Ça faisait l’objet de pas mal de discussions dans la classe, quelqu’un en classe d’art avait besoin d’un modèle pour peindre. Au début, je ne prêtais pas attention aux sornettes des ânes qui m’entouraient mais plus ils en parlaient, plus je me sentais intéressée. Évidemment, quand on a un corps comme le mien, fait pour le mannequinat, on ne peut que se dire que passer pour un modèle, ne fut-ce qu’un soir, était une chose à prendre. Sauf que moi, le mannequinat, c’était pas pour moi. J’étais faite pour lui mais lui n’était pas fait pour moi. Oh, j’aimais bien me montrer en public mais pas vivre des projecteurs braqués sur moi, le showbiz n’était certainement pas connu pour le romantisme. Drogues, alcool, tabac, voilà tout ce que j’en entendais en écoutant les infos, les vraies, pas ces trucs people que les jeunes vierges en chaleur n’écoutent ou ne lisent que pour se satisfaire à penser qu’elles pourraient être la femme de tel ou tel chanteur à la mode. Non, moi, ce que j’écoutais, c’était les vraies infos, celles où on apprend des trucs... Enfin, il est temps que j’arrête de dériver et que je revienne au sujet de discussion autour. Je tournais la tête et vit un des gars de la classe tenir un papier alors qu’ils parlaient. Discrètement, je lui fis un clin d’oeil et l’invita à me rejoindre en privé, en dehors de la classe. Autant dire qu’il ne s’était pas fait prier.
- Alors coco, c’est quoi cette histoire de modèle?
- C’est pour ça que tu m’as fait quitter ma conversation?
- Eh oh calme toi, ça t’plait pas de passer un moment avec moi?
- Si mais c’est que là j’étais...
- T’étais rien du tout. Dis moi ce que ça dit et t’auras ptet une récompense.
Je savais que l’idée de la récompense ne lui déplairait pas, ce qu’il ne savait pas c’es que jamais il ne l’aurait. Ahlala, ces étudiants débiles et fantasmeurs, j’vous jure. Rien de plus facile que de les amadouer, un coup de rein à gauche, un coup à droite et les voilà qui se mettent à baver en vous reluquant le postérieur. Mieux encore, on agite la poitrine sous leur nez et hop, les voilà à lever la queue comme de braves toutous. J’attrapais sa main, le regardait dans les yeux et murmura d’une voix douce.
- Allez, explique-moi...
Il déglutit, ne s’attendant probablement pas à ce que je m’approche autant de lui. Finalement, il me révéla tout ce que je voulais savoir. Un modèle pour une oeuvre de peinture, rendez-vous dans la salle de dessin après les cours, ça m’allait parfaitement étant interne forcée, internée était le mot juste mais la péjoration du terme faisait que personne ne l’utilisait. Moi, j’m’en foutais comme d’une guigne. Oui, j’étais internée ici mais c’était pas si mal finalement. Après avoir eu les renseignements que je voulais, je retournais en classe, poursuivie par les plaintes du toutou n’ayant pas eu son susucre. Je me retournais alors vers lui.
- Il veut quoi Beethoven? Un biscuit? Cherche dans ton tonneau, tu devrais pouvoir en trouver un.
Désormais, il avait honte, honte d’avoir cru une seule seconde à ce que je lui avais dit plus tôt mais aussi honte de se montrer à nouveau face à ette assemblée d’étudiants-spectateurs. Je retournais à ma place et recommençait à gribouiller dans mon cahier de brouillon. Ce monde que je m’imaginais devait sortir de ma tête et rien de mieux que de dessiner le reste de la journée. Dix-neuf heure, les cours étaient finis et j’avais eu le temps de passer par ma chambre pour me changer et mettre l’une de ses délicieuses robes de soirée noir me mettant parfaitement en valeur. Au pieds, j’avais juste de légères sandales me permettant de bouger sans bruit dans l’enceinte de l’établissement scolaire et sans avoir à mettre des talons qui m’auraient certainement gênée plus que ce qu’ils ne m’auraient servis.
Une fois devant la classe, j’inspirais et expirais avant de faire coulisser la porte. A l’intérieur, un garçon un peu plus âgé que moi se trouvait déjà là, parfait je n’allais pas devoir attendre bien longtemps avant de laisser parler l’art.
- Salut, c’est toi qui veut peindre un modèle?