Mais non, c'est pas moi ! | Gabriel Valmy.

Comme d'habitude, en début de soirée, Angelyne avait prononcé la fameuse phrase "Je suis Isis". Et, comme d'habitude, voilà la déesse en train de semer la zizanie, autant chez les criminels que chez les flics. Qu'avait-elle encore fait ce soir-là ? Rien de bien méchant. Non. Le centre-ville était juste dévasté. Il devait y avoir plusieurs morts, autant chez les civils que chez les cambrioleurs. L'immeuble dans lequel ça c'est déroulé était juste proprement détruit. Les gravats fumaient encore, sur le sol.

Mais revenons en arrière pour que vous compreniez.

Il était dix-neuf heures, heure locale. Angelyne, regardant à travers la fenêtre de sa chambre, soupirait. Elle s'ennuyait. Elle avait lu tout ses livres. En se regardant dans le miroir, elle eut une idée. Son regard émeraude brilla d'amusement. Il était temps de laisser la déesse faire son office, en restant simple spectatrice.

Se fixant dans les yeux, même si c'est assez difficile de ne pas regarder plus un oeil que l'autre (oui, il fallait fixer le centre du nez, entre les deux yeux, pour cela), elle prononça clairement :

« Je suis Isis »

Immédiatement, ses yeux brillèrent avec plus d'intensité. Sa peau même sembla scintiller, et ses cheveux semblaient auréolés d'un nimbe doré. Cela dura quelques instants, le temps que les pouvoirs investissent le corps de la jeune femme, puis il n'y eut que les cheveux à rester comme frappés par la grâce de (d'un) Dieu.

Le jean et le débardeur d'Angelyne avait laissé place à la tenue traditionnelle d'Isis (Un peu celle de Loïs dans Smallville). Beaucoup plus à l'aise, la déesse s'envola alors par la fenêtre, direction le centre-ville.

Vue d'en haut, la ville ressemblait à une maison de poupée. Et Isis allait jouer, avec ses jouets. Elle atterrit près d'un immeuble où, en volant, elle avait aperçu des cambrioleurs volant des richesses à des civils particulièrement riches. Elle prit son temps, grimpant les escaliers à une allure de promenade, et lorsqu'elle arriva, un cambrioleur déjà à cran tira sur la jeune femme. Elle évita prestement la balle, qui s'enfonça dans la poitrine d'un civil. Au moins, le gars savait viser. Mais sans s'attarder plus avant, Isis fonça sur celui qui avait tiré et lui défonça le crâne, d'un coup de poing. Elle continua son carnage, tabassant sans distinction civils et cambrioleurs. L'un de ces derniers vola dans la chaudière, et du gaz s'en échappa. Avec un sourire, Isis craqua une allumette. Une de celle que les civils utilisaient pour leurs bougies.

Et Boom.

Elle s'envola par la fenêtre, aidée par le souffle de l'explosion. Elle redescendit, s'arrêtant au bas de l'immeuble. Isis entendit alors les sirènes de police, et laissa la place à Angelyne. Angelyne qui, bien que spectatrice, avait été témoins de tout.

La jeune femme, de nouveau en débardeur et jean, chancela un instant, et s'appuya contre un lampadaire, contemplant les restes de l'immeuble.

Ici centrale shrrrrrrr on nous signale un cambriolage boulevard Hirohito shrrrrrr intervenez immédiatement Valmy shrrrrr

Gabriel finit de remplir son réservoir d'essence, et retira sa carte de paiement. Il ne répondit même pas car ce n'était pas demandé, il avait reçu un ordre il devait s'y plier. C'était son travail. Cela ne l'empêcha pas de soupirer. Oui ? Il n'en avait pas envie, mais il n'avait pas le moins du monde le choix !ça faisait un bon moment qu'il était resté là,à rien foutre de ses journées, alors on l'avait davantage fliqué, o faisait en sorte qu'il bosse, quitte à le surcharger.

Il prit sa note, pour se faire rembourser, note de frais oblige, et la glissa dans son porte feuille avant de le ranger dans la poche intérieure de sa veste avant de la fermer, son trench-coat ne le gênerait pas une fois fermé. Il nfourcha sa bécane, mit son casque, baissa la visière et démarra plein gaz. Louée, cette moto était pas mal, mais revenait cher au mois, enfin bon, si tout se passait bien, dans moins d'une quinzaine de jours il aurait racheté une bécane bien à lui, bien efficace.

Il fit défiler les kilomètres à toute vitesse, pas de temps à perdre avec les  panneaux de circulation, les feux, et autres, il se contentait de rouler le plus vite possible pour y arriver.  Il devait vite arriver pour que ce soit vite réglé, plus vite il interviendrait, plus vite ce serait fini, plus vite il irait boire sa bibine tranquille !

