J'étais déterminée à ne pas laisser mon miroir être brisé. De toute manière, la vie et la mort ne signifiaient rien, sauf si on brisait mon miroir. Dès lors, je disparaitrais. Tant que je n'aurais pas découvert qui j'étais, retrouvé mes souvenirs, je ne pourrai être libre de ce miroir, pas complètement. Il fallait donc que je combatte cette femme, dus ai-je en mourir. Elle semblait d'ailleurs être surprise de me voir. Ou plutôt ailleurs, oui, davantage pensive que surprise. Songeait-elle à son roi ? Comme tous ceux que je croisai, qui voyait mon reflet, je savais tout d'elle, de ses pensées et de ses sentiments. Bien entendu, j'avais eu qu'un bref aperçu, et une fois dehors, impossible de savoir ce qui lui passait par la tête. Mais je me souvenais du Roi. Un grand Roi. Elle le nommait SON Roi même.
Elle avait bloqué mon attaque avec une facilité déconcertante, mais c'était normal pour une Valkyrie de bloquer une charge aussi simple. Elle fit alors soudainement apparaître son armure, une armure bleutée, ornée d'un casque de saphir et un drapé en argent. Son épée en main, elle me faisait face, ses yeux emplis de rage, de cette folie guerrière digne des créatures amenant les plus grands guerriers dans le Valhalla. Elle me demanda qui j'étais pour tenir tête ainsi à une "noble" Valkyrie. La réponse était évidente, alors je lui répondis hâtivement :
« Si tu es venue jusqu'à moi, c'est que tu dois déjà savoir qui je suis. Et si tu sais qui je suis, tu n'ignores pas que lorsque je dis némésis, c'est que je suis réellement ta némésis. Ne me prends pas à la légère, j'ai autant d'expérience que toi au combat. »
Je repris ma charge, frappant la femme dans la force que m'avait offerte cette apparence. Nous faisions arme égale. Bien entendu, tout le monde penserait que l'originale était forcement plus fort que la copie, mais c'était une idée aussi stupide et déplacée : la copie était forcement aussi puissante que l'originale, à condition qu'elle lui soit fidèle, ce qui était le cas entre moi et cette femme. J'avais reçu sa force et ses pouvoirs.
Ce qui me gênait pourtant, c'était la raison pour laquelle elle était venue détruire mon miroir. Je n'avais pas eu le temps d'arriver jusque-là dans ses souvenirs. C'était vraiment trop récent, beaucoup trop pour le savoir. Il me fallait donc le découvrir, d'une manière ou d'une autre. Durant nos échanges de coup, j'arrivai à lui demander, entre deux entrechoque de nos lames l'une contre l'autre :
« Pourquoi es-tu venue pour détruire mon miroir ? Quel intérêt as-tu de me détruire ? Quelles nobles causes sers-tu donc pour frapper ainsi un miroir qui n'a jamais amené autre chose que plaisir et douceur, jusqu'à ce que tu viennes le menacer ?! »
En tant normal, un humain ne pourrait endommager mon miroir, ce qui m'évitait de devoir combattre ou devenir violente. Et mon reflet n'était fait que pour plaire, faire plaisir en échange de ma simple présence. Si je dus sortir et affronter cette créature, ce n'était pas dans mon habitude. Je ne souhaitais pas la puissance ou la force. Je voulais juste le plaisir du corps, et trouver des possesseurs idéaux. Dans l'absolue, mon souhait était de trouver mon nom, mais pas de me battre ou d'avoir la puissance. À quoi bon la puissance si je ne pouvais vivre sans mon miroir ?