur de l'ennuyer elle. Lui, il aurait pu rester dans cette position pour toute l'éternité. Il s'éloigna légèrement, la fixant, tout sourire.

C'est à peu près à ce moment-là qu'il remarqua à quel point elle était mignonne. Il eut soudainement la furieuse envie de l'embrasser, de goûter à ces lèvres rouges, une envie décuplée par la proximité de leurs visages respectifs. Il détourna le regard. Sinon, il risquait de ne pas pouvoir se contrôler, et alors elle le giflerait certainement, avant de repartir à la recherche de son père. Il ne voulait pas tout gâcher une seconde fois. Il se battrait contre ses pulsions animales pour qu'elle ait une bonne opinion de lui.

« Et bien... Ça... Ça me fait très plaisir, Louane. Mais tu sais, si tu veux partir je ne t'en empêcherai pas. Je n'en ai pas le droit. Je ne veux pas que tu te forces à vivre ici simplement pour répondre au caprice d'un mec qui se sent seul. »

Il n'essayait pas de la faire culpabiliser, il était parfaitement sincère. Mais le fait qu'elle accepte de rester avec lui le touchait beaucoup, et il n'aurait pas pu lui dire, car les mots n'auraient pu suffire.

Il regarda alors par la fenêtre et remarqua que la luminosité avait grandement baissé. La nuit tombait. Il lui sourit et décida qu'il était temps de mettre un terme à cette conversation. Elle dormirait ici ce soir, et il serait toujours temps d'en reparler le lendemain, au besoin.

« Au moins tu n'as plus besoin de cacher tes attributs, maintenant... Ça doit être épuisant de toujours devoir les cacher, partout où tu vas... Comment fais-tu pour tenir le coup ? »

Il espérait ainsi remettre un peu de bonne humeur, ne serait-ce que pour la fin du repas.