BADABOUM !  Il y eut une belle déflagration à quelques kilomètres, pas assez pour masquer le bruit, et  il espéra de tout cœur que ce n'était pas là bas qu'il devait aller, et pour le moment cela se confirmait puisque rien ne filtrait de son émetteur. En effet, celui ci lui envoyait les informations sur le lieu en temps réel, et pour l'instant pas de nouvelles, bonne nouvelle. Mais cela ne dura pas, grande nouvelle. L'immeuble venait de pêter dans une belle explosion, on déplorait sans doute des pertes, mais les pompiers étaient en route, il était attendu, non, il venait d'arriver, l'explosion avait été belle.

Dans un dérapage parfaitement contrôlé, il s'arrêta devant les décombres. Une sirène indiqua que les pompiers et l'ambulance était en route. Il les laisserait se charger de cela, lui, il se chargerait juste de trouver la cause, sans doute une fuite de gaz, mais ça n'expliquait pas tout, par exemple, le cadavre à l'extérieur qui avait reçu un coup de feu. Cherchant aux alentours un quelconque témoins, il aperçut une jeune femme, plutôt jolie, non, carrément belle qui semblait un peu chancelante, choquée par l'explosion sans doute. Doucement il s'approcha, badge en main.

« Excusez moi, mademoiselle, mais je voudrai savoir si vous allez bien, vous semblez un peu étourdie par l'explosion, étiez vous à proximité ? »

Comme pour offrir un soutien, il posa brièvement la main sur l'épaule de la jeune femme, en tendant sa carte.

« Agent Gabriel Valmy, je pense que nous devrions avoir une petite conversation une fois que les pompiers vous auront rapidement examiné ! »

Doucement, d'une pression dans le dos, il l'invita à s'avancer jusqu'à l'endroit où un fourgon de sapeurs pompiers venait de se sropper.

Angelyne espérait que personne n'intervienne trop tôt, pour pouvoir rentrer chez elle, ni vu ni connu. Mais il a fallu qu'un flic un peu trop zélé soit sur les lieux avant ses collèges. Continuant à chanceler pour jouer son rôle, la demoiselle écarquilla les yeux de façon à paraître choquée par ce qui venait de se produire. Elle l'était un peu, mais surtout dû au fait qu'Isis soit partie ainsi, la laissant au milieu des emmerdes... Elle aurait pu voler jusqu'au domicile quand même... Mais non. Et au lieu d'être peinard, elle se coltine un type qui, en plus, est flic. La totale, décidément. Isis, J'aurais deux mots à te dire...

« Je... Je vais bien... Juste un petit peu secouée par... Par ce qui vient de se produire... Je me tenais là... »

Observant à terre, elle fit les gravats fumants. Effectivement, elle était à proximité. Autant jouer le rôle jusqu'au bout. Elle se laissa docilement conduire vers le camion de pompier qui venait d'arriver, prenant la carte qu'il lui tendait. Intérieurement, elle se disait qu'il fallait la jouer fine. Victime choquée jusqu'au bout. Extérieurement, elle paraissait effectivement hagarde.

« Merci monsieur l'agent... Je.. Je serais ravie de vous aider... »

Tu parles. Tu m'fais bien chier surtout...

Elle se laissa inspecter par les sapeur-pompiers. A part quelques égratignures, elle était en parfaite santé. Il lui filèrent tout de même une de ces couvertures réfléchissantes qu'on voit dans les films, avant de la laisser aux bons soins du flic.

« Que puis-je pour vous ? »

Le jeune homme faisait son travail de flic lui, on ne pouvait pas lui reprocher de cacher le fait qu'il s'y faisait chier !  Mais bon, que voulez vous...c'était ainsi que cela fonctionnait.Il s'agissait surtout, en l'était actuel, de sécuriser les lieux et comprendre ce qui s'était passé, chose qui n'était pas aisée, loin delà, même ! Déjà parce que, hormis les badauds, la seule personne qui pouvait lui donner le plus d'informations était cette jeune femme complètement déboussolée qui, bien qu'elle acceptait de l'aider,ne pouvait pas vraiment bien se rappeler quelque chose correctement. C'était connu, l'état de choc, ça jouait sur la mémoire immédiate !

Enfin bon, elle acceptait de l'aider alors que les pompiers fouillaient les décombres à la recherche d'éventuels survivants. Il réfléchissait à cent quatre-vingts à l'heure pour tenter de comprendre et de trouver les bonnes questions à poser. Il soupira et regarda sa montre, bonne journée dites donc ! Il n'avait rien branlé de vraiment intéressant aujourd'hui....

L'un des médecins qui avaient accompagné les pompiers la laissa à ses bons soins, aussi, se contenta-t-il,malgré sa question, de rester là, silencieux. Il ne voulait pas la brusquer loin de là. Mais d'un autre côté, reconnaissons que ce cas là était épineux ! Et pas qu'un peu ! Comment obtenir les  vérités de la part de morts. Et l'ennui là dedans c'était que cet immeuble était infiltré par deux flics sous couverture...oui, il y avait la possibilité de foutre en l'air un trafic d'armes....et cette explosion providentielle avait mis fin à trois mois de travail des services de police municipaux....

