La réalité se rappelait à elle. La bulle avait éclaté, crevé en plein vol, explosé comme un ballon de baudruche surgonflé à l’hélium. Ils avaient tous les deux volé près du Soleil, et le Soleil avait brûlé... Fort heureusement, Fuku avait été en première ligne, et avait tout pris. Elle ne l’entendait pas bouger, ni s’extirper, signe que, s’il n’était pas mort, il devait être dans une fâcheuse position... Sa mort, à dire vrai, ne la choquerait pas plus que ça. Ce type était un sale con, et, dans le fond, c’était lui qui était responsable de cet accident. Alors, non, elle ne comptait pas pleurer sur sa mort. La priorité, pour l’heure, était de sortir de là avant que les flics ne débarquent, et qu’on ne remarque les différentes traces de sa mouille dans la limousine. Quelle chute de merde, vraiment ! Alors qu’elle récupérait ses affaires, son portable glissa sur le sol, et elle le récupéra. Elle était vraiment partie dans un sacré trip. Pendant qu’Alexeï la tringlait comme une poupée gonflable, elle avait reçu pas moins de 12 messages et 3 appels manqués, émanant tous de la même personne... Nell.
Autant dire que, quand sa sœur aînée commençait à s’inquiéter, Jane avait une heure avant que Nell n’appelle l’ambassade et que toute la police du Japon ne soit à ses recherches. Cependant, la priorité était de s’habiller. Hop, elle enfilait sa culotte, rapidement, puis la minijupe, et... Où diable s’était fourré son soutien-gorge ? Elle le trouva sous un fauteuil, et l’attrapa par la bretelle, tirant dessus. Heureusement, aucune agrafe n’avait pété. Se promener sans soutif’, ce n’était pas pour elle. Mine de rien, des roploplos comme ça, il fallait savoir les porter, et, un soutien-gorge, ben, ça aidait bien. Les mecs ne pouvaient pas se rendre compte, mais un beau balcon, ça valait son poids.
« Je veux dire, t’as vu CA ? s’extasiait alors Alexeï. On a explosé toutes ces bagnoles ! Wow, du sexe comme ça, j’en veux tous les jours. »
Elle tourna la tête. Ce type était complètement cinglé... Un Russe, quoi. Ils n’étaient pas normaux, ces gens-là. Mais elle devait admettre que, si c’était à refaire... Elle le referait sans doute... Mais en contrôlant un peu mieux sa fiole, et en soignant la chute finale. Défoncer des voitures, c’était bon pour les mecs, ça, mais les filles étaient plus subtiles... Du moins, Jane n’aurait pas été contre, si elle n’était pas en première ligne. Elle ne lui répondit pas, préférant attacher son soutien-gorge, bataillant dans son dos, regrettant que Nell ne soit pas là pour l’aider à fignoler le tout. Elle réussit à l’accrocher, passa rapidement une main devant son visage pour écarter des mèches de cheveux, et chercha son haut, se mettant à quatre pattes.
« A propos de ta potion, puisqu’elle est la cause première de tout le désastre. C’est toi qui l’as créé ? Peu importe, tu es le Diable. C’est ce qui a du me séduire. »
Jane sourit, en retrouvant son haut, et l’enfila, avant de finalement lui répondre :
« Si j’étais le Diable, ma sœur ne m’aurait pas envoyé 15 messages... Mais c’est moi qui ait fait la potion, même si je crois qu’elle a... Un léger problème de dosage. »
C’était un euphémisme typiquement féminin... Mais, dans la mesure où Alexeï n’était pas mort, ça s’était plutôt bien passé.
« Merci... D’avoir été mon cobaye, en tout cas... C’était très chevaleresque. »