Sous le corps de cette femme, Alice ne se reconnaissait plus. Certes, la Princesse n’était pas de ces femmes qu’on trouvait dans les contes de fée, ces jeunes femmes candides, innocentes, et stupides, qu’on caricaturait parfois en arrogante petites femmes. Elle connaissait le sexe, et l’appréciait beaucoup, au point de pouvoir elle-même se considérer comme une perverse, mais elle restait quand même attachée à une certaine image de marque du pouvoir. Quand on était destinée à devenir une souveraine, il fallait être un exemple, un idéal. Faire l’amour en public était autant un luxe pernicieux qu’une sorte de crime de lèse-majesté, une manière de déshonorer la fonction royale, de caricaturer le message et le rôle des dirigeants. Dans une monarchie, le pouvoir reposait essentiellement sur le charisme du dirigeant. On n’était pas dans une démocratie, où on changeait de dirigeant comme de chemises, mais dans un système où on avait le dirigeant à vie, sauf circonstances exceptionnelles. La Princesse se devait donc d’être irréprochable. Et voilà qu’elle était en train de lécher l’intimité d’une fille en plein air, le cul à l’air, sur une pelouse. Elle était affreusement gênée, mais bien trop excitée pour repousser cette pulsion. On l’avait ensorcelé, elle le savait. Un sortilège à base de magie rose, et, dans son état, elle était trop excitée pour utiliser le talisman magique dont elle disposait, cette petite croix dragonique qui libérait des impulsions permettant de bloquer les effets magiques, afin de la protéger. En l’état, elle ne pouvait rien faire d’autre que subir, et se laisser aller, mouillant, jusqu’à enfin, probablement sous l’effet d’une quelconque générosité divine, se soulager. Elle eut un orgasme, et en aurait presque pleuré, car, ce faisant, son désir fut satisfait, et, partant de là, l’insatisfaction résultant de la frustration à l’idée d’un désir inassouvi disparaissait de concert.
Les Dieux ont malheureusement parfois un sens de l’humour assez ambivalent. Revenant de son orgasme, Alice réalisa alors, alors qu’Erotica s’écartait, qu’il y avait, devant elles, des lycéens ! Un frisson d’horreur parcourut le corps de la Princesse, alors qu’Erotica se mettait à se dandiner devant elle, leur offrant, de la manière la plus indécente possible, la vue de son sexe, de son corps.
« Ne t'en fait pas ma belle... glissa la jeune femme dans le creux de son oreille. Ils vont seulement se contenter de t'observer jouir... Prend ton pied et imagine comme il peut être frustrant pour eux de ne pas pouvoir en profiter plus... »
Hein ? Est-ce qu’elle se voulait drôle ?! Alice ne dit rien, toujours aussi rouge, et vit l’un des portables se tourner vers elle, la filmant comme une vulgaire prostituée.
*C’est pas vrai ! Mais qu’est-ce que je fous là ?*
L’homme souriait, ayant probablement une érection.
« Ouais, la vache, mate ce boule... Je vise au moins le million de vues sur YouTube dans la journée. »
A cette idée, Alice fronça les sourcils, et réagit rapidement. Elle se retourna.
« Arrêtez ça ! s’exclamait-elle d’une voix déformée par la peur.
- On ne fait rien de mal, on se contente juste d’observer.
- Ouais, ce qu’elle est bandante, cette nana... Putain, cette salope ! »
Alice attrapa ses affaires, à proximité, et fouilla dans son sac, allant chercher son collier, et parvint à el trouver, entre deux cahiers. Elle le retira, et l’enfila autour de son cou. Lorsque la croix, en forme de dragon, heurta sa peau, près de ses seins, elle se mit à légèrement briller, et Alice, en fermant les yeux, se sentit mieux. Le talisman se mettait à opérer. Il ne fonctionnait qu’avec elle, car la croix comprenait une goutte de son sang. Elle se releva, ses vêtements cachant une partie de son corps. Sa gêne laissait place à la fureur, son sang battant dans ses veines.
« Hey, fais pas ta timide, ma chérie ! »
La Princesse se rapprocha de lui, laissa tomber ses vêtements, et lui attrapa son portable. Surpris, l’homme cligna des yeux.
« Hey, rends-le moi ! »
Il s’avança pour le récupérer, mais Alice fut plus rapide, et envoya de toutes ses forces son genou se loger entre les jambes de l’homme. Il poussa un petit couinement, et elle le poussa ensuite sur le sol, puis hésita, maintenant le portable. Finalement, elle se contenta de retirer le boîtier, puis attrapa la carte SIM, puis jeta le portable sur le sol, avant de balancer la carte SIM dans les feuillages. Elle se retourna ensuite vers les deux autres. La lueur dans son regard semblait suffisamment convaincante, car ils déguerpirent rapidement. Alice, de son côté, entreprit rageusement de s’habiller, n’accordant aucun regard à l’autre traînée qui était allongée dans l’herbe. Filmer Alice, la Princesse héritière de Sylvandell, comme une vulgaire pute... Elle regarda l’homme, qui gémissait sur le sol.
« En d’autres circonstances, tu aurais été condamné à mort. Estime-toi heureux. »
La Princesse se retourna ensuite vers la femme qui avait provoqué tout ça :
« Utilise encore une fois ta saloperie de magie sur moi, et il en ira de même pour toi. Je suis une Princesse, pas une pute de bas-étage qu’on loge dans un harem à côté d’une porcherie ! »