« Je sais que vous êtes toute chamboulée, donc si vous voulez, je vous raccompagne jusqu'à votre chez vous et vous venez donner votre déposition seulement demain dans la matinée, vous aurez peut être les idées plus claires. »

Il mit une clope au bec et l'alluma avec son briquet. Hormis une flamme un peu plus grande que la norme, il n'y avait rien qui puisse laisser supposer un quelconque explosion surnaturelle. Ça pouvait venir de n'importe quoi en fait...une surtension...non, il l'aurait senti....enfin bon, oublions cela ! D'un geste, il évacua de son esprit cette idée avant de finalement tendre son paquet à la jeune femme ainsi que son briquet. Elle en voulait peut être. Il lui tendit aussi son briquet avant de se rétracter, il venait d'avoir une idée. Il interpella le premier pompier qui passait.

« Dites-moi, c'est possible une explosion de gaz ? »

Le pompier acquiesça et retourna au travail, puis il revint vers la jeune femme, prêt à rentrer au commissariat, où à la raccompagner si elle préférait.

Il fallait se mettre dans la peau d'une jeune femme ayant été spectatrice d'une explosion. Donc, elle rajouta les petits tremblements post-choc. Elle refusa d'un signe de tête polie les cigarettes, et répondit ensuite :

« Non.. Je.. Je préfère le faire maintenant. Je ne voudrais pas vous embêter... Ou ralentir votre enquête. »

Elle entendit alors la question qu'il posa à un pompier, et l'idée de ce qu'elle allait dire naquit dans sa tête. Elle se massa légèrement les tempes, et attendit que le flic revienne.

« Avant que ça.. Que ça n'explose, je.. Je crois que j'ai senti... Du gaz. Vous savez, comme quand on oublie d'éteindre le gaz après avoir fait à manger... Mais je ne suis pas certaine. Ce pourrait être juste une réminiscence.. J'ai cuisiné un boeuf carotte tout à l'heure et... Je me souviens que j'avais oublié d'éteindre le gaz. Alors je ne sais pas si... Oh, je suis désolée. Je dois vous paraître confuse... »

Elle prit une grande inspiration, et reprit :

« Je suis prête à faire ma déposition maintenant. Je vais tenter de ne pas être trop confuse, pour vous aider un maximum. »

Et après, je rentre me pieuter...

Gabriel soupira, il n'en tirerait pas grand chose il s'en douterait. Mais il n'avait pas le choix et devait composer avec ce qu'il avait... tant pis, il  se débrouillerait avec la jolie nénette... enfin, il essaierait... surtout qu'elle préférait le faire maintenant... il aurait préféré le faire plus tard, lui, quand elle aurait eu le temps de réfléchir à la situation, de tout poser et de tout dire d'un coup, car là, il aurait le plus gros et il lui faudrait glaner le reste plus tard...

Elle pensait au gaz, effet de suggestion, réminiscence ou réalité ? Il n'en savait trop rien... enfin, il saurait bien, mais elle n'était pas utile à grand chose dans cet état. Il nota toutefois les propos de la jeune femme, sait on jamais, mais il ne leur faisait pas vraiment confiance... elle devait d'ailleurs se trouver drôlement près, elle sentait le soufre...

« Non, écoutez, vous n'êtes pas en état.... vous savez ce que vous allez faire ? Je vais vous raccompagner chez vous, vous allez dormir, et après une bonne nuit de sommeil vous passez au commissariat. La nuit porte conseil et vous serez moins confuse après avoir fait le tri... vous ne ralentirez pas notre enquête si vous faites comme ça... mais s'il faut jouer au devinettes par contre... là on pataugera dans la semoule ! »

Il lui sourit et pressa doucement son épaule en signe de réconfort.

« Alors, où habitez vous, que je vous emmène ? »

Il la conduisit jusqu'à sa voiture. Pour une fois qu'il faisait bien son boulot...

Bon, pas maintenant, d'accord... 'Chier.

Angelyne retint un soupir d'agacement, et hocha la tête, bien compréhensive. Il ne fallait pas qu'elle éveille les soupçons du flic. Isis l'avait encore fourrée dans une sacré situation. Elle resserra autour d'elle les pans de la couverture réfléchissante, d'une main, et de l'autre, elle se frotta les yeux.

« Bon. D'accord. Comme vous voudrez. »

La jeune femme suivit le flic jusqu'à sa voiture, et s'installa dans le siège passager.

« J'habite un peu en bordure de la ville. Le n°12, Hinari Road. »

C'était une petite maison sans prétention, mais au moins elle y était tranquille.

« Vers quelle heure désirez-vous que je vienne me présenter demain ? »

Pas trop tôt, pas trop tôt... J'aime faire la grasse matinée...

Angelyne bâilla un peu, discrètement, et observa un peu plus le flic qui se chargeait de l'affaire de l'explosion. Il n'était pas mal. Plutôt typé européen que japonais. C'était mieux de toute façon. Angelyne n'appréciait pas le type japonais.

« Cela fait-il longtemps que vous faites ce métier ? Vous avez dû en voir des horreurs... »